
Rien de plus iîmple que l’appareil des conducteurs
ordinaires : un conduCteur , ou un fil de
fer ifolé , avec du verre , ou des cordons de
fo ie , en voilà tout autant qu’ il en faut pour
obferver la marche de la nature. Mais il faut
que ce fil de fer foit affez. gros -, par exemple,
comme une plume à 'écrire. On ne doit pas
compofer le conduCteur d’ un feu! bout de fil,
on le fera de plufieurs bouts, longs chacun.d’un,
pied ou environ 5 on en formera une efpèce de
chaîne , & a chaque anneau on aura foin de
ménagër unë petitë pointe Taillante'. Ce conducteur
doit être fixé-à la plus grande hauteur pof-
fible. On peut l’attacher à la flèche d’un clocher ,
& le faire aboutir à l’extrémité d’une cheminée
ou d’un toit voilim On attache vers le milieu
de ce conducteur une petite chaîne que l’on peut
conduire dans fon appartement , afin d’être plus
à portée de le confulter 8c d’en voir les effets.
On fufpend ordinairement à cette petite, chaîne
une groflfe pomme de fer ou de cuivre, qui
donnera, des étincelles beaucoup plus vives que
fi'on lès droit immédiatement de la chaîne. Ces
étincelles font le plus fouvent accompagnées de
commotions infupportables & beaucoup plus fortes
que celles qu'on éprouve dans l’expérience de
Leyde. Il faut que le conduCteur foit fcrupu-
leufement ifolé entre deux cordons de foie longs
8 c gros. La fo ie , le rfqu’elle eft mouillée, devient
un peu eleCtrique par communication > elle
abforbe alors une partie de FéleCtricité du conducteur
, 8 c la communique aux corps auxquels
elle eft attachée, de manière que le conducteur
celle d’être ifolé. Pour éviter cet inconvénient,
on e.iduit de réfine les cordons de fo ie , ce qui
ferr aufli à les conferver en les préfervant dé la
pourriture. Mais cette réfine ie mouille aufli à la
longue, ou bien elle s’écaille. Le plus sûr eft donc
d’enfermer les cordons de foie dans de gros tubes
de verre, ou bien d’établir au-defliis une platine
de tôle ou de fer blanc qui les couvre entièrement.
Un pareil conduCteur ne manquera jamais
de donner* des lignes d’éleCtricité toutes les fois
que le temps fera à l’orage 5 il en donnera quelquefois
mêmé pendant un temps ferein 8 c exempt
de nuages, comrqe Font éprouvé M. le Monnier
& le P. Beccaria.
M. l’abbé Nollet 8 c M. Franklin fe font fervi
pour éleCtromètre d’une verge^de: fer élevée fur
un toit ou fur une cheminée’5 mais cette verge de
fer doit être ifolée, de manière que FéleCtricité
ne puiffe pas fe communiquer aux corps voifins ;
autrement c’eft comme fi l’on ne faifoit rien. En
ifolant donc cette verge de fe r , foit avecdu verre,
ib it avec des cordons de fo ie , lorfqu’il paffe un
nuage éleClrique au-deffus de. cét appareil, l’éjec-
tricité fe communique d’abord à la pointe de là
verge de fe r , fuit le conduCteur qui y eft adapté,
& le rend fenfible dans l’apparçement où l’on a
fait entrer ce conduCteur. Si l’on veut être averti
du moment où FéleCtricité' du nuage fe communique
à l’appareil, on peut "fixer auprès du bout
de ce conduCteur dans la chambre un timbre d’hor*
loge non ifolé , 8 c fufpendre entre les deux une
balle de plomb attachée à un cordon de foie,
FéleCtricité ne manquera pas d’occafionner des
attractions 8 c des répulfions de là part du conducteur.
& du.timbre > ,& le; petit battant, en obéif-
fant alternativement à l’un & à l’autre, avertira
l’obfervateur en frappant fur le timbre. .
