
tier : quelques momens après , on la fait brifer
à coups de pilon par une autre 'perforine > on
en fait voir les rouages , la fufee , le reffort & le
barillet brifés & fracafles 5 & enfin , après quelques
minutes , on rend la montre toute entière
a Ion propriétaire , qui lareconnoït.
Après tout ce que nous avons d it , il eft facile de
voir qu’il faut mettre le mortier près de la trappe
dont nous avons parlé à l’article M o u c h o i r , &
îe coutrir d’une ferviette , pour que le compère
puiffe , fans être apperçu, y fubftituer une autre
montre.
Si on veut réuftir à produire I’illufion dans
c e cas-cr, il faut avoir foin de faire mettre'dans
.le mortier une fécondé montre, dont les aiguilles,
les breloques & -la boîte-reffemblent un peu'à
celles de la première $ ce qui n’eft pas abfolu-
ment bien difficile , foit parce qu’on peut être
d’intelligence avec celui qui prête ce bijou pour
un inftant , foit parce qu’on peuts’adreffer tout
ümplement à quelqu’ un qu’ on a eu occafion de :
voir ailleurs & dont on a bien examiné la montre
quelques jours auparavant, pour s’en procurer une
à peu près pareille.
Après avoir remis, tous les morceaux dans le
mortier , il faut les couvrir une fécondé fois
d’ une ferviette & amufer un inftant la compagnie
par quelques rebus 3 ou par quelques tours nouveaux
pour donner au compère le temps de ramaf-
fer tous ces débris , & de remettre la première .
montré dans le mortier.
Omelette cuite dans un chapeau a la flamme d’une
chandelle
Un efcamoteur dit qu’ il alloit.faire une omelett
e , cafta quatre oeufs dans un. chapeau 5 pofâ ,
pour un inftant'le chapeau,, fur la flamme d’une
chandelle & bientôt après il montra une omelette
toute cuite & .toute chaude : bien des per-
fonnes crurent qu’à l%ide de quelques ingrédiens,
011 avoit pû faire cuire les oeufs prefque fans •
feu 5 mais il n’en étoit rien L'omelette étoit
cuite d’avance dans le chapeau ., mais on ne là
voyoit. pas , parce que leraîfeur de tours tenoit
fon chapeau à une certaine hauteur y les oeufs .
qu’il cafloit dans foh chapeau n’ étoient que des ;
ceu fs vuides4 mais ce qui faifoit croire le contraire
c’eft qu’en caftant ces oeufs il en laifloit j
tomber 3 comme par mégarde 3 un’qui étoit plein : :
le jaune qui fe répàndoic' alors fur la table 3
faifoient croire qüeles autres n’étoient pas vuides.
Balle jettée dans la petite ma:fon.'a trois portes &
fartant par Vune des trYis a volonté.
"Explication.
Un tuyau .incliné dans lequel la balle roule
en defcendant a dans fa partie inférieure à des .
-hauteurs différentes deux trous qui fe ferment par
des foupapes , & que le çompere peut ouvrir
par le jeu des bâfcuies. Ces deux trous forment
l ’ouverture & l’extrémité de deux autres tuyaux
qui vont aboutir 3 l’un à droite , l ’autre à gau-
che, à deux portes différentes j le premier tuyau
répond à la porte du milieu.
Si l’on exige que la balle forte par la porte
qui eft à droite , le compere pouffe une baf-
cule pour ouvrir la première foupape que la balle
doit rencontrer en defcendant 5 cette foupape
étant ouverte 3 la balle ne peut pas paffer dans
Cet endroit fans tomber ’, par fa propre gravité
dans le fécond tuyau, qui la conduit à la porte
qui eft à droite.
S . l’on demande que la balle paffe par la porte
qui eft à gauche ., le compere., à l’aide d’une
autre bafcule , ouvre la fécondé foupape, &
la balle paffant alors fur la première qui eft fermée
, tombe néeeffai rement dans le troilième
tuyau, qui la conduit.à la porte demandée.,
enfin , fi l’on exige.'que la balle forte"par le
milieu , le compère n ’a rien à faire, parce que
la.balle y aboutit directement ,' en fuivànt toujours
le premier tuyau, fans pouvoir tomber dans
les deux autres.
