
ques nouvelles lumières , dont les physiciens plus
initiés qu’eux dans les fecrets de la nature , ne
manqueront pas de profiter , pour développer des
caufes , q ui, comme plufieurs d’entr’eux l’ont
déjà penfe, tiennent fans doute au fyftême général.
Maximes générales pour les opérations électriques.
Le tems le plus fec , & particulièrement lorf-
qu’il eft à la g e lé e , eft le plus favorable pour
toutes les opérations électriques où il eft néceflaire
d’une grande abondance de ce fluide ; à défaut on
peut s’en procurer , en allumant un bon feu dans la
chambre où eft placée la machine , & en faifant
chauffer & fécher les couffins, & la machine
même : on peut encore l’augmenter avec l ’amalgame
d’étain & de mercure, mêlé avec de la
craie ou blanc d’Efpagne.
C e t amalgame produit affez fouvent fur le plateau
des petites taches noires , & d’une fubftanee
raboteufe , qui, avec le tems, s’agrandiffent &
s’y amaflfent en affez grande quantité : il eft effen-
tiel de les ôter avec foin , à mefure qu’ ils pa-
roiffent, fans quoi elles nuiroient aux. effets de
1* électricité.
Il fe forme quelquefois une incruftation affez
épaiffe de cet amalgame, qui s’étend fur les
* couffins j mais loin de leur nuire elle fert à les
bonnifier : fi on la gratte un peu, elle augmente
encore beaucoup, l’ électricité difpenfe par ce
moyen d’y mettre de nouvel amalgame.
Comme la matière éle&rique eft fournie au conducteur
par les couffins , il femblè néceffaire
qu’ ils communiquent à leur tour avec des corps
qui foient bons'conducteurs , & fur-tout avec le
plancher , lorfqu’ il n’eft pas trop fec , afin qu’ ils
en puiflent tirer une plus grande quantité & électricité
& la rendre au plateau.
Les couffins doivent être ronds , & avoir pour
diamètre le quart ou même le tiers de. celui du
plateau j il ne Faut pas qu’ils ferrent trop fortement
, cela ne ferviroit qu’à expôfer le plateau
à être brifé, fans obtenir pour cela un plus
grand effet : les plateau^font encore fujets a fe
brifer lorfqu’ils ne tournent pas bien ronds.
Lorfqu’ on charge une bouteille, & que fon
- crochet ou bouton étant éloigné d’une petite
diftance du conducteur x ne reçois plu^ a’étin-
celles , elle eft chargée alors autant qu’elle le peut
être , eu égard à fa grandeur , & elle n’en peut
acquérir une plus grande quantité.
Afin qu’ il ne fe perde aucune partie du fluide
éleCtrique que le plateau fournit au conducteur*,
il eft effentiel que la machine n’ait dans fa conf-
truCtion aucune partie anguleufe'qui puiffe. l’àttirer
, & le conducteur, aucune partie de même
qui puiffe le laiffer échapper.. Il faut même éloign
e r à deux ou .trois pieds, de la machine tous
corps qui étant électriques par communication
présenteront des parties pointues & anguleufes.
Plus le plateau d’une machjne eft grand , plus
auffi (toutes chofes d’ailleurs égales),elle produit
de fortes et longues étincelles , fon atmofphèie
étant alors plus confidérable ; cependant la commotion
produite par une petite machine est toujours
beaucoup plus piquante & plus fenfible que
celles que. produifent les plateaux qui font d'un
fort grand diamètre ($).
En fuppofant qu’on ait chargé féparément &
autant qu’il eft poffible deux bouteilles, garnies,
de différentes grandeurs, l’explofion fera plus
forte fur la bouteille dont la furface eft plus grande
} fi aü contraire on les chargéeit très-peu, la
plus petite de ces bouteilles, pourroit produire
alors l’explofion la plus confidérable.
