
ont
CO Q . On voit quelquefois des coqs qui ont
ne corne fur la tête : cette corne ne leur eit point
une point
naturelle ; c'eft en quelque forte une greffe animale
produite par l'art. On peut facilement fe
procurer le plaifir de pofféder dans fa baffe-cour
un femblal le coq.
On choifît un jeune coq ; on lui coupe la crête
qui , étant tranchée 3 laifie une efpece de creux
ou de duplicature , dans laquelle on pofe Y ergot ,
foit de ce coq , foit d'un jeune poulet 5 le fang en
fe co^ulant maintient cet ergot : mais pour que
le coq ne le faffe point tomber, on l ’affujettit
avec un petit linge dont on a enduit les extrémités
de la circonférence avec de la poix. Au bout
de quelques jours , lorfque la greffe s'eft collée 3
on ôte le linge, l'ergot Groît & y prend beaucoup
pi us d'accroiffement qu'il n'en auroit pris dans
fa place naturelle à la jambe du coq ; on lui voit
acquérir quelquefois jufqu'à deux pouces de longueur.
Les pointes font dirigées du côté où les a
placé celui qui a fait l'opération. Il arrive ici quelque
chofe de bien remarquable 3 & qui prouve
combien font grandes les reffources de la nature.
Il fe forme pour affujettir cet e rg o t, des liga-
mens dont l'origine n'exifte point , ni dans la
c r ê te , ni dans l'ergot > c'eft ainfi qu’en obfer-
vant la nature, on découvrira qu'elle forme peut-
être de nouveaux organes dans les monftres, ou
quelque chofe d'analogue lorfque les circonftan-
ces le demandent.
CORBEAU. Ces oifeaux, quoique très-utiles
par la deftru&ion qu'ils font des infeétes qui ron-
geroient les bleds , multiplient en fi grande abondance
en certains pays , qu’ ils font beaucoup de
ravage & détruifent beaucoup de gibier : car ils
font d’un naturel carnaffier.
On peut fe procurer à la campagne, fur-tout
dans les temps ae neiges, une chaffe aux corbeaux
fort amufante. Il y a plufieurs moyens d'y réuffir ;
quelques perfonnes râpent de la noix vomique , &
roulent dans cette poudre des morceaux de viande ,
qu'elles jettent aux environs des endroits où les
eorbeaux , attirés par quelque charogne , viennent
s’abattre en foule ; ces oifeaux avides de
viande fondent deffus, mais à peine l'ont - ils
mangée, qu'ils font enivrés & tombent comme
morts fur la place. Ils reviennent promptement
de cette ivreffe , & s'envoleroient fi on tardoit
trop à les prendre. Cette chaffe qui eft certaine ,
a un inconvénient , c’eft que fi quelques chiens
venant à paffer par-là mangeoient de cette viande
, ils mourroient certainement une heure ou
deux après ; car la noix vomique , qui ne fait
qu'enivrer les corbeaux , eft un poifon mortel
pour les chiens , que l’on ne guérit qu’en leur
faifant avaler du vinaigre.
Comme les corbeaux font affez voraces, &
1 qu'ils font fort friands de groffes fèves , fi on en
prépare une certaine quantité, en mettant dedans
des épingles ou des aiguilles, & qu'on les
mette dans une place dont on ait enleve la neige
, ils s'y amafleront, avaleront ces fèves j leur
golier eft large 5 elles palTent facilement 5 mais
leurs inteftins étroits font déchirés par ces aiguille
s , & au bout de quelque temps on les.trouve
1 morts par-tout.
I Voici une autre manière d’en faire la chaffe ,
; qui eft très-divertiffante 5 on prend de la viande
: qu'on coupe en morceaux, delà groffeur à-peu-
j près d'une noix ; on fait de grands cornets de
papier dans le fond defquels on met cette viande j
? pour que le papier ne fe déroule point, il eft bou
j d'y faire un point en haut & en bas : on frotte
j l'entrée de ces.cornets en-dedans avec de bonne
j glu j on les difpofe ça & l à , & on fe retire j les
j corbeaux avides viennent pour prendre cette
viande , ils fourrent leurs têtes jufqu'au fond du
; cornet pour y atteindre, mais y étant trop en-
j foncées, la glu prend fur leurs plumes & leur
colle le cornet de papier fur la tête j alors fe trou*
j vant aveuglés , & voulant prendre leur v o l, ils
j s'élèvent en l'air jufqu’ à perte de v u e , mais tou-
| jours perpendiculairement > & quand à la fin leur
j force leur manque, ils retombent prefque à la
j place d'où ils s'etoient élevés j c’eft un fpe&acle
affez plaifant que de voir dans la même minute
dix ou douze corbeaux s'élever ainfi perpendiculairement
, la tête capuchonnée, & retomber
ainfi les uns après les autres, félon que les forces
leur manquent plus tôt ou plus tard : on les faifit
alors facilement, & on en peut prendre une affez
grande quantité.
C O U L E U R S . Changement merveilleux de
couleurs. Un phyficien nous montra fept bocaux
remplis de liqueurs différemment colorées , &
nous dit : meffieurs, je ne fais point comme le
vulgaire des chimiftes q u i, pour changer la couleur
dune fubftance liquide en vérfent une autre,
qui, par le mélange, produit ce changement. Je
ne verferai rien , je ne toucherai point à mes
bocaux, & cependant, à votre commandement,
ils changeront tous de couleur. Alors, à mefure
que nous l'ordonnions & fans1 qu’ on touchât à
l'appareil , le bocal jaime devint verd , le bleu
fut changé en cramoifi , le rouge devint bleu ,
& le bleu parut violet. Le brun fut aufli changé
en jaune , le rouge en n oir , & le verd en
rouge.
