
faite a perdu toute fa fraîcheur falutaire dont on
fent continuellement la néceflite 3 parce qu’il
faut qu’ à chaque inftant les poumons puiffent fe
décharger d’une certaine quantité de vapeurs humides
& échauffées , pour en recevoir autant de
fraîches : or l’air étant furchargé de matières ex pectorées
, chaudes & fou vent corrompues, il
ne fe trouve plus dans le degré de température
où il doit être relativement aux befoins du poumon.
La chaleur augmente * le mouvement du
fang devient précipité j parce qu’ au lieu de cette
douce fraîcheur qui le calme , 8 c le retient dans
un jufte équilibre, on ne tire plus de l’ air qu’une
matière ardente , plus propre Ù augmenter l’irritation
, qu’ à diminuer le mal-être où l’on fe
trouve. Il s’eo faut de beaucoup que l’on rende
nos fpeÇfcacles , aufïi fains & aufli agréables que
l’étoient ceux des anciens qui avoient porté la
délicateffe jufqu’ à faire répandre des pluies fines
& odorantes pour tempérer dans leurs fpe&acles
la chaleur caufee par la tranfpiration & les haleines
de l’affemblée nombreufe j dans les ftâtues
placées au haut des portiques & qui paroilToient
n’y fervir que d’ornement , étoient ajuftés des
tuyaux , d’où fortoit cette pluie délicieufe qui
purgeoit l’air des vapeurs & lui rendoit toute Ion
élafticité.
Manière dimiter le bruit de la pluie.
Nous avons indiqué ailleurs les moyens d’imiter
le tonnerre , leséclairs, les trombes, les volcans ,
£c une infinité d’autres météores. Il eft quelquefois
néceffaire fur nos théâtres d’imiter le bruit
des orages. Il faut avoir un grand cylindre de bois
creux , très-mince par les côtés , à - peu - près
comme une roue de loterie 5 divifez fon côté intérieur
en cinq parties avec de petites planches,
de manière qu’ il y ait entr’elles & le cercle dé
Jbois quelques lignes dé vuide , ces planches doivent
etre inclinées j introduifez dans l’ intérieur
d e ce.cylindre quatre à cinq, livres de petite grenaille
de plomb , de grofleur à pouvoir paffer
librement par les ouvertures réfervees : cette roue
doit rouler fur un axe pofé fur un pied j lorfqu’on
fait tourner ce cylindre , la grenaille de plomb
venant à fortir par les ouvertures réfervees excité
un hruit femblabte à celui de la pluie , 8 c
on peut même l’augmenter ou diminuer en accélérant
plus ou moins fon mouvement. Si on
veut imiter le bruit de la grêle , il faudra y introduire
de la grenaille plus groffe que celle dont
on s’eft fervi pour la pluie.
Pltjie & Grêle (imitation). ( Voye% a l'article
Air ).
Pluie lumineuse. ( Voye% Électricité ).
, POISSON D’OR É LE C TRIQUE . ( Voyc.|
Électriclié ).
POLEMOSCOPES. ( Voye1 Catoptrique 8c Optique).
PONT DE PLANCHES SINGULIER. Ayant à
paffer un ruiffeau affez large avec des planches qui
ne pouvoient atteindre de l'un à l’autre b ord , je
me rappellai une petite récréation mathématique,
dans laquelle on propofe de conftruire un colombier
fur.trois piliers , en employant des folives
affez courtes, pour qu’elles ne puiffent pas aller
d’un pilier à l’autre j effet dont on démontre la
poffibilité en arrangeant trois couteaux fur trois
verres , de la manière que voici.
Profitant de cette idée , je penfai à faire un
pont, par un moyen femblable. En conféquence,je
plaçai en l’air fur le bord du ruiffeau,deux planches
auxquelles je donnai un point d’appui avec trois
haras attachées à un arbre , & je priai M. Boni-
face , mon compagnon de voyagé 3 de s’affeoir à
une des extrémités 3 pour maintenir l’équilibre.
Enfuiteje jettai cinq p lan te s fur l’autre rive
& ayant pris l’élan , • je franchis le ruiffeau, au
rifque de me donner une entorfe.
POIDS confidérable forçlevé par l’air. ( Voye\
4t t article AlR ).
Quand . je fus de l’autre côté , je pofai une
troifième planche, qui fe trouva fofctenue 4 * ne
art fur les deux premières, & dé l’autre > fur le
ord du ruiffeau, comme dans la fig. fuivante.
