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nord au fud tant qu’elles feront libres. Si vous
p.réfentez au milieu d’elle un aimant armé , ou
une verge de fer aimanté , tantôt par un p ô le ,
& tantôt par l ’autre , on verra qu elles lui pré-
fenteront toujours un de leurs pôles , qui. fera
différent de celui de l’aimant. D’après ces faits
bien connus , fuppofons un certain nombre d’aiguilles
aimantées difpofëes en rond , fixées d’une
manière immobile , Si préfentant toutes le pôle
nord j dans le centre s'élevera un pivot fur lequel
pourra librement tourner , à la même hauteur
que les aiguilles ci-defîus, une aiguille aimantée
, de manière que les deux pôles foient
nord 3 chaque pôle de cette aiguille fuyant le
pôle qui lui eft oppofé tournera fans ceffe 3 ce
mouvement circulaire fubfiftera tant que la caufe
durera.
Apparence à mouvement perpétuel.
M. Wilfon intime ami de M. Hill montra
dans fon Cabinet à Yorck une aiguille de bouffole ,
qui j pofée fur un pivot au centre d’une planche
& entourée de crochets de fer rangés en cercle ,
tournoit continuellement , ' fans qu’on pût ap-
percevoir la caufe de ce mouvement circulaire.
Cette caufe eft pourtant bien vifible , dit M.
Wilfon , les crochets de fer étant aimantés
attirent l’aiguille tour à tour 5 le fécond l’enlève
au premier pour la céder au troifième j le quatrième
& le cinquième la renvoient au fixieme
qu’elle quitte aufti-tôt par l’attfeclion du premier 3
& comme ces caufes d’attradion font permanentes ,
il n’eft pas étonnant que l’aiguille foit toujours en
mouvement.
M. Wilfon renverfa un des crochets en le
tournant fens devant derrière , & alors l’aiguille
s’arrêta : il èft li vrai , dit-il 3 que la bouffole
eft mife en mouvement par l ’attraction des crochets
3 que quand un fe dérange , l’aiguille ne
Va plus ,, M. Hill 3 qui ne croyoit pas au mouvement
perpétuel confédéré comme production
de l’art , s’appetçüt bientôt de la fauffeté de
cette théor ie, & de la tricherie qu’on mettoit
en ufage dans cette expérience. Ce ne font pas
•les crochets , dît-il , qui peuvent ainfî fa ire ’
tourner la bouffole 5 car h leur attraction eft égale,
elle d®it bientôt produire l ’équilibre & le repos
5 Ôj s’il y a de finégalité dans leurs forces 3
les plus foibles ne fauroient arracher l ’aiguille
■ au plus fort. Votre explication 3 toute fauffe
q u e lle eft 3 continua M. Hill , quand elle eft
donnée par un habile faifeur de tours , Si appuyée
fur l’ expériénce trompeufe que vous venez
de faire , en impofe quelquefois aux favans
mêmes : car un auteur célèbre qui avoit vu faire
ce tour dans un cabinet de phyfique , a cru tout
- bonnement , Sc a même inféré dans fes ouvrages
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que des crochets de fer autour d’une aiguille <U
bouffole dévoient la faire tourner. Cependant
n’ofant point donner le nom de mouvement perpétuel
à cette rotation , il s’eft contenté de dire
que les crochets produifoient dans ce cas-là une
efpèce de mouvement continuel. 11 ne favoit pa»
que pour faire illufîon dans cette expérience
on pofe l’aiguille fur une petite planche qui cache
un mouvement d’horlogerie 3 dont le volant
aimanté ne peut tourner fans entraîner la bouffole
3 il ne favoit pas qu’il faut de temps
en temps rhbnter ce mouvement d’horlogerie
fans quoi le prétendu mouvement perpétuel ne
dureroit qu’environ une demi-heure. Il ignoroit
que les crochets mis autour de cette planche,
ne font-là que pour tromper les yeux de l’ef-
prit & du corps. Ayant vu une bouffole s’arrêter
quand on dérangeoit un des crochets de fa place,
il en avoit conclu que l’attraéfcion du crochet
de voit entrer pour quelque» chofe dans cette expérience
3 & cependant la bouffole ne ceffoit alors
de tourner 3 que parce que le crochet qui tournoit
comme une cle f en dedans & en dehors,
arrêtoit dans cet inftant le mouvement d’horlogerie
, & empêchoit le volant aimanté de produire
fon effet. *
Autre apparence du mouvement perpétuel.
