
Cette explication de Tarc-en-ciel fa confirme
par une expérience fort fimpie. Lotfque le foleil
eft fort voifin de l’horifon , fufpendez dans une
chambre un globe de verre rempli d’eau , en forte
fu il foit éclairé par le foleil , 8c placez-vous le
os tourné à cet aftre, en forte que le globe foit
élevé à l’égard de votre oeil d’enyirori 420 fur
l’horifon. En vous avançant ou retirant un peu,
vous ne manquerez pas de rencontrer les rayons
colorés j & il vous fera facile de voir qu’ ils ft>r-
tent du bas du globe ; que le rayon rouge en fort
fous un angle plus grand avec l’hôrifon , & le
violet , qui eft l'extrême , fous le moindre ; en
.forte que le rouge doit être en dehors de l’axë,
& le violet en dedans.
Elevez enfuite votre boule à l’égard de votre
ceil d’environ 54^, ou continuez de vous en approcher,,
en forte qu’elle foit élevée de cet angle :
vous rencontrerez les rayons colorés fortans du
haut de la boule , d’abord le violet , puis le bleu ,
le vert , le rouge, dans un ordre tout contraire
au précédent. Si vous couvriez , dans le premier
ca s , la partie fupérieure de la boule , & dans le
fécond la partie inférieure, vous n’auriez point
de couleurs, ce qui prouve la manière dont ils y
entrent & dont ils en Portent. _
On peut fe procurer facilement le fpeétacle d’ un
-arc-en-ciel artificiel : on le voit dans la vapeur
d'un jet d’eau que le vent difperfe en gouttelettes
infenfibles. Il faut pour cela fë mettre dans la
.ligne entre le jet d’eau & le foleil, en tournant le
dos à cet aftre. Si le foleil n’eft que médiocrement
élevé fur l’horifon , en s’ avançant ou s’éloi-
gnant du jet d’eau, on trouvera bientôt un point
d’où l’on verra l’arc-en-ciel dans les gouttes qui
retombent en pluie fine & légère.
Au défaut d’un jet d’eau, on peut en faire un
à peu de frais. Il faut pour cela remplir fa bouche \
d'eau, & , en tournant lè dos au foleil médiocrement
é le v é , la jeter en l’ air le plus haut qu’ il eft
Foffible, 8c dans une direction un peu oblique à
horifon. Après que ques elfais, vous ne tarderez
pas d’y voir l’arc-en-ciel. Une feringuè qui éparpillera
l’eau en gouttelettes très-menués., racilitéca
beaucoup l’imitation du phénomène.
Voulez-vous faire cette expérience d’une manière
plus facile encore ? Pofez fur une tablé, &
debout, une bouteille cÿljndri'qüë dé verre Bièn
blanc, après l'avoir remplie d’eau; mettez à 10»
ou 12 pieds un flambeau allumé à-la même hauteur
; puis promenez-vous tranfverfakment entre
la lumière & cette boateilfle , entenant votre oeil
à leur hauteur. Quand vous ferez parvenu à un
certain point, vous verrez les faifceaux- de rayons
colorés, fortans d’un des flancs de la bouteille,
dans cet ordre, v io le t , b le u ja u n e , rouge ; &.
fi vous continuez de marcher tranfrecfalemeau ,
vous en rencontrerez une fécond« fuite .dans un
ordre oppt>fé, lavoir $ rouge, jaune, bleu, vio-
le t , Portant de l’autre côté de la bouteille. G’eft-ià
précifément ce qui fe pafle dans lés gouttes de
pluie; 8c pour imiter parfaitement le phénomène,
il ne feroit pas impolilble de fixer fept bouteilles
femblables, de telle manière q ue, dans chacune,
l'oeil place au point convenable y vît une des fept
couleurs, 8r à quelque diftance ae-là fept autres,
qui préfenteroient au même oeil les mêmes couleurs
dans l'ordre renverfé du fécond arc-en-ciel.
Si les rayons Polaires n’étoient pas différemment
refrangibles, on auroit bien également deux- àrcs-
en-ciel; mais ils feroient fans couleur, 8c cë fer oit
feulement deux bandes circulaires d'une lumière
blanche ou jaunâtre.
