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duirezen poudre j faites-la difibudre dans de l’eau,•
dans laquelle vous aurez eu la précaution de mettre
un peu de fuc d’ail, & de faire fondre un peu
de gomme arabique. Cette eau ne difioudra point
la gomme ammoniaque au point de former un fluide
tranfparent, mais il en refultera une liqueur lai-
teufe. C ’eft avec cette liqueur que vous formerez
vos lettrés ou vos ornemens fur le papier ou fur
le vélin par le moyen d’une plume ou d’un pinceau :
iorfque vous deurerez les dorer, laiffez fécher
ces traits, & foufflez delTus quelque temps après
jufqu’ à-ce qu'ils foient un peu hume&és : appliquez/
fur-le-champ quelques feuilles^ d’or coupées
avec économie félon la forme de la lettre ; prefi
fez enfuite légèrement ces feuilles avec une petite
balle de coton ou avec un morceau de peau. Lorf-
que vous préfumerez que le tout fera bien fec ,
prenez une brolTe douce que vous pafferez délicatement
fur vos lettres pour en enlever la dorure
fuperflue, ou frottez-Ies doucement avec un morceau
de mouflfeline : vous brunirez enfuite avec
une dent de lonp les parties que vous voudrez
rendre luifantes ou polies.
Encre blanche , propre a écrire fur du papier noir.
Il y en a de deux efpèces ; l ’une plus fimple ,
mais moins bonne ; l’autre un peu plus compçfée,
mais meilleure. Pour faire la première, il ne s’agit
que de mettre du blanc de plomb bien pulvérifé
dans de l’eau gommée, & d’en faire ainfi une
encre blanche, qui ne foit ni trop épailfe , ni trop
fluide.
Quant à la fécondé efpèce, on prend pour la
faire des coquilles d’oeuf qu’on a eu foin de bien
la v er, & dont on ôte la pellicule intérieure î on
les broie fous la molette de marbre 5 on les met
enfuite dans un petit vafe rempli d’eau bien nette,
& Iorfque cette poudre de coquille s’eft précipitée
au fond du vafe, on décante l’eau & on fait fecher
la poudre au foleil, que l’on garde dans, une bouteille
: veut-on en faire ufage, on prend un peu
de gomme ammoniaque bien pure,que l’on met tondre
pendant l’efpace d’une nuit dans du vinaigre
diftillé, q u i, le lendemain matin, fe trouve être
de la plus grande blancheur 5 on le paffe à travers
un linge , & on y met la p’oudre de coquille en
fuffifante quantité, ce. qui produit une encre très-
blanche,
Encres de couleur.
Rien plus facile que defe procurer des encres
de toutes fortes de couleurs ; on le peut faire avec
de fortes décodions des diverfes fubftancès colorantes
que l’on emploie en teinture j il ne s’agit
que de la mêler aveç un peu d’alun & de gomme
arabique qui leur fournit l’adhérence néceflaire
pour s’attacher fur le papier,
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Encre rouge.
Pour faire l’ençre rouge on prend quatre onces
de bois de brefil qu’on fait bouillir pendant un
bon quart-d’heure dans une pinte d’eau $ & en-
fuite on y ajoute un peu d’alun , de gomme arabf
que & de lucre candi , laiflant bouillir encore b
liqueur l’elpace d’un quart-d’heure. Cette encre
fe conferve très-long-temps >.2>c eft d’autant plus
rouge qu’elle eft plus vieille.
Encre bleue.
On peut fe la procurer en délayant de l’indig«
& du blanc de cerufe dens une eau gommée.
Encre jaune.
Il fuffit de prendre du fafran , de la graine
d’avignon ou de la gomme gutte, toujours délayée
dans une eau gommée.
Encre -verte.
Cette encre fe fait avec de la graine de nerprun
bouillie dans deTeau, dans laquelle on fait
I difloudre un peu d’alun de roche.
Encres de diverfes couleurs avec le jus de violette.
Trempez un pinceau de poils de chameau dans
quelqu’acide forfc, cpmme l’efprit dè vitriol ; paf-
lez-le fur une partie du papier, & quand il eft leç,
écrivez deflus avec une plume trempée dans le jus
de violette, l’écriture paraîtra auffi-tôt d’une belle
couleur rouge.
Si vous écrivez Amplement avec du jus de
violette, l’écriture fera d’un bleu tirant fur le
violet.
En frottant l’autre partie du papier avec un pinceau
de cheveux trempé dans quelque fel. alkalin,
tel que le fel d’abfyntne diflout dans de l’eau, &
écrivant deflus quand il eft fec avec du jus de vio-*
le tte , vous aurez une écriture d’une belle couleur
verte.
En écrivant avec du jus de violette par-delîiis
une teinture d’acier, vous aurez une écriture
noire. ~
Ou bien fi vous écrivez avec du jus de violette
, & q ue , d’un côté de l’écriture, vous paf-
fiez de l’efprit de v itr io l, & de l’autre, de l’efprit
de corne 'd e ce r f ou de fel d’abfynthe
dilfous dans de l’e au, vous aurez du rouge & du
verd.
En l’expofant au fe u , vous aurez une écriture
jaune.
Si vous écrivez fur du papier avec' quelque
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acide El jus de limon eft aufli propre pour cela
que tout autre) , & qu’enfuite vous le laifliez
fécher, l’écriture reftera invifible jufqu’ à ce que
vous rapprochiez- du feu \ alors elle deviendra
aufli noire que de l’encre. Le jus d’oignon produit
le même effet.
