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'l’Europe , où l’on n’en exécute prefqûè plus
d’autres.
Différentes caufès ont produit & accéléré ee per-
Fe&ionnement extraordinaire de la mufique inffru-
aiïejatale en Allemagne, Le premier eft le grand ufage
.■ qu’on y a toujours fait de l’orgue dans les églifes.
Cet inffrument demande , pour produire de grands
effets, une grande connoiffance du contrepoint,
de la fécondité & de la rapidité dans les conceptions.
Dès les premiers tems , il y a eu en Allemagne
des organiffes célèbres , qui ont formé dès
écoles , 8c dont les leçons & les ouvrages ont
contribué fur-tout à étendre Létude & le goût de
l’harmonie. Les noms de Mathefon de Kuhnau ,
de Handel, de Bach & de quelques autres font encore
célèbres parmi les organises. Le goût de l’orgue,
8c l ’art d’en jouer eft tombé aujourd’hui '
prefque par-tout.
Une antre caufe des progrès de la mufique inffru-
mentale , e’eft le goût que les différents fouve-
rains d7 Allemagne ont eu pour ce genre , & le grand
nombre de virtuofes qu’ils fe plaifoient à raffem-
bler pour leurs concerts. AugufteH, roi de Pologne
8c éle&eur de Saxe avoit r an commencement
de ce fiècle, l ’orcheftre le plus, nombreux
8c le mieux compofé qu’on eût encore vu nulle
part. C ’eft de fon exemple qu’eft née cette émulation,
remarquable qui a produit depuis les orcheftres
célébrés de Vienne, de Coblents, deManheim,
de Munich, de Stutgard : c’eft là que fe font formés
les Wauhall, les Ditters ,. les Wagenfeil., les
Stamitz, les Toefchi,les Canabitch,.lesSchroeter,
les Haydn & tant d’autres fymphoniftes dont les
innombrables comportions font connues, de tous
les amateurs. Stamitz eu peut-être celui qui a le
plus contribué à former le goût aéîuel des comportions
allemandes. Il y a mis fur-tout ce clair obf-
«ur, c’eft-à-dire , ces contraires heureux de doux &
de fort qui ne tiennent pas feulement à l’exécution,
mais, à Lefiprit même de la compoûtion. Il y a dans
l’es pièces de Wagenfeil, quoique déjà anciennes ,
des morceaux d’expreflion qui feront toujours d’un
Bel effet lorfqu’ils feront, exécutés avec le goût dans
lequel ils ont été faits. Toefchi, a mis dans fes fym-
phonies un mouvement, une chaleur, & fur-tout
un jeu favant dè modulation , en faifant paffer fuc-
cefïrvemenr le même motif d’un infiniment à un
autre, & par dés tons divers. Tous ces différents
fymphoniûes ont un caraâère & un mérite propre ;.
mais, il faut en convenir, tous, le cèdent à l ’iné-
puifable Haydn pour l’invention 8c l’originalité. 11
réunit toutes les reffources de lafciènce aux:charmes
du-goût : il efï noble & g a i, plein- de grâce &
de force /impie avec une variété infinie , 8c il réunit
aux tournures de chant- lès. pins aimables, les:
plus.grandS: effets-d’orchefire.
Allemagne a; rempli l’Europe d’une foule de:
« Roïde Prufle , Benda , Wendling, pour Ta flûte^
Fifcher, pour le hautbois ; Schwartz , pour le ba£
fon ; Rodolphe , Punto , pour le cor. de chaffe ;
Holtzbaiier 8c Krumpholtz , pour la Harpe ; Ko*
haut, peur le Luth ,-5cc.
Virmofes du premier mérite dans tous les genres.,
Mous nous contenterons de citer Stamitz, Cramer.,
&. Lolii ^poiir leviolon ^Quantz-^le maître du feu: J
Nous ne parlerons pas d’iine foule d’excellents
1 joueurs dé ciav.ecin & de piano-forte. On connoît,
; fùr-toutà Paris , les talents des Eckart, des Huî-
| mandel, des Edelmann, des Adam,. des. Cra*
mer, 8cc.
L 'Allemagne a même fermé des chanteurs 8c des
cantatrices dans le genre italien , admirés , même
en Italie, & applaudis flir tons les théâtres de l’Eu*-
r ope : nous ne citerons, que Graun & Raffe, & mesdames
Tuberinn , Mengotti ,. Mara , Cramer
D a n z y , 8cc.
En nommant tant dè talents célèbres d'ans fous
Tes genres, nous n’avons que la crainte d?en oublier
beaucoup, d’autres également eftimables. Mais
nous femmes bien loin d’avoir e u , pour rendre
cet article complet, tous lès renfeignements que
nous aurions denrés.