Après cela , j’ entrelaçai une quatrième planche
^avec les trois'premières , & par ce moyen , elles
formèrent un feul & même corps affez folide ,
pour que les hards n’euffent plus aucun poids à
îbutenir. Enfin, je pofai en travers, plufieurs autres
planches, que j’ attachai en certains endroits
avec une double ficelle , pour les empêcher do fe
•déranger.
Je n’employai qu’une demie-heure à la conftruc-
tion de ce pont. Quand il fut fini, notre compagnie
n’y paffa qu’en tremblant , mais fûrement,
Ik ne pût s’empêcher d’admirer mon induftrie.
( Decremps.)
PORTE-VOIX. ( Voyei aux articles Air &
Physique ) ,
PORTRAITS MAGIQUES, Voye^Catop-
TRique 8c Ecriture ).
PORTRAITS A L A SILHOU E TTE. ( Voyei
à. l'article Dessin).
POSTES A PIRD. Des gens de pied font établis
dans l ’Inde, au nombre de cinq à fix , à pof-
£es fixes, à la diftançe de trois ou quatre lieues
les uns des autres. Ces courriers nommés Ta-
| pals , vont toujours deux de compagnie , afin de
t prévenir tout accident. Lorfqu’ ils arrivent au
J pofte ou relais plus voifin, ils \ remettent, ou
plutôt ont l’ufage de jeter leurs paquets à deux
autres meffagers , lefquels partent fur le champ.
Ces fortes de gens cnoifis, fveltes , nerveux &
exercés 3 font toujours prêts à fe mettre en route,
car ils ne font point retenus par des cabarets. Ils
font prefque nuds, & ne portent en fus des dér
pêches officielles , objet peu volumineux , qu'un
fabre en bandoulière , & à la main un bâton , au
haut duquel font ordinairement attachés plufieurs
anneaux de fe r , dont le cliquetis doit faire éloi-
; gnsr les couleuvres. O r , comme en fe relayant ,
ils edurent jour 8 c nuit , 8 c prennent les voies
les plus courtes , il eft très-poflible de faire ainfî
parvenir des nouvelles au moins aufli vîte que par
nos courriers européens. Après avoir remis les parquets,
chacun doit retourner fur-le-champ à fon
pofte, où quelques-uns prétendent fe aélaffer
; en fe frottant la plante des pieds avec un peu
de beurre > c’eft un expédient dont les meffagers
Arabes 8 c Perfans font aufli atfage. Les An-r
glois ont établi de ces Tapais dans plufieurs de
leurs poffeflions de l’Inde.
POUPÉE PARLANTE. On nous fit voir une
poupée d’environ un pied de haut 3 tenant à fa
bouche un grand porte-voix 8 c fufpendue à la
hauteur d’un homme par des rubans pour faire
croire qu’elle étoit parfaitement ifolee. Quand
on lui faifoit une queftion quelconque , en fran-
ç o is , en efpagnol, ou en portugais , on enten-
doit auflitôt une réponfe analogue qui provçnoit
de l’intérieur même du porte-voix ; il n’étoic
pas poflîble de prétendre qu’il y avoit un nain
caché dans da poupée comme dans Y automate
joueur d'échecs. La poupée étoit trop petite pour
contenir'un nain. L’auteur voulut nous faire
croire que {es paroles de la poupée pouvoient
être l’effet dfun mécanifrrie caché dans fon corps ,
& nous cita pour preuve les têtes parlantes dp
M. l’abbé Mical.
Les têtes de cet artifte célébré 3 dit alors M,
H ill, quoiqu’elles gfaffeyent un peu , & qu’ elles
prononcent certains mots d’un ton naiillard ,•
font effeétivement l’ouvrage du génie , puif-
u’elles ont furpaffé les défirs & l’efpérance
e l’académie des fciences de Pétersbourg , qui
ne demandoit aux mécaniciens & aux faéteurs
d’orgues que de faire prononcer les cinq voyelles.
L’ ignorance n’a point admiré ces chef-a’oeuvresj
parce qu’il n’y avoit point cette teinte de char-
latanifme fi néceffaire dans ce fiecle pour obtenir
le fuffrage de la multitude. Les automates de
M. Mical, ajouta M. H ill, font bornés à un certain
nombre de mots, & ne répondent point „
comme la poupée, aux queftions arbitraises qu’on