
130 6 A S ^
'Rouflbau fpécifie bien le cas où la iaffc-foniathch-
tale monte diatoniquement après une feptième diminuée
; mais il ne dit pas que ççtte baffe en quit-
tant une tonique , defcend tres-bien d un femi-ton
pour porter cette efpèce de feptième., Ce cas cependant
eff fort ordinaire. Il eft explique dans 1 txp.fi-
tion de U théorie & de la pratique de U mufique , par'
Bethify, page 96 , ex. 2 7 , où la baffe-fondamentale
fait ce mouvement.
la fol H la.
On fait de plus qu’à l’imitation de cette feptième
diminuée , réfervée au mode mineur, on pratique'
suffi dans le mode majeur une feptième fur la note
fenfible, à laquelle on va de la tonique, & qui
retourne de même à la tonique; ainfi la baffe-fondamentale
y fuit cette marche :
I Ut fi ut.
Ce qui fait bien deux-fécondés de foite, par conféquent
des intervalles diffonnans. Il eff vrai que
les élèves de Rameauj condamnent cet accord ;
mais il 11e l’eft pas moins que tous les compofiteurs
le pratiquent, & qu’il fait très-bien à-l’oreille. Il
faut jjien finit P3'' l’admettre, ne fût-ce qu’à titre
B A S
de licence. Ils en ont déjà tant d’atiîres ! itfais Vô’i i
■ bien plus : c’eft une baße -fondamentale qui defcend
de fix degrés diatoniques portant accord
parfait. Nous trouvons cet exemple, dans le 8 i c .dit
Fivre de Bethify déjà cité. L’explication en eft à la
page 163. Les pârtxfâns du fyftême diront tout ce
qu’ils voudront ; mais cette fuite de fixtes et tierces
fi fouvent employée par les bons auteurs ne
peut'être que le renverfement d accords parfaits ,
8c par conféquent ne peut s’expliquer, que par une
progreftion diatonique de la baffe-fondamentale. 11
! ferait trop extravagant de fuppofer à cette marche
des diffônnàncès qui n’y fontpas,j)Our le feul amour
j du fyftême. L’oreille, nous le répétons, ne peut
! fous-entendre des Tons quelle n'entend point du
A ces preuves:, tirées des partifans de la baffe.
fondamentale, veut-on en joindre d’autres puifées
dans de bonnes partitions ? Analyfons les premieres
mefures du ftabat de Pergolefe, dont la pureté
harmonique eft reconnue par tous les compp-.
Le "ton eft fa mineur. Voici le paffage. Nous
tranfportons le fécond violon a-loétave au-deffous
pour plus de clarté. L ’eftet en pourroit etre change a
mais l’harmonie eft la même.
Le premier grouppe delà baffe marque l’accord
parfait qui détermine le ton & le mode. Sa B. F.
eR.fa- . . .
Le fécond Trappe l’accord fenfible ; & quoiqu’on
y trouve une quarte ou onzième, nous ne
devons-pas nous y arrêter, puifque ce n’eft quuii
prolongement du f 1 de l’accord précèdent. Lefond
de l’harmonie n’en eft pas moins ut mi tj t oi , oc la
B F ut, dominante tonique. 11 eft inutile ici de dire
pourquoi l ’auteur n’a -pas fait entendre la fepueme
f i l dans ceraecord.
Le troifième grouppe qui commence la fécondé'
mefurê , eft encore raccord parfait de la tonique
ce qui a. produit une cadence parfaite. (V o y e z Cadence.
) La baffe-fondamentale eft de meme un fa.
Nous difons que c’ eft un accord, parfait, malgré
le fol du premier violon qui n’eft qn un prolongement
de l’accord précédent, & qui ne retarde
que pour le premier tems cet accord.