Plus ces écritures vieilliffent, plus la couleur
en eft belle $ de même aufli plus on a laifle de
temps .Mûrit de vitriol, le fel d’abfynthe diflous,
&c., (ur le papier avant d’écrire par-deflus, plus
les couleurs font vives.
Encre de communication.
On donne ce nom à l’efpèce d’encre que l’ on
employé pour l’écriture que l’ on veut faire graver ;
elle peut, par la preflion, fe tranfporter de deflus
lé papier, & fe fixer fur la cire blanche que le graveur
met fur la planche.
.Pour compofer cette encre, on prend la quantité
que l’on veut de poudre à canon broyee en
oudre très-fine, 8c on y ajoute autant du plus
eau hoir d’impreflion ; on met lë tout dans l’eau
î avec;: un peu de vitriol romain $ on agite le
mélange, & on lui donne une çonfiftance qui ne
| foit ni trop claire, ni trop épailfe : chaque fois
que l’on reprend de l’encre pour écrire , on agite
; l’enere j parce que la couleur noire en eft fujette à
| fe dépofer.
Encre de la Chine.
L’encre de la Chine eft employée dans de petits
deflins & pour faire des plans $ il eft aifé de s’en
Procurer lorfqu’on vient à en manquer, ou que,
ron n’a pas d’occafîon d’en avoir.
Il faut prendre des noyaux d’abricots dont on
ote les amandes , les brûler de manière à pouvoir
etre réduits en poudre, mais fans qu’ils s’enflamment
: pour cet effet , on peut les envelopper
dans des -feuilles de choux , dont on fait un
paquet qu’on lie avgc du petit fil de fer 5 on met
ce paquet dans un four échauffé au-degré de .chaleur
auquel on fait cuire le pain j les noyaux fe
reduifent en charbon avec lequel on fera une encre
femblable à celle qui nous vient de la Chine.
On pile ces noyaux dans un mortier , & on les
réduit en une poudre fine & impalpable , que
I on obtient en la faifànt palfer par un tamis bien
fin. I ■ • 1
On a enfuite de l’eau dans laquelle on a fait
miioudre de belle gomme arabique > on prend de
cette eau un peu épailfe, que l ’on mêle avec la
poudre de noyau^ d’abricots j & avec une molette
on broie cette poudre de la même maniéré qu’on
préparé les couleurs. On met enfuite cette pâte
r fifral f et^ts m°ules faits de cartes & frottes de
lre Planche 3 de peur quJelle ne s’y attache.
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Quant â l’odeur qu’a l’encre de la Chine, elle
ne lui vient que d’un peu de mufe que les Chinois
ajoutent dans l’eau gommée, ce qu’il eft facile
d’imiter : au defaut de mufe , on peut communiquer
à cette pâte la même odeur foit avec une
crotte de fouine enveloppée dans un linge fin ,
foit avec un peu d’écorce de calebafle verte.
Quant aux figures que l’on voit fur les morceaux
de pâte d’encre de la Chine , ce font les marques
particulières qu’y mettent chaque ouvrier chinois,
comme dans tous les pays, pour diftinguer ce qui
fort de-leurs mains.
S’il y a du choix dans l’encre qu’on fait à la
Chine même, on doit s’attendre qu’il y en aura
de même dans celle que l’on fera ici 5 plus on
manie une même .matière , plus on la reconnoît
diverfifiée ; plus on la travaille, plus on découvre
de près un certain point de manipulation qu’il eft
difficile de faifir, & plus difficile encore de faifir
toujours avec la même jufteffe. Ainfi la texture 8c
les qualités differentes des noyaux d’abricots , le
degré de leur rédu&ion en charbon, la fineife de
la poudre qui en réfulte, le broyage fur le marbre,
la pureté de l’eau, la beauté & la quantité de la
gomme, doivent oCcafionner de grandes différences
dartsles encres que l’on compofera. C ’ eft à
•ceux qur%xécuteront cette recette à bien prendre
leurs mefures pour réuflir dans un ouvrage qui
demande plus d’ attention que de dépenfe.
Nous venons d’indiquer une manière de con*
trefaire l’encre de la Chine avec des noyaux d’ abri-
, cots : maisles abricots , tout communs qu’ ils font,
. ne fe trouvent pas par-tout, & leur faifon eft de
courte durée. Voici un autre procédé qui demande
moins de foins et d’attentions.
Il s’ agit feulement d’avoir du noir , que l’on
nomme indifféremment, de four ou de cheminée ,
matière aufli commune que de peu de valeur. C e
noir, à la vérité ; eft gras , & ne peut être employé
même à l’huile qu’avec défagrément 5 mais
pour lui ôter cette mauvaife qualité, il fuffit de
le faire calciner dans un creufèt ou dans un pot
de terre non verniflé ; Iorfque le feu commencera
à le pénétrer y on le verra rougir, jeter des étincelles
, & pouffer de la fumée. Cette fumée eft
fa graifie qui s’évapore , ainfi quand on n’en
verra plus lortir du p o t, on pourra s’ afïurer que
le noir eft fuffifamment dépouillé de fon onétuo-
fité> on retirera le pot du feu , & on lë b if fera
refroidir.
On doit s’attendre que la calcination diminuera
la quantité de la matière. Quelques-uns
confeillent pour éviter cette perte de mettre un
couvercle au pot ou creufet, & de le-luter avec
un bon lut qui réfifte au feu. Une-femblable opération
n’eft qu’ une bagatelle dans un laboratoire
même médiocrement monté ; mais elle devient
une affaire très-férieufe 8c très-embarraffante pour