
où elle fe diffoudva en faifant bouillir cette e au,
que vous réduirez environ a la moitié : vous aurez
une eau avec laquelle, fi vous humedtez 1 écriture
tracée de la manière ci-deflus , elle prendra «uüi-
tôt une belle couleur bleue. C a r , dans cette opération
, il fe forme , au lieu d'une encre noire ,
un bleu de Pnjffe.
3. Diffolvez du bifmuth dans de l'acide nitreux,
ce fera la liqueur avec laquelle vous écrirez.
Pour la faire paroître, vous vous ferv.rez de
la liqueur fuivante. Faites bouillir une forte folu-
tion d'alkali fixe fur du foufreen poudre tres-fine,
jiifqu'à ce qu'il en ait diffous autant qu'il fe peut :
il en réfultera une liqueur qui exhalera, on 1 a-
v o u e , une odeur fort défagréable. Expofez aux
vapeurs qui en fortiront l’éciiture ci-dclius, elle
fe colorera en noir.
4. Mais de toutes les encres fympathiques, la.
plus curieule eft celle qu'on fait au moyen du
cobalt. C'eft un phénomène fort remarquable,
que celui de voir paroître & difparoître alternativement
, 6c à fon g ré , des caraétères oh des def-
fins tracés avec cette encre; & c'eft une propriété
qui lui eft particulière, car les autres encres fympathiques
font à la vérité invifibles, tant qu on
ne leur applique pas 1 ingrédient qui doie fervir a
les faire paroitre; mais, ayant une fois paru , ils
ns s'effacent plus. Celle qu'on fait avec le cobalt,
paroît & difparoît prefque tant qu on veut.
Four faire cette encre, iffirnt prendre du fafre,
que l'on trouve chez les droguistes , faites-le digérer
dans l'eau régale, enlorte quelle en-tire
ce Quelle peut en diffoudre, c’eft-à-dire, la terre
métallique du cobalt, qui colore le fafre en bleu ;
vousétendrez enfui-.ecettediffolution, qui eft cris-
cauftique, avec l'eau commune , & vous pourrez
vous en fervir comme d'enere pour écrire fur le
papier. Les caraétères feront invifibles^car cette
folution eft fans couleur fenfib e ; mais fi vous
les expofez à une chaleur fuffifante., il paroîtront
vert. I.orfque vous les aurez lâiiie refroidir ,
ils difparoîcrorit de nouveau.
Il faut pourtant obferyer que fi on cnr.uffoit
trop fort le papier, ils n= duparoitroienc plus.
Remarque.
On exécute par le moyen'de cette-encre quelques
jeu* affez ingénieux &c affez amufans ; tels
que ceux-ci-.
I . Faire un tableau qui repréfente alternativement
l'hiver & l'été.
d’arbres, les branches, foient peintes avec les
couleurs ordinaires , & appropriées au fujet y majs
deflinez & lavez les herbes , les feuilles des arbres
avec la liqueur ci-deflus : vous aurez un tableau
qui , à la température ordinaire de l’air , repré-
Tentera une campagne privée de fa verdure 5 mais
faites-le chauffer fuffifamment, & point trop, vous
le verrez fe couvrir de plantes, de feuilles , en-
forte qu’ il repréfentera alors le printemps.
On a fait & l’ on fait encore , je crois, à Paris,
des écrans peints de cette manière. Ceux à qui
on les donne, & qui ignorent l’ artifice, font bien
étonnés de voir , peu après qu’ils s’en font fervis
au-devant du feu , le tableau qu’ils préfentent ab-
folument changé.
2. L'Oracle magique.
On écrit fur plufieurs feuilles de papier, des
queftions avec de l’encre ordinaire j & au-deffous
on écrit les réponfes avec la dernière encre fym-
pathique. On doit avoir plufieurs feuilles portant
la même queftion & des réponfes différentes, afin
que Tartince foit moins ailé à foupçonner.
Ayez enfuite une boîte 3 que vous appellerez
l'antre de la Sibylle, ou autrement, & qui d ms
fon couvercle contiendra une plaque de fer très-
chaude , enforte que fon intérieur puiffe être
échauffé jufqu’à un certain degré.
Après avoir fait choifir des queftions , vous
prendrez les feuilles choifies , & vous direz que
vous allez les envoyer à ja Sibylle ou à.l’Oracle
pour en avoir la réponfc, 8ç vous les placerez
dans la boîte échauffée 5 enfin , après quelques
minutes, vous les retirerez , & vous montrerez les
réponfes écrites. 11 faut bien vîte remettre à part
ces feuilles} car fi elles reftoient entre les ii>a:ns
des témoins du tour, ils s’appercevroient que les
réponfes s’effacent peu à peu 3 à mefure quels,
papier fe refroidit.
Des Végétations métalliques.
C ’eft unfpe&acb des plus curieux delà chimie,
que de voir s’élever dans un vafe une efpèce d’ar-
briffeau, de le voir pouffer des branches * quelquefois
même des efpèces de fruits. Cette ima.'e
trompeufe delà végétation , a fait donner à cette
opération le nom de végétation chimique ou métallique
; c’eft probablement par un femblable
artifice qu’ on en a impofé à quelques hommes
de bonne f o i , qui ont cru voir réaîifer h palin-
généfie. Quoi qu’il en fo it , voici les plus cu-
rieufes de ces efpèces de végétations, qui ne font
dans le fait qu’ une forte de criftailifation.
Arbre de Mars.