L’arc-en-ciëî forme toujours une portion de
cercle à l ’entour de la ligne tirée du foleil par
l’oeil du (peéhteur ; c’eft pourquoi , quand eet
aftre eft élevé fur l’horifon, l ’arc-en-ciel eft moindre
que le demi-cercle. Il eft égal au demi cercle
lorfque le foleil eft à l'horifon.
On a pourtant vu une fois un arc-en-ciel plus
grand que le demi cercle , & qui coupoit l’arc-en-
ciel ordinaire ; mais c’eft qu il étoit produit par
| l’image du foleil réfléchie fur l’eau tranquillé d’ une
rivière. Cette imagé du foleil fai foit le même effet
que fi cet aftre eût été fous l’horifon.
2 Composer un tableau repréfentant toutes les couleurs,
& déterminer leur nombre*-
Quoique Newton ait démontré l’homogénéité
des couleurs dans lefquelles fe décompofe le rayon
folaire , & que l’orangé, le vert , le pourpre ,
donnés par cette décompôfitiôn y ne foiènt pas
moins inaltérables, malgré les réfractions Ultérieures,
que le rouge, lé jaune, lè bleu , il eft
cependant reconnu qu’on peut > avec ces'trois
dernières couleurs', imiter les premières & toutes
les autres de la nature ; car le rouge , combiné
avec le jaune en différentes proportions , donne
toutes des nuances d'orangé * le jaune 8c le- bleu
donnent les verts purs^,;. le rouge & ie bleu pro-
duifent les violets pourpres & indigos-; enfin.,,des
différentes combinaifons de ces couleurs compo-
fées, naillent toutes les autres. Cela a donné lieu
à l'invention ingénieufe du triangle chromatique
qui lert à les repréfenter.
Soit formé e comme Pon v o it , '( pl. 1 . •A.hujfe-
ïriens d ’Acouftiquel ) un triangle, équilatéralffent
vous diviferez deux des côtés 'a’ï’entoifr ae l’ arigle
dut Pommet ren 4 3 parties 'égales, : & 'tjraut par les
points de divifion de’ chacun de ces çotés;î(-des
lignes parallèles, à l’awerfi/, vous formerez-9^ rhom-
beségau*.
Aux trois -rhomhes angulaires placez les «ois .
couleurs primitives, le rouge , le jaune & le bleu,
dans un degré égal de force, 8c , pour aînfi dire,
de concentration : Vous aurez conféquemment,
entre \e jaune 8c le bleu "onze cafés que vous remplirez
ainfi; dans la plus voifinë du jaune ,, vous i
.mettrez i i parties de jaune 8c 1 de-rouge. 5. dans j
la fui vante, 10 par ties de jaune & 2 de r ouge, ép
forte que dans la plus voifine du rouge.iln y 3ura
que 1 partie de jaune 8c 11 de rougp;: nous.aurons
par-là tous les orangés, depuis le plus voifinëdu
rouge jufqu’ au plus voifin du jaune. Eë remphU;
faut de la même manière les cafés, intermediaires:
entre le rouge 8c le bleu , entre le bleu &
jaune, il en réfulteratoutes.les. nuances'.pourpres'1
& toutes celles de verts, dans une dégradation
femblable.
Pour remplir lès autres ' câfes , p'rënons , par
exemple, celle du troifiènae rang au-dënbus du
rouge, où il y a trois qafes. Les,deux extrêmes1
étant remplies d’ un côte par i 'q parties de'refuge
combinées avec 2 de jaune 3 8t de l’ aitt^par ib de
rouge combinées avec 2 dé bleu, la café moyenne
fera compofée de 10 parties de rouge, 1 de bleu
& 1 de jaune.
Dans la bande de deffous on aura 3 par la meme
raifort , dans la première café du côté du jaune,
9 parties de rouge & 3 de jaune ; dans la fuivante,
o parties de rouge , 2 de jaune, 1 de bleu ; dans
la troifième, 9 parties de rouge, 1 de jaun,e , 2
de bleu ; & enfin dans la quatrième , 9 parties de
rouge 8c 3 de bleu ; 8c ainfi des autres bandes inférieures,
dont nous nous contenterons de détailler 1
l’avant-dernièfe au-delfu» de la ligne des verts ,
dont les cafés feront fucceflîvement remplies ainfi
qu’il fuit :
La première à gauche i l parties de aune, 1
de rouge.
