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tonique,& donne l’impreifion d’une modulation nouvelle,
il n’y a pas de ration pour ne pas faireduccéder
un accord parfait à celui de feptième, même par une
cadence de tierce. Il fuffit qu’une feptième trouve
après, elle une note fur laquelle elle puiffe fë fauver
régulièrement, pour qu’elle foit praticable. On
en voit tous les jours des exemples, & les partifans
de la baffe fondamentale ne s’en tirent qu’en difant
que: la diffonance eft fous - entendue. A la bonne
heure : mais comme-une diffonance fous - entendue
n’eft prs fort embarraffante, nous ne confeillorîs à
p.erfonne de s’en occuper. Rouffeàu n’y fait pas
plus de façons. « Comme la feptième , dit-il, dans
33 cette forte de cadence fe fauve fur i’o â a v e , au lieu
35 de fe fauver fur la tierce , ce qui rend moins d’haiT
« monie & fait même fcms-entendre deux oâaves;
3> ( voy. cachée , Oflaves couvertes) il faut, pour les
« éviter, retrancher la dijfonanteou renverler l’har-
n monie ». C ’eft une chofe curieufe affurément
qu’une fuite de. diffonancts où la diffonance eft
. retranchéè.
4. « Puifqpe la cadence interrompue ne peut
?> jamais être pleine, il s’en fui* qu’unç phrafe nç
v peut finir par e lle , &ç. v.
Ce n’eft pas parce que cette cadence ne peut être
p’.eing qu’on ne peut terminer une phrafe par elle,
mais, parce que la note qui la fait ne peut être
confidéréecomme une véritable tonique, quoiqu’elle
piùffe porter l’accord parfait ; & quand même ce
feroit une toniquQr, elle ne feroit pas alors précédée
de fa dominante qu’il eft péceffaire de faire
entendre pour completter le fens de la phrafe.
ç. « Cadence rompue ; cette cadence, dit Rouf-
»» feau,s’évite le plus fouvent par une feptième fur la
» fécondé note. I l ejl certain qu’on né peut la
» faire pleine que par licence ; car alors il y a
% néceffairement défaut de liaifon ».
A l’entendre déclamer fans ceffe contre la mufi**
que françoife & donner la préférence a la mufique
italienne, on devroit croire qu’il étoit très-fàmiliarir
fé avec celle-ci. Cependant il n’a pas dû voir dans
les bons auteurs italiens de fréquens exemples d’une
cadence rompue évitée par une feptième ; cette fuc-
cefiion harmonique feroit même contraire à l’ef-
p r it, fi l’op- pfe dire, de cette çqdçnce, à l’effet
qu’on en attend.
Le propre de la cadençe rompue eft de produire une
furprife à l’oreille; de lui faire entendre une modula?
fion qu’elle n’attend pas, pour exprimer auffi quelque
fentipient particulier. Qn feint d’après cela que
la fécondé pote doit porter un accord parfait, fans
quoi elle ne dopneroit pas l’imprefiion d’une modulation
nouvelle. Il eft yrai qu’il n’y a point alors
de liaifon, c’eftg-clire , dç corde commune enfre
les deux accords ; jpais cette liaifon, qui fert à rendre
l’harmonie plus douçe, ne lui eft pas effen-
fielle. 11 ne la faut pas même ici puifqu’on a deffein
fte furprendre l’oreille, & que cette forte de
jjyrçfç n’çft qp’up moyen de plps'. Ainfi ce n’eft
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point par licence qu’on met fur la fécondé note
un accord parfait ; nous avons dit ailleurs ce que
I nous penfons de ces prétendues licences en muff.
que ( voye? principalement le mot licence ).
Une autre elpèce de cadence rompue , dont Rouf-
feau ne parle pas , eft celle où %. dominante portant
feptième mineure , monte d’un degré fur une
note qui porte, non pas l’accord parfait , comme
dans la cadence rompue ordinaire, mais un accord
de fixte. La baffe * fondamentale de cette cadence
defeençi alors diatoniquement comme dans l’exem*»
pie fuivànt.
