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articles de ce Di&ionnaîre, de faire des détails arides ou des
récits ennuyeux ; il nous a paru plus convenable de leur donner
des formes agréables , & les. ornemens dont ils font fufcepti-
bles , accompagnés des motifs de leur utilité ou de leur agrément,
d’un précis exadt des procédés , & des précautions6 de
prudence ou d’adrelfe , enfin des caufes phyfiques , de leurs effets
autant qu il a ete poflible de les afïigner fur des principes connus,
fur des démonftrations évidentes , Sc fur des explications de figures
fenfibles. °
, Au reÆe > cet ouvrage fournira une multitude d’expériences
a faire ou à vérifier , Sc donnera lieu non-feulement à l’amufe-
ment de l’efprit, mais encore à la recherche de vérités nouvel-'
•les Sc d’inventions agréables ; nous pouvons auffi dire, d’après le
céleDre Hiftorien de l’Académie des Sciences, « qu’une expérience
» phyfique dans la vue de le procurer de l’agrément, a fouyenc
» mené à des ufages de la plus grande utilité. »
On trouvera à la fin du Tome VIII des gravures de l’Encyclopédie
méthodique , quatre-vingt-fix planches , comblées d’une
quantité immenfe de figures , tant pour l’intelligence des pro*:
cédés des Arts, Sc des tours de fubtilité, que pour la démonftra-
tion des Problèmes curieux des fciences Phyfiques Sc Mathématiques,'
ABEILLES:
A.
A -B E IL I .E S ; On fait qui l’Abeille femelle eft
la reine & fait le ' deftin, en quelque fo r te , de
chaque ruche. Le caraélère de cette mère abeille,
eft a avoir les ailes très-courtes. Elle a le vol
difficile j auffi ne lui arrive-t-il guères de voler
que lôrfqu'elle fort d'une ruche pour aller établir
fa colonie. Toutes les A.beillë.s la fuivent en
iiijets fidèles, au lieu qu'elle a choifi. Lors donc
u'on peut faifir la reine abeille, on eft fur- de
iriger l’eftaim à fon. gré. Il s'agit de retenir
cette abeille avec un crin ou une foie qu on lui
pafte délicatement autour du corfelet, & les mouches
attentives à fes avions, vont &: viennent,
l'environnent, s'arrêtent, & femblent obéir aux
Volontés de celui qui commande à la mère-abeille ,
en ne fuivant en effet que les mouvemens de leur
reine. . -
C'étoit le fortilège ou plutôt le fecret de
M. Wildman, de Plimouth, habile phyficien, qui
avoit étudié l'inftinéb des abeilles, &: qui profitoit-
de leur attachement pour leur reine, dont il fe ren-
doit maître, quand il vouloit faire pafîer un eflaim
d'une riièhe garnie, dans une autre qui’ne l’étoit
pas. Bien sûr de fes procédés, ce naturalifte anglais
iê préfenta un jour à la fociété départs, à Londres,
avec trois eflaims d'abeilles qu'il avoit apportés
avec lu i, partie fur fon vifàge & fur fes épaules ,
& partie dans fes poches. Il plaça les ruches de
ces eflaims dans une falle voifine de l'aflemblée ,
il donna un coup.de liftier, auffitôt les mouches
le quittèrent toutes & allèrent dans leurs ruches j
à un - autre coup de filiiet, elles rèvinrent reprendre
leur pofte fur la perfonne & dans les
poches de . leur maître. C e t exercice fut réitéré
plufieurs. fois , au grand étonnement de cette
fociété favante , fans qu'aucun des fpeflateurs
ait reçu la moindre piquure.
Ces prodiges, dont rmus avons dévoilé plus haut
la caufe fecrète, ont été répétés, il y a quelques
apnées;, avec un égal fuccès dans une féance de
1 académie des fciences , à Paris, par le même
.M. Wildman, qui expliqua aux académiciens
français la théorie, & la pratique qui lui réuf- ‘
iîflbient fi merveilleufement.
ACADÉMIE DE JEU. Je rencontrai un jou r,
dit M. Detremps, dans un café de Londres, un
bas Breton, nommé Kufiel, que j'avois connu
autrefois au 'collège. Après les premiers compli-
mens d'ufage, je lui demandai à quoi il s’amu-
foit dans ce pays-là } il me répondit qu'il pafloit
prefque tout fon temps à l'académie. Je vous fé-
“ Amufémens des Sciences,
licite de très-gtan^ coe u r , lui dis-je alors, je
voudrois bien avoir le même bonheur que vous.
Il n'y a pas grand bonheur-à cela, me repondit-
il i cependant fi vous defirez d'être un de nos
confrères, je pourrai vous introduire, & fur ma
1 préfentation vous ferez reçu à bras ouverts. Je
lui dis que je n'avois aucun titre pour être/reçu
dans une pareille aflemblée > .il répondit, en fou-
riant de ma méprife , que l'aflkmblée où il vouloit
m'introduire, n'étoit point une compagnie de
favans, ni une fociété littéraire, mais tout’Amplement
une académie de jeu , compofée d'aigrefins
de toute efpèce , qui étoient alternativement
dupes & fripons. Ne croyez pas, ajouta-t-il, que
je continue • de m'occuper, des belles - lettres ,
comme quand j'étois. au collège.
Depuis que j'ai livré^ma,bibliothèque aux flammes,
j’ai couru le monde pour gagner ma v ie , en
jouant toutes fortes de rôles > j’ai été marchand
de bjerre en Flandres ,* comédien dans le Brabant,
copifle, latinifte & orthographifte à Edimbourg ,
maître en fait d'armes & contre-pcinteur i Dublin.
Aujourd'hui, après a'voir changé de métier pour
la dixième fo is , je fais fauter la coupe, je file
la^carte, je tire la bécafline & je plume le pigeon.
Enfin, ajouta-t-il, fi vous voulez que je vous initie
dans mes fecrets poùr me fervir de compère à l'académie,
& faire le petit fervice, vous pourrez
bientôt dire comme moi :
M.a poche cfl un tréfor,
Sous-mes heareufes mains Le cuivre devient or.
Lf. Joueur.
, Je fus choqué, autant que furpris, de la liberté
u’il prit de-nje faire une pareille invitation, &
e la hardiefle avec laquelle il fe vantoit de fon
favoir funefte : mais tel eft l’aveuglément du vice
au front d'airain que fouvent il fart parade de ce
qui devroit le faire rougir. Je lui répondis que j'avois
approfondi depuis lpng-temps toute la théorie
dé. fon a r t, non pour la mettre en pratique
& dans l'efpérance d.e pouvoir faire des dupes-*
mais par curiofîté & dans l'intention de dénoncer
un jour au public les divers pièges qu'on tend
aux honnêtes gens.
Puifque vous êtes fi.favant, me dit-il, vous,
pourrez peut-être m'expliquer comment, depuis
quinze jours, j'ai conftamment perdu mon argent
i nonobstant les rufes dont j'ai fait ufagé,
ce qui m’obligera dès-à-préfent, de paroître
moins. fréquemment à l’académie, & d'aller.me
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