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fervi pour exécuter l’harmonie moderne, font l’or-
<rue & le clavecin. Les touches dont ils font corn-
pofés s’appelloient clefy en latin clavis, foit d’après
quelque rapport métaphorique, foit plutôt à caufe de
leurformeechanpréeparunbout » ■■■■ ■ r
& qui ne refl'emblepas mal à une l
|_(
C ’eft de là qu’on a donné ata clavecin le nom
latin de daveccmbalum ou clavicembalum ; à l’épi-
nette celui de clavicordium, &c. Les Anglois donnent
encore aux touches du clavecin & de l’orgue
le nom de key , clef.
Rien ne prouve mieux que la mufique moderne
n’eft parvenue à l’état où elle eft aujoürd'hui que
par une fuite de tâtonnemens', qu’elle a été inventé
e , pour ainfi dire , au jour la journée , que l’in-
fuffifance aâuelle des trois clefs pour repréfenter
la totalité du clavier. Il s’en falloit de beaucoup que
les anciens clavecins eulfent l’ étendue des nôtres ;
ils ne paffoient guère celle de la voix humaine qui,
dans ce tems , n’étant jamais forcée , ou ,' fi l’on
v eut, n’étant pas a fiez cultivée ,'fe trouvoit renfermée
dans trois oâaves. Ainfi, les baffes-tailles,
c’eft-à-dire, les voix les plus graves alloient du fa
d’en bas à 1’«/ d’en haut,, une oâave & une quinte
audeffus. Exemple:
Enfuite les tailles, depuis l’u t , une quinte au-def*
fus du fa le plus grave, jufqu’au f a , une oâave &
une quarteau-deffus. Exemple :
uniC
La haute-contre, la plus aiguë des voix d’homme,
aîloit depuis le fa , une oâave au-.deffus-du
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plus grave , jufqu’au f i , une oâave 8c une quarte
au deffus. Exemple :
unift.
Les deffus, depuis Y ut ,'une oâave & une quinte
audeffus du fa grave, jnfqu’au fa qui complettoit
la troifième oâave. Exemple :
uniff.
Enfin les deffus exécutés par les inftrumens al-
loient jufqu’au f i fupérieur à ce dernier fa , &
aujourd’hui-même, on ne fauroit aller plus haut
fur lé violon fans démancher. Exemple:
fi Ut
. n ____- e -____
, 8c par extenfion du
petit doigt.
Mais ces fons , qu’en ne pouvoit exprimer qu’au
moyen de lignes furajoutées, excédoient déjà le
diapafon des voix.
Aujourd’hui les v o ix , & fur-tout les inftrumens ,
ont paffé d.e beaucoup cette étendue première: au
lieu de trois oâaves, le clavecin en a cinq : les.voix
fe font élevées à l’aigu, affez communément d’une
quinte , & même d’une oâave pour quelques individus.
Nous avons entendu à Paris Mme. Agujari,
furnommée la Bafiardella , & depuis elle plüfieurs
autres, Mmes. Danzy le Brun, Mara , Giorgi,
Mlle. Renaud, êic. faire très-diftinâement le plus
haut fa du clavecin. Les flûres s’élèvent facilement
jufqu’à cette note ; pour les violons , & même les
violoncelles, joués par d’habiles maîtres , on pour-
roit dire que leur diapafon à l’aigu eft infini. Mais
pour nous borner au clavecin qui contient les fons
employés le plus ordinairement, voici maintenant
quelle eft l’étendue de fon clavier.
I ere. 8e. II«. I I I e. IV e.
On voit de combien les fons pofiibles & ufités
excèdent les moyens connus de les repréfenter, &
combien, par confisquent, nos’trois clefs & leurs
pofitions multipliées font ihfuffifantes. Voyiez le
mot Clef.
(M. F r amer y ^
C l a v ie r £ orgue , de clavecin, &c. Si j’avors
'pour le-clavecin un élève affez impatient ou affez
raifonnable pour ne vouloir donner à l’étude de
la mufique que le temps qu’il eft permis de
confacrer à un art de pur agrément, & affez
fingulier pour ne vouloir apprendre la mufique ’{tuf
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pour foi-même , mon premier foin feroit de le
dégoûter de fon infiniment , en lui faifant ob-
ferver qu’il va être pour lui une fource de difficultés
, de défagrémens & d’ennui.
