
DISCOURS P R É L IMINA IR E ,
P a r M." F R A M E R Y,
■ Au c u n e des parties de l’Encyclopédie
méthodique n’a éprouvé peut-être
autant d’obftacles & de retards dans Ion
exécution que celle-ci. La rédaétion générale
en fut d’abord confiée à MM. Suard
& l’abbé Arnaud. La mort arrêta ce dernier
au milieu de fes recherches ; & fi
l’on trouva les matériaux qu’il avoît raf-
femblës, le plan fuivant lequel il comptoir
les! mettre en oeuvre ,' leur liaifôn , leurs
rapports, qui n’exifioîent que dans-fa tête ,
n’en furent pas moins perdus pour fon
fuccelTeur , qui eut prefque tout à recommencer.
M. Suard demeura chargé feul de la
rédaéüon générale. Il confehtit à tn’alTocier
à fon travail , mais feulement pour 1er
articles ifolés qui regardoient la pratique ,
& fpécialement pour la partie technique
de l’art mufical. Borné à ces objets, je
n’eus à m’occuper d’aucun plan total ,
d’aucun enfemble, & je ne recueillis que
.les notes néceflaires/àux articles que j’a-
vois entrepris.
Les chofes étôient dans cet état Iôr/que
les premières feuilles du manufcrit furent
livrées à l’imprellion. Mais déjà les occu-:
pations de M. Suard , étrangères à cet
ôuvrage , en fe multipliant de plus en
plus , l’empêchoient d’y donner une attention
fuivie. Souvent l’Imprimeur man-;
qua de matière , & obligé d’occuper fes
ouvriers à d’autres travau* , il fe vit dâfii
la nécefiité de négliger celui-ci.
Enfin il s’étoit déjà paflé près de dix-
huit mois , & neuf feuilles feulement
étoient imprimées , lorfque M. Suard
fentit qu’il lui feroit abfolument impoffU
ble de continuer l’encreprife dont il s’étoit
chargé. Il me l’abandonna toute entière 5
mais n’ayant pas été préparé d’avance au
nouveau travail qui m’étoit impbfé , jt
fus'forcé d’en retarder [encore l’exécution.
M. Suard avoit pu faire ufoge des matériaux
que M. l’abbé Arnaud avoit laides t
je n’avois pas les mêmes reflburces, &
les recherches de l’un & de l’autre furent
entièrement perdues pour moi. Il m*
fallut de nouveau former un plan général
qui le rapportât le mieux pofîîble avec
celui qu’on avoit commencé à fuivre -,
mais il n’a pas dépendu de moi d’en remplir
fi bien les vides / que i’effet de tant ds
variations ne fe falfe quelquefois fentir.
Je demande pardon aux lefleurs de leur
préfenter des détails aufîî faftidîeux ; mais
il m’efl nécefiâire de les expofer - pour me
juftifier non - feulement des retards qu’a
éprouvés cet ouvrage', mais encore des
imperfeâions qu’on y pourra rencontrer.
Par exemple, M. Suard qui s’ctoit chargé
Ipécialement de la pattie hiftorique , y
avoit joint ce qu’on pourroit appeïler la
rhétorique de l’art mufical. Dans ces aira