
au moment qu’ on les approche du feu , fe parent
du plus brillant coloris de là nature | & préfen-
tent un riant camaïeu ou différentes couleurs , ce
qui fe fait par des, encres fympathiques.
( Voye^ En cr e . )
É CR ITUR E . Il efl diverfes manières de s’entretenir
lecrettement par des écrits , fans que ceux
entre les mains de qui ils peuvent fe trouver puif-
fent facilement y rien reconn'ojtre. La plus ufitée -,
& en même-temps la plus facile , confifte a em-
* ployer au lieu d'encre , différentes liqueurs qui
ne laiffent aucune trace lenfible fur. le papier. ,
& dont la vertu eft néanmoins telle qu’en le
préfentant au feu , le trempant dans l’eau , ou
y femant quelque poudre., l’écriture qui etoit
invifible paroît aufiitôt. L’autre eft celle qu on
appelle Ordinairement, écriture en chiffres , elle
peut fe varier à l’ infini J & fi on ne peut démontrer
qu’ il foit impoftible de la déchiffrer quelque
cachee quelle f o i t , on peut rendre Fopération
néceffaire pour y parvenir afîez longue et afîez
pénible pour qu’ on puifle moralement la regarder
' comme impoftible.
En général, cette dernière méthode confifte à
-fubftituer aux lettres de l’alphabet différents lignes
de convention entre eèux qui s’entretiennent:
lorfque ces fîgnes font toujours les mêmes pour
défigner les mêmes lettres - , il eft aflurement afîez
aifé de les déchiffrer, particuliérement dans les
langues que l’on connoît ; mais lorfque ces lignes
, changent, & que ler même peut défigner différentes
lettres , ou que réciproquement une même
lettre peut être indiquée par différens lignes,
l’accès à la combinaifon qu’ il faut faire pour
connoître leur rapport, fe trouve en quelque
forte- fermé , ou du moins il eft fi difficile d’y .
parvenir, qu’on fe trouve alors forcé d’ y renoncer.
Ceux qui s’écrivent en chiffres , ont toujours
chacun de leur côté;un alphabet de ce genre , Convenu
entre, e u x , & qui leur fert réciproquement
pour écrire leurs lettres & en transcrire les ré-
ponfes : cet alphabet fe nomme c le f3 '& c’eft cette
c le f qui eft difficile' à compofer à celui qui n’en
ayant aucune connoiffance , veut neanmoins déchiffrer
ce qui a été écrit,-; ce qu’il ne peut faire
fans une combinaifon fort longue & fouvent
iafruétueufe.
En indiquant ici les différentes manières d’écrire
en chiffrés ' f ] on^fë§', ; appliquera , autant
qu’ il fera poflïbîe,, à divers amufemens , fuivant
le plan- qu’ on' ?eft propole dans cet ouvrage.
Ecrire une lettre dont lès caractères invifibles ne puiffent
porditre qu’étant humeCtés d ’eau* *ou, ae quel--.
qu’autre liqueur»
Ayant fait diffyudre dans l’eau, du vitriol ou
de 4 a couperofe , filtrez-la au travers d’un papier
gris que vous mettrez dans un entonnoir de verre
& gardez cette diflblution.
Faites pareillement diffoudre dans de l’eau ou
dans dù Vin blanc, de petites noix de galle que
■ vous aurez légèrement concafîees, et au bout de
vingt-quatre heures , filtrez de même cette
difîolution.
Les câra&eres que vous aurez 'écrits fur du
papier avec la difîolution de vitriol ci-deffus
& que vous -aurez même laiffé ' fécher pendant
plufieurs jours , paroîtront comme s’ils enflent
été écrits avec de l’encre ordinaire , fi vous
pa-ffez deflus une éponge très_ légèrement imbibée
fie la diflblution de noix de galle : il en
sera de même , fi vous mettez cette écriture
entre deux papiers dont un foit légèrement imbibé
de/-, cette dérnière diflblution , pourvu que
le tout foit enfermé & ferré pendant un inftant
dans un livre.
Plufieurs queftions étant transcrites fu r des cartes,
■ faire trouver leurs réponfes au-bas de celle d’en*
tr elles qu’uneperfonne aura choifie a fon gré.
Ayez une certaine quantité de cartes , au
revers de chacune desquelles vous écrirez avec
-de l’encre ordinaire ( i ) une queftion quelconque
, dont la réponfe puifle être faite en peu de
mots, ou s’ il fe peut, en un feul mot. Tranf-,
crivez ces réponfes au bas de ces queftions, eu
vous fërvant à cet effet I de la . diflblution du
vitriol ci-fieffus.
Ayez deux cartes où il n’y ait pas de, réponfes
tranfcrites , et qui ayêntjété légèrement &" également
humeélées avec la diflblution de noix de
galles": à cet effet , renfermez-les un quart d’heure
avant de vous en fervir, & tenez-les en preffe
entre des papiers qui en ayent" été eux-mêmes
imbibés. 'Mettez ces deux cartes au-deffous du
jeu', afin quelles ne communiquent pas leur humidité
aux autres cartes "j obfervèz encore que ces
cartes foient des figures , afin que fi elles viennent
à fe tacher un peu , lorfqu’ elles feront
pofées fur les réponfes qu’elles doivent faire
paroïtre , on ne puifle pas s’en appercevoir.
Récréation qui f e fa it avec ces cartes.
On mêlera le jeu sans déranger les deux dernières
cartes , &'on le préfèntera à une perfonne,
en lui- difant d’ y prendre une. certaine quantité
dé, queftions , afin d’y ch'oifir .celle au-bas de laquelle
"elle .fiefire qu’on fafle paroïtre la réponfe.
