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le'froid'équivalente aux miroirs dont on fe fert
pour augmenter la chaleur , je ne doute pas qu on
ne v ît en ce genre des phénomènes aufii curieux
& -.suffi furprenans que ceux qu'on a vus au miroir
ardent du palais-royal. Il eft rapporté , dans les
expériences de Florence , qu'un miroir concave
dé réflexion ayant été ajufte auprès d'un tas de
glace de yoo livres pefant , l'efprit-de-vin d’un
thermomètre expofé à Ion foyer commença à defcendre
; mais rien n'eft plus incertain que cette
expérience , de l'aveu même de ceux qui l'exécutèrent.
M. de Réaumur nous a fourni fur ce fujet 3
8 c par une voie bien différente , tout ce que i'in-
dultrie 8 c l'art ont donné jufqu'ici de plus curieux
6 de plus utile , en augmentant par degrés, &
de plus en plus par le moyen des fels 8 c des efprits
acides tirés de ces fels., la froideur d'une glace
qui fert à fon tour à rendre la fuivante plus froide ,
& ainfi de fuite, fans qu'on fâche où s'arrêtera la
progreffien. Il a pouffé l'augmentation du froid
dans ces expériences jufqu'à 25 degrés de fon
thermomètre au-delà du terme de la fimple congélation.
C'eft ainfi que les phyficiens 3 en interrogeant
la nature par les expériences 3 parviennent
à faire des découvertes ou utiles ou curieufes.
M . Boerhaave à fu faire de la glace artificielle fans
le fecoursde -glace étrangère. On fait que les fels,
principalement le fel ammoniac 3 ont la propriété
de refroidir l'eau dans laquelle on le fait diffoudre
fans la glacer.
Que l’on prenne de l'eau déjà froide à un degré
voifin de la congélation, il fera facile d'en augmenter
la froideur de plufieurs degrés , en y faifant
diffoudre un tiers de fel ammoniac. C e mélange
fervira à rendre plus froide une fécondé maffe d’eau
déjà refroidie au degré où l'étoit d’abord la. première
qu'on a employée. On fera encore diffoudre
dû fel ammoniac dans cette nouvelle eau : en continuant
ce procédé 3 8 c en employant ainfi des
maffes d’eau fucceflivement refroidie, on aura enfin
un mélangé de fel & d’eau beaucoup plus froid que
la glace ; d’où il fuit évidemment que lorfqu'on
vient à plonger dans ce mélange une bouteille
d’èau pure # moins froide que la glace, cette eau
y gelera.
Tous les fels n'agiffent pas avec la même célérité
& la même efficacité pour le refroidiffe-
ment des liqueurs. L e fel ammoniac, qui diffout la
glace plus promptement que le falpêtre 8 c un
peÆi plus tard que le fel marin 3 parut à M. dé
Mairan celui qui donnoit la congélation artificielle
la plus prompte, enfuite le falpêtre.j & le
fel marin qui fait fondre la glace le plus v ite , 8 c
qui produit le* plus grand refroidiflement dans la
glace qu'il fond , fut celui de tous qui donna la
congélation artificielle la plus lente. Le fucre ordinaire
qu’on pourro'it employer au défaut des
autres fels, fait defcendrè la liqueur du thermomètre
de quatre degrés aù-deffbus du point de la
congélation ; les cendres de bois verd de trois
degrés, l ’alun d'un & demi, la chaux vive d'un &
un quart 5 le fel gemme purifié, plus puiffant que
tous les autres, la fait defcendre de 1 7 degrés. Les
efprits acides font d'ordinaire plus d'effet que les
fels dont ils font tirés. Le fel ammoniac ou le fel
marin font, en deux ou trois minutes, defcendre
l'efprit-de-vin de quatre, cinq ou fix degrés, plus
ou moins, félon le degré de froideur qu'avoir l’eau
avant qu'on y eût mis les fels. Le foufre, les cendres
meme encore chaudes, 8 c généralement toutes
les matières qui contiennent une certaine quantité
de fel rafraîchiffentl'eau, 8 c fontbaiffer la liqueur
du thermomètre qu'on y a plongé à raifon de cette
quantité 8 c des principes qui les modihent. Les autres
matières, telles que le fable fin, le limon,
mêlées dans l’eau , rendent feulement la congélation
plus.tardive, moins ferme & moins compaftej
& l’effet en eft d'autant moindre en général,
qu'elles fe diffolvent moins dans l 'e a u , & contiennent
moins de fel j car il eft peu de matières
qui n'en contiennent.