Lorfque lés jarres ou bouteilles font garnies
trop haut, &: qu’elles viennent à fe charger d’une
certaine abondance de fluide éleCtrique , elles
font fujettes à fe décharger d’ellés-mêmes.
Il ne faut employer les batteries électriques
que dans des tems favorables à ï électricité , autrement
il pourroit arriver qu elles ne fe chargeaient
pas du tout j attendu que dans des tems d’humi-
; dité elles perdent une bonne partie de Y électricité
qui leur eft fournie par le plateau 3 q ui, dans ces
mêmes tems, n’en recueille pas beaucoup de fon
côté.
Lorfqu’ on déchargé une bouteille , il ne faut
pas pofer l’excitateur fur l’endroit le plus foible,
ce qui pourroit faire caffer la bouteille , fi l’ex-
plofion étoit forte. Si une bouteille est félée,
elle ne peut jamais fe charger , & même dans une
batterie , il Suffit qu’il y eh ait une pourempecher
toutes lés-autres de fe charger.:
À défaut de fupport : de. verre , on peut employer
du bois, Frit 1k fçché au fou r , mais il y a
du choix dans la qualité-de ceux qui peuvent fer-
vir 5 en général les plus durs font les moins électriques
( i) 5 quoiqu’on puiffe fe procurer de cette
manière d’ affez bons fupports , cependant comme
ils peuvent prendre de l’humidité peu-à-peu &
devenir par cOnféquent mauvais, il faut, autant.
■ (j) Il eft à préfimer qu’une machine eompofée
de plufieurs plateaux de moyenne grandeur, Emir
beaucoup plus violente pour la commotion qu'une
autre eompofée. d’un feu !plateau, lequel fe roitd’une
grandeur égalé à. ces premiers joincs-eufemble.
(î) Le fapin qui" eft réfine ux èft un des meilleurs
qu'on puiffe employer. - . • •
:---J ■ qu-il
E L E
qu’il eft poffible employer lefoufre,-le verre ou la
foie i le foufre paroît être la fubftanee: la plus
propre à ifoler.
Lorfqu’on charge une bouteille & principalement
une batterie , il faut bien prendre garde à
ne pas s’expofer à ' en recevoir l’explofion par
quelque inadvertance, & ne pas s’avifer fur-tout
de toucher pendant la charge le çonduéfeur de la
machine, ou ce qui le fait communiquer à la batterie
, attendu qu’il .pourroit arriver que le fluide, i
électrique retournât par ce moyen'a l’extérieur
des jarres qui la compofent, en Fuyant un chemin
qu’on n’auroit pas prévu , & dans lequel fe
trouveroit celui qui l’auroit touché auffi impru-
- demment.
Description de la machine élcdrique ou a éle Ci ri fer.
Lorfqu’on commença à cultiver la théorie de
l’électricité, on fe fervoit uniquement pour l’exciter
, d’un tube de verre de 3 pouces environ de
diamètre, & de 2y à 30pouces de longueur. On
le frottoit dans fa longueur & dans le même féns
avec la main nue , pourvu qu’elle fût bien feche,
ou enveloppée d’un morceau de flanelle ou dé
drap j ou préfentoit enfuite ce tube à un corps
qu’on youloit éleétrifer. Ç ’eft ainfi que les G ray,
les Dufay, ont fait leurs premières - expériences
eleétriques.
On a enfuît e fubftitué à ce moyen celui d’un
globe fufpendu avec de la poix entre deux mandrins
de bois qui lui fervoient d’axe, & qu’ on
faifoit tourner rapidement avec une manivelle ou
une roue 5 on appliquait la main feche à ce globe
; ou on le faifoit frotter par un couffinet : cela
y excitoit Yéledricité , qu’on recueilloît, pour
ainfi dire, au moyen d’une frange métallique qui
pendoit fur le globe , ou autrement.
,A yesmachines a fuccédé celle que nous allons
décrire , qui eft beaucoup plus Ample ; auffi a-t-
flle comme banni des cabinets des phyjiciens la
machine précédente.
