
.D 'où il y a lieu de penfer que cette ■ propriété
des rubans colores d'être attirés ou répondes diver-
fement, ne dépend point de la couleur en elle-
nrème , mais des ingrédiens qui ont fervi à les
colorer ; car il paraît que c’ eft de l'aflemblage
plus ou moins ferre des parties' d un corps que
dépendent fes propriétés attractives & répulfives
plus ou moins confidérables.
Pantins & autres objets êlectrifés.
Pour faire cette expérience, qui tient à fat-
traftion & à là réptilfion éleftrique , il faut -fe
procurer une petite machine.ftmple , qui conflits
en une tige droite , fùpportée fur un pied ; dans
la longueur de cette tige , on fixe horizontalement
à la partie fupérieure un tube de verre
auquel eft .attaché aiiffi horifontalertient une platine
de métal vers la partie inférieure de la tige ';
on place auffi fur une tige de métal une autre platine
de métal suffi horifontale, qui gliffe dans une
efpècq de douille de bas en haut, afin de la pouvoir
hauffer ou baiffer à volonté.
A l'aide d'un fil de métal qui communique au
conducteur , ou tranfmetia vertu électrique a la
platine de métal fupérieure qui eft ifolée par un
tube de verre auquel elle eft fixée , ainfi que nous
l'avons dit : à l’initant elle élève & attire lès petits
pantins qu'on avoir couchés fur la platine de métal
inférieure , & ils font auflhfôt repouffés vers la
platine inférieure contre laquelle ils fe dépouillent
de la vertu éleCtrique qu'ils avoient reçus de
la platine fupérieure ; de forte que cette aCtion
fé répétant continuellement , on les voit voltiger
entre ces deux platines..
Il arrive quelquefois que quelques-unes de ces
figures demeurent fufpendues & comme immobiles
entre les deux platines. Dans ce cas , 1a figure
fufp.endue fait!'office de çonduCteur , qui tranfmët
continuellement la matière électrique de la platine
fupérieure a la platine inférieure.
Avec des platines ainfi difpofées f on peut
varier infiniment ce (peétacle d 'attraétio.n & de
pépulfiqn, *
Watfon dit que lien n'eft plus agréable à voir
que les mouvemens qu'on imprime de cette manière
à des fils de verre filés d'un poncé de longueur,
•ou à defemblables fils de métal, ou à de
petites3 boules de liège.' Mufchembroeék vante
pareillement de petites boules de verre fouffîées,
dont on fait ufage de la même manière. •
s i l’ on préfente beaucoup- de graines de quelques
efpèces ' qu’ elles foienn, comme des grains
de fable, de la limaille d f cuivre, ou d’ autres
fubftances légères dans une afliette de métal ', ou
plutôt dans un vafe cylindrique de verre porté fur
pne plaque de métal à une autre plaque fufpendue
au condûCteut ; les corps légers feront attirés &
repouffés avec une rapiditéinconcevable, de façon
à repréfenterune pluie qui, dansl'oblcurité, paraît
toute lumineufe.
■ Si on met entre les.deux plaques un duvet de
plume ou un duvet de chardon, il fera attiré &
repouffé avec une vîteffe fi furprenante, que l'on
ne pourra plus diftinguêr ni la forme, ni le mouvement
; la feule chofe que l'on appercevra fera fa
couleur, qui remplira uniformément l'ëfpace dans
lequel il fera des vibrations,
Poijforl <£çr éleéîriquc.
■ Si l'on découpe un morceau de feuille d'or,
ayant un afiez grand angle à une extrémité , &
un fort aigu, à l'autre ; il demeurera fufpendu par
fon grand angle à une petite diftance du conducteur
, & par le mouvement d'ondulation de ion
extrémité inférieure , il aura l’ apparence d’un
poiffon ou de quelque chofe d’animé qui mon!
& ronge le conducteur.
Baifer éleBrique,.
