
prix aux arts d’agrément, si cette pompe musicale
ne ferv-oit- à fomenter les inclinations fuperftitieufes
de ce peuple, & si la fuperdition ne lui faifoit plus
de mal en un jo u r , que la musique ne peut en un
siècle lui procurer de jouiffances.
( M. Ginguèné'. ')
E T E N D U E ./ , ƒ Différence de deux fons donnés
qui en ont d’intermédiaires , ou fomme de tous les
intervalles compris entre les deux extrêmes. Ainsi la
plus grande étendue poffible ou celle qui comprend
toutes les autres, eft celle du plus grave au plus aigu
de tous les fons fensibles ou appréciables. Selon les
expériences de M. E u le r , toute cette étendue forme
u n intervalle d’environ huit oélaves, entre' un fon
qui fait 30 vibrations par fécondé, & un autre qui
en fait 7552 dans le même -temps.
Il n’y a point d'étendue en musique entre les deux
termes de laquelle on ne puiffe inférer une infinité
de fons intermédiaires quille partagent en une infinité
d’intervalles., d’où il fuit que 1'étendue fonore ou
musicale eft divisible à l’in fin i, comme celles du
temps & du lieu. ( V o y e z Intervalle. ) •
( J. J. Rouffeau. )
E ten d u e. C ’étoit ici le lieu., ce me femble, de
donner une idée de Yétendue des v o ix & des principaux
inftrumens connus. Je vais tâcher de fuppléer
à l’oubli de Rouffeau.
Comme les accords les plus compliqués ne contiennent
pas plus dé quatre fon s , ( fauf les accords
■ par fuppofition qui ne font que des retards ou des
mélanges d’harmonie., & dont on retranche ordinairement
au moins une note ) l’harmonie contient
communément au plus quatre parties ; favoir , la
b a ffe , la taille, la haute-contre ou le fécond deffus,
& le premier deffus. La baffe fe fubdivife en baffe-
taille & en baffe-contre. La taille fe fubdivife également
en deux parties, le ténore & le concordant
ou baryton ; le deffus , en premier & en fécond
deffus. La haute-contre ne fe fubdivife point.
La baffe-contre, la plus grave des v o ix , commence
au gravé par le fa le plus bas de la clef d s f a quatrième
ligne, ( quelques voix defeendenr jufqu’au mi')
& monte jufqu’à Yut, qui furpaffe d’une ligne la
portée. Lafbaffe-taille va depuis le fol au grave de
cette même c le f , jufqu’au mi, qui furpaffe, la portée
de deux barres. Les voix qui font le fa,-Yans cr ier ,
ne font plus des baffes-tailles, mais des concordans.
Autrefois cette vo ix s’écrivôit fur la clef de fa troi-
fièm. ligne , ce qui étoit plus naturel, puifqu’alors
le chant ne furpaffoit plus fenfiblement les portées ;
mais quand on a fenti l’inconvénient de la multiplicité
des c le fs , on a cherché à en diminuer le nombre,
& peu à peu-la baffe-taille & la baffe-contre fe font
écrites fur la même clef.
L a taille, qui s’écrit fur la clef d'ut quatrième ligne,
va depuis Yut au-deffous de la première ligne de la
portée au g ra v e , jufqu’au fol qui la furpaffe d’une
ligne. Les ténores italiens qui ont l’habitude de
prendre le fauffet au mi ou au fa , mohtent beaucoup
plus haut, mais c’eft alors une voix fa ftic e, quoique
fouvent très-agréable, dont les fons ne peuvent entrer
dans le tab’eau que nous préfentons ici. Les barytons
ou concordans qui s’écrivent lu r la même c le f , ou
fur celle d e / z quatrième lign e, s’étendent depuis le
la au g ra v e , jufqu’au fa à l ’aigu.
La haute-contre s’éc rit fur la clef d’ut troifième
- ligne. Elle embraffe depuis le re g ra v e , au-deffous
de la portée, jufqu’au f i qui la furpaffe d’une ligne ;
mais elle n’a cette étendue que par des moyens viole ns,
en ferrant le n e z , le g o fie r , & c . ce qui donne fréquemment
à cette vo ix des fons canards ou des fons
du nez. Naturellement les voix très-claires ne fau-
roient paffer le la de l’aigu. (JVoyez Haute-Contre. )
Les contralti italiens ont une autre étendue , parce
que cette partie eft exécutée par des cafiratj. , dont
la vo ix eft baiflee , ou par des femmes 5 mais alors
ce font de véritables bas-deffus, dont les compositeurs
ont tiré pour l’harmonie Un parti fuffifant.
