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Tant mieux , dit alors M. Hill ! je vois- qu*il eft
curieux ; je vous enfeignerai de quoi piquer fa
curiofitéj vous aurez infailliblement de quoi fa-
tisfaire fa paillon pour les fciences , 8c je vous
réponds que dans peu Méliffa fera votre époufe.
Le jeune homme reçut avec transport une pro-
meiTe auffi ftatteufe. M. Hill s’introduiftt chez
Gufter fous divers prétextes, & ne put voir Mé-
fclfa fans approuver le choix de fôn ami 3 8c fans
admirer la taille de cette belle négreffe.
M. Hilf ayant préparé Lefprit de Guftef, 8c
obtenu de' lui ce donc il avoit befoin pour le moment
3 alla trouver fon ami Orvan 3 lui donna
uelques Connoiffances préliminaires, 8c fit tirer
e' notre vaifleau trois mille aunes de toile des
Indes , 8c deux mille mouchoirs de Mafulipatan.
On en conftriufit une Montgolfière 3 qui , dans fa
partie fupérieure, avoit piefque la forme 8c la
groflbuv du dône des Invalides. Elfe fut lancée
du haut d'une montagne , où Ton n’ employa
pour la manoeuvre, comme pour la conftrüaion,
que des ouvriers européens ,. qu’on devoir faire*
embarquer le lendemain, pour leur ôter toute-voc-
câfion d'init-vivire Gufter avanr le moment favorables
On choifit pour l3expérience un tems parfaitement
calme , pour trouver moins d’obftacle
a diriger horizontalement la machine à F aide de
vingt-quatre rames qui fe déployoient, err patte
d’oie. Orvan , averti: de l'heure dit départ, & de
la route que dévoient tenir les5 voyageurs aériens ,
invita Cufter| 8c tous les peuples voifinsr, à fe
rendre dans u-né plaine ou ils dévoient être témoins
d’une expérience qui: devoir pafièr dans
Tefprit des plus incrédules pour un prodige éclatant.
Ses efpérancês furent pleinement accomplies,
car la terreur s’empara-de tous-les individus*, quand
en vit floteren Fair une fuperbe tour à quatre-éta-
gçs avec-'trent&’dêux fenêtres.,
Orvan , pour raffûter lè psupfè,-dît quai f avoit
prévu cet événement ; & que ce n’ étoit point un
mauvai* p- éfagôî ces paroles volant de bouche en
bouche , portèrent quelque confolationdans tous
Tes coeurs. .
Tout le monde vit* arriver La Montgolfière au
milieu de la plaine à la hauteur d’üii quart de
lieu*? > mais voici une circonftanc'e qui né fut ap-
perçue que cFuti petit nombre, parée qliè les'uns
fL- prôite noient contre terre, n'ayant plus la force
de re.’ a di r , 8c que les> autres p en ouvrant, les
yeux pour regarder versde c ie l, ne pouvoientplus
r-ien v o ir , tint ils étoient éblouis 1
Tandis que la.'machine volante continuait fa
route vers l'occident , on vit o r t ir par une cfë fes
£ nètres..trois grandes ftatues qui" repréfen talent
t 'o is Di\ lu tés ; favoir, Junon Vénus & Minerve
; elles descendirent lentement & majeiîueu-
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fement jufqti a terre. Orvan ayant prié lè peuple
de s’éloigner pour laiffer une place v u id e s ’approcha
des trois déeffes avec cent' fbldars-,- quj
formèrent autour de lui un grand cercle, firent
énfuite un demi-tour à droite, 8c fe tournèrent
vers le peuple en préfentïitft les armes. Le but de
cette cérémonie était d-empêcher le Peuple d’ap.