i°. Parce que la forme du clavier eff absolument
contraire au jeu correfpondant & naturel des deux
mains. Je lui ferois d’abord effayer fur une table
la volubilité de fes doigts,'en lui faifant contrefaire
le jeu du clavecin , & je ne manquerois
pas dè lui faire appercevoir que le méchanifme
total de l’une de fes mains eft abfolument fembla-
ble & correfpondant à celui de. l’autre ; que ce font
les doigts cle même dénomination qui, dans chaque
main, baiffent, s’élèvent, s’allongent, s’étendent,
&c. de forte que les mouvemens que pratique ,
par exemple, la main droite en allant de gauche à
droite, la gauche les copie exactement en allant de
droite à gauche. Delà je ferois conclure à mon élève
la nécemté de placer les fons graves an milieu de
fon clavier, & les fons aigus à droite & à gauche :
c ’eft-à-dire, de faire adapter à fon inftrumentdeux
claviers en fens inverfe l’un de l’antre. Delà deux
avantages remarquables ; le premier, de fournir aux
commençans un moyen très-facile, ( par conséquent
très-encourageant) de pratiquer un accompagnement
à l’oâave ; le fécond , de faire très-
fouvent avec les doigts çorrefpondans dans chaque
main des notes de même dénomination ; ce qui
auroit toujours lieu dans les notes à l’oâave.
Ecoutez les ciaveciniftesorganiftes, ■ & e. ils vous
diront tous que la première & Ja plus grande diffir
çulté du clavecin vient de Fidentité de jeu dans
les deux mains , & de la diverfité des touches
qu’elles font baiffer par des mouvemens fembla-
bles; La nouvelle conformation du davier que je
propofe lève cette difficulté.
2°. Après lui avoir fait connoître les touches, je
lui ferois jouer fur les touches naturelles quelques
accords; ut mi f o l , f i re fo l, ut mi f o l , qu’il n’ou-
bfieroit pas , comme tous les commençans , de
jouer avec le pouce , l’index & le doigt du milieu
( de la main droite. ) Ce doigter feroit auffi facile
qu’il eft naturel, fi l’on n’avoit jamais de feintes,
ou fi l’on n’avoit que des feintes à toucher. Il eft
àffurément plus commode de faire de Cette manière
un accord parfait fur les touches naturelles, que de
le faire avec l’index, le quatrième & le cinquième
doigt. O r , rien de plus facile que d’employer le
jeii du pouce de la main droite même fur les
feintes, il s’agit de faire un double clavier, l’inférieur
un peu plus court que Je fupérieur, &
a un pouce de diftance l’un de l’autre, de forte
que le clavier inférieur n’empêche nullement le
pouce de paffer dans le beioin fous les autres
doigts. Par ce moyen il n’y a aucune face d’accord
qui ne puiffe fuccéder à un autre accord , les
JM w 9^ bémols pouvant être faits du pouce fur
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le clàyier inférieur, fans déranger la pofition naturelle
de la main. Telle eft la fécondé commodité
que je procurerois à mon élève.
30. Je lui ferois jouer, pendant quelque tems, la
gamme naturelle en note s égales dans tous les mouvemens
; largo , adagio , andantc , &c. je lui ferois
remarquer qu’il lie va point en mefure, puifque
les deux dernières notes marchent à contre-temps :
ut re mi fa fo l la fi ut
fr. lev. fr. lév. fr. lev. fr. lev.
Je lui ferois remédier à cet inconvénient de notre
gamme en lui faifant toucher deux fois le la :
ut re mi f a v fo l la la f i ut
f, 1. f. L f. 1. f. 1. f.
Mais en voulant exécuter preftiffimo, il s’apperce-
vroit bien qu’il eft plus facile de parcourir le clavier
en faifant une noie de chaque doigt que de toucher
(dans la vîteffe) deux fois une note du même
doigt. Je l’engagerois donc encore à introduire un
fécond la parmi lés touches naturelles de fon clavier
9tn confervant le même intervalle de quatre-
vingt lignes'pour l’oâ a v e , c’eft-à-dire, que chaque
touche, au lieu d’avoir dix lignes de largeur,
feroit réduite à neuf.
Je ne tarderois pas à te convaincre que les deux
la ne doivent point êtte à l’uniffon. Car, lui tlirois-*-
j e , le chant ut re mi fa eft parfaitement fembla-
ble au chant fo l la f i ut ; fi donc vous levez für
le fi pour frapper fur Y ut , vous de v e z , par la
même raifon, lever fur le mi & frapper fur le fa .
Cependant l’oreille fait éprouver un repos fur lç
fo l à quiconque entonne en notes égales ut re
mi fa fol ; comment concilier ici le calcul des
intervalles avec le fentiment de la mefure ?
Ic i, je recourrois au monocorde. Je ferois trou*
ver à mon élève les longueurs des cordes de la
gamme des modernes r
ut re mi fa fo l la fi Ut
7 7 7o. 17 T-r 7? 7?
& par les vibrations :
ut re mi .fa fol la > Ut
8 9 10 À- 12 '£~ 15 l6 .
Je lui démontrerais par l’expérience, (v o y e z les
expériences du numéro premier de mon art. Baffe-
fondamentale , ) i°. que le fa & les deux la doivent
completter la progreffion arithmétique de la gamme 4
ut re mi fa fo l la la f i ut.
8 o 10 n i z 13 M »1
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