
Parmi ces tons, nous avons marqué d’un *
ceux qu’ il eft d’ufage d’employer > car ilèftaifé
de fentir qu’en employant re % fous cette forme ,
on auroit q, diéfes 3 ce qui donneroit deux notes
doublement diéfées , lavoir fa ut -^'^j en
farte que la gamme feroit re H , mi ou fa i
fa ou fo l 3 fo l , la% y f i % ou ut,3 ut ou
re 3 re % ? ce qui feroit d’une difficulté infernale
à exebuter : mais en prenant | au lieu de re %
le mi b y on n’a que 3 bémols ’y ce qui Amplifie
beaucoup ? & la gamme eft mi b y fa y fo l , la b 3
f i b -y ut y re y mi b.
Nous fommes tentés de demander pardon à
nos ieéleurs de les avoir amufés de cette fpé-
culation frivole? mais le titre dé ce livre paroît
propre à npus excufer.-
Maniéré de perfectionner les iriftrumens à cylindre y
& de les tendre capables d'exécuter toutes fortes
d'airs.
Il n’ eft perfonne , je penfe., qui ignore le
méchaniftne de l’orgue de Barbarie ou de la feri-
nette. Tout le monde fait que ces inftrumens font
compofés de plufieurs tuyaux. 3 gradués félon
les tons -ï& dëmi-tons de-l’ oiftave'3 ou du moins
les demi-tons que le progrès de là modulation
néceffite le plus ordinairement ? que cesc tuyaux
ne'fonnent que quand le vent d’un foumet-,
qui eft continuellement en adlion , peut y pénétrer
au moyen d’une foupape qui fe lève &
fe ferme 5 que cette foupape , qui eft naturellement
fermée par un reffort , s’ouvre. au moyen
d’un petit levier que foulèvent les pointes, implantées
dans un cylindre qui a un mouvement
allez lent , lequel lui eft communiqué par une
manivelle ; que cette même manivelle fait; agir
le fcuffiet qui doit fournir continuellement l’ air
deftiné à former les fons 3 par fon intromiffion
dans les tuyaux.
Mais la manière dont le cylindre mobile eft
noté 3 mérite principalement l’attention pour
fentir ce que nous allons dire.
Les différens petits léviers qui doivent être
élevés pour former les différens tons , étant ef-
pacés à une certaine diftance les uns des autres ,
par exemple à celle d’ un demi-pouce 3 à cette
diftance font tracées . fur la circonférence du
cylindre3 des lignes circulaires , dont l’une doit
porter les pointés qui feront fonner ar? fa voi-
fine 3 celles qui feront fonner ut % ? la fuivante ,
celles qui donneront re 3 &c. Ily a autant de lignes
femblables que de tuyaux fonores. On fent , du
refte , que toute la darée de l’air ne doit pas excéder
une révolution du cylindre.
Suppofons donc que l’ air foit de douze mefures ,
on divife chacune d e ces circonférences au moins
en douze parties égales y par douze ligues pairallèles
à Taxé du cylindre ? puis , en fuppofant
par exemple j que la note la plus courte de l’ air
foit une croche , & que le mouvement foit à
3 temps y appelle , on divife chaque intervalle
en fix parties égales , parce que 3 dans ce cas 3
une mefure contient fix croches. Suppofons à
préfent que les premières notes dé 1 air foient
la y Ut y fi y l'$ y Uty 772 V y_ /fc y ÔCC. tOUtCS H OÎCS
égales y & fimples noires.: On commencera par
planter au commencement de la ligne des la &
de la première mefure 3 Une pointe tellerhéht
fabriquée 3 qu’elle tienne fôulèvé'’pendant un
tiers de mefure le petit levier qui fait .fonner la ;
puis , dans la ligne des ut 3 à la fin de la féconde
divifion 3 ou au commencement de la troifième ,
on implantera encore dans le cylindre ühe pointe
femblàble à la première ? "puis y aux deux tiers
de la même mefure' , fur la ligné; de: f i on implantera
une pareille pointe : il eft-évident que -y
lorfque le cylindre commencera à tourner 3 la
première pointe fera; fonner -ut pendant aüi tiers
de mefure? la fécondé prendra le levier fai Tant
fonner ut3 àuffi-tôt que: le -premier tiers-de me-
furé fera écoulé i & la troifième fera de même
fonner ƒ pendant le dernier tiers. L’ inftrument
dira donc1 la j ut 3 f i y & c . -;
, Si; j,au lieu, dé trois noires , onavoitfix croches
, ’ qui , dans‘.cette .mefure fepaftent la première
longue, la fécondé brève , la troifième
longue, & ainfi alternativement , ce qu’on nomme
des croches pointées , iLeft aifé de fentir. qu’a-
près avoir place les pointes de la première 3
troifième & cinquième-notes dans leurs.plaças
refpeélives de la divifion où elles doivent être ,
il faudra feulement faire en forte que-la première
croche 3 qui 3 dans ce mouvement, doit valoir
une croche .& demie, ait la tête figurée de manière
qu’elle foutienne le levier pendant une
partie & demie des fix divifions dans lefquellès
îa mefure eft partagée 5 ce qui fe fait par une
queue en arriéré 3 de la longueur néceffaire.