On ne peut apporter trop de précautions dans
les expériences que l’ on fait avec le conduCteur
éleCtrique pour éviter les actidens'. On n’y touchera
pas immédiatement avec le doigt ; mais on
fe Fer vira , pour tirer les étincelles, d’un inftru-
ment de fer monté dans une manche de verre, de
cire. d’Efpagne , ou de-féline , on évitera de tenir
dans l’ autre'main du fer, ou d’autres corps élec-
trifables par* une communication : car fi par m_-
gàrde on approchoit là main ainfi chargée, du conducteur
dans le temps où Fon tire l ’étincelle avec
l’ inftrument ci deffus, on pourroit reffentir une
forte commotion , qui dans certaines circonftances
feroit dangereufe. On fera fur-tout attentif à tirer
les étincelles au moment où on verra l’eclair, car
elles font beaucoup plus fortes alors que dans le
i temps ou le tonnerre gronde. L’éleCtricité augn
mente aufli à proportion que la pluie devient plus
' cônfidérable, 8 c elle ne ceffe que lorfque ie c-on-,
duCteur éft entièrement mouillé , 8 c que la pluie
diminue : fi la pluie redevient forte, J’éle&ricite
reparoît aufli de nouveau. Lorfqu’on verra toir.-
ber une pluie d’orage, on confuitera le conducteur
qui donnera certainement des lignes d électricité
, fans qu’il foit néceffaire que de tonnerre
accompagne la. pluie; car il paroît que l’approche
de la pluie , - encore plus que le tonnerre ,1 eft ce.
qui détermine la matière éleCtrique à fe rendre
. fënfiblê. Où n’attendra pas toujours les temps de
pluie ou d’orage pour effayer le conducteur puii-
qu’on lui a vu quelquefois donner des étincelles
par un temps ferein | on l’interrogera donc pin-
neufs fois dans la journée pour faifir les momens
qu’ il fera chargé de matière éleCtrique. Plus le
conduCteur aura été éleCtrifé par les orages, plus
il fera docile aux impreflions jde la.matière électrique.
Car on a remarqué fur met que lorfqu un
mât d’un vaiffeau a été une fois foumjoye , c e
toutours ce même mât qui éprouve FaÇtion de a
foudre toutes les fois qu’ elle tombe fur un vau-
fëaü. On ne peut les mettre à l’abri de cette préférence
de la part du tonnerre, qu’en changeai*
tous les ferremèns. *
On n’oubliera pas d’obferver Faiguille airpantde
toutes les fois que le conduCteur éleCtrique donnera
des lignes d’éleCtricité , fur-tout dans je^
temps d’orage. Elle eft fujetté alors a des varia
tions qu’il eft intéreffant deconftater. Si 1 on â
communiquer le conduCteur de la machine électrique
artificielle avec le conduCteur deftiné aux
expériences d’éleCtricité naturelle , dans un temps
où il ne donne aucun ligne d’éleCtricité, & qu’on
faffe jouer la machine pour faire FéleCtricité arti-
fi:ielle, les étincelles que l’on tire font toujours
dins ces cas accompagnées de cçmmotions.comme
dans l’expérience a ’éleCtricité naturelle.
f que le frottement de là brofle n'y influoit en
rien; qu’ elle ne fervoit qu’à démêler 8 c dégager
I les fils de la frange ; ce qui leur permetoit de
fuivre l’impreflion que leur communiquoit le
courant de la matièfre éleCtrique , dont ils étoient
redevables à l ’aCtion du feu.
EleCtromètre pour 1 ‘ électricité artificielle.
Les expériences femblent démontrer quela pluie
d’orage eft le véhicule de la matière éleCtrique,
l'eau étant un milieu plus perméable à cette matière
que Pair. Cependant il n’en eft pas moins
vrai que lorfque la maffe de l’air eft fuffifamment
humeCtée-, FéleCtricité difparoît pour un temps
cônfidérable.
M. le Monnier allure que le conduCteur de fon
éleCtromètre donnoit pendant plus de fix femaines
des lignes d’éleCtricité, qui diminuoient par degrés
au coucher du foleil, difparoiftoient tout-à-
fait une heure ou deux après x & ne reparoiffoient
que vers huit ou neuf heures du matin. Il eut
beau prendre pendant plufieurs nuits la précaution
de changer les,cordons de fo ie , & de bien
fécher les tubes de verre qui ifoloient le conducteur,
il n'apperçut pas plus de marque d’éleCtricité
qu’auparavant ; d’ou il conclut que l’humidité
de la nuit abforboit FéleCtricité en imbibant
toute la malle de l’ air. C ’eft pour cela que les
fignes de FéleCtricité font bien plus fenfibles par
les vents fecs du Nord & de 1 E ft, que par les
vents humides du Sud & de l’Oueft.