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B. F. ~
Rouffeàu ne manqueroit pas de dire que cette
fucceflïon eft une licence, ou même une faute ;
mais à quelque titre qiie ce foit, les bons auteurs
la pratiquent fouvent. C ’eft un des exemples qui
prouvent, contre les règles de la baffe fondamentale,
que cçtte baffe peut defeendre diatoniquement.
Qu’on ne dife point que dans cette cadence la
feptième n’eft pas fauvée, nous ferons voir au
mot fauver qu’il y a,deux manières de téfoudre
une diffonance , & l’une d$ ces deux manières
q lieu d^ns cette occafion.
6. Nous avons d it , au paragraphe 3,, qu’il n’é-
teit point du tout néceffaire d’ajoutçr la fixte à
l’accord parfait de la tonique pour produire la
cadence imparfaite. Les règles mêmë dç la baffe
fondamentale n'y obligent pas, car il eft permis
de faire plufieurs accords parfaits de fuite , pourvu
que ce ne foit pas diatoniquement. Il y a même
liaifon entre les deux accords, pyifque la quinte
de l’un fait To&ave de l’autre. U eft vrai que
les françois pratiquent fouvent çette cadence dç
çette manière, mais les autres nations ne fe fervent
que de Paccord parfait : il y auroit même
une çfpèce de faute à mettre ainfi une diffonance
fur la tonique , ou du moins on nç
rempliroit pas l’intention qu’011 a réellement. Car
fi vous mettez une diffonance fur la tonique fup-
pofée ut & un accord parfait fur la quinte fui-
vante f o l , il eft évident que vous Ceffez d’être
en u t , & que la modulation de fo l eft complette.
Cependant vous n’avez voijlu que faire un fimplç
repos fur lg. cinquième note du ton qui doit être
toujours ut. Mais la vérité eft que cette fixte n’eft
pas une diffonance.
7. » Toute tpnique , dit M. d’Alembert ,'
n peut toujours être rendue fous - dominante en
» changeant de mode ; j’ajouterai ( c’eft RquITç^
c a d
mil parle ) qu’elle peut même portef l’accord
” de fixte ajoutée fans en changer.»
Roüffeau prétend que la tomqim eft la feule
«ote de la gamme qui puiffe porter 1 accord par-
fait Toutes les autres doivent donc néceffairement
citer des diffonances Maintenant cette tonique
elle - même peut porter une fixte diffonante fans
oerdre fon cara&ère de tonique. A quoi donc fe re •
connoîtra la modulation 1 1 : faut avoir un furieux
amour de la diffonance pour la prodiguer ainfi.
Nous avancerons , au contraire, que dès le moment
que la tonique porte une diffonance, foit
fixte (oit feptième, elle a perdu fôn caraélère de
tonique , & l’on eft dans un autre mode, ou l’on
parcourt des modes indéterminés.
8. Nous avons plufieurs chofes à remarquer fur
ce paragraphe. D ’abord les explications de d’Alembert
font ingénieufes , comme le dit Rouffeàu , en
ce qu’elles rentrent dans le fyftême qu’il vouloit expliquer.
Mais comme il eft abfurde de donner pour
fondamental un accord de fixte diffonante , que par
conféquent le prétendu accord de fous-dominante
ne fauroit exifter comme fondamental, l’explicat on
& le fyftême s’écroulent à la fois. (Voyez Sous-do-
minante & Baffe fondamentale de M. l’abbé Fey tou.)
Les reproches que Rouffeàu fait à ces explications
font donc très-bien fondés. On ne peut fauver une
diffonance par une autre , & le mi de l’accord*mi
doit pas changer de ton en général par un autre accord
diffonarit que le fenfible ; ( & voilà pourquoi
Une regarde point comme un changement de ton
la fixte ajoutée fur la tonique ) mais il auroit dû en
excepter le cas de la cadence rompue où l’on fem-
ble annoncer par l’accord fenfible que l’on refte
dans le ton, & où cependant on en préfente^ un
autre d’autant plus réellement qu’on y fait même
quelquefois defeendre cette fenfible ; mais la fur-
prife caufée par cette irrégularité eft précifement
l’effet que l’on veut produire.
