
Imitation de la pluie 6’ de la grêle par l ébranlement
de l'air.
Découpez fur du fort carton une vingtaine de
cercles de quatre à cinq pouces de diamètre ,
& coupez-les tous depuis leur circonférence,
jufqu’à leur centre > [ voyez fig. io , pl. y * Amu-
femens de phyfique ] ; percez-les ü un trou d un
pouce de diamètre 3 joignez-les enfemble en appliquant
8 c collant le côté coupé C du cercle
A , au côté coupé D de celui B , & ainfî de
fuite j jufqu’ a ce que tous ces cercles ne forment
qu’une feule pièce 3 qui étant allongée 3 prendra
la figure d’une vis > étant bien fe c s , faites entrer
par tous leurs trous une tringle de bois
arrondie qui les enfile tous, 8 c difpofez-lès de
manière qu’ ils fe trouvent diftans les uns des
autres de trois à quatre pouces > aflujettifiez-
les fur cette triiigle avec de la colle-forte 3 8 c
couvrez-les enfuite fur toute leur longueur 3 8c.
par une de leurs extrémités avec un triple papier
bien collé & hume&é , afin qu’il fe tende
fermement fur ces cercles. L’ ayant laifle bien
fécher, introduifez-y par l’autre extrémité environ
une livré de petit plomb , c’eft-à-dire ,
plus ou moins , fuivant la grandeur de cette pièce;
& fermez enfuite d’un triple papier cette même
extrémité.' <
Lorfque le plomb fe trouvera placé à une des
extrémités de ce tuyau ; 8c qu’il fera dans une
pofition horifontale, fi on l’élève doucement 8 c
jnfenfiblement du côté où fe trouve le plomb',
il coulera .peiüà-pei} jufqu’à l’autre bout , en
fuivant tout le chemin formé entre ces cercles,
& en frappant contre le papier tendu qui les
couvre , ce qui imitera fort bien le bruit d’une
grande pluie ; fi on élève ce tuyau plus promptement
,* ce bruit deviendra beaucoup plus fo r t ,
& imitera celui'de la grêle : cet effet fe répétera
de même en élevant enfuite ce tuyau par
fbn autre extrémité.
Des porte-voix.
Faites faire un tuyau de fer-blanc de trois à
quatre pieds de lo n g , dont l’embouchure foit
ovale, afin d’y poferia bouche plus exactement,
& que vers l’autre extrémité, il aille en s’é la -
giflant, comme une trompette.
Si on y applique la bouche 8 c qu’on parle
fortement & promptement, on pourra être entendu
à une très-grande diftance du côté vers
lequel fera tourné le porte-voix , ce qui provient
fans doute de ce que le fon de la voix
qui fe porté 8 c s’étend ordinairement dans l’air
de tous côtés, fe trouvé reflerré & conduit vers
un même endroit : cet inftrument eft très-çom-
rfiode, particulièrement fur mer pour fe parler
4’un vaifleau à l’autre, fans s'aborder.
Contraire deux figures placées aux deux cotes d une I
Julie y dont l ’une répété a Voreille'd'une perfonne I
ce qu’on aura prononcé fort bas a C oreille de l ’autre I
figure y & fans qu'aucuns de ceux qui font dans la I
falle puijfent rien entendre.
Ayez deux têtes ou buftes de carton pofes I
fur leurs piedeftaux, 8 c placez-les dans une falle I
éloignées l’une de l’autre de telle diftance que I
vous jugerez convenable. Conduirez un tuyau I
de fer-blanc d’un pouce de diamètre , qui corn- I
mençant à l’oreille d’une de ces figures, def- I
cende le long du piedeftal fur lequel elle eft I
placée, traverfe enfuite le plancher ou la cloi- I
fon contre laquelle il eft appuyé, 8 c foit con- I
duit de la même manière jufqu’ à la bouche de I
l’autre figure [1 ] j que ce tuyau foit un peu |
évafé vers ces deux extrémités.
