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ut & re , mais fa & fo l le fo n t , & îî me femfcrle
que pour favoir fi des degrés font conjoints ou
non, c’eft de deux en deux qu’il faut les comparer.
En un m o t, la gamme eft compofée de fept
degrés. Ceux qui fe fuivent immédiatement dans
l ’ordre de l’échelle font conjoints. Ceux qui ne fe
fuivent pas immédiatement dans cet ord**e font
disjoints. î
Ainfi ut re , re mi, fx l la , f i ut, comparés de
deux en deux, font des degrés conjoints ; ut mi,
mi fo l , font disjoints.
Je ne puis m’empêcher de croire que cette explication
eft plus fimple & beaucoup plus claire.
( M. Framery- )
CONJOINTES, f . f . Tétracorde des: conjointes.
(V o y e z Synnèmènon. ) ( J. J. Roujfeau. )
• CONNEXE, adj. Terme de plain-chant ( V oyez
Mixte.') [ J . J. Roujfeau.')
CON Q U E , Les anciens fe fervoient de cette
coquille au lieu de trompette| comme il eft clair
par une quantité de pafiages des poètes.
( M. de Cajiilhon. )
CONSÉQUENTE, f . f. En italien confeguente
ou ccnfeguença. C ’eft ainfi qu’on appelle , dans les
canons , les fugues , & tous les morceaux ou l’on
pratiqtie l’imitation, la partie qui fuit la première
& qui en imite note à note le chant & les mouve-
mens. Cette première s’appelle en italien la guida.
Les François employent plus ordinairement pour
cette première les dénominations de motif, deffin,
fujet, demande, propofition ; & pour la.fécondé,
réponfe ou réplique. Les mots conféquente ou confé-
quence, nous paroiflent donner une idée plus jufte
de la rigueur avec laquelle cette fécondé partie doit
fuivre la première dans l’imitation.
(AJ. Framery.)
CON SER VATOIRE ./ m. ( ItakGonferv&tono.)
C ’eft le nom qu’on donne en Italie aux écoles
publiques de mufique, fans doute parce qu’elles fiopt
deftinées à propager cet art & à le conferver dans
toute ’ fa pureté.
Les confervatoires font des fondations pieufes ,
des hôpitaux entretenus par de riches citoyens ,
les uns en faveur des enfans trouvés , les autres
pouf des orphelins ou des enfans de parens pauvres.
Il y font logés , nourris, entretenus , inf-
truits gratuitement. On y admet suffi des élèves
qui paient penfion, de forte que foutes lés claffès
de citovens peuvent y a'ier chercher une éducation
muficale, qu’on préfère de beaucoup aux
leçons particulières. S’annon er pour élève d’un
confervatoire , c’eft donner une préfomption fa
von’îble de fon talent.
. Il eft à remarquer que les théâtres & les églifés
tirent ■ également des confervatoires les fujets dont.
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ï ils ont befoin. Les moeurs de l’Italie ne fox&
point bleffées de faire fervir les deniers de la charité
à former des aéle r. & des aéfrices , & tel élève »
prêt a çhoifir un état , peut balancer quelques
jours s’il fera métier de chanter l’opéra bouffon
1 ou la ïheTe.
Il y a trois confervatoires à Naples , pour les
garçons ; il y en avoit quatre à Venife , pour les
niles. Ceux de Napies font , S. Onofrio- , la
■ P ie tà , 6* Santa Maria di Loretto- Ce dernier , le
plus fameux , conferve le fouvenir d’avoir eu
pour maîtres Lto & Durante , & d’avoir forme
pour élèves , les T met ta , Piccinni y Sachini,
Guglielmi , AnfoJJj, Paijiello, & c .
Il y a environ 90 élèves à S. Onofrio, 12.0 a
la Pietà , & 200 à Santa Maria di Loretto.
Chacun d'eux a deux maîtres principaux, dont
l’un enfeigne la compofition , c i l’autre l’art du
chant. 11 y a en. outre, pour les inftrumens, des-
maîtres externes , qu’on appelle Maefiri Secolan',,
ils enféignent le violon , le violoncelle, le clavecin,
le haut bois , le cor, &c. Un maître pour
chaque infiniment ; mais feulement pour les inftr.u-
mens ufités dans les orcheftres.
