
des perfonn.es qui font fans laboratoire , qui n’en
ont jamais vit , & qui n ont aucune teinture de
chimie ; d'ailleurs il eft douteux que la dépenle
du lut ne monte pas auffi haut que celle du noir
qui fe perd : ainfi la méthode la plus fimple eft
la meilleure à fuivre V puifque par elle le noir eft
également bien, calcine ; nous pourrons en paftant
aflurer les Peintres que ce noir leur donnera une
couleur agréable & très-limple.
Lorfque la matière eft refroidie, on la jette fur
un marbre , & avec la mollette on la broie , en y
verfant de temps à autre un'peu d'eau dans laquelle
on a fait fondre de la gomme la plus claire
& la plus belle , & qui en eft un peu épaiffe ;
ainfi on fait une pâte à laquelle on donne une ■
jufte confiftance, pour lui en donner enfuite telle
forme que l'qn juge à propos , 8c on la laiffe
fëcher. Si l’ on veut y faire quelque mélange , que
ce ne foit qu’après-coup , c’eft-à-dire lorfque
l'encre eft délayée pour deffiner. Nous avons vu
des deflinateurs y mettre avec fuccès une pointe
de carmin pour laver les chairs ; on peut effayer
pereillement de quelqu'autre couleur pour d’autres
objets ; mais on doit obferver fcrupuleufe-
ment, fous peine de perdre fa teinte, de ne faire
ufage que de couleurs tranfparentes. Tout jaune
fera une couleur fale. Le biftre peut rçuffir ; là
rouffeur plaît naturellement à l’oe i l , 8c il fait un
très-bon effet dans les deffiiis au crayon noir ; ce
qui nous porte à croire qu'il s.aUieroit avantageu-
fcment avec l’encre de la Chine véritable ou contrefaite.
Le docteur Lewis , d’après le Peredu Halde,
penfe que l’ encré de la Chine n’eft compofée
d’autre chofe que de noir dé fumée avec de la
collé animale : en effet ayant- fait bouillir un pain
d’ encre de la Chine dans plufieurs portions d eau
fraîche afin d’en pouvoir extraire toutes les parties.
folubles , 8e ayant filtré les différentes liqueurs
à travers le papier , il les fit évaporer
dans un vafe de pierre. Ces liqueurs avoient la-
même odeur que la glu , & laifferént après l'évaporation
une quantité affez". confidérable d’une
fiibftancê, tenace, qui ne paroiftbit différer en
rien de la. glu ordinaire.
E n c r e p e r p é tu e lle & in d é lé b i le .
Comme il eft de la plus grande importance
de pouvoir Hce en tout temps,, ce qui eft- écrit
dans les aétes , regiftres, papiers publies. qu’ il
. y a des encres q u i, an bout d.'un certain temps ,
font fujettes à perdre leur couleur. Nous allons
indiquer ici .deux procédés qui nous ont paru
les meilleurs pour faire une encre qui rélifte à
l’ effet du temps.
Il faut mettre dans un flaccon d’ environ trois
chopines , pour conferver un vuide fuffifant qui
laiffe. à û liqueur, la liberté du mouvement,
i a . une pinte de bon vin blanc ; 1°. une demie
livre de bonne noix de galle concaffée j-j°. quatre
onces de couperofe bien calcinée & réduite en'
poudre j 4e1. une demie-once de gomme arabique
(cette gomme empêchera 1 encre de. jamii:
8c de percer le papier, & l’entretiendra noire &
un peu. luifante.). Vous mettrez fur le champ un
bouchon de liège au bocal , & vous l’agiterez,
pendant quelques momens , de façon à bien
brader le tout. Il faut réitérer la même chofe
pendant trois ou quatre jou r s , après quoi ton
peut fe fervir de l’encre ; 8c même plutôt filou
en étoit preffé ; elle eft paflàble du foir au matin.