On fait que lorfqu'une perfonne eft ifolée fur
le gâteau, l'on peut tirer des étincelles de toutes
les parties de fon corps; ce ^ qui peut donner
occafion à quelques plaifanteries innocentes &
propres à amufer les fpeCtateurs. On place , par
exemple , une jeune demo.ifelle fur le tabouret,
un jeune homme va -pour l'embraffer , il eft puni
de fa témérité par l’étincele piquante qui frappe
fes lèvres. On doit fur-tout avoir attention que
le jeune homme en approchant, ne touche en
aucune manière aux vêtemens de la demoifelle;
Lorfqu'un mari veut embraffer fa femme placée
fur le gâteau , il eftaile de lui faire éprouver a
lui feul les étinceles électriques, tandis que tous
les autres fpeCtateurs qui embralferont fa femme
n'éprouveront aucune -fenfation défagré.able. Ou
fi l'on veut que les feux électriques foient l'emblème
des feux de l’amour , le mari feul embrai-
fera fa femme fans tiret d’étinceles, & tous les
autres fpeCtateurs, au contraire , donneront des,
baifers enflammés; Ce petit jeu çonfifte à détourner
, fans qu’on s’en apperçoive , le fluide électrique
avant qu'il parvienne'jufqu à la perfonne rlo-
lée ; pour cet effet, il fuffit fie,mettre la main lut
le conduÇteuf,
Expérience de Leyde,
Suivant le fyftême de M. Françklin , le feul qui
foit uniyerfeliement reçu | il a été établi ci- e
vant , que tous les corps , foit qu'ils ayen »
comme le verre , la vertu éleétrique , foit qu *g
puiffent , comme les métaux , l’acquérir par co
munication , en contiennent eüentiellement ^
J çux-mêmes une certaine quantité qui leur ei F
e . cettô quantité peut être augmentée fur ces
derniers , mais il n* en eft pas de même des premiers
Si particulièrement du verre , il ne peut
s’en charger au-delà de ce qu’ il en contient naturellement
> d’où il fuit , qu’on ne peut en accumuler
fur une de fes furfaces, que l’autre n'en
perde une égale quantité s c’eft auffi ce qui arrive
dans l’expérience de Levde , ^ dont le réfuitat
(après avoir chargé d’ électricité une des furfaces
du verre) fe .réduit à faire paffer cet excès fur
l’autre furface qui s’en'étoit d’autant dépouillée ,
ce qui ne peut avoir lieu qu’en établiffant une
communication d’une furface à l’autre * avec un
corps non éleétrique , c’eft-à-dire, un corçs côn-
duaeur capable de tranfmettre la matière électrique
: ce tranfport qui fe fait avee une vîtelfe Si
uue violence inexprimable , rétablit en un inltant
l’équilibre auquel tend toujours cette matière.
Il fuit encore naturellement de ce principe ,
qu’une des furfaces du verre ne peur être chargée
d’éleCtricité, fi l’autre n’eft pas à même de s’en
dépouiller d’une égale quantité : il eft donc nécef-
feire , pour charger une bouteille ou un carreau
de verre 3 que. leurs furfaces communiquent 3
chacune féparément, avec un corps çonduCteur
dont l ’un étant ifolé fourniffe à l’une d’elles un
excès d’éleCtricité 3 pendant que l’autre en dé-,
pouille la furface oppofée. d’une égale quantité.
Pour faire les amufemens qui ont rapport à
l’expérience de Leyde 3 il faut donc avoir plu-
fieurs bouteilles et barreaux de verre , préparés
comme il fuit.
planche.') , eft garnie fur chacune de fes furfaces
d’une feuille d’étain ABCD 3 à la réferve d’un
pouce Si 'demi ou deux pouces vers fes bords.
Les angles de cette garniture doivent être un peu
arrondis , afin qu’ils ne Liftent pas échapper
l ’éleélricité dont on charge ce carreau ; on les
fait de différentes grandeurs * et plus ils ont de
furface plus leur effet eft violent.
Lorfqu’on emploie ces bouteilles , on ne fau-
roit avoir trop d'attention à bien effuyer le verre ,
afin d’en retirer toute humidité fans quoi .on
n’en tireroit pas un grand effet.