Lorfqu’ellë l’aura choifie", on lui demanderais
r: Çï) Il faut empfbyer de l’entre qui ne foit pas bien
noire", ni iuïlKhte.' ■>:
• ü I B . " ' . reftant
reftant des cartes qu’ on mêlera de nouveau dans
lé jeu pour le préfenter de même à une deuxième
peifonnë , afin qu elle y choififfe âufli pareillement
une autre queftion 5 on dira a ces deux
perfonnes , de bien remarquer fur quelle carte
font écriresles queftions quelles ont choifies,
& coupant le jeu fur k table , on fera mettre la
première queftion fous la carte humeétée qui
étoit la dernière au-deflous du jeu , & courant
eiifuite le jeu à l ’avant dernière carte (1) également
hume&ée, & q u i fe trouve alors vers le
milieu du jeu , on y fera mettre la queftion choifie
par la fécondé perfonne ; au moyen de quoi
elles fe trouveront placées de maniéré " à rpçevoir
l’humidité des deux cartes qui ont été/impregnées
de la diflblution de noix.de galles: on ferrera
alors le jeu dans fa main pendant un moment,
& on demandera à ces deux perfonnes , quelles
font les cartes fur le {quelles etoient écrites leurs
queftions j on retournera le jeu pour y chercher
ces deux cartes , et on fera voir que les répon-
^ fes qui y font analogues s’y trouvent tranfcrites ,
& qué ce font bien certainement celles qu’elles
ont prifes ^ puifqu’il ne fe trouve aucune carte
dans le jeu qui leur foit femblable.
Caractères qu’on ne peut appercevoir qu en les trempant
dans l ’eau.
Faites diîfoudre une quantité fuffifante d’ alun
dans de l’eau ,.& fervez-vous en pour écrire tels
caractères que vous voudrez ; fi vous trempez
dans l’eau le papier où ils ont été traces , &
qu’enfuite vous le préfentiez au jour , vous y
cïïftinguerez très-bien ce qui étçit invifiblement
écrit, attendu que ces caractères feront beaucoup
plus obfcurs que le refte du papier, &
qu’ils feront bien plus long-temps à s’ imbiber 5
cet effet aura lieu , quand même il y auroit longtemps
qu’ils feroient tracés. Lorfqu’ on fe fert de
cette méthode ; il faut écrire premièrement des
chofës indifférentes, _et enfuite dans les interlignes
ce qu’ on defire être fecret.
. Nota. Ç ’eft par ce même moyen qu’ on empêche
le papier de s’ imbiber ou de boire la couleur
ou l’encre j à cet effe t, on trempe dans cétte
ëau les eftampes qu’on veut colorer , ou le papier
dont on doit fe fervir.
Çdraftefes qui paroiffent étant trempés dans Veau.
Faites bouillir pendant deux heures ', dans une
pinte de vinaigre , deux onces de litarge réduite
en poudre , & l’ayant laiffé repofer , yerfez la
(1) On peut mettre cette dernière carte plus large,
afin .d’y couper avec plus de facilité,
Amufemens des Sciences,
par inclinaifon & paffez-la dans un linge (2). y
confervez cette liqueur dans une bouteille bien
bouchée , & fervez-vous-en pour, écrire ou tra- -
cer’fur le papier ce que vous voudrez : les caractères
étant fecs , ne paroîtront en aucune façon.
Lorfque vous voudrez les. rendre vifîbles, trempez
ce papier dans du jus de citron ou.de verjus,
& iis paroîtront d’un blanc de lait qui effacera
celui du papier dont vous vous ferez fervi > ils
fubfifteront même encore, .lorfque. le papier fera
léché. La litarge qui a été diffoute , étant une
chaux fie plomb quife précipite fur ie papier au
moyen de l’acide dans lequel on le trempe.
Autre maniera
Les caraélères .formés-avec la liqueur faturée
du bleu de pruffe , paroiffent d’un très-beau bleu y
fi on les imbibe avec la diflblution acidé de v itriol
vert 5 & réciproquement ceux écrits avec
cette dernière difîolution paroîtront de même ,
fi on les trempe dans la liqueur faturée ci-deffus.
Caractères qui paroiffent. étant expofés au feu.
Prenez du jus decitron, & feryez-vous-en pour
tracer avec, une plume neuve, quelques caractères
fur du papier. L’ ayant laiffé fécher , fl vous
les expofez un peu au feu (3) , ils paroîtront
aufli-tot d’ une couleur brune , attendu que cet
acide , concentré par la chaleur, brûlera un peu.
le papier aux endroits où la plume aura paffé. C è
meme effet aura lieu en employant différens acides
ou les fucs de divers fruits. Le jus de cerife donnera
ùne couleur verdâtre , celui d’oignon une
couleur noirâtre j l’acide vitriolique affoibli dans
une afîez grande quantité d’eau , une couleur
rouffe, le vinaigre une couleur-rouge pâle ,. & ç .
Le degré de chaleur pour faire paroïtre les caractères
écrits av.ee ces différens acides , n’eft pas
le même s . le jus fie citron eft celui qu’ il faut le
moins chauffer.
Caractères qui paroiffent étant expofés a l ’air.
Faites diffoudre dans l’eau régale1, autant d’ or
fin que vous pourrez j affoibliffez enfuite cette
forte diffolutidn'en y'mettant deux ou trois fois
autant d’eau commun^.
Cette difîolution d’or par l ’eau régale , peut
fervir à former fur du papier une écriture qui
difparoîtra en fe fé chant , fi on a foin de la tenir
renfermée et de ne pas l’expofer au grand air ;
-, [z) Cette diflblution fe trouve toute faite ch9«
les* droguiftes,-fous le nom àiExtrait de Saturne.
(3) On peut également les expofer au feu long-temps
après qu’ils ont été écrits,
• G s t