Continuons l’examen des explications données
par M. d’Alembert. Il eft bon de mettre les jeunes
muficiens en garde contre toutes ces fubtilités qui
ne fervent qu’à leur embarraffer l’efprit. La marche
ut fol, dit d' Alembeit, forme un repos moins parfait
que la marche fo l ut, parce que dans la première Wï
confient le fo l, tandis que le fol ne contient pas
Vut, au lieu que dans la fécondé. le fol qui a été
entendu dans le premier accord l’eft encore dans
le fécond. Qu’eft-ce que tout cela prouve ? 11 fal-
loit donc établir que le repos ne peut fe faire fen-
tir que fur le générateur & non fur. le produit.
Mais dans cette marche ut fa fo l ut , le fa eft
générateur d V , & cependant ut fa dans cette occasion
ne fait point une cadence parfaitCk
C e que dit d’Alembert de la cadence rompue & de
la cadence interrompue , n’eft pas plus jufte. Il fup-
pofe que le fécond accord la ut mi fo l dans l’une,
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& mi fo l f i re dans l’autre , n’ell pas un accord de
fepfième, mais un renversement des grandes fixres
ut rtti f o l la , f o l f i re mi. Mais il ne prend pas garde
que fi cela étoit vrai , l’accord ut mi f o l la le
fauvêroit, dans fon fyflême , en faifam monter le
la & en tenant le f o l ; que l’accord Jèî f i re mi
auroit une fucceflïon femblable , en faifant monter
le mi & confervant le re ; mais affurément c’eft
ce dont le compofiteur fe gardera bien , il fera defeendre
au contraire le' fo l d’un accord & le re de
l’autre.
Il eft vrai que le compofiteur ne mettra point de
f o l dans fa cadence rompue , & qu’après l’accord
f o l f i re f a , Une fera entendre que la u t mi ; mais
les partifans du fyftême de Rameau prétendoient
que cette fucceflïon n’étoit pas régulière en ce
qu’elle faifoit entendre deux,accords parfaits. Régulière
ou non, il n’en eft pas moins certain que
que c’eft ainfi qu’elle fe pratique.
Toutes ces difficultés feront bien éclaircies par
les articles de M. l’abbé Feytou qui a le
mieux fenti le véritable fyftême de la baffe-fondamentale.
Aufli je ne crois pas avoir befqin d’avertir
que, lors que je combats ce fyftême, je ne parle
que des règles de fucceflïon que lui avoientafitgnées
Rameau ainfi que fes feélateuts & commentateurs ,
& dont on ne parle plus guère aujourd’hui. ( M.
Framery. )
CADENCE. La cadence harmonique on qui termine
une phrafe, a été divifée en plufieurs fortes, ayant
chacune un nom relatif : plufieurs de ces noms font
hors d’ufage , & quelques autres font pris aujourd’hui
dans une acception différente.
On appelloit cadence compofée , celle dont le
deffus ou la baffe-continue étoit divifée en plufieurs
notes.
Cadence détournée, celle qu’on appelle aujourd’hui
cadence rompue & interrompue.
Cadence dominante celle où la baffe - continue
fitifant une cadence p a r fa ite , le deffus s’arrêtoit fur
la quinte de la tonique, au lieu de s arrêter fur la
tonique même : peut-être entendoit - on aufli par
cadence dominante , la cadence irrégulière d aujourd’hui.
, Cadence étrangère, toute cadence qui fe faifoit fur
une autre finale que celle du mode.
Cadence évitée ou fe in te . Vo yez Cadence détournée
ci-deffus. '
Cadence hors du mode. V o y e z Cadence étra n g ke
ci-deffus.
Cadence irrigulilrr. Avant M. Rameau, on appelloit
affez généralement cadence irrégulière, toute
cadence dont la finale n’étoit pas une des cordes
effentielles du mode dominant.
Cadence médiar.te, celle qui étoit pat rapport a la