M. Wilfon voyant que fon mouvement perpétuel
étoit trop connu de nous pour que nous
puftions lui donner ce nom , nous en fit voir un
autre 3 confiftant en deux baguettes en croix portées
fur un pivot Si fituées dans un plan vertical.
Elles portoient à leurs extrémités des étuis inclinés
avec des balles de plomb , comme on voit
dans la fig. 43 p l. $3de Magie Blanche tome VIII des
gravures.
Cette machine , dit M. Wilfon 3 eft aufli fim-
ple qu’ingénfeufe 3 elle produit le mouvement
perpétuel / & ne coûte prefque rien 3 elle eft
attachée par une ficelle 3 fans quoi vous la verriez
tourner continuellement par la rai-fon que
voici :
Les balles A & B font en équilibre 3 par.ee
qu’elles font à égale ciiftance de la ligne verticale
qui paffe par le point d’appui E. Par la conf-
tru&ion de la machine , la balle D étant au contraire
plus éloignée du point d’appui que la balle
C 3 doit prévaloir fur cette dernière Si rompre
l ’équilibre. Elle doit donc defeendre jufqu’au
point B Si faire faire à la machine un quart de
tour ; or j ce quart de tour ne peut avoir lieu
fans que la baguette A B , qui étoit fituée verticalement,
ne prenne une pofitionhorifontale 3 &
alors les balles A Si B font entr’elles comme
étoient auparavant les balles D & C : l’ une doit
donc emporter l’autre, & faire faire à la machine
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un autre quart de tour. Ce fécond quart de tour
ne peut avoir lieu 3 fans être fuivi d’un trbi-
fième , par la nouvelle pofîtion que prennent les
balles A Si B 3 Si c. La machine eft donc conf-
truite de manière qu’elle doit tourner continuellement
jufqu’ à ce que le pivot foit ufé , Si qu’elle
tombe par le défaut du point.d’appui.
Enfuite M. Wilfon dénoua les cordons qui re-
tenoient la machine, & on la vit tourner auffi-tôt.
M. Hill l’arrêta bientôt après pour prouver théoriquement,
contre l’expérience, qu’une caufe cachée
produifoit fon mouvement, ou quelle devoit
s’arrêter avant d’avoir fait le premier quart de
tour. En effet, dit-il, quand elle a fait feulement
un douzième de tour , figure y même planche 3
la balle D , plus éloignée du point d’appui que
la balle C , tend encore à l’emporter 3 mais la balle
B, qui, dans ce moment, eft plus loin du point
d’appui que la balle A , tend à faire tourner la
machine en fens contraire. Ces deux efforts oppofés
doivent donc empêcher la machine de continuer '
fon premier mouvement.
M. Wilfon avo.ua que M. Hill avoit raifon, &
que les branches de la machine contenoient de
l’aimant mis en mouvement comme dans la récréa- ,
tion précédente, par un volant aimanté caché dans
la planche verticale qui portoit le pivot. Cependant,
ajouta M. W ilfon, cette expérience trom-
peufe, préfentée avec art, & appuyée d’une fauffe
théorie, doit être bien féduifante, puifque vous
êtes les premiers à qui je n’ai pas pu faire accroire
que j’ai trouvé le mouvement perpétuel.
( D e c r e m p s )
M o u v e m e n t de rotation 6 ? de translation.