La nouvelle machine éleCtrique (jîg. r 3pl. 4.
Amufemens de phyjique) eft eompofée d’un bâtis
formé d’un pied A , fur lequel font élevés & af-
femblés deux montans B & C , affermis .par. le
haut au moyen d’une,pièce circulaire D . Ces deux
montans doivent être plus ou moins hauts , fui-
vant que le plateau circulaire. de verre fera d’un
plus ou moins grand diamètre 5 car il faut que le
b£rd ^'approché pas trop près ni du haut de cet
affemblage, ni du bas.
C eft cette pièce circulaire de verre E qui eft
a pièce effentielle de la machine. Elle eft percée
^ans fon centre d’un trou affez grand pour y paf
f 1 ;i er ^°Hdernent un axe d’ acier qui porte
ut les deux montans, & -cet axe du côté G eft
Amufemens des S sien ces ^
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pr plongé en dehors , & terminé quarrément pour
y emmancher une manivelle.qui fert à faire tourner
cette glace.'
Les deux montans portent enfin dans le haut'
& dans lé bas deux couffinets de cuir remplis de
crin , -en fo rte que la pièce cii cul aire; de glace ,
en tournant, foit frottée par ces couffinets ,
à quelques pouces de fon bord.
Enfin , fur la partie aiongée de l’empâtement ,
eft établi le conducteur, fur un pied de verre en
forme de colonne. C e conducteur eft une pièce
cylindrique de cu iv re , terminée d’un côté par
une boule G du même métal, & formée de l’autre
côté en un arc à peu près demi-circulaire ,
portant à chaque extrémité deux efpèces de demi-
globes H & I , qui préfentent à la glace leur
bafe circulaire. Cette bafé circulaire eft garnie
de quatre pointes d’ acier, aiguës & de même,
longueur. Le pied de ce; conducteur peut avancer
& reculer fur l’empâtement qui le fupporte
■' de manière à approcher ou éloigner à volonté les
pointes ci-demis décrites de la furface de la glace
de vërre j car ce Font ces pointés , comme on le
verra , qui attirent & pompent, pour ainfi dire,
le fluide éleétrique excité ou mis en mouvement
par le'frottement des petits couffins fur la glace
circulaire.
Lors donc qu’ on voudra produire Yéledricité ,
on placera la machiné fur une table folide, te
on l’ affurera par des vis. On fixera le conducteur
enforte que fes pointes approchent de très-près
la glace circulaire, & on la mettra en mouvement,
en faifant tourner la manivelle. Le conducteur
donneraprefqu.e furie champ des marques
& électricité 3 foit en produifant des étincelles à
l’ approche du d oigt, foit en attirant & éloignant
les corps légers qu’on en approchera.
Il.y a quelques autres inftrumens qui fontnéceF
fiires pour les expériences électriques. Nous
parlerons néanmoins uniquement ici de ceux dont
î’ufa-g.e eft le plus général, nous réfervant de décrire
les autres à mefure que nous expoferons ,les
diverfes expériences où ils font riécéffaires.
I. On doit être pourvu "de quelques marche-
pieds.endui.ts de réfine , quarrés ou circulaires.
: On leur donne i j à 18 pouces de côté ou de diamètre,
& pour plus de fûreté de l’effet, on peut
les faire porter fur quatre corps de bouteilles de
gros verre. Ils fervent à ifoler les corps ou les per-
fonnes qu’on veut éleCtrifer.
II. Comme il y a quelquefois du danger à tirer
Yéledricité avec le d o ig t, il faut être muni d’ un
infiniment appelé Y excitateur (fig. pl. 4 ) . C ’eft
un arc de cercle-métallique, emmanché à fon
milieu à un manche de verre ou de cire d’Efpagne
j mais le premier eft préférable & plus folide.
' En touchant avec l’ une des boules de cet inftru-
I i i