La batterie ( 1 ) (fig. 21. même planche. ) eft:
compofée de feize jarres ou tubes de verre j de
trois pouces de diamètre fur dix pouces de hauteur
3 Si ils font ouverts par en haut ; en les
garniffant d’étain jufqu’à deux pouces du haut ,
elles"ont alors chacune un demi-pied quarré dp
garniture : ces jarres fe mettent dans une caiffeA,
dont le fond eft aufïi garni de métal. Un fil de fer
tortillé à fon extrémité inférieure ^ pour toucher
en plus d’endroits la garniture intérieure de chaque
jarre ^ paffe au travers un morceau de liège
qui empêche ces fils d’approcher trop près des
bords intérieurs de ces jarres 3 ce qui j fans cela 3
produiroit une décharge fpontanee. Chacun de
ces fils eft tourné vers fa partie fupérieure en
forme d’anneau, Si on fait paffer au travers les
anneaux de chacune rangée de ces jarres une
tringle de fer BC 3 terminée de part Si d’autre
par deux petites boules d’un pouce de diamètre.
La bouteille 0%. 1 y. pl. 14.) eft femblable à
celles qu’ on nomme communément bouteilles a
médecine ; on l’emplit d’eau jufqu’aux deux tiers 3
& après l’avoir bouchée, on y introduit, au travers
le bouchon, un fil d’archal qui plonge dans
l’eau ; fa partie fupérieure B doit être terminée
en forme de crochet ou d’anneau.
Lorfqu’on veut charger toute la batterie , on
établit avec une chaîne une communication entre
ces-quatre tringles} fi on n’en veut charger qu’une
partiê\ on l’établit feulement fur celles dont on
veut fanre ufage} de cette manière, on obtient
une explofion proportionnelle à l’effet qu’on veut
fe procurer.
L’autre bouteille (fîg. 13. même planche ) eft un
efpëce de bocal plus ou moins grand , dont l’ouverture
doit être fuffifamment la rge, pour y
introduire la main, afin de pouvoir garnir d’étain
fon intérieur jufqu’à un pouce Si demi ou deux
pouces de fon bord } elle doit être garnie de
meme à fon extérieur. On couvre fon ouverture
avec un petit cercle de bois D , qu’on y applique
avec de la p o ix , dans laquelle on a mêlé un peu
de cendre paffée au tamis fin, on introduit au
centre dé ce cercle un gros fil de laiton A , qui
eft percé à fon extrémité B , où l’on ajufte quatre
ms de laiton, qui touchent le métal dont cette
bouteille eft garnie intérieurement} fon extrémité
fupérieure doit être terminée par une petite boule
de cuivre C : cette boule fert à conferver plus
long-temps dans la bouteille l’éle&r-icité dont on
.doit la charger.
Le carreau de v erre, ou la giace (j%. 12, même
Amufemens des Sciences,
On fait paffer au travers d’un des côtés de la
caiffe A , un fil de fer D , qui communique avec
fa garniture intérieure, Si on le termine en dehors
<i) La piece la plus formidable de la machine élec-
tdque, eft une batterie, (ifig. 3. pl. ^ -Amufemens de
Phyfîqué) fur-tout lor('qu'elle eft compofée d'un grand
nombre de jarres, dont la garniture a un demi-pied
de fuperficiej foixance-quatre jarres de cette efpèce,
ayant trente-deux pieds de verre garni, font un très-
grand effet, & il feroit dangereux de recevoir la
commotion qu’elles peuvent donner, puifqu’on peut
tuer avec de telles batteries un chien, ou autre animal
de même force. Il faut à la vérité une bien
bonne machine & un teins b:en favorable pour les charger
, attendu que comme il fe diflïpe toujours une
certaine quantité du fluide , fi cette quantité étoit
prefque équivalente à celle que fournit le.plateau,
on ne pourroit entièrement la charger qu’en y employant
un tems coafidérable.
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