Quant aux croches pàffées bre'Ves, leurs pointés
devront être reculées d’une demi-divifion, &
figurées en forte qu’elles ne puiffent tenir le lè-
vier qui leur correfpond foulevé , que pendant
qu’ une demi-divifion du cylindre s’écoule en tournant.
Il eft aifé 3 par ces. exemples , de voir ce
qu’il y a à faire dans les autres cas ? c’ eft-à-dire 3
lorfque Les notes ont d’autres valeurs.
On n’auroit enfin qu’un feul air, fi le cylindre
étoit immobile dans la direéfion de fon axe?
mais fi l’on conçoit que les ‘pointes ne puiffent
faire mouvoir les petits leviers qu’autant qu’ ils
les toucheront par-deffous dans un intervalle
fort étroit3 comme d’une ligne ou moins 3 ce
qui eft un méchanifme fort aifé à imaginer3 on
verra facilement qu’en donnant au cylindre un
petit mouvement latéral d’une ligne 3 aucune dés
pointes ne pourra faire mouvoir les leviers ; ainfi
fon pourra tirer à coté de chacune des premières
lignes y une autre fufceptible de -recevoir
dés pointés- qui donneront un air different 3 &
ce nombre pourra aller à fix ou ffipt3 fuivant
l ’intervalle des premières lignes , qui eft le meme
que celui du milieu d une touche au milieu de
fa voifine •: 011 fera , par Cê moyen , & par un
petit mouvement du cylindre , changer d air.
' T e l eft le méchanifme de h ferinétté, de l’orgue
de Barbarie,.&• ides,autres inftrumensà.c^lindrç i
mais l’oh voit qu’ils ont l’Incommodité dé . ne
fervir qu’à exécuter' un très-petit nombre d’ airs.
.Qr un cercle . de cinq 3 fix y. huit ou douze aips 3
eft bientôt parcouru? il feroit conféquemment
agréable d’en pouvoir changer quand on voudroit.
Nous concevons avec M. Diderot qui s?eft
occupé de cette idée dans le livre-cité plus haut ,
que l’on pOürroit remplir cet ob jet} en formant
le cylindre de cette manière. Il feroit d’abord
compofé d’un noyau folide de bois > recouvert
d’une pelotte fort.ferrée ? cette pelotte feroit-
elle-même emboîtée dans un cylindre -Creux y
d’une digne, ou. environ d’épaifieur ? ce feroit
ce cylindre qui porteront les lignes fur lefquelles
doivent être implantées les pointes convenables
pour faire fonner chaque ton. Pour cét effet y
ces lignes ieroient percées .de trous efpacés à
la diftance convenable ? par èxëmple , fix à chaque
divifion de mefure à trois tems ordinaire, ou
huit pour la mefure à deux tems , appellée C
barré y en fuppofant qu’on n’eût pas à noter un
air ayant de plus courtes notes que de fimples
crocnes. Il faudroit douze trous par mefure dans
le premier cas, & feize dans le f é c o n d f i l ’air
contenoit des . doubles croches.