C ’eft d'après les propriétés qu'on a reconnues
aux fels, de rendre la glace plus froide en là faifant
fondre , qu'on a imaginé la petite induftrie
que l’on emploie pour faire glacer les jus de
fruits, les crèmes , 8 c procurer ainfi au milieu
des chaleurs de l'été des moyens fi agréables de fe
défaltérer. *
Lorfqu'on veut faire des glaces ou des fromages
à la crème glacée, oh prend des jus de fruits , tels
ue ceux de grofeilles, de verjus, deframboifes,
e cerifes, que l'on mêle avec la quantité de fucre
néçeffaire. Si ce font des crèmes que l'on veut
faire, on commence par faire bouillir la crème,
8 c après l’avoir laiffé refroidir, onia met dans
un vafe ou moule de fer blanc ou d'étain, avec la
quantité de fucre fuffifant : on écrafe, fi l'on veut,
dans ce mélange quelques maffepains, 8 c on y
ajoute de l'eau de fleur d’orange. On concaffe de
la glace qu'on mêle avec du fel commun, & on
mêlé le tout dans un feau, pour lors on plonge ce
moule dans le mélange de glace 8 c de fel ; & au
moyen d'une anfe qui eft au couvercle du moule,
on l'agite continuellement, & la crème ou le jus
des fruits fe glace fous une forme légère, & procurent
ainfi -ces glaces fi agréables à prendre dans ;
les chaleurs de l'été.
Les glaces ne doivent être faites précifément
que dans le temps où elles doivent être fervies;
mais fouvent on eft forcé de les garder plufieurs
heures alors il eft préférable de faire uftge des
matières qui, donnant un moindre degré de froid,
le corifèrveroient plus long-temps. La foude a ces
deux avantages ; elle maintient mieux que le pl
marin le degré de froid fuffifant pour empêcher les
liqueurs qu'on a glacées-de fe -fondrèc La moins
chère eft même la meilleure 5 fi la foude manque,
ou
on peut employer, lorfqu'on n'eft pas preffé, la 1
cendre ordinaire, c'eftrà-dire, la cendre de bois
neuf. En la mettant à poids égal avec la glace,
elle donne un degré de froid fuffifant pour geler
les liqueurs, & fi le refroidiffement qu'elle oçca-
fionne n'eft pas fubit, elle le conferve long-temps5
dans le cas même où l'on voudroit avoir des glaces
en cinq ou fix minutes, la potaffe, moins chère
que le fel marin, opère auffi promptement.
r G l a c e i n f l a m m a b l e . Parmi les procédés
curieux de phyfique, en voici un fort intéreffant,
car il s’agit de former une efpèce de glace qui
i cependant la propriété d’être inflammable. On
prend de l’huile effentielle de térébenthine dif-
tillée ; on la met dans un vaiffeau fur un feu doux >
on y fait fondre âufperma cetiy ou blanc de baleine y
la liqueur refte claire, tranfparente} on la met
dans un lieu frais, & , au bout de 2 ou 3 minutes,
elle eft glacée. Si cependant la liqueur fe glaçoi't
trop difficilement, il faudroit y faire fondre de
nouveau un peu de blanc de baleine : mais la feule
circonftance effentielle à obferver eft de ne le
point piler, mais de le mettre fondre en affez
gros morceaux* faute de quoi la glace auroit moins
de trànfparence. Si la (aifon eft trop chaude , alors
il faut mettre le vafe dans de l’eau froide 1 la liqueur
le congèle en moins d’ une minute i mais cette glace
faite fi rapidement n’eft jamais fi belle ni fi tranf-
parente que celle qui fe forme dans le vafe placé
fi.nplement dans un lieu affez frais. •
Voilà une efpèce de glace qui èft inflammable',-
mais qui ne refte fous cet état de glace que peu de
temps* dès que la liqueui^ommence à fe degeler,
& pendant qu’ il y a encore des glaçons flottans
deffus, il faut y verfer du bon efprit de nitre,
alors la liqueur 8c la glace s'enflammeront 8 c fe
confumeront dans l'inftant. C ’ eft ici le phenomene
de l ‘inflammation des huiles ejfentielles. Voyez ce
mot} mais l’art confifte à charger l’huile effentielle
d'une matière capable de la réduire en glace, fans
altérer fa tranfparence 8 c fon inflammabilité.