procher , & de rendre en même temps l’ opération
plus majeftueufe 8c plus impofante-
Orvan s’approcha refpeétueufement des trois
ftatues,que le peuple regardoit comme trois divinités
aériennes. Après une converfation apparente
d’environ deux minutes, Orvan s’éloigna de
quelques pas', leur fit figne de partir, 8c dans ce
même raflant, on vit les trois Divinités remonter
vers fe ciel. ( Voye% lafig. i . f l, 2,, de Ma gie Blanchi
Tome V l l l des gravures, )
A peine étoient"elles parvenues a la hauteur de
deux cents goifes que Junon & Minerve fe réparèrent
de Vénus, & montèrent avecune rapidité
ui les5 cacha bientôt dans les nuages. ’ La- Déeffe
es amours, propice à la priere d’Orvan redef-
cendit alors vers las terre ; 8c quand elle fut parvenue
à la hauteur d’environ; dix toifes, elle la ilia
tomber une boite fur laquelle elle avoit paru s’appuyer
comme fur un’ piédeftal : enfuite exauçant la
priere d’ Orvan-pour fetroifieme fois, elle remonta»
rapidement.pour aller joindre fes compagnes^-
Orvan prr<t aufïi-tôt la boîte dont Vernis ver.oic
de lui faire .prêtent > il l’apporta en cérémonie aux
pieds de Gufter, 8c en tira devant lui deux rouleaux
de papier qui étoient autant-de tableaux*
Le premier repréfentoit Gufter entouré"de tous
les objets de curiofité donc il faifoi t fon étude. Le
fécond repréfentoit, dans une attitude refpec-
tueufe , Orvan 8c Mélijffa dèmandant à Gufterl*
permiffion d’être heureux--
Qu’on's’-iriragine, s’iîéft pbffible, l’effet que la
magfe de la*peinture dut produire fur un homme
qui venant d’admirer une expérience fublime^vit
un tableau pour lapremiere fois , 8c qui nëfavoit
pas encore qu’il y eut au monde des Peintres U
.’ des Deffiriateurs. Les trois portrai s qui avoieat
été faits par un de nos compagnons de voyage,
. furent regardés comme un ouvrage- divin , U
comnie uiîpréferit divciel. Qu’on jugt maintenant
fi Gufter put'refufer'fa fille à Orvan, quand 'celui-ci.
' lui' promit de lü-i donner Fexpîicatfon de toutes
: cés merveilles:
; Il-neft pas datts notre plarrd-expliquer ici fart
: de conflruire une Montgolfière-. Nous dirons feule*
’ ment , que la machine de M. Montgolfier confiée
en une vafte enveloppe de toile, que fon remplit
dé fumée en brillant dê la paille mouillée. Cette,
vapeur, |g|g£ mille fols moins pefante que feaU
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potable, s’élevant en Pair par fa légèreté fpéci- ]
{feue, emporte la toile qui lui fert d’enveloppe.
On attache toujours à cette machine une galerie
qui lui fert de left & l’empêche de fe renverfer.
Au centre de la galerie eft un réchaud, avec des
charbons allumés fur un&grilfe de' fer. Les Aéro-
îiautes, placés autour delà galerie, font occupés,
les uns a faire des obfervations aftronomiques,
géographiques & météorologiques ; les autres , à
j.eter dans le réchaud de l’eau ou de la paille, pour
entretenir, diminuer, rallumer ou éteindre le feu,
félon qu’ils veulent monter ou defceiidre avec plus
ou moins de rapidité.
Onfait auffi des ballons avec du taffetas gommé,
rempli de gaz ou d’air inflammable qu’on fait par
la diffolution du fer dans l’huile de vitriol. Ces
ballons peuvent être plus petits que les Montgolfières
dont nous venons de parler, -parce que le
taffetas eft moins pefant que la to ile , 8c le gaz
qu’on y emploie quatre fois plus léger que la fumée
de paille.
Ceux qui veulent faire un minimum en fait de
ballons, Je fervent de baudruche proprement collée
jtp’eftune peau fi mince & fi légère , qu’il fuffit
de donner au ballon la groffeur d’une petite veflîe
on en a fait dans ce genre de ronds , d’ovales 8c
de cylindriques 5 mais la forme la plus frappante
e.ft celle qui repréfente la figure humaine. J’en ai
fait dans cette forme, qui, à la vé r ité , m’ont
coûté beaucoup d’induftiie, de temps 8c de patience
? mais j ’en ai été bien dédommagé par
le plaijïr que j’ai eu de faire accroire pendant
quelque temps , à tout un Village , qu’un homme
pouvoir s’ élever en l’air fans le fecours d’ aucune
machine, 8c même fans remuer les bras ou les
jambes. Les trois figures , dont nous avons parlé
ci-deflus, étoient conftruites d’après ce principe.