( V o y e z Contralto. )
Les deffus s’écrivent fur la clef d'ut première ligne.
Les François ont eu long-temps le bon efprit d’écrire
les premiers deffus fur la c le f de fol fécond? ligne ;
: mais comme les compositeurs italiens n’ont point
adopté cét ufage, qui leur fcroit pourtant plus utile
qu’à d’autres, beaucoup de compositeurs frânçois,
pour avoir l’air de faire de la musique italienne en
font revenus à la clef.d’&r. Les féconds deffus ou
bas-deffus, prennent depuis le f i ( & quelquefois le
la ) au grave de cette c le f jufqu’au fa qui furpaffe
la portée, d’une ligne. Ce s voix font celles, de quelques
femmes & de la plupart des caftrati.
Les premiers deffus commencent à Yut de la c le f , &
montent . . . on ne peut plus aujourd'hui.déterminer
jufqu’o ù , tant !a culture & l’exercice ont augmente
Y étendue naturelle de ces voix. Nous avons entendu
ici madame Agujari-Golla, italienne, madame le
B ru n -D a n z y , allemande, & madame d’A v r ig n y -
Renaud, françoife , parcourir- avec, une vo ix très-
égale , depuis le la g ra v e au-deffous de la p o r tée,
jufqu’au la tierce aw-deffus du clavecin à grand ravalement
, ce qui fait trois oélaves complètes.
C e phénomène, quoiqu’il fe multiplie, ne peut
pas être cité en règle générale, ainsi nous bornerons
Y étendue des premiers deffus jufqu’au la qui furpaffe
d’une ligne la p o rtée, la clef étant Celle de.fol fécondé
ligne. Les deffus exécutés en Italie par des
caftrats, s’élèvent rarement plus haut. (V o y e z pl. de
mu f i ,fig- 155 , le tableau de Y étendue des différentes
v o ix .) Je paffe à celle des inftrumens.
O n a fuivi pour l’orcheftre la même divifion générale
des parties, fayok la baffe, la taille , le fe*
É T É 5 2 5
cond & le premier deffus. La haute-contre n’eft
reptéfentée que par quelques inftrumens à vent.
La baffe fe fubdivife en contre-baffe & en violoncelle,
qui font écrits fur la même clef, & qui pour
l’ordinaire exécutent la même p a r t e , mais, fuivant
leur diapafon particulier, à une oftave l’une de l’autre.
Leur étendue eft depais Yut grave., deux.lignes au-
deffous delà portée, jufqu’au mi, deux lignes au-deffus;
c’eft-à-dire, deux oftaves & une tierce majeure. Le
violoncelle qui démanche, va beaucoup plus h au t,
félon l’habileté de l’exécutant.
L a taille eft répréfentée par les alto ou quintes,
que l’on appeloit tailles autrefois. U alto s’écrit fur
là clef d’ut troifième lig n e , & va depuis Yut grave
jufqu’au f i , qui furpaffe la port !e d’une ligne : telle
eft fon étendue fans démancher ; mais on le fait
monter jufqu’au mi, même dans les fempliffages
d’orcheftre. Cet inftrument eft à i’o&ave du violoncelle.
Les violons , divifés en premier & fécond deffus,
ont les mêmes fons & la même étendue, à la quinte
de la baffe. Ils commencent à fol deux lign ; r a u -
deffous de la portée, la c le f étant fo l fécondé ligne,
& vont fans démancher jufqu’au la de l’aigu ; une
ligne au-déffus ' de . la -portée. * En démanchant, ils
montent communément jufqu’au re , même au mi
& au fa ; les fons plus, aigus n’âppartiennent qu’au
concerto.