Parmi les fervices que Tes: allemands ont rendus
à la mufique, nous ne devons pas oublier les inventions
précieufes & multipliées qu’on leur doit pour
la perfection des différents inftrumentsdè mufique.
Nous leur devons, l’ufage des clarinettes 8c des cors
; dans les orcheftres, 8c les plus grands perfeCHonne-
ments du clavecin , du piano-forte 8c dé la- harpe.
Une 'grande partie de nos fadeurs de clavecin font
allemands. La flûte ,fernommeé allemande, montre
fon origine y 8c Quantz y a ajouté de notre tems
une clé.
On attribue à un marchand de mufique de Léip-
fick , nommé B r e itk o p ft l’invention des premiers
caraâères pour l’impreffion de la mufique ; mais
cette invention a été réclamée par un. de nos imprimeurs.
Enfin*, on doit aux-allemands un grand nombre
dè bons ouvrages fur la théorie 8ç la pratique de l'a,
mufique. Sans parler d’une foule de traités fer Ta
mufique- ancienne 8c fur celle d’églife ,. ainfi que
fer les- controverfes relativês au contrepoint, qui
ont divifé 8c occupé de favants hommes pendant
deux fiècles , fur-touten Italie 8T en Allemagne-,
nous citerons le Gtadus ad Parnajfum de FuX, qui
eft encore le livre élémentaire des écoles d’Italie;
- Vhifioire de la mufique 8c des lettres inftruCtives fer
différentes parties de l ’ar t, par Marpurg , maître.de
chapelle dè Berlin ; plufieurs traités de Kirnberger,
■ qui a fondé une école , 8c a fournis à un fyftême
nouveau tous les principes de l’harmonie , 8cc;
s Quelque incomplet que feit cet article il nous-
fémblè qu’après 1?avoir lu , on doit voir, avec quelque
fùrprife, ces déclamations frivoles-8c Lnconfi-
déré es contre la- mufique allemande , le goût <|pî-
• mand, aùxquellès a pu feul donner lieu le défit, d’at-
: taquer u n homme'de génie qui eff venu déranger
de petites, théories muficales trop peu réfléchies &
trop-prématurées«.. Nous, tranfcrirouS' ic i quelques
A L T
^fierions-fltr ce fujet ,"écrites précédemment par
l’auteur de cet article.. . . H
. « Dans le dernier fiecle , le jéiuite Bouhours ie
; rendit ridicule pour avoir prôpofé en problème y
fi m allemand pouvait être un bel efprit.. O n s eft.
moqué de lui dans, toute l’Europe ; mais en Allemagne
, &n a pris la chofe plus iéiieufemertt. Vous
' ne concevez pas combien ces fortes de réflexions
[ nationales excitent 8t nourriffent les haines de
peuple à peuple r 8c prodüifent fouvent de grands
1 maux. On a vu des bourgeois d'une petite ville.
( de Saxe citer , en haine des françois ,. le mot du
K pere Bouhours: On a vu , dans la dernière guerre Y
■ égorger , dans un village, d'Allemagne,. la moitié
| d’un petit détachementpar la fuite de l’impei-ti-
i nence d’un officier ftançois , qui s’étoit a-mufé à
m contrefaire publiquement les manières des alle-
I inands. En attaquant cet ancien ridicule , je ne fais-
[ que répéter ce que difent depuis long-tems tous les
î bons efprits 8c les gens fenfés de votre nation >5.
et Mais l’accufation .du jéfeite étoit bien, peu de-
chofe.. Lesalkmands pou voient renoncer fans peine
t àu frivole mérite du. bel efprit, qui confiffe plus;
| dans la. tournure que dans les choies^ Mais que répondre
à ce bel efprit françois qui vient difpiueE
aux allemands le goût de la mufique ; qui dit avec
une fine ironie , que Gluck étoit célèbre em Alie-
j. magne ; qui parle avec dérifion du. goût allemand T
des modulations tudefques
« Comment peut-on ignorer que, depuis plus de
cent, ans ie goût de la mufique 8c de la bonne mu-
[ fique italiênne eff généralement établi en Allemagne
& , feivaiat même l’avis de phifieurs gens
de goût italien,. s’y eff confervéplus pur 8c plus-
auftèro qu!en. I talie même ; qu’on y exécute plus-
de mufique italienne, qu’en Italie ; que les plus
grands compofiteurs 8c virtuofes italiens y ont paffé
une partie de. leur vieÿ qu’une grande partie des
ouvrages des Scarlat-i, .des.Vivaldi, des Corelli-, &c.
