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H faut qu'elle fort majeure ; parce qu’alors elle ne
forme qu’un femi-ton avec la tonique, 8c c’eft la
.propriété du femi-ton dé faire preffentir l’accord
fuivant. Cette tierce majeure de la cinquième
note du ton porte , pour cette raifon , le nom dê
‘ note fenfible ; ( voyez Senfible. ) *& la cinquième du
ton devant toujours précéder la tonique , dans le
cas de cadence parfaite &. de repos, s’appelle dominante.
( Voyez ce mot. )
5"°- Le dernier ut qui termine la phrafe , doit,
comme le premier , porter l’accord parfair.
Faifons maintenant la même opération fur une
échelle mineure.
Là f i ut re mi fia mi la.
Les règles font les mêmes que pour le mode majeur.
On obferverafeulement les loix de la gamme
mineure ; favoir : que fi la fixième 8c la feptième
peuvent être mineures eh defeendant, elles doivent
être ma}euresren montant ; 8c nous ajouterons que
fi l’op fait entendre la tierce fur la pénultième mi,
qui eft la dominante,, il’ faut, comme en majeur,
que cette tierce foit majeure , & monte fur la tonique
, attendu qu’elle en efl la fenfible. ( Voyez les
mots Mineur 8c Mode. )
11 eft bon que l’élève s’exerce fur cette mêmei
baffe , & cherche à en tirer toutes les combinaifons
pcfîibîes. Il peut- alors abandonner la marche diatonique
que nous .lui ;avons prefcrite d’abord, 8c
chercher un chant plus fatisfaifant pour l’oreille. Il
peut même faire plufieurs notes fur chacune de
celles delà baffe , pourvu qu’elles foienttoutes dans
l ’harmonie , comme dans l’exemple fuivant :
Cette efpèce de compofition s’appelle contrepoint
compofè. C ’eft du contrepoint fimple quand on fait
note pour note. ( Vo yez ces mots.) Ces combinaifons
vont devenir encore plus nombreufes, -quand
nous y admettrons la diffonance.
Nous avons dit combien il y a de diffonances,
& nous en avons -déterminé les efpèces : il nous
relie à parler des précautions à prendre pour les
employer Elles confiftent dans leur préparation &
leur réfolution. ( Voyez Préparer & Sauver.)
La diffonance étant un fon étranger à l’accord
parfait, le feul qui puiffe fatisfaire complettement
l’oreille , la blefferoit, fi elle fe faifoit entendre en
même tems , je veux dire, fi le même mouvement
apportoit à l’oreille deux fous nouveaux, dont l’un
feroit diffonant, On y remédie , en faifant enforte
c o M
que l ’un de ces deux fbns foit entendu avant l’autre;
Ne frappant pas à la fois , ils en font beaucoup
plus doux. C ’.eû là tout le fecret de la préparation j
& ce feul précepte tient lieu d’un fatras de règles
qui rempliffent tant de pages dans les traités de
compofition, & que la meilleure mémoire , fans le
fecours d’un long ufage , ne fauroît jamais retenir.
La réglé pour fauver la diffo.nance eft moins fim-
.ple ; cependant elle fe réduit à un petit nombre
d obfervations. Dans le dénombrement que nous
en avons donné ; on a pii remarquer qu’il y en a de
deux efpèces : i° les intervalles qui contiennent un
femi-ton à chacune de leurs extrémités , comme la
fauffe - qu nte, le triton , la fixte fuperflue ; & 2°.
ceux qui font formés de deux degrés conjoints,comme
la feptième, Sc la fécondé' qui n’en eft que le
renverfement. La feptième diminuée eft en même
tems des deux efpèces.
L’oreille indique elle-même la manière de fauver
la première efpèce de.diffonance ; car le femi-ton ,
par fa nature , tend à rejoindre là corde la plus voi-
fine, tant en montant qu’en defeendant. 11 en réfulte
cefte réglé générale : que h diffonance doit toujours
fe fauver par le chemin le plus court. Sa réfolution eft
parfaite, fi les deux femi tons fuivent leur deftina-
tion ; elle l’eft moins, mais elle eft bonne encore, fi
elle n’eft opérée que par l’un des deux femi-tons.
