
X D I S C
qu’alors l'harmonica, qui ne faifoit que de
naître , étoit encore fort loin de la per-
feétion qu’elle a reçue depuis. M. Deudon,
qui s’efl particulièrement occupé d’en
perfedionner la conftruétion, a bien voulu
nous communiquer fes moyens , & nous
croyons que l’article qu’il nous a fourni
ne doit plus rien larder à délirer , &c.
Nous avons auffi recueilli au moins les
noms des inftruinens anciens qui ne fe
trouvent pas dans le volume des arts & métiers
méchaniques, & tous ceux fur lef
quels nous avons pû trouver des renfei-
gnemens, & qui s’y trouvent omis.
La partie harmonique efl traitée dans le
didionnaire de RoulTeau , fuivant le fyf-
tême de la balle fondamentale. » Quoique
ce fyflême , dit il, imparfait & défedueux
à tant d’égards , ne foit pas, félon moi,
celui de la nature & de la vérité , & qu’il
en réfulte un rempliffage fourd & confus
plutôt qu’une bonne harmonie. Mais c’eft
un fyllême enfin ; c’eft le premier & c’étoit
le feul, avant M. Tartini, où l’on ait lié
par des principes ces multitudes de règles
ifolées qui fembloîent toutes arbitraires , (k
qui faifoient de l’ait harmonique une étude
de mémoire plutôt que de raifonnement.'....
Je n’ai pas dû cependant m’abftenir , dans
l’occafion, des objedions nécelTairesà l’in-
tel'igence des articles que j’avois à traiter».
Non-feulement il n’apasdû s’abftenir de
cesobjeâions., mais il devoir au contraire,
à ce qu’il me femble,les multiplier toutes
les fois que ces règles fi faufles & fi infuffi-
Tantes, de fon aveu , ne fe trouvoient pas
d’accord avec la pratique ou avec les
principes naturels. C’étoit le feul moyen
de fe juflifier d'avoir fuivi un fyflême
O U R S
qu’il reconnoît n’être pas celui de la nature
& de la vérité. Mais probablement
RoulTeau n’avoit pas aflTez bien réfléchi
lui-même fur ies règles déduites par Rameau
du principe de la baffe fondamentale
, pour en connoître les véritables
défauts. Il fe trompe, par exemple , lorsqu’il
dit qu’il refulte de ce fyft ‘me un
rempliffage fourd & confus. Il eft bien
vrai que ceux qui font fuivi , à) commencer
par Rameau lui-même , habitués à
ne eonfidérer les accords que comme
complets , fe croient obligés de remplir
toujours leur harmonie , & que leurs ac-
compagnemens font, en général , beaucoup
trop chargés. Mais c’eft un vice
qui leur efl perfonnel 8c qui ne réfulte
pas néceffairement du fyllême, car il ne
préfente aucune règle qui oblige de rem--
plir les accords en entier; il eft au contraire
beaucoup de cas ( & RoulTeau les
remarque lui-même ) où Ton recommande
de rétrancher tantôt la tierce , tantôt la
quinte d’un accord.
Il y a deux chofei à eonfidérer dans le
fyllême de la baffe fondamentale. La première
eft le principe qui naît de la ré-
fonnance du corps fonore, & qu i, en
préfentant tous les accords dans un ordre
direét, les réduit à un très-petit nombre,’
fournis aux mêmes loix. La fécondé efl
la fucceffion de ces mêmes accords , que
Rameau affujettillbit à des règles qu’il re-
gardoit comme des conféquences du même
principe. C ’eil en cela que je crois qu’il
s’efi trompé. La plupart de ces règles ,
en contradiélîon avec la pratique , pro-
duifent au moins autant d’exceptions que
de cas où elles ^’appliquent, & ne_ fer-
P R E L I M x
vent dès lors qu’à embrouiller l’erprit.
Cette difficulté d’accorder la pratique avec
fon fyflême a entraîné Rameau dans placeurs
erreurs, telles, par exemple, que fes
idées fur l’accord de la quatrième note de
la gamme qu’il appelle foudominante, &
dans laquelle op trouve une diffonance
mineure qui fouvent ne defeend pas , contre
le principe qu’il avoit établi. Cette
difficulté Ta engagé à créer une nouvelle
elpèce de diffonance majeure qu’il fait
monter. Il a cru devoir aulfi regarder cet
accord comme fondamental, quoiqu’il préfente
la face d’une fixte, & il a imaginé
une expérience dont la fauffeté eft démontrée;
favoir, que fi une corde pincée fait
frémir & réfonner fit quinte en dellùs ,
la quinte en deffous de cette même corde
frémit fans refonner.
Ces loix de fucceffion, imaginées par
Rameau , font d’ailleurs très-infuffifantes,
La pratique préfente un très-grand nombre
de cas dont elles ne fauroient rendre rai- i
fon. C’efl, je crois, ce que RoulTeau auroit
dû faire remarquer avec foin , & ce qu’on
ne trouve pas dans fon ’Didionnaire. J’ai
tâché d’y fuppléer. En adoptant du fyllême
de la baffe fondamentale ce qui Amplifie
les règles de l’harmonie , & ce qui ne
peut être conteflé; j’ai combattu tout ce
que je n’ai pas trouvé d’accord avec la
pratique, & , plus attaché aux loix de la
raifon qu’à celles d’aucun fyflême , j’ai
cherché à rendre clair & facile tout ce
qui m’a paru obfcur & embarraffé. La
fcience de la mufique , née en grande
partie du tâtonnement , efl celle qui a le
plus de befoin d’un examen philofophique
pour la dégager de ce fatras de règles
I N A I R E.
arbitraires & de préjugés fous lefquels
elle a gémi jufqu’ici.
Tout ce qui peut fe faire en mufique ;
tout ce qu’ont pratiqué avec fuccès les
maîtres les plus célèbres , efl ce que j’ai
déliré de faire connoître. C’eft pour cela
que je n’ai voulu m’attacher de préférence
à aucun fyftême ; mars il étoit de Teffence
de cet ouvrage de les faire connoître tous.
Celui de Pythagore , qui m’a paru celui
de la nature & de la vérité devoit fur-tout
y paroître avec tous fes développemens.
M. l'abbé Feytou , dont j’ai déjà parlé ,
qui Ta fort approfondi g qui a fu fe concilier
en grande partie avec notre fyftême
moderne , & qui en a déduit ces règles
courtes, Amples & faciles qui feules peuvent
fatis faire les bons efprits, s’efl chargé
de traiter tous ies articles auxquels ce
fyflême peut avoir rapport.
M. Ginguené a fuccédé à M. Suard pour
la partie hiflorique , & il ne s’efl pas borné
à Thifloire de la mufique chez les diffé-
rens peuples ; il y a joint celle de divers
objets qu’il a entrepris de traiter. Ainfî,
par exemple, dans les articles cantates ,
chanfons , &c. M. Ginguené a fuivi ces
fortes de compofitions depuis leur origine
jufqu’à nos jours , & il en a marqué les
progrès chez les nations qui les ont les
plus cultivées, avant de tracer les règles
qui leur font impofées par le goût.
J’ai confërvé de l’ancienne Encyclopédie
avec les fupplémens tous les articles
qui m’ont paru intéreffans, foit par
leur objet , foit par la manière dont ils'
font traités, foit pour fixer les différentes
époques de la mufique , &c. On y trouvera
beaucoup de recherches de M. de