Mais que fêra-ee enfuite que ce mi devenu
fcémol au-troifième grouppe, & qui porte feuler
«nent fol f i b ? Nous le défignons par un A. N eltce
pas un accord parfait ? & fi oh ne peut lut Cdn-
tefter ce caraftère , y a - t - i l quelque note;'de
; liaifon entre, fa U b u t , & mi b fo l fib ? La
I baffe peut-'elle être autre que la baffe eontt-.
j nue ? Et ne voilàrt-il pas une -baffe-fondamentale
qui defcend d’un degré diatonique, intervalle
diffonnanf ? Ne voilà-t-il pas deux accords parfa.ts
de fuite fans aucune note de liaifon r Quand on
; voudroit ajouter un ré bémol à cet ^accord, pour
î le rendre dominante tonique du la betnff qui luit,
& avec lequel il feroit cadence parfatte, il n y
| auroit pas plus de liaifon, & la baffe findamen-
taie n’en defceridroit pas moins d un degre diatonique.
, t
Dira-t-on que la baffe fondamentale de cet accord
n’eft point un mi b ; que .c’eft un ut ; que
cette baffe eft“ défcendue de quarte , portant ac-
cord de feptième ut mi fol f i b » pour defcendre
enfuite de tierce fur le la b ? Mais fi cela etoit,
le f i b, faifant feptiéirie , paroîtroit fans etre préparé'
D ’ailleurs il n’y .a point d'ut dans cet accord
; Pergolefe auroit été probablement fort étonne
fi on lui avoit pfbpofé d’y en mettre un.
' B A S
'-Aroit vôtilu qù’il y fu t , au lieu de doubler le
mi b Comme il l’a fait dans la v io le , il auroit
confèrvé cet ut de l’accord précédent qui lut au-
voit encore fait liaifon dans l’accord luivant. Mais
îl n’a eu garde. Si donc Y ut n’eft pas^ & ne fau-
roit être entendu dans cet accord , n’eft-ce pas
confondre étrangement toutes le* idées -que de
regarder comme un accord de feptième celui^ qui
ne contient aucune note à la feptième d une
autre ? A
On voudra: rèfoudre encore ce problème , en
difant que le grouppe de fa qui commence la
nicfure , ne porte point l’accord parfait fur le ;
-fécond tems ; mais l’accord de fixte quinte.,
la b ut mi'b fa , qui rend cette note ’fous-dominante
du mode de mi b qui paroît ici. Mais ■
{1 ç’étoit l’àccofd de fous-dominante ,, le mi b feroit
•exprimé. L’auteur l’auroit d’autant moins oublié
•qu’il 'feroit liaifon entre les deux: accords, & U
rauroit mis . à la viole. Si ç’étoit l’accord de fous-
dominante , le fa en feroit la diffonnance majeure,
& par conféquent fer oit-obligé fuivant les règles
de la baffe - fondamentale, de- monter fur le fol.
Or ce fa, qui paroît dans la baffe , defcend fur
le mi b , & celui du premier violon monte de
quarte fur le f i b , cë qui ne peut jamais être
une manière de faiiver une dinonnance.
Rouffeau & les partifans de lar bafj'e-fondamentale
, difent que cette baffe ne fert qu'à juftifier-
l’harrfionie, qu’elle ne fauroit être exécutée, &. que
fouvent elle feroit un mauvais effet ; cela vient
de ce que pour faire plier tout à ce fyftême on
fait de fauffes baffes , & qu’on y emploie des
notes qui ne font pas dans l’harmonie. Sans cela
comment concevoir qu’une note qui doit réellement
faire partie d’un accord , pût faire un mauvais
effet fi elle y étoit entendue ?
Réfumons. La baffe- fondamentale marche par
tous les degrés çonfonnans. Elle marche aufli par
degrés diflonnans , favoir de fécondé , de triton,
de fauffe-quinte , de quinte fuperflue & de feptième
, de l’aveu même des partifans de ce fyftême.
La liaifon qui fert à rendre l’harmonie plus
douce,' n’eft pas- effentiellement néceffaire , puif-
qu’elle ne fe trouve pas avant ni.après une feptième
diminuée, avant ni après la feptième pratiquée en
majeur fur la note fenfible , ni toutes les fois que
la baffe defcend diatoniquement après un accord
•parfait ; donc toute efpece de progreftion eft per-
mife à la baffe-fondamentale ; donc le fyftême qui
lui eh prefcrit une bornée , eft faux & ne fert qu’à
reftreindre les procédés de l’art.