F a i te s un p a y fa g e d o n t la te r r e 3 le s tro n c s Diffolvez dans d e l ’efprit d e n i t r e médiocrement
concentré, de la limaille de f e r , jufqu’à
faturation. Ayez enluite de la folntion d’alkali
fixé de tartre , communément appellée huile de
tartre per deliquium y vous la verferez peu à peu
dans la première folution : il fe fera une fort,e
effervefcence , après laquelle le fer 3 au lieu de
tomber au fond du vafe , s’élèvera au contraire
le long de fes parois., le tapilfera en-dedans 3 &
formera une multitude de branchages amoncelés
Fs uns furies autres , qui débordera fouvent, &
f j répandra fur les parois extérieures du vafe , avec
toute l’apparence d’une plante. S i , ce qui arrivera
quelquefois , il fe répancfde la liqueur, il
faut avoir foin de la recueillir & de la remettre
dans le vafe 5 elle formera de nouveaux branchages
, qui contribueront à augmenter la maffe de
cette efpèce de végétation.
On donne ici les repré Tentations de deux de
ces végétations, tirées-d’ un mémoire de IV^. Lé-
mery, fils , & inféré parmi ceux de l’académie 3
annee 1706. ( Voye^fig. 7 & 7 bis , pi. 4 , Amufe-
mens de Phyfique. ) On lit une explication affez
vraifemblable de ce phénomène parmi ceux de
1707.
Arbre de Diane.
On appel!«, cette végétation arbre de Diane,.
parce qu’ elle eft formée au moyen de l ’ argent ,
comme la précédente eft nommée arbre de Mars ,
parce que c’eft le fer qui la produit. Pour faire
cette fécondé, voici deux procédés 1 l’un de
M/Lémery, l’autre de M. Homberg.
Faites diffoudre une once d’ argent de coupelle
dans une quantité fuffifante d’efprit de nitre très-
pur & d’ une force ^médiocre } vous mettrez enluite
cette dilfolution dans un bocal, & vous l’étendrez
dans environ vingt onces d’eau diftiilee >
vous y ajouterez enfin deux onces de mercure , &
vous laiftlrez le tout en repos 5 dans l’efpace, de
quarante jours il fe formera fur le mercure une
efpèce d’arbre qui , par fes branchages , imitera
beaucoup une végétation naturelle.
Si l’on trouve ce procédé , du refte fort {impie
, un peu trop long , voici celui de M. Homberg
, au moyen duquel la curiofité eft auffi-tôt
fatisfaite. •
Amalgamez enfemble C c’eft-à-dire mêlez , au
tr.oyen de la trituration, dans un mortier de porphyre
& avec un pilon de fer , ) deux gros de
mercure bien pur 3 quatre d’argent fin réduit en
limaille ou en feuilles} vous ferez diffoudre cette
amalgame dai s quatre onces d’efprit de nitre bien
pur & médiocrement fo r t , & vous étendrez la
!rp-n?n ^ans envhon une livre & demie d’eau
ouullée, que vous agiterez & conferverez dans
un flacon bien bouché. Prenez une once de cette
liqueur , que vous verferez dans un verre, & vous
y jetterez gros comme un pois d'une amalgame de
mercure & d'argent, femblable à la précédente,
& molle comme du beurre ; vous ne tarderez pas à
voir s'élever de defl'us cette boule d’amalgame,
une multitude de petits filaments qui croîtront à
vue d'oeil, jetteront des branches, & formeront
des efpèces d’ arbriffeaux.
Végétation non métallique.
Faites détonner avec un charbon ardent 8 onces
de falpêtre, que vous mettrez enfuite à la cave
pour qu'il en refaite une huile de tartre per aeli-
quium ; verfez deffus peu à peu & iufquà faturation
parfaite, de bon efprit de vitriol ; ïaites évaporer
toute l’humidité : vous aurez une mîtière faline
blanche, compaéte & très-âcre. Vous la mettrez,
dans une écuelle de grès, vous verferez deffus ua
demi-feptier d'eau froide , & laifferez le tout ex-
pofé à l'air: au bout de quelques jours l'eau s'évaporera
, & il fe fermera de côtés & d’autres des
branchages en forme d'aiguilles diverfement entrelacées
, & quijuront jufqu’ à iy lignes de longueur,
Lorlque l'eau fera entièrement évaporée ,
fi on en ajoute de nouvelle, la végétation continuera.
I l eft aifé de voir que c'eft ici une fimple cryf-
tallifation d'un fel neutre, formé de l'acide vi-
triolique & de la bafe du nitre, c’eft-à-dire d'un
tartre vitriolé.
Produire la chaleur & même la flamme par le mot en
de deux liqueurs froides.
Prenez de 1 huile d eg a ïae , que vous mettrez
dans une petite terrine ; ayez enfuite de l'efprit de
nitre, affez concentré pour qu'une petite bouteille
qui èonciendroit une once d'eau , contienne
.étant remplie de cet acide, une once & demie
& quelque chofe de plus. Cetacide doit être dans
une. bouteille emmanchée à un long bâton ; on en
verfera les deux tiers environ fur l ’huile contenue
dans la terrine : il s’excitera un violent bouillonnement
, qui ne tardera pas d'être fiiivi d'une très-
grande flamme. Si la flamme ne fument pas après
quelques fécondés, vous n’avez qu'à verl'er le ref-
tant. de l'acide nitreux fur l'endroit le plus noir
de l’huile , l'inflammation ne manquera pas de
fuccéder , & il reliera une efpèce de charbon:
fpongieux & fort gros.
On enflamme de même l'huile de térébenthine
, l'huile de faffafras, & toutes les autres
huiles effentielles.
. A l’ égard des huiles grafïts , comme celles d’olive.,
de noix, & autres tirées par expreffion , on-
y réuflit au moyen d’un acide formé du mélange
des acides vîtriolique & nitreux bienconcentrés
parties égales de chacun.