Pour conferver long-temps ce fonds d'encre,
lorfqu pn en prend dans une petite fiole pour la
provifion d’un mois, par exemple il faut avoir
foin de remplacer autant de vin blanc, 8c de l'incorporer
en agitant de nouveau la bouteille.1
Quand par la fuite elle deviendra j foible après
chaque rempliffage ,'o n l'éxpbferà d’ abord une
heure ou deux au . f o l e i l8 ç enfuite plus longtemps
à proportion du befoin. Lorfqu enfin, apres
quelques années , la vertu .des drogues paroitra
épuilee , on ceffera de remplir 5 mais fi elle fe|
trouve alors manquer de force , on tiendra la bon-
: teille débouchée pendant le temps néçeffaire pour
évaporer allez de liqueur , 8c donner au relie la
confiftance defirée ; le vin qn en emploiera doit
être bien n e t, 8c fans aucun foupçon de graille ;.
plus il fera v if, plus il fera propre a la.-fermenta,
■ tion î s'il étoit plat ou v e r t , on auroit befoin da i foleil dès le commencement., li- eft important d«
bien choifir la noix de galle t la bonne eft noire,
dure , pefante :8c luifante ; il faut rejetter abfoltp.
; ment celle qui eft blanchâtre.,, molle 8c legere,
j elle ne vaut rien. L’ inftrumentle plus commode;
: pour calciner la couperofe-, eft la cuiller de potier
; d'étain , c'eft l'affaire d’un moment avec; un les
' fuffifamment vif. :
Encre double-.-.
Voici la manière dé faite celle qu'on nomme |
encre d o u b l e 'O n prend fix Onces de bonnes nois
de galle des plus brunes ajoutez-y Quatre a cinq
onces de couperofe verte, une once d alun de roche
une once de gomme d’ arabre ou dû-leneg»,
une demi-once d'inde fin ou dSndigo en penK
pains, avec-fine once de fucre blanc ou de lucre
commun. Faites bien-éc.raferle tout dans-un root;
tie r , le plus menu qu’ il: fera poffible ; & Y
ces drogues enfemble dans une bouteille d .
roa deux pintes & demie mefure de Paris. '
fez enlüite dans la même bouteille deux p
ou quatre livres d'eau froide de neige., olf .
défaut d'eau de pluie. Bouchez enfu-he bie ■
bouteille , 8c la remuez fept a «huit fois -fi
jour pendant cinq à fix jo u r s v o u s aurez
très-bonne encre, laquelle ne jaurfira point,
que fois qu'onyenpuife , il faut auparava t ^
E N C E N C 4 7 î
remuer la bouteille. Lorfque l'encre fera épuifée,
fl. né faut pas jeter le marc , mais y remettre par-
de/Fus la meme quantité des différentes drogues
& eau que ci-deffus $ on aura de l’encre dont r é criture
fera d’un plus beau noir que celle de l;i
première ; mais cette enqre ne devient très-noire,
que'le lendemain que l’oa a écrit.
Ces deux procédés ne feront pas fans doute
employés par certains fripons qui défireroient
trouver des encres qui V en s’effaçant rapidement,
ne laiffaffent aucune trace des actes qui peuvent
dëpofer contre eux. Defperriers dans i'es contes,
dit ingénuemént qu’ un nommé Colin Brenot ,
homme riche & de mauvaife fo i , avoit le fecret
d’une encre qui, en moins de iy jours , s’efhiçoit
d’elle-même & tomboit en poudre ; qu’ayant donné
pendant le cours d’une année, des quittances
écrites de cette èncre pour des fommes confidé-
rables, il s’en fit payer une fécondé fois par fes
debiteurs, q u i, ne pouvant juftifierdu premier
paiement, eurent tout le loifir de donner au diable
Colin Brenot & fes quittances j peut-être ne
connoiffoit-on pas alors la manière de Jaire revivre
les vieilles écritures.
I encre de l’alkali , l’acide fe joint à l’alkaJi ,
quitte le fer q u i, alors, fait reparoître l’encre
fous fa couleur noire.
Lorfqu’on veut écrire for du papier d’impref-
fion ,- ou même fur du papier trop frais, il faut
diffoudre un peu de gomme dans l’ encre ordinaire.
