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obfcure & mecfianlque. V oicî la réponfe <jdtè folïf-
niffent là-deffus Tes Confeffions & quelques autres
de Tes ouvrages.
Dans l’eftèrvefcence extraordinaire qu’il éprouva
en compofant Ton premier difcours fur les fciences,
fe Tentant déformais deftiné à dire aux hommes de
grandes vérités , il ne voulut plus d’aucunes des entraves
que l’ambition ou le defir de fortune pou-
voient mettre à fon talent ; mais il ne voulut point
non plus fait e de fon talent un métier. 11 lui en falloir
donc un pour v iv re , qui lui laiffât toute fa liberté
, qu’il pût exercer chez lu i , prendre & laif-
fer à fon gré & à fes heures. Il choifit celui de cop
i é e de mufique, après avoir refufé la place de
caiffier que lui offroit M, de Françueil, receveur-
général des finances. « Si quelque occupation plus
«f folide , dit i l , eût rempli le même b u t, je l ’au-
33 rois prife ; mais ce talent étant de mon goût, &
3) le feul qui, fans affujettiffement perfonnel, pût
33 me donner du pain au jour le jou r, je m y tins.
33 Croyant n’avoir plus befoin de prévoyance, &
» faâfant taire la vanité de caiffier d’un financier, je
?3 me fis c o p ifie de mufique. Je crus avoir gagné
» beaucoup à ce choix ; & je m’en fuis fi peu re-
» penti, que je n’ai quitté ce métier que par force,
33 pour le reprendre auffi tôt que je pourrai». Ç o n -
33 f e jfio n s , 1,
En effet, il s'y livra , même après fa retraite
a l’Hermitage & à Montmorency ; & l’ayant
qqité , comme il le dit, forcément depuis fon
ex il, il le reprit huit ans après , lorfqu’il fut de retour
à Paris. A cette dernière époque, il prenoit dix
fols par page ; ce prix étoit lans doute un peu en
yaifon de fa célébrité, mais il étoit auffi en raifon
de fa peine & de fon temps. Voici ce qu’il dit de
lui-même à cet égard dans le fécond dé fes dialogues.
a Sa note mal formée m’a paru faite pefam-
3» ment, fans grâce, mais avec exactitude. On voit
»> qu’il tâche de Suppléer aux difpofitions qui lui
33 manquent, à force de travail & de foins. Mais
3> ceux qu’il y met, ne s’appercevant que par l ’exa-
97 msn , & n’ayant leur effet que dans l’exécu-
*> tion , . . . . ne compenfent pas aux yeux du pu-?
v blic les défauts qui d’abord fautent à la vue.
33 N’ayant l’efprit préfent à rien, il ne l ’a pas non-
3> plus à fon travail , fur-tout forcé, par l ’affluence
m des furvenans, de l’affocier avec le babil. Il fait
33 beaucoup de fautes, & il les corrige enfuite en
»3 grattant ion papier avec une perte de temps & des
>> peines-incroyables. J’ai vu des pages prefque
33 entières qu’il avoit mieux aimé gra&er ainfi, que
93 fie recommencer la feuille, ce qui alprcit été bien
33 plutôt fait. Mais il entre dans fon tour d’efprit laijoricufement
pareffeux, de ne'pouvoir fe réfou-
>3 dre à refaire à neuf ce qu’il a fait une fo is , quu’ -
33 que mal. Il met à le corriger une opiniâtreté qu’il
» ne peut fatîsfaire qu’à force de peines & de tems.
n Du refie , le plus long , le plus ennuyefix trayail
ne fauroit laffer fa patience ; & ÿp y en t
C O R
fi faifarit faute fur faute, je l ’aï vfi gfattet & re*
» gratter juf^u’à percer le papier , fur lequel enfuite
33 il colloit des pièces. Rien ne m’a fait juger que
» ce travail l’ennuyât, & il pardît, au bout de
33 fix ans, s’y livrer avec le même goût & le mê^,
33 me zèle que s’il ne faifoit que de commen-
33 cer.
33 J’ai fu qu’il tenoit regifire de fon travail ; j’ai
33 defiré de voir ce regifire , il me l’a communiqué.
>3 J’y ai vu que dans ces fix ans il avoit écrit en
33 fimples copies plus de fix mille pagesjde mufique,
33 dont une partie , mufique de harpe & de clave-
33 cin , ou folo & concerto de violon très-chargés,
39 & en plus grand papier , demande une grande
33 attention , & prend un temps confidérable 33.