Obfervez que dans toutes les_circonftances où I
vous ferez ooligé de couder ies tuyaux , que ce I
f@it à angle droit, 8 c que les endroits. A 8c B I
[fig. 15 3 pl~. 1 y , Amufemens de phyfique ] , où I
chaque partie fe joint , foient couverts d’une I
lame de fer-blanc inclinée à quarante-cinq degrés
réciproquement aux deux tuyaux qui fe joignent,
ann que la voix qui part du point C foit I
directement réfléchie d’un tuyau à l ’autre , fie
que le fon parvienne plus nettement à l’oreille.
Lorfqu’on appliquera la bouche, & qu’on par-
!. lera doucement à l’oreille d’une de ces figures,
la perfonne qui aura l’oreille appliquée a la bouche
de l’autre, entendra très-diftinCtement les
mots que, l'on prononcera 5 & fi la figure qui
répète ce qu’on a d it, avoit un tuyau difpofé
de même, qui répondit à la bouche de l’autre ,
ces deux perfonnes pourroient s’ entretenir réciproquement.
Nota. On peut, par ce même moyen, difpofer
fur une table une tête qui réponde aux queftions
qui lui feroient faites, en conftruifant des tuyaux j
femblablement difpofés, qu’on conduiroitlé long
d’un des pieds de la tab le , 8c de-là dans une
chambre voifine où feroit la perfonne qui lui.
feroit rendre la réponfe, on airoit alprs à une
perfonne de faire fa queftion en parlant tous bas
a l’ oreille de la figure, 8 c qu’elle lui ^répondra
fur le champ à haute voix $ ce qui parôitra d autant
plus extraordinaire,'que la voix qui fornw
par la bouche de cette tê te , rend un fon different
de la yoix ordinaire.
Quelques auteurs aflurent qu'Albert le Grand
avoit trouvé le moyen de conftruire une tête
qui partait 5 8 c à les entendre , c’étoit par le
(1) Ce tuyau ne doit pas s’appçrvoir, & il doit être
appuyé fur 1 efpaee intérieur de cette tête qui répond
à fa bouche. I
moyen
Imoyen d’une méchaniqüe fort ingênièufe. Il eft
plus vraifemblabfe de fuppofer q u il fe fervoit
[d’un moyen tel que celui-ci. O a a vu , il y a
[quelques années, un homme qui faifo.it voir \in
macchus de grandeur naturelle, aflis fur Ain ton-
meau, il fembloit prononcer toutes les lettres de
l ’alphabet, & même quelques mots : un enfant
(renfermé dans ce tonneau, qu’on avoit accou-
ftumé à prononcer les lettres de l’alphabet d’une
manière étrange, occafionrioit tout ce preftige,
I&: plufieurs des fpe&ateurs fortoient fermement
Iperfuadés que c etoit un automate qui parloit :
tant il eft vrai, qu’il eft des perfonnes qui préfe-
Eent l’erreur qui les féduit, au. léger embarras
d’examiner fi ce qu’on leur annonce, eft poflible
Singulier effet des larmes de verre.
| Lorfque le verre eft en fufion, on en prend
|ine petite partie avec une tringle de fer, & on la
laiffe tombfer dans de l’eau froide , où elle prend
la figure d’une larme.f figure feiifiéme , planche
'quinzième, Amufemens de phyfique ) .
I Lorfque cette larme eft tombée dans l’eau, fa
Ifroideur en a reflerré d’abord toutes les parties
'■ extérieures, pendant que le milieu de fa mafle
létoit encore tondu, 8 c contenoit un petit volume
^d’air extrêmement dilaté $ les parties extérieures
l i e cette larme n’ayant pu fe rapprocher davanta
g e lors du réfroidiffement des parties intérieur
e s , elle eft néceflairement reftée remplie de
'pores vers fon centre, 8 c l’ air qui y étoit contenu a
leonfervé fa raréfaction > d’où il arrive que fi l’on
Icafle la queue A de cette larme, on découvre
'alors quelques-uns de ces pores dans lefquels l’air
^extérieur, à l’effort duquel elle ne peut céder,
ientre avec aflez de vioiençé pour la brifer en
mille morceaux, 8 c la réduire en pouflière.