Les flûtes exécutent la partie de deffus, premier
& fécond ; on les écrit fur la clef de f o l fécondé
hg' e ; leur fon le plus grave eft le re au-deffous de
la portée, & le plus aigu eft le f a , écrit fur l’efpacé
qui eft au-deffus de la troifième ligne à l’aigu de
là • portée, c’è lt-à -d ire , deux o&aves & une tierce
mineure.
Les hautbois qui exécutent au ffi les deffus pre*
mier & fécon d , out une tierce mineure moins que
les flûtes . à .l’aigu , 6c une note de plus au grave;
ils commencent à Yut. Quelques inftrumentiftes habiles
fâvent en tirer des fons plus aigus, & s’élever
comme les flûtes ^ufqu’au fa.
Les ballons, qui exécutent ordinairement la baffe
mais qui tiennent lieu de concordans, s’écrivent fur
la c le f de baffe, quand ils ne montent pas très-haut;
& fur celle1 de taille , quand on leui donne des fons
aigus. Ils vont depuis le f i fr ,.un ton au-deffous'de
Yut du violoncelle, jufqu’au f i naturel qui furpaffe
de deux lignes la portée lorfque la clef eft ut fur la"
quatrième ligne.
• Nous-ne parlerons point des cors, dont Y étendue
Varie fuivant les tofis dans lefquels ils font - ni des
autre-» inftruùnens qui peuvent être employés dans
les orcheftres, ÔC dont on verra Yétendue à leurs arrives.
(V o y e z pl. de mufi, fig. 156, la gamme
generale de ces inftrumens, ) ( M . Framery. )
É X C
EU D R OM É . Nom de 1: air que.jouoient les hautbois
aux jeux Sthéniens , inftitués dans Argos en l’honneur
de Jupiter. Hiérax, Arg ien , étoit l’inventeur de
cet air. ( J. J. Rouffeau. )
É V IT É , participe. Cadence évitée. ( V . Cadence. )
( / . J. Rouffeau.)
E v ité. La cadence évitée eft une véritable fuf-
penfion. (V o y e z mon art. Sufpenfion.)
( Ai. l ’abbé Feytou. )
E V IT E R , v. a. Eviter une cadence, c’eft ajouter
une diffonance à l’accord final, pour changer le mode
ou prolonger la phrafe. ( V o y e z Cadence. )
( / . J. Rousseau.)
E V O L U T IO N . ( V o y e z Contrepoint, & terme
de mufique. ) ( M. de Cajlilhqn. )
E V O V A E .fi m. Mot barbare formé des six voyelles
qui marquent les fyllabes des deux mots, feculorum
amen, & qui n’eft d’ufage que dans le p ain-chant.
C ’eft fur les lettres de ce mot qu’on trouve indiqué«
dans les pfeautiers & antiphonaires des églifes catholiques
les notes par lefquelles, dans chaque ton &
dans.les diverfes modifications du ton , il faut terminer
les verféts des pfeaumes ou des cantiques.
Vévovaé commence toujours par la dominante du
ton de l’antienne qui le précède, & finit toujours
par la-finale. ( J. J. Rouffeau. )
EÜ PH O LM IE . Hefychius appelle eupkoimie la
partie de la flûte qui eft immédiatement au-déffus
de la glotte, & la glotte même.
( M. de Caffûhon. )
EU TH IA . f . f . Terme de la musique grecque;
qui signifié une fuite de notes procédant du grave
à l’aigu. Veuthià étoit une des parties de l’ancienne
Mélopée. ( 7 . J. Rouffeau.)
_ Euthia n’eft point un terme de la mufique g recque,
c e f t un adjeétif qu’Ariftide applique au mot Agogé,
qui lignifie droite. (V o y e z mon art. Agogé. )
( M. Vabbé Feytou. )
E X A C O R D E . f . m. Inftrument à six cordes, ou
fyftême compofé de six fons, tel que Yexacorde de
G ui d’Arezzo. (J . J. Rouffeau. )
Exacorde fe prenoit également autrefois pour
la fixte. Exacorde majeur, exacorde mineur, fixte
majeure, fixte mineure. ( M. Framery. )
EX C È S eft une partie de la mufique grecque qui
apprend la fucceffion naturelle des tèiracordes. ( V o y e z
A r i jb x è n e , p. 58 & 123.)
( M, l'abbé Feytou. )