
répondis que je.croyois la connoître : & comme
j’entamois une longue difiertation pour lui prouver
mes connoiflances à cet égaid , elle m'interrompit
pour me demander fi je favois ce qui
fait circuler lé fang dans nos veines. J'allois lui
expofer fur ce point mon opinion & mes doutes ,
quand elle me montra une machine fort fingulière,
qui exprimoit , à quelques égards , la circulation
ou fang.
Fontaine de circulation.
C ’étoit un inftrument de verre compofé de
deux boules 8c de deux tubes. ( Voyei la fig. 9,
qui repréfente cet inftrument vu de profil, pl. 4
de Magie blanche , tome V III des gravures J.
La liqueur defcendo-it lentement 8c infenfible-
•ment par un gros tuyau de la boule À à la
boule B , & remontoit rapidement & vifiblement
de la boule B à la boule A par. un petit tube
tortu & prefque capillaire. Les gouttes de la liqueur
montante, étoient féparées entr'elles par
de petites bulles d'air ; ce qui permettoit de dif-
tinguer plus particülièrement leur mouvement ,
qui fe faifoit par petites fecouffes.
Explication des tours de la magicienne•
La magicienne dut fon fuccès , dans la féance
dont je viens parler , partie à fon induftrie , partie
au hafard 3 dont elle avoit adroitement profité.
La première fois qu'elle racommoda la jarretière
coupée, elle ne fit qu'en fubftituer une
fécondé dans une autre boîte de la manière que
voici :
Aufli-tôt qu'elle eut mis les morceaux de la
première jarretière dans une petite boîte 3 qui 3
comme nous l’avons dit 3 avoit la forme d'un
écu de 6 livres 5 elle prit cette boîte 3 qu'elle
•avoit laiffée un feul inftant fur la table 3 8c la
tint dans fa main droite, comme dans la {fig. îo
pl. 4 de Magie blanche 3 tome V I I I des gravures').
Dans ce même temps elle tenoit la fécondé boite
cachée dans la même main entre la naiflance du
pouce 8c de l'annulaire 3 {fig. 11 même pl. ) mais
on ne voyoit pas cette fécondé boîte, parce
que la . vieille ne tournoit vers la compagnie que
le dehors de la main, comme dans la fig. 10.
Après ce premier préparatif., elle pria quelqu'un
de garder la boite, en décrivant un demi-
cercle avec fa main, comme pour préfenter la
boîte avec plus de politeffe : c'eft en décrivant
ce demi-cercle qu'elle laiffa tomber dans fon tablier
la première boîte qu'elle tenoit au bout
des doigts pour ne laiffer paroître que la fécondé,
que tout le monde prit pour la première quand
elle fut préfentée, comme dans la fig. 12 même pl.
Cette fupercherie réuflit avec d'autant plus
de fa c ilité , qu'on n'aYWt point prévu que U
fubftitution fèroit faite dans cet inftant, p3rcff
qu’on croyoitjque le moyen de fubftituery cor>-
liftoit dans la ponftruélion même de-- la boîte.
Le fécond moyen de raccommoder la jarretière
coupée confiftoit dans la conftrii&ion des deux
morceaux de bois employés pour cet effet. La
d ê v in e re ffe en coupant en apparence la jarretière
au point A , (fig. 13 même p l. ) n’ëtoit point
embarralfée pour la faire paroître toute entière
puifque le morceau coupé ne faifoit point partie
de la jarretière, qui, au lieu de traverfer directement
les morceaux de bois comme le croyolt
le fpeélateur, les parcouroit dans leur longueur
en fuivant les directions B , D , C.
Quant aux deux autres moyens de raccommoder
la jarretière coupée.., les voici :
i° . Ployez-la comme dans la (fig. 14 mêmepl.) •
tenez-la de la main droite au point C , de la
main gauche au point A , 8c faites remarquer que
le point B eft celui du milieu 8c que par conféquent
fi on la coupè’à ce point, elle fera partagée en
deux parties égales.
1 ° . Quand vous ferez fur le point de la faire
couper, portez-la un peu vers vous en l'éloignant
du couteau ou des cifeaüx, fous prétexte de
faire voir que vous n'avez point dans les mains
une fécondé jarretière que vous puiffiez fubftituer
à la première quand elle fera coupée.
30. Préfentez-la une fécondé fois en faifant
un mouvement des deux bras pour la porter en
avant, 8c faififfez cet inftant pour faire paffer
le point B dans la main gauche , & le retenir
avec l'annulaire 8c le petit doigt de cette.main,
tandis que les autres doigts de la même main
continueront de tenir la jarretière au point A,
& que vous faifirez le point D avec le doigt
du milieu 8c le pouce1 de la main droite.
Si vous fuivez de point en point ce que je
viens de dire, vous pourrez, après une demi.-
heure d'exercice, le faire avec affèz, d’adrelfe
pour que le fpe&ateur croie qu'on lui préfente
à couper le point du milieu quoiqu'on lui préfente
réellement un b o u t} parce que la jarretière
fe trouvera alors ployée comme dans la fig.
même p l.
On voit dans dette figure que le point B &
le point D ont pris la place l ’un de l'autre, &
que la fupercherie doit etre cachée par les deux
mains qui tiennent toujours la jarretière, l'une
au point C , & l’autre au point A.
40. Quand la jarretière fera coupée au point D,
fi vous abandonnez ce que vous tenez dans h
main droite, les deux parties de la jarretière, feront
arrangées entre elles comme dans la fig.
cet arrangement découvriroit au fpe&ateur ce
u'il faut lui cacher, s’il étoit vu tel qu’il eft
ans la fig• 16 5 mais en pofant le pouce au
point A 3 ©n cache la tricherie comme dans la
H' J7 * ^
par ce moyen , non feulement le fpeéhteur
penfe avoir vu couper la jarretière par le milieu,
mais encore il croit en voir clairement les deux
moitiés & les quatre bouts.
prenant avec la main droite les deux bouts
r F de la fig. 17 , il faut les entrelacer comme
dans la fig. 18.