La hoite aux oeufs, ou a lamufcade.
A B eft unè boîte ovale qui fe divife en deux
parties, C3 D 5 le couvercle D contient trois
parties, E , F , G , qui repféfentent là moitié d’un
oe uf & qutentrent l’une dans l’autre comme-des '
gobelets, (fig. 1 4 , pi. 9 , de -magie blanche, tom.
V I I I , des gravuresLe faifeur de tours peut donc
montrer la boîte vuide comme au,.point C , lorf-
qu’il enlève ces. trois parties dans le couvercle
D ; mais , s’ il en laiffe quelqu’ une fur Ja boîte ,
cette boîte paroîtra contenir un oeuf comme aü
point H ; & , comme ces parties font de différentes
couleurs , l’oeuf pourra paroître blanc,
rouge ou vert , fuivant qu’on en laiffera fur la
boîte une , deux ou trois ; par ca moyen, file
faifeur dé tours tient dans la main droite le couvercle
D , & dans la gauche , la boîte contenant
un oeuf en apparence comme au point H , & qu’i l .
rapproche cet oe u f de la bouche comme pour le
manger,; f i , dans ce même téms, il fait paner fub-
tilement cet oeuf dans le couvercle D , un inf-
tant-après , i l n’aura dans fa main quede couver-'
cle. D-8 c la boîte vuide telle qu’elle eft au point
C5 de cette manière, il femblera avoir mangé
l’oeuf, dans ce cas-là , il eft effentiel qu’il contribue
à l’illufion par le mouvement- des mâchoires;
cependant le tour ne confiffé pas ‘directement à
. manger ,un oeuf, car il n’ eft rien de plus fimple &
de plus naturel ; mais il confifte à perfuader qu’on
l’a mangé-, pour le faire retrouver enlhite dans U
même boîte.
Theophrafius Paracelfus , 0« le pigeon tué d'un coup
d'épée donné a fon ombre vu à fon image.
On donne à ce tour le nota de TheopkrafiusPa-
rd'elfub parce qu’on prétend qu lin homme de ce
nom tua fon frère en donnant un coup de poignard
a fon .portrait. Cette , anecdote qui fans doute
; .eft point rapportée par les hiftoriens contemporains
Se moins encore par des témoins oculaires,
doit être regardée fans contredit comme
apocryphe- Quoiqu'il en foit dé cette idé e, le
tour dontfil s'agi t , confifte à attacher le cou d un
;„eon à un,double ruban . bien tendu Sc foutenu
deux colonnes, 8e à décapiter cet animal
fins le toucher , dans l’inftant ou l’on donne un
coup d'épée à des oifeaux peints fur un carton.
Les deux rubans auxquels on attache le pigeon,
cachent une petite lame d'acier bien tranchante,
Sc recourbée en formé de faucille i cette lame eft
attachée a un cordon de fo ie , q u i, paffant entre
les deux rubans , 8c'dans l'une dés colonnes., -va
aboutir entre les mains du compère.
Le cou. du pigeon doit être afltijettî à une ef-
pèce d'anneau de foie , pour q uil ne pudle ni
avancer ni reculer. Celui qui. fait le tour , tirant
fon épée fur des oifeaux en peinture , donné un
grand coup de pied , qui fert de fignal ,•alors le-
compère tire le cordon., 8e la faucille qui em-
Lrafiè le cou du pigeon , lui tranche la tête dans
cemême inftant. (D ecr em p s ).
Enfoncer un contenu dans la tête d un coq ou d une
poule , fans les tuer.
Un. charlatan , pour prouver l’ efficacité de fon
élixir, fe flattoit- modeftemenu de.pouvoir refîiif-
citer un. mort. Voilà un animal, difoir-il , en
montrant un coq -, qui fera bientôt rayé du nombre
des; vivons ; je vais lui, couper la tê te , & vous
lui verrez lajceryelle ; cela ne l’empêchera pas de
chanter cette nuit dans fon poulailler, Sc de fe
promener demain au milieu de fa cou r, comme un
grandperfonnage,
Qûi fait pour ie.s plaifirs , .& l'amour , & la gloire ,
Aime, combat , triomphe, & cirante £à viétoire.