Ainfi la fauffe quinte f i fa fera parfaitement fauvée,
fi l’accord fuivant offre un ut fur lequel le f i puiffe
monter, & un mi fur lequel lé fa puiffe defeendre.
Voyez aux mots Sauver, Réfolution, les moyens de
làuver cette diffonance d’une manière moins parfaite,
- .. . .
La fécondé efpèce de diffonances eft , comme
nous l’avons dit , compofée de deux degrés con-
; joints. Remarquez qu’on appelle ainfi deux notes
qui , ’en parcourant l’échelle entière , fe nomment
immédiatement l’une après l’aiitre. Ainfi ut & ƒ font
conjoints, quoique diftans d’une feptième : JffL & la
le font auffi, quoiqu’il puiffe exifter entre eux un intervalle
de neuvième 8ç plus. Nous avons dit que
deux degrés conjoints étoient le produit d’une fep-
tième : ils pourroient l’être auffi d’une neuvième. Et
comme ces deux accords fe traitent différemment, il
faut favoir les diftiaguer. On l’apprendra au mot
Neuvième.,
Si les deux notes conjointes fopt le produit d’une
feptième , c’eft la plus grave dans l’ordre diatonique
qui eft la diffonance , & elle doit fe fauver,
fuivant la règle générale que nous avons donnée,
par le chemin le plus court.
La réfolution eft parfaite fi la feptième defeend
d’un femi-ton ; elle l’eft moins, fi elle refte en place,
par la raifon expofée plus haut.
Il y a un feul cas d’exception à cette règle ; c’eft
lorfque la feptième eft majeure , c’eft-à-dire , lorsque
fa note aiguë n’eft réparée de l’oâave que par
un femi-ton. Elle tend naturellement à monter, &
#
cependant l’i'fage la fait ordinairement defeendre.
Telles font les deux feptièmes que l’on peut faire
fur la première 8c fur la quatrième note du ton : ut
f i & fa mi. On en trouvera les raifons aux mots
Semi-ton Septième majeure.
Si la feptième eft telle qu’elle, ait un égal chemin
à faire en montant ou en defeendant, comme mi re ,,
la fol , l’o eille lui impofe de defeendre, comme
fon mouvenunr le plus-naturel, La diffonance eft
une'efpèce de fardeau que l’oreille ne petit fuppor-
ter long-tems elle eft plus portée à le laiffer tomber
qu’à l'élever encore. En général, les marches
en (iefcendai.t ont plus de douceur que les marches
en montant.
Les feptièmes fe fanveront donc ordinairement
en defeendant, 8cquelquefois en reftant en place.
Il noos refte à parler d’une autre efpèce d’accords
diffonanî qui ne font pas conftitutionnels
comme ceux de fepfième ; ce font ceux de fufpenfion.
Nous comprenons dans ce nombre-ceux que,
les feélareurs de Rameau appellent de fuppofiîipr^
Ces accords tiennent une grande p’ace dans le-fys-
tême de la baffe fondamentale ; comme ils y font
préfentés d’une manière affez compliquée , iis exigent
beaucoup d’attention. Nous n’en demandons
pour eux qu’une fort légère. Qn- verra aux mots
-Accord, Sufpenfion , Svppofition, fous quel point
de vue beaucoup plus fimple nous croyons devoir
les confidérer.
En paffant d’un tems foible à un tems fort, ( V.
ces mots. ) il arrive fouvent que., pour la grâce, du.
chant, pour un effet d’hatmoniè , pour retarder le
repos de l’oreilfe , les parries fupériëures confer-
vent une ou plufieurs notés de l’accord précédent
fur la note de baffe qui doit en porter un nouveau.