La 2e, io p. de jaune, 1 de rouge, 1 de bleu.
La 3 e, 9 p. de jaune, 1 de rouge, 2 de bleu.
La 4«, 8 p. de jaune, 1 de rouge, 3 de bleu.
La y e, 7 p. de jaime, 1 de rouge, 4 d i bléu.
La 6e, 6 p. de jaune, 1 de rouge, ; de bleu.
La 7?, y p. de jaune, 1 de rouge, 6 de bleu.
La 8e, 4 p. de jaune, 1 de rouge, 7 de bleu.
La 9?, 3 P- A e jaune, 1 de rouge, 2 de bleu.^
La 10e, 2 p. de jaune, 1 de rouge, de bleu.
La 1 1 e, 1 p. de jaune, 1 de rouge, 10 de bleu.
La 12e, op . de jaune, 1 de rouge, 11 de bleu.
Cette bande contient3 comme l’ on v o it , tous
les verts de la bande inférieure , dans lefquels on
a jeté une partie de rouge. De même, dans la
bande parallèle aux pourpres, on trouve tous les
.pourpres.* dans lefquels on. a ï partie dë;/3-u.ne ;
;& dans la bande pataude' î x contiguë aux oran^
gés, on trouve tous ceux où l’on a jeté une partie
ce bleu.
Dans h café centrale du triangle , on trou-
A?6rqk/4 parties de rouge, 4 de: bleu 8c 4' de
Oh pourroit faire facilement ces meïaRgés avec
desvp,ondrqS coloréés., & broyées' trëi-fin ; 8c êïi
prenant,les doits convenables de des poudres.,pç
ëp les mélangeant biën, nous lié; doutons poû|t
’ qu’on n’eût toutes lès nuances dés couleurs..
Mais fi l’on vouloit avoir toutes les couleurs de
la :naturë du plus clair au -plus brun,, fivoir du
blanc au noir, nous trouverions pour chaque café
12 degré-s-de gradation jufqu’au mlane , & :i 2 autres
jufqu’au. noir. Ainfimultipliant 91 P^T
. nous aurions 2184 çè-ulenrs perceptibles ÿ à quoi
- ajoutant 24-gris formés p.ir la-.çomhmajfian-da-noir
& du blanc & ènfinlê’blanc-df-lp pqir purs, nous
aurions 2210 couleurs compolees , que nous
croyons diltinguibles.par les fens. Mais peut-être
ne doit-on pas regarder comme des couleurs réelles
, celles qui font formées de couleurs pures avec
le noir ; car le noir ne fait que falir 8c non pas colorer.
11 faudroit,dans ce cas,réduire les véritables
couleurs, 8c leurs nuances du plus foncé au plus
clair, à 1092 ; ce q u i, avec le blanc, le noir &
12 gris, formeroit 1100 couleurs.
D ’où, vient la couleur blèue du Ciel ?
_ . Çe phénomène éft fort remarquable, quoique ,
nos yeux y étant accoutumés dès notre plus tendre
enfance, nous n’y falfions plus d’ attention ; & il
ne feroit pas moins difficile à expliquer, fi la théorie
ds Newton fur la lumière, en nous apprenant
q u e lle fè décompofe en fept couleurs qui ont des
réfrartgibiiités 8c réfléxibilités différentes, ne nous
avoit pas donné les moyens d’en reconnoître la
i caiife.
; Nous obferverons donc , pour expliquer ce
phénomène , que ,. d’après la théorie de Ne w ton ,
fi bien prouvée par l’expérience, parmi les fept
couleurs que donne la lumière folaire décompofée
par le prifme, le bleu , l’indigo 8c le violet font
celles qui fe réfléchiffentavec le plus de facilité à
la rencontre d’un milieu de différente denfité. O r ,
quelle que foit la tranfparence de l’air , celui qui
environne notre terre , & qui conftitue notre
atmofphère, eft toujours mélangé de vapeurs plus
ou moins bien combinées avec lui ; d’ou il réfulte
que la lumière du foleil ou des aftres , renvoyée
en cent façons différentes dans l’atmo-
fphère, doit y éprouver des inflexions & réflexions
fans nombre. Mais à chacune de ces ré-
( flexions contre des particules infenfibles de yfr*