Encre en poudre.
t L’encre liquide dont nous venons de parler
n eft pas d’un tranfport facile. Le moindre inconvénient
eft de fe deffécher dans le cornet 5 dans
les bouteilles , elle fe décompofe & s’évapore ou
s enfuit fi la ^bouteille n’ eft pas bien fermée , &
1 on rilque d’ avoir fes habits ou fes effets entiè-
rementperdus , fi'par accident la bouteille vient
a fe cafter. On a donc imaginé , pour la commodité
de ceux qui voyagent, foit à l’armée , foit
au-delà des mers , l'encre en poudre , qui ne paroit
etre autre chofe que les matières qui entrent dans
la composition de l’encre ordinaire , mais concaffée
& pulvérifée. Pour en faire ufage dans l’inf-
tant, il ne s’agit que de délayer cette poudr©
dans de l’eau.
Encre ordinaire.
Dans la difficulté où on eft quelquefois , &
fur-tout en campagne, d avoir de bonne encre ,
on trouvera ici avec plaifir ce procédé i au moyen
duquel on peut fe procurer foi-même une encre
tres-noire.
On prend une livre de noix de galle, fix onces
decouperofe verte, de gomme arabique fix onces,
de bierre ou d’eau commune quatre pintes. On
concaffe la noix de galle dans un mortier ; on la
tait infufer pendant vingt - quatre heures fans
bouillir > on y ajoute en même-temps la gomme
concaffee qui s’y diffbut j enfin on y met la cou-
peroie verte ou le vitriol verd réduit en poudre j
la liqueur a i’inftant devient noire.. On paffe ce
mélangé par un tamis de crin fur lequel refte la
matière concaffée de la noix de galle , & on obtient
une encre qui eft très-bonne.
L encre doit fa couleur noire qui fe détache fi
oien iur le papier blanc , à la matière ferrugi-
neme de la couperofe qui fe trouve féparée de
dfçnf 1 6 Pàr. ?a, n Sa^e j matière végétale
b W È ProP^etô eft de Paire paraître le fer fous
que huii“ ru" ° ‘ re j 611 h i u« Phlogiftiau??'.
la(fure ’ ? aî une expérience fort curieufe,
l'our C«r l% ne ° 01t couleut noire qu'au fer.
l'encraT T Aon v<;.rfe deJ’acide nitseux dans de
rente L * Inftant elle devient blanche , tranfparan‘
e .;PlrC?-,3 !,e cet acide diflroilt )e fer- De l'ar-
r S dlfferent des parties s véfulte la tranf-
3 ^ Ueur. Sl * m"icmen.s des Sciences. oa verfe enf“ ite dans
Encres fympathiqu.es on de fympalhie.
C eft le nom qa'on donne à toute liqueur avec
laquelle on. peut écrire fans quë les caraéteres pa-
roiffent en aucune manière ; & lorfqu'ils né font
lifiblés qu après avoir employé quelques' moyens
qui leur donnent une couleur différente dé celle
du papier. Ces efpèces d'encre font ttès-curiefifes,
& peuvent devenir utiles dans bien des occafions :
par exemple , lorfqu’on craint que la lettre écrite
a une perfonne ne foit interceptée par une autre
a qui Ion veut cacher le fe c re t, ou écrit en cn-
rattères bien lifiblés des chofes tout-à-fait indifférentes
5 mais dans les interlignes on écrit avec
l'encre fympathique , ce qui ne doit être fa que
delà perfonne à qui la lettre ou le billet s'adref-
fent. Cette perfonne intéreffée à lire l'écriture in-
v ifible, 8c inftruite en même tems du procédé l
la fait parottre en caraéières colorés qui la mettent,
en état de lire. L'encre de fympathie peut
fervir encore a une infinité de récréations phyfi-
ques , qui furprennent ceux qui ignorent le procédé.
( VoyeiPalingenésie ; Bouquet m a m -
Que ; E criture secréTt e ) ; 8cc. Car fi les
■ fciencés ont leurs épines , elles ont «uifi leurs
fleurs, leurs, jeux & leurs amufemens. Les favans,
prefque toujours occupés de travaux férieux , fe
permettent quelquefois de fe delà,Ter par des recherches
fur des objets peupimpertans , & qui
n’ont d'autré utilité que d'être récréatifs. Les
chimiftes ont toujours rangé les encres de fympathie
dans cette dernière- claffe. C'eft ainfi qffen
pai le M. Hellot dans plufieurs mémoires qu'il a
| donnes fur cette matière. U les appuie dé petite«
O o o