Six mille pages à dix fols faifoient donc 3000 liv.
gaguées dans fix ans , c’eft-à-dire , 500 livres pat'
an , ajoutées à fon petit revenu qui n’étoit que de
1100 livres de rente viagère , avec quelque argent
comptant ; voilà donc quelle étoit, dans l’âge des
infirmités, la pofition de ce grand homme ! Quelles
fources de réflexions amères & de fentimens douloureux
! Mais ils feroient déplacés dans cet ouvrage.
Il vaut mieux finir par un trait dont j’ai été
témoin, & qui prouve que ce prétendu mifanthrope
étoit l’homme le plus obligeant & le plus fufeep-
tible d’attentions délicates avec les gens qui lui té-,
moignoient une véritable amitié.
Un amateur , de mes amis , avoit prêté à Rouf-
feau la partition complette de l’Olympiade de Per-
gqlèze. Il la garda plufieurs années, fans que le prêteur
, qui Falloit voir de temps en temps, lui en
parlât, ou en entendit parler. Enfin prêt à partir
pour Ermenonville, Jean?Jacques lui renvoya fa
partition avec un volume relié, contenant une copié
de fa main de cette partition même, non pas en
notes ordinaires, mais avec l’accompagnement en
chiffres félon la méthode qu’il avoit inventée, & un
petit billet fort fimple , oh il difoit qu’ayant trouvé
la partition originale remplie de fautes, il s’étoif
permis de les corriger ; que pour réparer ce barbouillage
d’un livre qui ne lui appartenoit pas , il
avoit recopiéjtoute l’Olympiade d’après fa méthode,
qu’il favoit être du goût de M. ***, & qu’en partant
pour fe retirer à la campagne, il le prioit d’agréer
cette foibie marque de fon louvenir 8c de fa recoq-
noiffance. - ( M. Giv.guenè. )
C O R & COR-DE-CHASSE, f.jn . Cet article
eft traité avec une certaine étendue dans le volume
des Arts & Métiers méchaniques , tome 4 , page
1 2 5 ,8ç nous y renvoyons nos leéleurs. Cependant,
comme il contient quelques erreurs , & que M,Aq
Brun , artifie difiingué par l’habileté de fon'’exécution
, & la connoiffance approfondie de cet
infiniment, a bien voulu nous faire part de fes
ijimières à cet égard , nous allons tâcher de
reéîi.^er cet arf'cle du volume des arts , & de fup-*
oléer k ce Sp® hiïffe à defirer.
< Poiiü
c o R
Pour donner du cor , on place Fembouchufe
fur les lèvres, de manière qu’elle y foit partagée
également, & que les lèvres elles-mêmes le foient,
dans un autre fen9 , par l’embouchure. On ne l’y
appuie qu’autanr qu’il faut pour empêcher l ’air de
fe faire paffage au dehors entr’elle & les lèvres ;
ainfi il n’eft pas vrai de dire, comme dans l’article
c ité, u qu’on forme les fons en appuyant plus
33 ou mains fur Fembouchure 3». Elle doit être
dirigée horizontalement , 8ç le çor porté droit
devant foi.
. Les lèvres doivent être preffées Fune fur l’autre ,
& tous leurs mufcles tendus , mais en évitant
les grimaces défagréables. La bouche, au contraire,
dans cette pofition doit plutôt annoncer le fourire.
Pour faire partir le fo n , on donne des coups
de langue fur la mâchoire fupérïeure $ mais on
fe garde bien d’infinuer la langue dans la b o ca l,
comme il eft dit dans l’article cité. L ’air chaffé dans
le corps de l’inftrument par l’ouverture qu’il fe fait
entre les lèvres eft ce qui produit le fon ; mais il
»’eft pas néceffaire de faire des efforts de poitrine.
La force, au contraire, fi on en employoit à pouffer
le v ent, ne produiroit que des fons défagréables ,
& l’on doit tirer du coj les plus beaux fons pof-
fibles avec fort peu de vent, à moins que d’ailleurs I
on ne s’y prenne mal.
L ’air pouffé avec force ne produit pas fur le cor
comme fur le haut-bois r la flûte , & c . , la quinte
ou l ’oâave du premier fon donné : on y prend
des fons hauts ou bas , félon que l’ouverture eft
plus ou moins étroite. La différence de cette ouverture
dépend du plus ou moins de preffion des
lèvres ; ainfi, plus le fon que l’on veut prendre eft
hau t, plus il faut les préffer l’une fur l’autre.