B Nota. Si on cafle cette larme dans l’obfcurité,
|on voit , au moment qu’elle éclate, une lumière
Iqui ne peut être que l’effet de la violence avec
llàquelle l’ air s’y introduit j on peut mettre cette
larme fur une enclume & la-frapper aflez forte-
fmerit fur fa plus grande épaiffeur B , fans la
Beafler. Si oii la fait rougir au feu , 8 c qu’on la laifle
lyéfroidir doucement en la tenant près du feu ,
'non-feulement elle n’éclatera pas en brifant fa
|queue, mais on pourra encore la cafter fous le
»marteau, attendu que lors du réfroidiffement,
l’ air extérieur y eft rentré.
zHygrometre au moyen duquel on peut connoître faci-
K lement les différents dégrés de féchereffe ou d’hu-
■ midité de l ’àir.
H Comme le Thermomètre fert à connoître les diffé-
■ rens dégrés du froid 8 c du chaud, 8 c le Baromètre
•1 la pefanteur de l’air, de même l’inftrument qu on
Amufemens des'Sciences.
nomme Hygromètre fert à connoître les différens
dégrés de fécherefle ou d’humidité de l ’air.
On fait de ces fortes d’inftrumens en bien de*
manières, en y employant quelques-unes des matières
qui font les plus fufceptibles de fe rallonger
ou de Te raccourcir pendant ces différentes
températures, 8 c particulièrement avec les cordes
à boyaux qui font plus fenfibles : la difficulté
confifte à les appliquer à une divifion qui puiffe
indiquer affez,exactement l’état1 de l ’air, y o ic i
une nouvelle manière de les conftruire en ‘ leur
donnant la forme des baromètres à cadrans qui
font d’un ufage aéfcuel.
A B (figure i z , planché 1 y , Amufemens de phyfique
) eft un inftrument ou hygromètre vu par
derrière, 8 c fur lequel font ajuftées les différentes
pièces qui le compofent. C D font deux petites
poulies de cuivre d’un pouce de diamètre , qui
roulent très-aifément fur leurs axes $ ces axes font
fixés fur la monture de l’hygromètre. E eft une
petite vis d’un pas fort fin, 8 c d’un pouce 8 c demi
de lo n g e l l e entre dans un éçrou fixé fur cette
même monture, 8 c elle porte une petite tête
goudronnée pour la viffer plus facilement.
Une corde à boyau de là groffeur d’une chanterelle
de violon, à la quelle on à fufpendu un
poids pendant quelques jours, entre dans un trou
qui traverfe entièrement cette vis j elle y eft:
arrêtée en deffus par un noeud : de-là elle paffe
fur la poulie D , fur celle C , 8 c elle eft enfin
attachée fur la poulie F qui a cinq ou fix lignes
de diamètre. Cette poulie eft fixée fur une autre
poulie G d’un pouce de diamètre, 8 c fur laquelle
eft: attaché un petit poids H 5 ce poids n’eft: autre
chofe qu’un petit cylindre ou boîte de cuivre
mince, dans laquelle on infère du petit plomb ,
- pour pouvoir donner une Aenfion légère a cette
corde à boyau.
Ces poulies G & F font fixées fur un axe,
aflez fin qui paffe librement à travers un petit
i canon de cuivre ajufté au centre du cadran ( A ,
figure quatorzième , même planche) ( i) . C et axe
porte une aiguille qui y eft fixée à demeure, 8c
qui eft également pefante des deux côtés : elle fert
à indiquer les differens dégrés du froid & de l’hu-
; midité , comme il fuit.
Cet inftrument étant fini, il faut attendre que
. le temps foit au plus grand degré d’humidité ,
,& le- placer alors dans un temps humide en un
endroit qui en foit par lui-meme fort fufeep-
tible , après avoir difpofé la petite vis de manière
qu’on puiffe également la faire avancer ou
(1) Cette figure repréfente la face antérieure de cet
l hygromètre.
M