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tïcîes qui n’intéreflent que le goût , &
qui par conféquent font purement d’opinion,
il a fait plufients renvois : cornaient
celui qui doit les remplir , attaché
peut-être à des opinions très-différentes ,
niais ne pouvant dans aucun cas être pénétré
des mêmes idées , pourra-t-il fè
flatter de completter en tout fens la penfée
du premier Auteur ? Cet inconvénient fe
rencontre même dans les details hiftori-
ques, puifque les deux Auteurs ne peuvent
pas être certains de les avoir puifés dans
la même fource.
Une autre caille d'imperfedion. Au
commencement de 1788 , comme 011
imprimoit les premières feuilles de ce
Diétîonnaire , M. l’abbé Feytou annonça
un cours de nuifique dans lequel il ex-
pofoit un nouveau fyflême , ou peut être
le plus ancien de tous, celui de la nature ,
celui que Pythagore avoit ou inventé ,
ou recueilli dans fes voyages en Afie , &
tran finis aux Grecs fous des expreffions emblématiques
qui en concentrèrent la théorie
exclufivement dans fa fede. M. l’abbé
Feytou me parut avoir débrouillé ce fyf
tême d’une façon beaucoup plus claire
que tous ceux qui l’avoient tenté'avant
lui. Il en avoit appliqué les conféquences
d’aufli près qu’il étoit poflrble à notre
fyftême moderne. Je regardai comme
infiniment intéreffant de développer fa
découverte dans l’Encyclopédie méthodique.
Je crus même qu’on ne pouvoit
la négliger fans rendre ce didionnaire
imparfait.- J’engageai donc M. Suard à
s’alîocier M. l’abbé Feytou , & je négociai
moi-même le traité.
Déjà plufieurs articles avoient été fournis
' O U R S
par lui ; mais ils ne faifoient encore qu’indiquer
des principes dont les divers dé-
veloppemens étorent renvoyés à d’autres
mots , lorfque des_ raifons d’intérêt obligèrent
M. l’abbé Feytou à fe retirer
dans fa province. Ce fut à-peu-près dans
le temps où je reliât chargé de la rédaction
générale. Il me fallut beaucoup de
temps & de peines pour retrouver ce
collaborateur & l’engager à reprendre foil
travail. Enchaîné par les devoirs d’un
nouvel état, & dans un allez grand élofc
nement de Paris , qui rendoit notre
communication plus difficile , fon travail
n’a pas pu toujours fuivre celui des imprimeurs
, & quelques-uns des articles
auxquels il renvoie ne fe trouvent pas
remplis : mais j’y ai remédié , du moins
en partie , en tranfportant fur d’autres
mots ce qu’il avoit à dire fur ceux qu’il
n’a pu me fournir à temps. Par exemple i
dans l’article baffe fondamentale , cinquième
problème, M. l’abbé Feytou renvoie aux
mots chant , composition ; on y chercheront
en vain ce qu’il annonce : ces articles n’ont
pu me parvenir allez tôt ; mais on le retrouve
aux mots mélodie , pour le mot
chant j & harmonie ; pour le mot compojition.
Si l’on joint à ces obllacles inévitables
ceux qu’a dû caufer nécelîairement la
révolution qui a troublé , fufpendu les
travaux de toute efpèce , on recevra fans
doute avec quelque indulgence cette
première livraifon. Nous avons pris de
trop jufles mefures pour craindre que les
fuivantes éprouvent les mêmes contrarié-:
tés, & nous prenons ici l’engagement formel
de terminer ce Didionnaire d’ici à la
fin de 175> 1.
P R È L I M
Le Didionnaire de mufique de J. J. Rouf-
feau efl l’ouvrage qui nous a fervi de
bafe. Nous n’avons pas cru devoir nous
permettre d’y rien changer , par relped
pour la mémoire d’un homme que là
célébrité rend en quelque forte facrée.
Nous avons donc laifle fubfiller fes erreurs
, fes omiiïions, & c . , mais en les
redifiant. Quelques perfonnes nous avoient
confeillé de corriger nous-mêmes fes articles,
par-tout où nous y appercevrions
des fautes. C’étoit à leur avis une plus
grande marque de refpeét de faire dif-
paroître les défauts de fon didionnaire
en le publiant de nouveau , que de les
conferver pour fes combattre & les faire
aïnfi mieux appercevoir du leéteur.
Ce raifonnement n’eft que fpécieux.
Nous eût-on permis de rien changer ait
texte de Rondeau confacré par tant d’éditions,
& qui fe trouve dans toutes les
bibliothèques ? Et quel danger pour nous
lî , en croyant relever une erreur , il
nous fût à nous-mêmes échappé quelque
faute ! n’auroit-on pas crié au blafphême?
ne nous eut-on pas accufés d’altérer fon
texte exprès pour le défigurer J En le
donnant, au contraire , tel qu’il efl , &
en y oppolànt notre opinion particulière,
nous prenons le public pour juge : c’ell
à lui de prononcer. D’ailleurs , de quoi
fes plus zélés partifans pourroient - ils fe
plaindre ? La réputation de Rouffeau efl
maintenant fixée d’une manière immuable.
Perfonne n’ignore que , beaucoup plus
inftrnit dans l’art mulical que le commun
des hommes, & même que la plupart des
favans ,< il n’avoit pas cependant fort
approfondi cette fcience. Lui-même , en
I N A I R E. vif
; nous rendant compte de fon éducation ,
i nous fait voir qu’il ne la pofledoit que
fuperfïciellement. Les ouvrages en mu-
lïque qu’il nous a Iaifles le prouvent mieux
encore ; on y trouve beaucoup plus de
goût que de favoir. En faifant donc remarquer
les endroits où il a pu fe tromper,
on n’étonnera perfonne , & l’on ne changera
rien à l’opinion publique fur ce grand
Philofophe , à qui il relie afl~ez de moyens
de jurtifier renthoufiafme qu’on a confervé
pour lui. J’ajouterai encore les raifons que
lui-même a données de l’imperfedion. de
fon ouvrage, dans la préface modefte qu’il
a mife à la tête du Didionnaire de nautique.
Elles autorifent nos obfervations mieux
que tout ce que nous pourrions dire.
J’ai tâché, pour les objets qui me regardent
en particulier , de fuivre le plan
que RoulFeau indique dans cette même
préface : c’efl-à-dire , « d’en traiter fl
» relativement les articles , d’en lier fl
» bien les fuites par dès renvois, que le
» tout, avec la commodité d’un Didion-
» naire , eût l’avantage d’un traité fuivi
Mais c’eft feulement dans les articles qui
regardent l’étude de la compofîtion que
j’ai pu fuivre cette marche , & c’efl au
mot compofîtion que j’en ai fait le réfumé
général ; de forte que cet article , qui,
au premier apperçu , n’offre qu’une' ef-
quiffè légère , devient un traité aflêz approfondi,
lorfqti’on y joint, dans l’ordre
indiqué, lés mots auxquels j’ai fucceffiveinent
renvoyé. C’eft une forte de table de
leéhrre de tout ce Didionnaire ; car le
petit nombre de renvois qu’on y rencontre
, fe trouve multiplié par les autres
renvois que contiennent à leur tour ces
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