^Quoiqu’il fe diffipe moins d’air dans les fons
aigus, vû qu’alors l’ouverture des lèvres eft moins
grande, il faut cependant que l’air y foit pouffé
ave« plus de vivacité, parce que les lèyres étant
plus ferrées , il lui faut plus d’aâion pour s’y faire
paffage.
Comme le cor ne produit que les fons de la
nature, altérés par notre tempérament, & que
nos oreilles habituées à cette altération trouveroient
fauffes quelques notes de fa jgamrae; (V o y e z
Gamine du cor-de-chajfe , êc la Table de la Génération
harmonique de M. l’abbé Feytou , planches
de mufique fig. 40. ) l’art eft parvenu à ramener ces
notes à notre fyftême d’intenatipn. Ç ’eft par le
refferremcm des lèvres qu’on parvient à hauffer,
par exemple , le y? b qui fe trouve trop bas dans
cette gamme. (V o y e z planches de mufique, fig. 123.)
On peut auffi baiffer les fons de quelque chofe
par^ le même moyen ; mais on a trouvé que la
main, plus ou moins enfoncée dans le pavillon,
corrige les fons qui paroiffent trop hauts à différons
degres ; non-feulement, par ce moyen, on
fp t junes (conformement à notre fyftême 1 les
Mqfîÿue, Tome ƒ,
C O R $ 7 7
I gammes diatoniques, mais on parvient encore à
en faire de chromatiques. Ce procédé b ai fie proportionnellement
le fon , de manière que du f o l ,
par exemple, de la première oélave , qui eft un
fon naturel dans ^infiniment, on parvient à e»
faire un fa , en bouchant le pavillon prefque
hermétiquement.
i II faut obferver que plus on met la main dans
le pavillon , & plus il faut de vent pour rendre
les fons égaux en force. ( Voyez la Gamme du cor,
planches de mufique , fig. 123.) Par la ’manière
dont elle eft notée , on connaîtra dans quelle
proportion il faut introduire la main ou boucher
le pavillon pour parvenir , fi d’ailleurs on elfe
muficien , à faire juftes Içs fons praticables dans
ces deux oÔaves les plus avantageules au cor, Les»
rondes indiquent les fons naturels, ceux où ü?
ne faut pas de main ; les notes de moindre valeur*
indiquent. celles où la main eft néceffaire, 8ô
moins elles en o n t , pins la main doit être enfoncée
, excepté pour les trois derniers qui fe font
fans fon fecours, & dont la valeur n’eft relativer
qu’à ce qui va être dit en faveur de ceux qui
veulent compofer des morceaux brillans pourcet.
inftrument.
Q u’il foit permis de répéter cette obfervatio»
donnée par M. le Brun , comme la plus importante.
Ce n’eft point par la force du vent qu’on parvient
à bien jouer du cor ; plus le ventfy eft ménagé ,
plus les fons en font purs & agréables. Par la méthode
qu’indique M. le Brun , outre l’avantage de
ne fe point fatiguer , on aura celui de ne pas
remplir d’eau , à toute minute , le corps de l’inf-
trument ; ce qui non-feulement nuit au fon &
produit des glougloux défagréables , mais ce qui
oblige encore d’afpirer cette eau pour la retirer à "*
la fois de tous les tours où elle s’eft introduite par
la force du vent ; & l’effet en eft dangereux. En
foufflant peu , elle ne s’introduit que dans le premier
tour, 8c pour l ’en retirer, il fuffit d’incliner
Finfirument.
On peut jouer du cor fans.fuivre toutes les règles-
qui viennent d’être preferites ; mais en ne s’y
conformant pas, on ne parviendra jamais à s’y distinguer
; & fi on a vu naître quelques accidens
jufqu’ici de la pratique de cet inftrument, c’efl:
faute de les avoir fuivies. Ce court expofé ne fuf-
fira pas , fans doute, pour fe paffer de maître ,
mais au moins celui qui le prendra pour guide ne.
contrariera pas de mauvaifes habitudes.
Il faut donc s’exercer d’abord fur la gamme fjnfr
Fon trouvera, plant, de mufiq, , fig. 125. On ne
cherchera dans les commencemens qu’à faire les
rondes du milieu de cette gamme , puis les blanches,
& c . en paffant fucçeffivement aux notes de
moindre valeur.
Ceux qui fe deftinept au fécond c o r doivesi
; s’exercer avc$ dns sots en ut, 9c ceux qui veultsfs
B b b