
Lorfque le tout aura donc été folidemefit chf-
pofé , on pofera dans le ehaffis A B C D un carton
1 bien uni & affez épais pour ne point v o ile r }
on ferà enforte qu’ il y entre bien jufte , c’eft-à-
d ire , fans aucun balôtage. On tracera enfuite fur
un'papier toutes les faces du plan de ce verre à
facettes , & on y deflinera le lu jet que Ton veut
qui paroiiTe fur ce carton.
Toutes ces précautions aÿ'ant été prifës ave.ç là
plus grande exà&itude , oh regardera par ^.ouverture
F j & appliquant une règle de cuivre fort
mince ( i ) fur le carton , on s’en fervira pour y
tracer la forme extérieure des triangles & des
trapèfes qui compofent chaque facetté , & on
remplira le plus exaélement qu’ il fera^ poffible
dans chacune d'elles là partie du deffin qui y
correfpond fur le plan figure i l 3 en obfervanr
que ces facettés paroiffent fur le tableau dans une
iituation diamétralement oppofée à celle qu'elles
ont fur le verre j c'eft pourquoi il fera à propos
de les numéroter pour reconnoître plus facilement
le rapport.
Avant de terminer entièrement le trait du tableau.,
on accordera le deffin vers les confins des
angles, en regardant fouvent au travers de l 'ouverture
F j & enfuite on le colorera avec les mêmes
récautions 3 enforte qu'on apperçoive fur le ta-
leau l’objet dans fa plus grande régularité : cette
opération fa ite , on remplira, ce tableau en formant
du tout un fujet absolument différent de ce
qu'on apperçoit à travers le verre.
Nota. A u lieu d’ un verre à facettes 3 on peutfe
fervir d’un verre pyramidal de huit à dix côtés ,
jçe qui procurera plus de facilité dans l'exécution j
®n peut encore faire un tableau magique très-
•agréable & avec peu de peine , en fe fervant d'un
•verre qui ait la forme d'une portion de prifme
coupée paralîèlèment à fon a x e , lequel feroit
fuppofé avoir en totalité trente-deux côtés égaux,
dont cette portion, en contiendrait huit } le tableau
magique fait avec ce verre feroit alors
divifé en quinze bandes * dont huitfferoient employées
pour le fujet & les fept autres qui fe
trou ver oient entre ces premières ferviroient à
le déguifer favorablement en formant du'tout un
autre fujet3 ce qui feroit fort aile â exécuter.
Les ombres ( i) .
Pratiquez à une cloifon une. ouverture d'une
(i) .O n ajufte une petite queue coudée au milieu
de cette règle * afin de pouvoir la tenir plus commodément.,
( i) Cepetif fpectacie a été vu à. Paris , fous Iç nom
4 Ombres jÇhinoifes, & il a été fort goûté.
grandeur quelconque, par exemple 3 de quatre
pieds de long fur deux pieds de haut 3 dont le
‘ côté inférieur fait élevé de cinq pieds au-deflus
du plancher 3 <k couvrez-là d'une toile claire
rrès-finë 3 ou de gaze d'Italie } ayez une quantité
de ehaffis de même grandeur que cette ouverture
fur lefquels vous tendrez de même une toile ou
-gaze 5 deffinez au trait feulement fur ces ehaffis
ou tableaux , différens fujets de payfagés ou
d'architeéture 3 analogues aux fcènes que vous
devez faire repréfenter par les petites figures ci-
après.
Ces tableaux doivent être ombrés par l'applî-
cation de plufieurs papiers fort mincès & découpés
: pour imiter les clairs', il fuffit d'en appliquer
fur la toile un ou deux > pour lès demi-teintes, on
en emploie trois ou quatre 3 & cinq à fix au
moins pour les ombres : on prend la forme dé
ces papiers en les calquant fur le trait même dû
tableau & on les y ‘ colle fucceflivement avec le
plus de précifion qu'il eft poffible : on peut * pour
accélérer l'ouvrage- & le rendre plus correift ,
-réformer le tout avec un peu de biftre (3)! On
juge de l'effet que doivent faire ces tableaux en
lés expofant au grand jour.