On admet les enfans aux confervatoires , depuis
l’âge de huit ou dix ans jufqu’à vingt. Il y font
engagés ordinairement pour huit ans , à naoins-
qu’ils n’y foienr entrés dans un âge un peu avancé
mais alors leur admiffion eft a fiez difficile , Sc
elle n’a lieu même que dans le cas. où ils feroient
déjà bons muficiens.
Lorfque les. jeunes gens ont pafle quelque-
temps au confervatoire , fi on ne leur découvre
pas de difpofitions , on les renvoie pour faire
place à d’autres. Quelques-uns de ceux qui ont
fini lem^temps y reftenr pour enfeigner les plus,
jeunes ^mais alors ils font libres, & peuvent
fôrtir quand il leur plaît*.
On demandera peut-être comment un feul maître*
pour la compofitioncomment un. feul pour le*
. chant y peuvent donner leçon à deux cents élèves..
On pourra, croire qu’un grand nombre pafle fouvent
plus de huit jours- fans en recevoir ; on fe tromper
oit. Chaque écolier reçoit , chaque jour une-
leçon au moins d’une heure , dans chaque genre
& voici comment on s’y prend
Le maître choifit quatre ou cinq des plus forts
élève; : il les exerce tou r-à-touren préfence l’un de
l’autre avec le plus grand foin. Quand cette leçon
eft donnée , chacun des élèves qui l’a reçue la rend
à fon tour à quatre ou cinq autres d’une claffe
inférieurë , & fous l’infpeéUpn du maître. Ces
féconds écoliers en font autant , & la leçon fe
propage ainfi jufqu’aux derniers rangs. Parmi tous
les avantages fenfibles de cette méthode , il faut distinguer
ceux c i , qu’en même-temps que les. élèves,
s’intruifent dans l’art mufical, ils apprennent, à.
c o N
enfeigner lès autres ; qu'ils ne peuvent écotïîër
légèrement les préceptes qu’011 leur donne fans,
que le maître s’apperçoive à l’infiam même de
leur négligence ou de leur dïftraéfion-, & que
les principes de l’art ainfi reçus & rendus au
même moment fe gravent dans leur efprit de
manière à ne jamais s’en' effacer.
Les élèves des confefvatoires ôift de temps en
temps des exercices où l’on admet des auditeurs.
Ils confiftent en concerts , en orafori , & meme
en petits opéras , compofés & exécutés par eux-
mêmes. Ils' font aufîi le fervice des églifes , ce
qu’on appelle Funfioni ; ils y chantent des méfiés ,
des pfeaumes, des oratoires, & ce qu’ils gagnent
retourne à la maifon. C ’eft un de fes revenus ,
& il eft beaucoup plus confidèrable qu’il ne
pourroit l’être en France ; il n’y a prefquè pas
d’églife en Italie qui n’ait de la mufique.
Leur régime intérieur offre encore des particularités
remarquables. Us font tous vetusen uniforme,
les tins en bleu , les autres en blanc. Us couchent
tous & étudient dans la même falle. On conçoit
difficilement comment ils peuvent-s’entendre en
exécutant chacun des morceaux d’un mouvement,
d’un ftyle&dans un ton differens.M.Burney, auteur I
Anglois d’une hiftoire générale de la Mufique,
& qui a entrepris pour cet objet un voyage en
Italie , publié en 17 7 I , fait une defeription curie
ufe de fa vifite au confervatoire de S. Onofrio.
On fera peut-être bien aife d'en trouver ici la
traduélion.
a J’allai ce matin, d i t - i l ( vendredi 31 oftobre
53 I770 ) à ce confervatoire pour Vifiter les fiailes-
3» où ces jeunes gens étudient, couchent & mangent.
33 Sur le pallier du premier étage ètoit un joueur
3» de trompette , faifant crier fi foit fon inftrüment
?> qu’il étoit prêt d’en crever. Au fécond étoit
3> un cor beuglant à-peu-près de la même manière.