GLOBE É LE C T C IQ U É 5 ( Voye^ É l e c t r i c
ité , )
G l o b e h y d r a u l i q u e . ■ ( Voyt[ h y d r a u l i q
u e s . )
G l o b e s c é l e s t e s e t t e r r e s t r e s portatifs.
Un particulier propofoit une invention qui pour-
roit être utile à beaucoup de personnes. Les globes
céleftes 8e terreftres, tels qu on les fabrique
ordinairement en bois ou en carton, ne peuvent
être d’ufage que dans un lieu ftable : les voyageurs
qui feroient curieux de confulter ces machines,
foit à l’occafion des phénomènes, foit
pour s'affurer de certaines polirions, font privés
Amufemens des Sciences »
néceffairement du plaîfir de fatisfaire leur curio-
fité , parce qu’on ne fe charge pas d'un meuble
auffi embarraffant en voyage. Il imagina donc
qu’il feroit aifé de fuppléer à ces globes folides
par des globes à vent qui- feroient certainement
portatifs. Auroit-on envie de parcourir le ciel ou
la te r re ,le globe s'enfleroit fur-le-champ comme
on enfle un ballon 3 8 c ce qui n’ occupoit pas fix
pouces cubes d’efpace dans une malle , prendroit
un volume de. 18 , 20 , 30 pouces de diamètre. On
pourroit pofer ce globe fur un pied de fil d’archal
au moyen d’une petite planche de quelque bois
fort léger : il faudroit que ce globe célefte ou ter-
reftre fût exactement tracé 8 c bien imprimé fur
une peau apprêtée exprès pour recevoir tous les
traits, toutes les figures qui reprefentent les conf-
tellations ou les divifions de la terre.
Depuis que l ’étude de la géographie 8 c celle
des mathématiques entrent dans l'éducation des
perfonnes opulentes, on.a vu faire un objet de
luxe des inftrumens dont ces deux fciencës empruntent
les fecours. On fait aujourd’hui, dans
quelques verreries, des globes de verre d’un affez
grand diamètre , de différentes couleurs î fur la
fur face des uns, qui font inférieurement étamés ,
font peintes les quatre parties du monde avec
les principales îles : les terres font en couleur
naturelle, rehauffées d’or* les fleuves font repré-
Tentés parle fond de la glace. Les globes céleftes
font d’ un bleu très-foncé, étamé* & les étoiles,
qui forment les principales conftellations, font
peintes en or. Ces globes font très-propres à décorer
des appartemens 8 c des cabinets de phj&j
fîque.
G l o b e s d e c r y s t a l .
Manière de faire produire a une bougie ou a une âkariï
delle autant de lumière que deux ou trois bougies de
la même grojfeur9 tirée des manufcrics de M. Pin-
geron.
Faites fouffler, dans une verrerie , un grand vafe
double, de forme fphérique, qui foit d’un cryftal
très-blanc. C e vafe repréfentera deux globes l’uu
dans l’autre , avec cette différence qu’il doit être
percé d’un large trou circulaire dans fa partie
fupérieure, 8c que les bords du globe intérieur
feront réunis avec ceux du globe extérieur par
une portion circulaire du verre, qui fera convexe
dans fon élévation.
Mettez dans le globe extérieur une bobèche
mobile, dont la bafe fera convexe 8 c d’ un certain
poids. Cette bobèche relevera enfuite la bougie ,
qui doit toujours être dans l ’axe de l’ouverture
circulaire dont on a parlé ci-deffus.
On ménagera enfuite dans le bourrelet de c©
E e e e