C ’eft derrière & très-près de ces ehaffis qu'on
fait mouvoir des petites figures d’hommes ou
d'animaux, faites de carton & découpées 3 dont
on rend diverfes parties mobiles, félon l'effet
qu'on veut qu'elles produifent par le moyen de
leur ombre } pour les faire agir à volonté , on
attache à ces parties mobiles, de petits fils de
fer qu'on dirige tous vers les pieds de la figure
& qu'on termine en forme d’anneau , afin de
pouvoir les paffer dans les doigts de ta main
droite, pendant qu'on foutient cette même figure
avec la gauche, au moyen d’üri autré fil de fer :
de cette manière, on peut les faire avancer,
reculer & gefticul.er,, fans qu'on apperçoive la
manoeuvre qui les fait agir ainfi ; & comme onn'ap-
perçoit fur le tableau l'ombre de ces figures que
lorfqu'elles font derrière les parties de ces tableaux
qui ne font pas fort ombrées , cela procure
l’avantage de les cacher & faire reparoître à
propos, de les retourner pour, les faire aller &
venir j ou d’en fubftituer d'autres femblables en
.leur place. Toutes.ces figures doivent être fuppo-
fées vues de profil.
Il eft éffentiel , en les faifant agir de faire
quelque dialogué qui fuive exactement leprs
geftes , & on doit même imiter le bruit ( lorf-
qu'il eft convenable ) ' c'eft-à-dire , que fi en
fait tomber une* figure à-i>as d’une*échelle ^ il
(3) Gecte couleur {'e faic-avec |a fuie de cheminer
qu’on „fait bouillir dans de l’eau & qu’on paffe au travers
d’un linge.
r ut imiter le bruit qu'une échelle fait en tombant
&c. Ces ehaffis s'éclairent par derrière,
du moyen d’un fort reverbère qui doit en être
éloigne de trois ou quatre pieds , oh-le place
vis-à-vis.le centre du tableau.
On peut repréfenter par ce moyen diverfes
fcènes amufantes, en fe fervant de petites figurés
d'hommes & d'animaüx, dont les' mouve-
mens foient difpofés de manière à les exécuter le
plus naturellement qu’ il eft poffible , ce qui dépend
auffi de l’habitude & de l’adreffe de ceux
qui les font mouvoir. ( Fyye% Captoptrique ,
Optique). -
DIVINATION DE NOMBRES ou de quelques
autres objets cachés ( yoye% arithmétique )\
DIVISIONS ABRÉGÉES ( voyei arithmétique.
)'
DOMINO ( Jeu du). On peut être trompe à ce
jeu comme aux cartes, & voici quelques obfer-
vations fur un joueur de mauvaife foi.
Je remarquai d’abord que mon joueur clignant
les yeux, & faifant femblant d’être myope y baif-
foit fouvent la tête pour voir fes dés de plus
près, comme un homme qui a la vue baffe. Je
penfai qu’ il pouvoit bien profitér de I’occafion
pour jeter un coup-d’oeil fur les dés qui étoiënt
a l’écart, afin de les diftinguer à quelque petite
marque extérieure , & de connoître par ce
moyen le jeu de fon adverfaire. Le joueur étoit
d’autant moins foupçonné de cette induftrie ,
qu’on le regardoit comme une efpèee d’ aveugle.
3e fus entièrement confirmé dans mon idée ,
quand je le vis jouer prefque toujours auffi
bien' que s’il eût vu les deux jeu x , & il ne
me refta aucun doute lorfque je le vis brouiller
les dés à fon tour 5 car en faifant femblant de les
mêler au hafard, il retenoit les meilleurs fous
un pouce, & les plus mauvais fous l’au treayant
bien foin de prendre les premiers pour lu i , &
d’examiner fi fon . adverfaire -s’emparoit des féconds.