Voici le moyen qu’on avoit employé pour les faire
monter 8c defcendre pour ainfi-dire à volonté,
( fig. 2. f l . 3. de Magie Blanche tome V U J des
gravures.)
Les trois figures étoient attachées à une boîte
A , B , C,L>, fous laquelle étoit une petite plaque
de plomb E F , attachée à la boîte $ avec des
étoupes faupoudrée's de fleur devfoufre i G , H ,
K y L , étoit une mèche de corde, q u i, étant
allumée au point G , fe brûloit toute entière jusqu’au
point L , dans l’efpace de cinq minutes. A
i ’inftant ou on lança les trois figures du haut de
la Montgolfière, M. H ill, qui en étoit le pilote,
alluma la mèche au point G 5 8c auffitôt la petite
plaque de plomb attachée fous la boite , fit descendre
lentement les trois figures jufqu’à terre ,
ou elles refterent environ deux minutes comme
pour entendre la priere d’Orvan. Celui-ci ne fut
plutôt éloigné de trente pas, qu’ il ordonna
aux trois figures de s’élever. Elles obéirent comme
ferait une horloge à laquelle on ordotmeroit çte
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fonnef trois heures quand on fait qu’il eft deux
heures cinquante-neuf minutes 8c quelqu r's fécondés*
Orvan favoit que dans l’efpace de trois minutes
le feu de la mèche de voit parvenir au ponc
H pour y brûler les étoupes qui attachoient la
plaque de plomb à la boîte. Les trois figures,
détachées de la plus lourde partie de leur left #
s’élevèrent donc dans l'.tmolphere , comme feraient
, dans un baffin rempli d’eau, un bouchon
de liege qui fe détacheroit d’un gros clou auquel
il étoit auparavant lié. Une minute après fes trois
figures étoient parvenues à la hauteur de deux
cents toifes. Orvan pria Vénus de defcendre ; &
le feu de la mèche , q u i , pendant ce temps-lâ ,
avoit fait des progrès jufqu’au point K , brûla
auffitôt les étoupes qui tenoient les deux figures
collatérales-attachées à la boîte. Ces deux figurr s ,
délivrées du poids de la b o îte , furent portées ,
par l’air inflammable , au-deflus dès nuages }
mais la boîte q u i, un inftant auparavant , avpit
été enlevée par les efforts réunis des trois figures ,
fe trouva aüez forte pour entraîner vers la terre
la feule qui lui reftuit. Pendant cette fécondé def*
cente, le feu qui confumoit toujours la mecbe ,
parvint peu à peu au point L , où il brûla les
étoupes qui attachoient à la boîte la troifième
figure. Orvan voyant la boîte, fe détacher, ordonna
à la troifiem© figure de remonter , 8c l ’on
voit qu’il dût être complettement-obéi.
M. Hill defcendit à terre dans une forêt voifine*
à l’ infu du peuple 5 mais il ne fit pas embarquer
auffitôt les matelots qui avoient fervi à la direction
8c à la conftruéhon de la machine, parce
qu’ il n’étoit plus intéreffé .à garder le fe c re t,
fichant qu’Oryan venoit d’obtenir fa chera
Méliffa.
MONTRE PILÉE. ( Voy ei E scamotage).
MOUCHE SA V AN TE ( la ) ( Voye^ h Varticle
Aimant ).
MOULJNETà AIGR ET TES. ( Vey^i É l e c -
TRICITÉ ).
MOUVEMENT PERPÉTUEL. Le mouvement
ferpétuel, comme on vient de le prouver, la quadrature
du cercle , la pierre pnilofophale font
des écueils où vient écneoir l’ambition du chi-
mifte,du géomètre 8c du mécanicien, uous donne
rons cependant ici par forme de récréation , l'idée
d’ un mouvement perpétuel, ou plutôt perpétué *
opéré par la force attraélive de l’aimant. D’abord
, pour nous mieux faire entendre , fi l’on
difpofe autour d’ un guéridon cinq ou fix petites-
confoles de cu iv re , portant chacune un pivofc
8c une aiguille aimantée , on verra toutes ces=
aiguilfes fe diriger du même fens, ç’eft-à-dire du
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