Il réfui te des obfervations faites par le P. Cotte,
avec le fecours de FéleCtromètre, ainfi qu'il
le dit dans fon traité de météorologie, qu’au moment
de FéleCtricité, le calme qui précédé ordinairement
Forage ceffe, 8e qu’il lui fuccède un vent
d’autant plus impétueux, que la matière^éleCtrique i
a été^plus abondante.
i Cet habile obfervateur a eu ôccafion de remarquer
que la préfence du feu contribue beaucoup
à développer les effets de la matière électrique,
contenue dans l ’air. Pendant l’hiver de
*771, étant auprès de fon feu, il p^ffaparhafard
une brofle fur les'fils d’une frange de foie coufue
I au bord d’une bande d’ étoffe deftinée à arrêter
I la fumée, il vit aufli-tôt tous ces fils fe redreffer,
s attirer mutuellement, 8 c s’attacher fortement
a S | doigt lorfqu’ il le leur préfentoit. Ce petit
manege duroit plufieurs heures de fu ite , fans
quil fut obligé de paffer de nouveau la brofle.
-°rfqu il laiflbit écouler un jour fans faire de
3 3 ^ flp'il réitéroit l’expérience , le même
, s enfuîvoit /mais moins.vivement. La même
xpenence ne put réuflir pendant l’été dans des
- P $ “ orage , 8 c lorfque le conduCteur élec-
c, ;^le “ onnoit de fortes étinceles.;'d’où il con-
ptéfence du feu feule avoitla pro-
- ete c‘e‘ mettre ces petits fils en mouvement *
Paffons maintenant aux éleCtromètres de la
fécondé efoèce, dont on fait ufage pour mefurer
la force de la machine éleCtrique arsificiellel
Il feroit bien à foiihaiter , dit M.» l’abbé Nollet
, que nous euflions quelque infiniment propre
, non-feulement à nous indiquer fi un corps
eft éleCtrique , mais de combien il l ’eft plus qu’un
autre , ou plus qu’il ne l’a été luhmême dans un
autre tem p s ; c ê feroit là véritablement l’électromètre
que nous cherchons depuis long-temps t
que quelques-uns fe font flattés d’avoir trouvé ,
mais que véritablement perfonne ne poflede.
Tout ce qu’on nous a offert pour mefurer l’électricité
, ne vaut pas mieux que les d'eux bouts
de fil qu’on laiflfe pendre à coté*l’un dè l’autre
au corps qu’ on éleCtrife, 8 c qui deviennent divergents
entre eux en devenant éle&riques avec le
corps auquel ils tiennent. L ’angLe plus ou moins
ouvert qu’ils forment en s’écartant Fun de l’autre
, nous dit-à-peu-près ce que nous devons
penfer de leurs dégres d’éledricité , comparés
entre eux > mais il nous laifle ignorer quelle eft
! leur éleCtricité abfolue. Quoi qu’il en fo it , nous
croyons devoir donner ici la dsfeription d’un
élearomètre q u i, en attendant mieux, peut être
de quelque fecours.
Les phyficiens conviennent que la répulfion
eft le feul moyen fur & général dont on puiffe
fe fervir pour mefurer la force éleCtrique. L ’é-
leCtromètre dont il s’agit, peut en quelque forte
être comparé à l’aréomètre : c’ eft une boule
de verre connue fous le nom & oe f philofophique ,
leftée d’un peu de mercure, à laquelle on a
adapté une verge de fer parfaitement cylindrique
,vd’une ligne de diamètre & d’un pied de
long.. On plonge cet infiniment dans un grand '
vafe plein d’eau , de manière qu’étant en repos
il touche prefque le fond du vafe. Ce vafe fe
recouvre d’une plaque de laiton , percée d’un
grand trou à fon centre., afin qus la verge de
fer piiiffe paffer à travers très-librement j mais
pour empêcher encore Finftrument de flotter,
on le retient au centre avec des fils d’argent
en croix double, formant cependant un petit
quarré affez grand pour que la verge puiffe monter
<k defeendre fans éprouver aucun frottement
fenfible , 8 c fans s’écarter du centre. Il ne man- -
que plus alors que d’adapter à l’extrémité fupé- ’
rieure de la verge une petite plaque circulaire
de laiton de quatorze lignes un fixiéme de diar
N n n 2