Cependant, il me reftoît à expliquer comment
le joueur pouvoit diftinguer par le dos ,
des dés qui de ce côté - là paroifioient le ref-
fembler } mais je fis attention qu’ un homme n’a
jamais fur fonhabit deux boutons qui fe reffemblent
parfaitement, & que fur yo écus de é liv . frappés
au même coin , on trouvera fur un certain nombre
, quelques petits points ou quelques petites
raies qui les feront diftinguer de tous les autres,
quand on les.examinera avec attention. La chofe
eft encore plus facile avec les dés du domino 3
car quand on les brouille* fort qu’on7 fue de la
” iain , foit qu’on l’ait mouillée tant foit peu avec
la langue, on peut briffer fur ceux qui' n’ont aucune
marque extérieure , une légère empreinte
qui ne fera pas fenfible pour celui qui tourne le
dos aü^grand jou r, mais qui fera très-vifible pour
celui qui fe baiffe afin de le voir de plus près ,
& fous un jour favorable. Le fripon peut auffi
avoir un compere , qui fe. plaçant à côte du
joueur dupé:, pour regarder fon jeu avec unq,
indifférence fimulée, le fait connoîtrè à fort complice
par des lignes, de doigts 5 en un mot, ce jeu
eft fufceptible d’autant de friponneries, que beaucoup
d’autres qui femblent ne dépendre que du
favoir & du hafard. On..pourroit faire un gros
volume furies mille & une fraudes qui s’y commettent
tous les jours, & le féul moyen bien affuré que
je connoiffe pour n’y être pas trompé quand on
eft avec des perfonnes d’une probité fufpeéle, c’eft
de n’y pas jouer du to u t, ou de ne jouer qu’une
prife de tabac. (Decremps), x
DOUBLET. L’on donne ce nom à des morceaux
de criftal blanc, montés avec des lames de
couleur qui les font reffembler à des pierres pré.-
cieufes. Voici la manière de les bièn difpofer :
l’on prend un fcrupule de maftic en larmes bien
pur, & un douzième de térébenthine de Venife 5
on les fait fondre enfemble dans un petit va.iffe.au
de métal:- s’ il y avoit trop de térébenthine, on y
remettroit du maftic jufqu’à proportion égale. On
prend enfuite telle couleur que l’on v eut, comme
lâque de Florence, fang de dragon, verd-de-gris
ou autre matière , fuivant les couleurs qu’on veut
faire paroître : on broie chaque chofe jufqu’à ce
qu’elle foit réduite en-une poudre très-fine, &
on la joint féparément au mélange de maftic &
de térébenthine qu’ on a fait fondre d’abord. L a .
la laque de Florence donne le rubis 5 le fang de
dragon, l’hyacinthe } le verd-de-gris, la chryfo-
l i t e , & c . Lôrfqu’ on veut avoir ces couleurs bien
belles & bien pures, „il fe faut fervir d’une boîte
de bois fec de tilleul, dont le fond foit mince au
point d’être tranfparent : l’on prend pour lors une
certaine quantité d’une des compofitions ci-def-
fus ;} on la met dans la,„ boîte que l’ on fufpend
fur un feu de charbon, d’une chaleur modérée,
ou que l’on expofe au foleil pendant l’été 5 la
partie la plus déliée de la eompofition paffe
par les pores de la boîte , s’y filtre , y eft tami-
fée} on l’enlève en raciant, & l’on conferve ce
qu’on a raclé } c’eft alors un couleur de la plus
grande fineffe. Pour faire des doublets, il faut
^rendre deux criftaüx , qui s’adaptent l ’un fur
’autre 5 on chauffe la matière ci-deflus filtrée
auffi bien que les criftaüx en leur donnant même
degré de chaleur.. On enduit ces criftaüx avec la
couleur, à l’aide d’un petit pinceau} on les ajufte
promptement l’un fur l’autre , & on les preffe
pendant qu’ils font encore chauds.} on les laiffe
enfuite refroidir, & l’ouvrage fe trouve fait. Ces
doublets,'conftruits avec art, ont été pris* même
par des gens très-inftruits , pour de véritables
pierrfes précieufes. On rapporte qu’un joaillier