• Ainft la feule- .loi que. l’on puiffe prefcrire à la
haffe-fondamentale , eft que toutes les diiïonùanees
-qui ont befoin de préparation , puiflent être p^épa-t
irees- H faut aufli quelles puiffent être'fauvées \
mais les moyens en font plus multipliés qu’autre
«ois. .O r , toute méthode enfeigne les mêmes ré!
gles.yil n’y .a pas befoip pour" cela de hnffe-fonda-
Mf/itaje,
B A S 131
Tout Ce que nous venons de dite rfôus difpen-
fe d’un plus long examen de l ’article de Roufteau ;
quoiqu’il avance que tout morceau dont la baffe-
fondamentale ne feroit pas conforme aux loix qu’il
a prefcrites d’après Rameau , ne feroit pas bon , il
ne feroit pas difficile d’en citer plufiéurs reconnus
excellens, où prefq’ue toutes ces prétendues règles
font bleffées.
L’article ajouté à. celui de Rouffeau, dans l’an*
demie encyclopédie, contient aufli quelques règles,
mais encore plus infuffifantes. Voici celle que l’on
y donne pour la baße- continue„
Réglés de U baffe continue. La baffe continue n’eft
qu’ilne baffe fondamentale, renverfêe pour etre plus
chantante. Ainfi dès que la baffe fondamentale eft
faite, on trouvera une baffe continue par le renverfe-
ment-des accords. V o yez accord. Par exemple, cette
baffe- fondamentale monotone ut fol ut fol ut fo l ut ,
peut donner cette baffe continue plus chantante ut f i
ut re mi fa mi. La baße continue n’eft obligée de le
conformer à la baffe fondamentale, que lorsqu’elle ,
-approche des cadences , ou qu’elle s’y termine. La
baffe continue admet auflt les accords par fuppqfition.
Voyez accord & fuppofition. Toute note qui porte
dans la baffe continue l’accord de fauffe quinte , doit
monter enfuite diatoniquement toute, note qui por-
' te l’accord de triton, doit defcendre diatoniquement.
Vey ez fauffe-quinte & triton. On trouvera les raifons
de toutes ces règles à leurs différens articles.^
Nous n’y remarquerons que cette règle qui oblige
la note portant fauffe quinte , de monter diatoniquement
, & la note portant triton, de defcendre
aufli diatoniquement. Cela eft vrai en général,
mais il y a un grand nombre d’exceptions à cette
regle. On les verra aux mots FAUSSE QyiNTE ßc
TRITON. (M- Framery. )
Basse fondamentale. Rameau fentoit bien-
le mérite de cette b affe, lorfqu’il l’annonça
comme■ l'unique bouffole de l oréille , comme Ie
guide 'invifible du muficien , qui Va toujours conduit
dans fes produirions , fans quil s'en Joie ap"
pirçu. f Générât, harmon. Préface. ) Cela eft ab-
fôlument -vraij mais il s’en faut beaucoup^ que
. cela- foit démontré. Aveuglés par un préjugé
-d’artiffës ,.ni Rameau -, ni Tartini, ifofêrent peiv
fer qu’il y eût dans la nature , d autre gamme
que celle qu’ils; avoient àpprife dès leur enfance ;
ni d’autres règles que celles qu’ils, avoierit pratiquées
toute leur vie avec ta.pt-de fucces. Delà
ft arriva qu’au lieu de faire, fortir iipiiiédiatement
de la réfonnance du corps fonore le véritable
.fyftême harmonique , .ils fe contentèrent de la
faire fervir à l ’ejçplicanon de quelques phénomènes
du fyftême .moderne. Epcore lepr tentative fût-
elle fi maladroite , que vingt-ans après l’e^cpo-
, fltjon c\e leur découverte , M. Dàniël Bçrnouftu
hioit encore que la réfonnance du-.corps, fônore
fût propre à affcou une théorie muflcaie. ^
• Pour avancer fans témérité une propofttioÂf
K ij