6°. Achevez de ferrer ce noeud , en tirant
un bout avec les dents , 8c l'autre avec la main
droite, jufqu’ à ce que la jarretière ait la forme de
la | | i?*
La jarretière vue dans cette dernière forme
fera croire au fpe&ateur que vous venez de nouer
enfemble les deu* moitiés 5 8c cependant il verra
réellement toute la jarretière dans fa longueur ,
à l’exception d’ un petit bout qui s'y trouve atr;
taché vers le milieu par un noeud coulant.
70. Donnez à tenir à un des fpe&ateurs le bout
H , & prenant alors le milieu de la jarretière
avec les deux mains , faites femblant de cacher |
le noeud dans la main droite , tandis qu’avec la
main gauche vous lé ferez gliffer vers l'extrémi- ;
té G. .
8°. Priez quelqu’un de la compagnie de prendre
le bou£ G , après avoir emporté de la main gauche
le noeudque le fpe&ateur croit toujours ca- .
ché dans la main droite.
9°, Portez le noeud dans votre poche , fous prétexte
de prendre un mouchoir ou de la poudre
de fympathie > vous pouvez auffi cacher tout
Amplement le noeud dans votre main , que vous
porterez fur le côté , en tenant négligemment
le bras en anfe de panier , 8cc. 8cc.
io°. Avertiflez la compagnie que le noeud qui
a été fait au milieu de la jarretière y fera toujours
très-vifible, mais qu'il eft actuellement affez
ferré pour que la jarretière puifle fervir comme
auparavant.
ii° . Priez la compagnie de redoubler fon attention
, 8c dans ce moment ouvrez brufquement
la main droite, pour faire voir au fpeCtateur étonné
que vous faites beaucoup plus que vous 11e
venez de lui promettre , puifque la coupure 8c
le noeud ont totalement düparu, 8c qu'il n’en refte
aucune trace.
i l 0. Faites mefurer la jarretière , 8c profitez
cette occafion pour vous mettre un inftant
a l’écart, 8c dénouer le petit bout retranché.
.13°. Mettez en double la jarretière qu’on
Vient de mefurer, 8c pofez-la dans la main gauche
ayec le petit bout egalement doublé'.'La jarretière
& le bout doivent être dans la main comme
dans la fig. 2 0 , 8c paroître comme dans la fig. 1 1 .
140. Goupez le petit bout par le milieu au
point A j alors la jarretière paroîtra comme dans
la fig. 17 , 8c chacun croira voir les quatre bouts
des deux moitiés de la jarretière.
150. Faites tenir comme auparavant les deux
bouts de la jarretière à deux perfonnes différentes ,
8c faites femblant de garder dans la main droite
les autres bouts que vous avez fait .paroître en
donnant, en apparence, un coup de cifeau par
le milieu .de la jarretière : efcamotez ces petits
bouts qui font les deux moitiés du premier bout
retranché , comme vous avez efcamoté le noeud
de la fig. 19.
160. Dites à la compagnie que le noeud ne
paroîtra point cette fois-ci, îiiais qu’en compenfa-
tion la jarretière fêta racourcie de trois pouces.
170. Otez la main droite pour furpreridre le
fpeélateur , en lui faifant voir non-feulement
qu’il ne refte aucun noeud , mais encore que la
jarretière à toujours fa même longueur;
Nota. i° . Un de mes amis venoit de faire ce
tour dans une compagnie , lorfqu’une dame le
pria de le répéter fur une jarretière qu’èlle four-
niroit 8c qu’elle couperoit elle-même : Madame ,
lui répondit, mon ami, fi j’ avois le talent de vous
amufer en jouant de la flûte ou du violon, pourriez
vous exiger raifonnablement que j’en jouaffe
également bien en faifant tenir mon inftrument
par une autre perfonne ? Cette réponfe , à laquelle
on ne s’attendoit point , refta fans réplique ,
quoiqu’elle ne fût qu’un fubterfuge.
Nota. 2°. Que ce tour doit être immédiatement
fuivi de quelques autres pour diftraire l’ attention
des fpeaateurs ; 8c qu’avant de le commencer
par le dernier moyen, il eft bon de donner
naïvement à entendre qu’ il confifte à fubftituer
une jarretière entière à celle qu’on doit couper
en deux parties égales. Cette rufe^feroit une
raifon de plus pour empêcher le fpeélateur de
croire qu’ on ne coupe qu’un bout 5 8c comme
il porteroit alors fon attention à s’appercevoir
d’une fubftitution qui ne doit pas avoir lie u , il
fe trouveroit infailliblement lurpris de ne l’avoir
point apperçue , 8c de voir un effet qui femble
la fuppofer néceflairement. Paflons maintenant aux
autres opérations de la devinerefle.
Ce qu’ elle dit à un jeune homme, touchant
fes affaires de coe u r , n’ étoit, pas bien difficile
à deviner, puifquil n’y a guère de jeunes gens
de 25 ou 30 ans qui n aient éprouvé quelquefois
les.tourmens délicieux de l’amour, qui voltigeant
de la blonde à la brune , n’aient été épris de quelque
objet charmant, ou prétendu t e l , 8c qui
n’aient eu un certain nombre de rivaux réels ou
imaginaires.
Elle put auffi dire à M. Hill une partie de fes
aventures d’une manière générale : quand un