Un faifeur de tours fit voir une boule de bois qui
tournoit dlelle-même fur le bord d’une table , on
lui obferva qu’il y avoit dedans une certaine quan- .
tité de v if argent, mais il fendit la boule Si la
partagea en quatre pour faire voir quelle étoit
creufe Si vuide ; on lui dit qu’il y avoit eu du
mercure , mais qu’on l’avoit elcamoté en ouvrant
la boule, il fit poferfur la table une bille ordinaire
d’ivoire, elle tourna* comme la boule précédente ,
& alors la compagnie obferva qu’il pouvoit y avoir
dans la table quelque mécanifme pour imprimer
a la bille un mouvement de rotation & de tranfla-
tion j pour réponfe il pofa la bille dans un grand
pot de fayence couvert, qui étoit fur une chaife 3
& le bruit qu’elle fit en roulant , ne permit pas. de
douter qu’elle n’eût en elle-même un principe de:
mouvement. Cependant , on prétendit que la
boule étoit immobile'dans le po t de fayence, &
que quelqukm, pour faire illufîon, en remuoit une
autre derrière la cloifon dans un autre pot: Alors,
*e faifeur de tours reprit la bille Si la jetta de
toute fa force, contre le mur j elle parut un inftant
s y être collée & jefter immobile, .mais peu.:à-peu
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elle fe mit en mouvement en décrivant une ligne
irrégulière pareille à ce que les géomètres appellent
des épicycloides ; l ’irrégularité de cette ligne aveè
fes gances fembloit prouver que la boule n’étoit
pas attachée au mur, & que l'on mouvement vënoit
d’elle-même , fig. 9 , pi. 10 de Magie blanche, tome
V I I I des gravures.
Alors, un amateur crut expliquer le tou r , en
difant que la boule avoit en elle-même Si dans fon
ëffence une certaine mobilité qui produifoit un
Mouvement perpétuel, \joici une meilleure explication.
La boule qu’on fit femblant de jetter fur le
mur fut efeamotée, mais en même-temps on en
fit paroître une autre fur le mur en faifant tomber
unmorceau de toile qui la cou vroit. Cette fécondé
boule, que tout le monde prit pour la première
étoit attachée au bout d’une verge de fer qui
tournoit fur fon pivot comme l’aiguillé d’un cadran 3
on voyoit mouvoir la bille Si non la verge, parce
que la bille étoit blanche Si la verge noire, comme
le lambris fur lequel elle fe remuoit.
Mais, me dira-t-on, comment la boule attachée
au bout d’ une aiguille de cadran pouvoit - elle
paroître décrire des épicycloides ? Je réponds que
la boule B attachée au bout de l’aiguille G B tournoit
autour du petit cadran A , C , B , tandis que le
grand cadran F , H 3 I , tournoit fur fon centre
D Si emporto.it dans fon mouvement le petit
cadran tout entier, fig. iô , pl. 10, ibid.
Par ce moyen ,■ ,1a boule avoit un mouvement
circulaire autour du centre G Si un autre mouvement
autour du centre D , & de ces deux
mouvemens combinés enfëmbie il en réfultoit la
direction dont nous avons parlé. r
Ceci nous donne occafîori de dire un mot en
paffant, fur certains mouvemens compofés.
Les doux qui font autour d’une roue de carrofîè 3
décrivent un cercle autour de l’effieu par le mouvement
circulaire de la roue, mais ils parcourent
une ligne droite, par le mouvement dire61 de 1a
voiture. Ces deux mouvemens combinés enfem-
b le , forment pour' les doux une, direétion fort
fingulièrequin’é ft, ni une ligne droite, ni une ligne
circulaire 5 car lorfqu’une voiture paffe près d’une
muraille, fi on pouvoit attacher bien vîte près des
d o u x , quelques csayons placés parallèlement à
l’effieu autour de la roue , ces crayons deffineroienc
fur le mur la routeque parcourent les d o u x , & cette
route feroit exprimée par la ligne que vo ic i, fig .n 3
ibid.
Il ne faut pas conclure de-là, que toutes les fois
qu’ un corps tourne autour d’un centre, tandis que
ce centre eft tranlporté d’ un lieu à un autre , le
corps décrive le fefton dont nous venons de parler 3
car fi le corps avoit un mouvement circulaire un
peu r a p id e Si jque le centre fe mût lentement,
-aloïs le corps décriroit la ligne que voici 3 fig, n >