• éff dédiée à des princes d’ Allemagne ; que , depuis
Léopold II juiqu a Jofcph I I ,. les empereurs ont
aimé 8c cultivé la.mufique,.ont appelle à. leur cour Y.
protégé 8c récompenfé en grands monarques-, les
grands maîtres de l’Italie;, que c’eff pour Y. A lle magne
qu’Apoftolo Zeno 8c. Metaftazio ont compofé'
la plus- grande partie de: leurs-opéra ; que les-
allemands font au. moins, après- les italiens, le
peuple le plus fenfible 8c le plus exercé à la mu-
uque.. Eft-ce à un françois qu’il convient de parler-
avec mépris du. pays qui a produit les Handel, les
Graun-, les Haffe , les. Bach, les Wagenfeil, les?
Haydn., 8c tant d’autres compofiteurs 8c de virtuofes
vivants qui font applaudis 8c recherchés dans
toute l’Europe r Les confervatoires- d’Italie ont tou-
purs été remplis d’allemands ; 8c c’eff dans l’excellent
ouvrage de l’allemand Fux que les italiens apprennent
les règles de' la compofition. Les allemands
auroient-ils donc- quelque chofe à envier à.
eet:êgard aux françois qui font celui des peuples qui-
gatoiffent avoir L'oreille la. moin&muficale ,, 8c. qui.
ont été les derniers de l’Eoropé à adopter le bort.
goût de chant que les italiens ont répandu par-;
tout». ( M. Suard. }
ALTAMBOR. {luth.) Nom que. les Efpagnols
donnent à une efpece de timbales a fi ez grandes -
c’eff des mores qu’ils ont pris- l’inffrument 8c le
nom, {M. dejuafi.lhon.)
ALTÉRÉS { intervalles.) On d'evroit d’onner «e
nom à tous les intervalles qui reçoivent une altération
quelconque , feit. par l’élévation-, foit par
l’abaifïèment de Lune des notes qui les compofènt-
dans l’ordre diatonique..
On nommeroit alors intervalle altéré, non-feu-,
l.ement ceux, qui font.diminués ou fuperfius , mais
ceux même qui ne deviennent majeurs ou mineurs
que par l’altération de l ’une de leurs notes conf-
titutives: Lfintervaile- de' té à’ fa # , ou celui d’ut
xmi b feroient nommés ainfi comme L’intervalle;
de ƒ b à ut -, ou celui dey? à m jj.
Ce mot n’a point été employé jufqu’îci dans;
ce fens 8c avec cette étendue ; il ne fe trouve
même dans aucun vocabulaire de mufique.
Les italiens appellent altérés les inrervaMes que
nous nommons avec plus, de juftefle , fuperfius.
Ils difent une fécondé altérée, une- tierce altérée
une quarte altérée, & c ; pour une fécondé
une tierce , une qiiarté feperflues.. V o y e z le
pere Martini, E f f ai pratique & fondamental du contre
point, p. xvj 8c xvij, de la préface. (M. Ginguené.)j
A L T O - V IO L A , ou fimplement A L T O „
iîiftrumeiit- de mufique nommé auffi Viola % Violé„
Quinte. (V o y e z Quinte.)
ALTUS. Voyez Haute-Contre. ( J. J. Rouffeau.)
AMA-BTLE y adj. pris adverbialement'. {Mufique)]
Ce mot italien , à la tête d’une piece de mufique ,,
indique qu’il faut l’exécuter d’un mouvemenc
entre l’andanté 8c l’adagio ,.en nourriffanrles fous;
avec douceur, d’une façon aimable,, fi. j e puis m’exprimer
ainfi. { M. de. Cafiilhon. )
*' Nous n’avons employé ce mot que parce-
qu’il fe trouve dans l’ancienne Encyclopédie ; iE
faut bien que l ’auteur l’ait rencontré , puifqu i l em
a fait un- article ;- quant à nous , il rie nous fou—
vient pas de Lavoir vu fer aucune, partition italienne.
{M. Framery)-
AM A TEU R , celui qur, fans être mnficièrr de?,
profeffion, fait fa partie dans un concert pour fon'.
plaifir 8c par amour pour la mufique. On appelle;
encore amateurs ceux q u r fa n s favoir 1a mufique;
ou du moins fans l’exercer-, s’y connmffènr, oui
prétendent s’ÿ connoître, 8c fréquentent les- concerts.
Ce mot eff traduit de. L italien, dilettante.
( /. J. Roujfeau.).
A mateur. Si lvon etendoit aüjourd.’Hùi ce titre:
à tous ceux qui, fans favoir la mufiqpe ÿ s 'y con-
noiffent ou prétendent s’y connoîtte * on ne^pbur-
roit plus,, poitt ainfi. dire y» refefer. à perionne ^