Ces notes peuvent être ou n’etre pas diffonantes
avec la baffe du nouvel accord : lorfqu’elleslefont,
il faut qn’elles defeendent d’un degré', à moins que
cette diffonance n’ait le caraélère de fiore fenfible ,
c’eft-à-dire . ne foit lè femi ton de Poflave qui annonce
la tonique dans ce cas elle fuit fon chemin
accoutumé.
Exemple. Dans cette marche de baffe, fo l ut, fi
vous donnez à chaque corde fon accord complet,
vous aurez fur la première 'fol f i re fa , 8ç fur la fécondé
ut mi fol. Ayant de faire entendre mi fol fur
cet ut de la baffe , vous pouvez conferver le fa de
l ’accord précédent : il fera la onzième de cet u t ,
oêlave de la quarte ; ( & c’eft fur - tout dans ce
cas que la quarte eft diffonante) il doit defeendre
fur le mi. Vous pouvez conferver le re qui fera neuvième
avec Yut , & qui defeend'ordinairement.
Vous pouvez conferver le f i , mais il ne defeendra
point, quoique feptième d’wr, parce qu’il en eft
la fenfible , & qu’il l’annonce comme tonique.
D ailleurs , ce n’eft pas une véritable feptième
cenftitutionnelle ; ce n’eft qu’un accord fufpendu
fur la baffe d’un autre accord.-
Mais, dans cet accord fo l f i re f a , le fa devoit
defeendre fur un mi, quand même il n’auroit pas été
fufpendu, parce qu’il eft feptième fenfible, feptième
de la dominante fol. Le f i devoit monter fur lu t dont
il eft la fenfible ; 1 c fol devoit refter en place pour
former la liaifon ; (V . Liaifon. ) le re avoit le choix
de defeendre ou de monter ; la fufpenfion n’a donc
tien changé, à la marche de l’accord Traitez donc
les ' coi des de l’accord fufpendu comme vous les
trah.eriez-hors lé cas de fufpenfion.
Cependant il eft plus ordinaire de faire defeendre
toutes les notes du premier accord , qui font diffonance
avec la baffe du fécond. L’oreille exercée par
l’ufage, fera fentir les cas bu cette loi peut être
tranfgreffée. •
Comme il peut y avoir fufpenfion tomes les fois
qu’on paffe d’un accord à l’autre , 8e comme les
notes fufpendues font autant de diffonances différentes
que le fécond accord peut avoir de notes
de baffe différentes , o.n fent le grand nombre de
combinaifons qui en réfultent; & en vérité il feroit
bien inutile de fe les mettre toutes dans la tête,
puiique toute note fufpendue doit defeendre, dès
qu’elle eft diffonante, pourvu que ce ne foit pas
une fenfible annonçant la-tonique , comme nous
l ’avons dit.
Ainfi, dans cette marche de baffe mi fa , fi le mi
a porté dans les parties fupéûeures un mi à l’oélave,
& que vous le fufpendiez fur le fa , c’eft une feptième
elle defeendra fur un re. Si le mi a porté un
fol, c’eft une neuvième ;elle defeendra fur l’oélave.
S’il a porté un y?,.c’eft une onzième; elle defeendra
fur un la. S’il a porté un u t , il reftera en place; car
lu t fur le fa dont il eft la quinte , ne fait pas une
diffonance.
Ne vous inquiétez donc point de ce que c’eft
qu’une neuvième majeure ou mineure, qu’une neuvième
8c feptième , qu’une neuvième 8c quarte ,
Sic. ni fur quel intervalle toutes ces diffonances
doivent fe fauver : ce que nous venons d’en dire eft
fuffifani, 8c Vous, épargne peut-être trois mois de
‘fatigue 8c d’ennui.
Nous observerons feulement que la note fufpen-
due doit être préparée par une note au moins de
■ meme valeur ; c’eft-à-dire, que {Telle eft fufpendue
pendant la durée d’une blanche, elle doit avoir eu
au moins la même durée dans l ’accord précédent.
Vous concevez auffi que la baffe du fécond accord
doit avoir une durée double j dont une partie porte
la fufpenfion , 8c l’autre porte l’accord véritable &
attendu par l’oreille. Exemple :