3» Dans la falle commune des études étoit un
3> concert HoLlandois , confiftant en fept ou huit
3> clavecins , un plus grand nombre de violons &
3> diverfes voix , tous exécutant des chofes dif-
'33 férentes & en diffèrens tons. D ’autres élèves
3? écrivoient dans la même falle ; mais comme
3> il étoit fête , un grand nombre de ceux qui
3> travaillent ordinairement dans cette falle- en
s? étoient alors abfens. 11 peut être convenable pour-
33 la maifon de les réunir ainfi tous enfemble ;
33 cela doit accoutumer les élèves à être fermes
3î fur leur partie, quelle que f it celle qu’ils
3) entendent exécuter en même - temps ; ils
33* doivent encore y gagner de la vigueur, étant
» obligés de jouer fort pour s’entendre eux-mêmes;
33 mais au milieu d’une telle confufion , de cette
33 diflonance perpétuelle , il eft abfolument im
33 poffible quils donnent à leur exécution un
» Certain degré de délicatefie & de fini; de-là
33 cette dégoûtante rudeffe fi remarquable dans
» leurs exercices publics, & ce manque abfolu de
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n goût* de netteté, d’expreftion qu’on reproche
33 à ces jeunes muficiens, jufqu’à ce qu’ils les aient
33 acquis ailleurs.
( On pourroit obferver à M. Burney que ce
n’eft peut-être pas une fi mauvaife méthode de
donner aux écoliers de la force avant de leur donner
du goût. C ’eft leur affaire enfuïte d’attraper
d’eux-mêmes cette délie a te (fe 6* le fini qu’il defire ,
& qu’ils ne manquent guères de trouver, comme
l’expérience le prouve. Aflùrément an n’accufe pas
les muficiens italiens , quoiqu’élevés prefque tous
aux confervatoires , de manquer de goût. En leur'
laiflant le foin dé s’en former un eux-mêmes , a»
fortir des écoles, ils prennent une manière qui leur
eft propre. S’ils la recevoient des maîtres, ils ne
feroient. peut-être plus que des imitateurs. C ’eft le
défaut des écoles de France ; on veut que les
élèves montrent du goût, avant même de favoir
folfier. )
J3 Leurs lits , qui font dans la même falle, leur
33 fervent à placer leurs clavecins & lès autres inf-
33 trumens. De 30 à 40 jeunes gens qui étudioient
>3 dans cette fa lle , je n’en pus trouver que deux
» qui jouoiènt le même morceau.. . . Les violon^-
» celles s’exerçoient dans une autre , & les flûtes,
33 haut-bois & autres inftrumens à Vent dans une
33 troifième, excepté les trompettes & les c o rs ,
33 qui font obligés de jouer fur les degrés ou fur
33 1* comble de la maifon.
33 La feule vacance pour toute l’année dans ces-
33 écoles, eft en automne, & ne dure que peu de
33 jours. Dans l’hiver , les jeunes gens fe lèvent
33 deux heures avant le jour , & ne cefient d’étu-
33 dier depuis ce moment jufqu’à huit heures du,
« foir , excepté une heure & demie pour le temps
33 du dîner. Cette confiance au travail pendant
33 plufieurs années , jointe à leur génie naturel &
33 à de bons principes, doit en. effet produire de
33 grands muficiens. 33
Les confervatoires de filles, qui exiftoient encore:
à Venife en 1771 , étoient régis à-peu près fur le
même plan, Leurs noms étoient l’O'fpedaU délia-
Pietà {l'hôpital de la Pitié ); le Mendicanti ( le s
Mendiantes ) le Incurabili ( les- Incurables ) , &
Y'Ofpedaletto di San Giovanni e Paulo ( le petit
hôpital de faint Jean & de faint Paul. ) C ’eft de
ce dernier que Sacchini étoit maître en 1770. Ils-
étoient entretenus par les foins & aux dépens*
de riches amateurs, nobles, négocia ns & autres.-
Les filles , févèrement tenues à l’égard des moeurs ,.
y reftoient ordinairement jüfqu’à ce qu’elles fuffent
mariées. C ’étoit une chofe curieufe pour les étrangers
qui affiftoient à leurs concerts, d’entendre’
non-feulement tous les genres de v oix , mais encore;
toutes les efpèces d?inftrumens exécutés par des-
femmes-, fans que le dur toucher de la eontre-
bafle , ni les fons rudes du cor & du bafîbn*
effrayafient leurs poitrines délicates ni leurs foiblé#
doigts^
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