■ Unûnftarit après , il lui planta un couteau dans
la tête , & le préfenta à la compagnie fufpendu
comme dans la fig. c , pl. 8 , de magie blanche. ,
tom. YHI, des gravures. Dans le commencement,
on vit l'animal fe débattre en remuant fes ailes Se
fes pieds : niais , un inftant après , il parut fans
mouvement, fes yeux fe fermèrent, Sc-on lecru't
mort. Le charlatan ayant ôté le couteau , le coq 1
tomba fur la table , Sc refta comme une mafi’e
rnanimée. On remplit d’ élixir , ou peut-être d’eau
de riyière , une petite feiingue^,& on en fit deux J
ou trois iuj .étions dans la cervelle de l'animal ;
auffi-tôt il parut fe ranimer peu-à-peu ; bientôt
après il-le leva fur les pieds, bauifa le c o l , battit
des ailes, Sc s'enfuit en chantant.
On ne peut pas expliquer ce fait 3 en difanc
que la tête du coq étoit cachée fous fon a llé , Sc
que le Charlatan n'avoit percé dé fon couteau
qu'une tête poftiche attachée au col de l'animal ;
fi le tour fe fut opéré de cette manière, on n'au-
roit pas pu voirie bec & les yeux du coq fe remuer
dans l'inftant où on lui perça la tête ; la
prétendue tête poftiche auroit été immobile , Sc
la vraie tête auroit paru quand le coq fut fufpendu
au couteau , 8c fur-tout jorfquél’ammal agita fes
ailes pour exprimer fa douleur.
Ge tour s'explique mieux de la manière fui-
vante.
.. La cervelle du coq & la poule étant placée fur
le derrière de la tête du côté, du c o l , il y a , entre
la cervelle & lé bec , une partie de ia tête que
l'on, peutpercer, d'un couteau fans tuer l'animal/
8c fi fa tête a été percée d'avance vers cet endroit,
on pourra le . fufpéndre au couteau fi fou-
vent qu’on voudra , fans lui faire aucun mal,
pourvu que le couteau né foit pas bien tranchant^
& alors 1 animal commencera toujours par fe débattre
en remuant les ailes & les pieds pour exprimer
le défagrément de cette pofition. Quant à
fa- mort apparente, à fa réfurreâisn iubite & à fa
fuite précipitée, c’ èftde fa p art, un effet de l'é ducation
& de l ’habitude.
Se-percer le bras & le ventre à coups de couteau ,fans
fe. faire de mal.
Mon,élixir eft fi bon , continua l ’opéractur,
que je ne crains pas de recevoir moi-même des
coups de couteau. Alors il fit.des contoriions Sc
des grimaces , comme s'il eût fenti les douleurs
les plus aiguës , Sc montra fon liras percé comme
dans la fig. 6 -.pl. 8 : de magie blanche , tom. V I I I
des gravures.
C e tour eft aufli facile que fimple, puifqu'il
confifte.feulement à adapter au bras un couteau
fait exprès : comme celui de la fig. y. ibid, dont
la lame eft divifée en deux parties réunies enfem-
ble par un reffort en fer à cheval. Quand le bras
eft placé entre les deux moitiés de la lame , Se
que le reffort eft caché fous la manchette, il fem-
ble que le bras eft percé comme dans la fig. 6.
. Quelqu'un de ia compagnie obferva à l ’opérateur
, q u e , pour fe percer le bras de cette manière
, il lui falloir un couteau deftiné à cet ufage
8c qiie la bleffure qu'il fe,faifoit dans cette occafion
, étoit fi petite qu’il n'avoit pas befoin d e-
iixir pour la guérir j il répondit qu'il en feroit de
même , & peut-êtse pire avec le premier couteau