. Cette expérience nous furprit, d’autant plus
que nous ne pouvions entrevoir aucun moyen naturel
de l’executer ; mais nous fumes- encore plus
furpris , lorfou’ofr opéra fur trois autres bocaux >
car l'un qui etoit v e r t , perdit fa couleur pour Ja
reprendre enfuite au commandement, & tandis
que le fécond qui étoit rou ge, devenoit noir
-our recourrer enfuite fa première couleur, le
Semier qui eontenoit M f liqueur limpide , devint
a! terni rivement noir, trâpfparent, & encore
noir.
Si nous euflïons vtï verfer dans tes bocaux
ouelque liqueur, ou quelque poudre, nous aurions
attribué à cette caufe, des effets qui au-
foient été alors beaucoup moins furprenans j mais
ne voyant abfolument rien de cette nature, &
voulant cependant tâcher de découyrir quelque
m )ven d'expliquer de pareils phénomènes, nous
priâmes le phificien-cnymifte, de vouloir bien
réitérer fes expériences , en lui difant qu’on
ne pouvoit fe M e r de les voir & de les admirer.
Nec vidijfe femel f u i s eft 3]uvat ufque morar;.
Ce ne feroit qu'avec bien de la peine , nous
dit-il, que je pourroisrecommencer, & j'aurois
bffoin pour cela de quelques préparatifs j mais fi
vous voulez favoir par quel art je produis ces
etites métamorphofes , apprenez , que tous mes
ocaux adaptés a ma commode, communiquent
par un tuyau caché à des vafes qui font un peu
plus élevés dans la chambre voifine , & que par
conféquent, lorfque mon domeftique verfe fe-
crettement dans quelqu'un de ces vafes une certaine
liqueur , elle fe gliffe aufli-tôt dans le bocal
correfpondant, pour y produire les changemens
qui viennent de vous furprendre.
II nous donna enfuite la recette des liqueurs ,
qu’il falîoit mettre dans les vafes & dans les bocaux
, & je vais en Faire préfent à mes lecteurs.
1°. Pour faire changer te jaune en verd.
Le bocal doit contenir de la teinture de fafran,
& le domeftique caché dans la chambre de derrière
doit verfer dans le vafe, de la teinture de
rofes rouges.
.2° . Pour faire changer le bleu en cramoifi.
Teinture de violettes dans le bocal, & efprit
^e foufre dans le vafe.
3°. Pour changer le rouge en bleu.
Dans le bocal, teinture de rofes rouges, & dans
le vafe, efprit de corne-de-eerf, &c.
4 ' . Pour changer le bleu en violet.
Dans le bocal, teinture de violettes , & dans
le vafe, de la diffolution de cuivre.
5*. Pour changer le brun en jaune.
Du lixivium dans le bocal, & de la diffolution
u vlwiol de Hongrie, dans le vafe.
C R Y
6° . Pour changer le rouge en noir.
Dans le b ocal, de la teinture de rofes , &:
dans le vafe 3 de la diffolution de vitriol de
Hongrie.
y®. Pour changer le Verd en rouge.
De la diffolution de cuivre dans le b ocal, & de
la teinture de cyanus, dans le vafe.
S9. Pour ôter & rendre fa couleur au verd.
Dans le b ocal, diffolution de cuivre ; & dans
le v afe , i 9. de l'efprit de nitre , 20. de l’huile de
tartre.
5>ç . Pour faire que le rouge devienne noir, & enfuite
rouge..
Dans le bocal , teinture de rofes : & dans
le v a fe , iQ. diffolution de v itr io l, i ° . huile de
tartre.
IO9. Pour faire quune liqueur limpide devienne
. - fuçcéftivçment noire , tranjparente , & encore
. noire.
Dans le b o ca l, de l'infufion de galles : & dans
Je v a fe , i ° . diffolution de v itr io l, i Q. huile de
v itr iol, j 9 huile de tartre, & c . & c .
( Decremps.)
COUPE DE TAN T A LE . On donne ce nom à
un verre qui fe trouve dans le cabinet des curieux
, & dont toute la magie confifte dans le jeu
d’un fyphon recouvert par une figure d'homme
creufe, dont la bouche fe trouve un peu plus
haut que la courbure,-de manière que l ’eau n’y
peut jamais monter , parce qu’avant d'y arriver
elle commence à s'écouler par le fyphon.
COUREUR INVISIBLE, ( l e ) w y q h Varticle
Farceur, j
COURSE DE CHEVAUX ELE CTRIQUE .
Voyei Electricité.
CO U TE AU X . (T o u r des ) Voyei Escamotage,
Farceur.
C R Y STA L FA CT IC E . Il faut choifir de beau
fable ou de cailloux bien pulvérifés, cent cinquante
livres ; de potaffe bien purifiée, cent livres
j de craie, vingt livres 5 de bonne magnéfie ,
cinq onces j ces matières, bien mêlées & mifes en
fufion, donnent un verre très-beau.
Il arrive fouvent, en fuivant cette méthode,
que le verre au fortir du fourneau, parois ©b