Il eft maintenant aifé. de fentir qu’on pourra
noter fur ce. cylindre l’ air qu’ on voudra? car,
pour en noter un, il fliffira d’enfonçer dans. les'
trous du Cylindre .extérieur, les pointes, de la
longueur convenable j en les plaçant ainfi qu’ on
l’a expliqué^'elles y feront folidement implantées,
par un effet de l’élaftieïté du couffin ou
pelote, fortement comprimé entre le èyîindté
Sc le noyau. Séïa-t-on las d’ un ùx-3 on én arra-
chera les pointes, & on les replacera dans '.le$
caftetins d’une café faite exprès, comme, les lettres
d’une impreffion qu’ oti déçompofe.’ Oii fera faire
un léger' mouvement de- rotation au- Cylindre,
pour écarter les^ trous du couffin d’avec ceux
du cylindre extérieur ? enfin l’on notera un nouvel,
air avec la même facilité que le premier.
Nous ne parcourrons pas , avec M. Diderot,
tous les -avantagea d’un pareil inftrument, parce
que nous convenons qu’ ils feront toujours fort
médiocres, & à-peu-près de nulle valeur aux yeux
des miificiens. Il eft cependant vrai qu’ il feroit
agréable pour ceux qui pofsëdent dé femblables
îflftrumens, de pouvoir varier un peu leurs airs >
fk c ’eft ce que rempliroit la conftruélion qu’ on
vient d’ indiquer. •
De quelques inftrumens ou machines de mufique ,
remarquables par letir fingularité ou leur com*
pofition.
■ A la tête de toutes ces machines ou inftrumens
muficaux , on doit inconteftablement mettre
l’orgue“,, dont l’étendue & la variété des fons
exciteroit bien autrement notre ' admiration, fi
cet inftrument n’étoit pas auffi commun qu’il l’eft
dans nos égliféS'? cary indépendamment dé l’ar-
tifiee;qii’ il a fallu pour produire les fons au moyen
des touches , quelle fagacité n’a-t-il pas fallu
pour fe procurer les différens caractères de fons
qü on tire de : fes différens jeux, tels que ceux
u’on appelle voix humaine, fiâte, & c ? Auffi la
efeription cômpîette d’un orgu e, ou de la manière
de les conftruire, eft elle feule la matière
d’un gros volume ? & l’on ne peut y voir fans
étonnement la prodigieuse multitude de pièces
dont il eft compofé. -
Les anciens avoient des orgues hydrauliques,
c*eft-à-dire des ôrgiies dans lefquelles le fon étoit
produit par l’air qu’erigendroit le mouvement
de l’eau. C e fut Ctéfib’ius d’Alexandrie, & Héron
fon difciplê , 'qui imaginèrent ces inventions.
Vitruve donne, dans le Xe livre de fon architecture,
la defeription d’un de ces orgues hydrauliques.,
d’ après lequel M Perrault en exécuta
un , qu’ il dépofa à la bibliothèque du
ro i, où fe tenoient alors les àffemblées de l’académie
royale dès fciences. C e t inftrument eft
fans doute peu, de chofe ,- en comparaifon de
nos orgues modernes ? mais l’ on ne peut s’empêcher
d’y reconnoître un méchanifme qui a fervi
de • bafe à celui de nos orgues; S. Jérôme parle
avec enthoufiafme d’un orgue qui avoit douze
paires de foufflets, & dont le fon pouvoit s’entendre
d’un mille. Il paroit par-là qu’on ne tarda
pas de fubftituer à la manière dont Ctéfibius
produifoit l’a ir , pour remplir fon réfervoir, une
manière plus fimple , fçavoir celle des foufflets.
On peut mettre au rang des machines mufî-
Cales les plus curieùfes, le joueur de tambour
de bafque & le flûteur automate de M. de Vau-
canfon, qu’une grande partie de l’Europe à vu
avec âdmiration, vers l’an 1749. Nous ne nous
étendrons pas beaucoup fur la première de ces
machines , parce que 1\ fécondé nous paroît incomparablement
plus compliquée". Le Auteur automate
joùoit plufieurs airs ae flûtè , avec toute
la précinon 8c là jufteffe du plus habile fflufi-
eien : il tenoit; fa flûte», de la manière dont on
tient cet. inftrument, & en tiroit des fons avec
la bouche, tandis que les doigts, appliqués fut
les trous, produifoient les fons différents, comme
cela «’ exécute fur la flûte. On conçoit allez fa-
D i