
Vïïj •> D I S C
mêmes mots , & il le forme ainfi line
chaîne continue qui comprend tout ce que
doit favoii celui qui étudie la compofition.
■ Mais tous les autres mots ne m’ont pas
paru, fufceptibles d’une connexion auflî
intime. Tout ce qui regarde , par exemp
le , la mufique des Grecs, le chant ec-
cléfiaflique , les inlîrumens., la poétique
rmificaîe,. & même , à beaucoup d’égards ,
la partie purement hiftorique , ell fans
doute fort étranger à l’étude de l'harmonie,
& il n’eût été ni très-utile., ni peut-
ê re poffible de l’y attacher par aucune
liaifon. Ces différentes branches forment
autant de connoilfances ifolées, indépendantes
l’ me de l’autre , que l’on peut
étudier féparement & confulter au befoin-.
Mais chacun des articles qui les compofent
tiennent de même l’un à l’autre, autant
qu’il a été jugé nécelTaire , par la chaîne
des renvois. Je dis autant qu’il a été jugé
nécelTaire ; car dans certaines parties ,
comme la partie hiftorique , quel rapport
convenoit-il d’établir entre i’hiftoire des
Bardes, par exemple , & l’hiftoire de la
Cantate ! Dans celle des inftrumens , fe-
roic-il utile de lier l’étude du cor de chaffe
avec celle du violon ?
Rouflèau s excufe fur fes redites : nous
en avons fait beaucoup plus que lui , &
nous ne croyons pas devoir nous en ex-
cufer. Aucune fcience n’a une nomenclature
auflî vicieufe que celle de la mufique.
Le défaut de précifion & de clarté
qu’on y rencontre à tout moment, en rend
fouvent les principes difficiles à concevoir
& fur-tout à retenir, C’eft en préfentant
les mêmes objets fous différentes faces
qu’on peut plus aifément parvenir à les
O U R S
inculquer dans l’efpnt. Nous avons cra
devoir imiter les maîtres intelligens &
zélés, qui, pour mieux inftruire leurs élèves,
leur répètent plufieurs fois les mêmes
idées fous différentes formes & revêtues
d’autres mots. C’eft ainfi qu’après le
petit traité qui fe trouve au mot cornpofi-
tion & où font développés les principes
les plus importans , on en retrouve uçe
grande partie , détaillée d’une autre manière
au mot contrepoint : ce qui aura pu
échapper à l’intelligence du leéleur dans le
premier article, s’éclaircira davantage &
fe fixera mieux dans fa tête en lifant le
fécond.
Cette imperfeétion de la langue, mu-,
fi cale ell ce qui a particulièrement fixé
notre attention , & j’ai tâché pouf ma
part, comme chargé des mots techniques
de ceux où règne la confufion la plus grande,
& qui exigent pourtant le pins de clarté,
de les définir avec autant de précifion
qu’il m’a été poffible, & de ramener tous
les mots à leur véritable lignification.
Cette connoiflance de'la valeur réelle des
mots ell peut-être la clef la plus importante
de toutes les fciences.
Rondeau prétend « s’être attaché fur-
. » tout à bien completter le vocabulaire » ;
: mais nous ne croyons pas qu’il y ait réufli
audi bien qu’il en paroît perfuadé. D’ail-
, leurs, depuis l’époque où il écrivoit , la
mufique a fait des progrès immen fes. Elle
n’a pu étendre ainfi fon domaine fans
s’enrichir d’une foule de nouveaux niots
qu’il étoit de notre devoir de recueillir.
.Ce qu’il y a de sûr, c’ed que nous avons
confidérablement augmenté ce1 vocabulaire,
& que. nous avons traité en détail
P R È L I M IX
«ne grande quantité de mots & d’expref-
fions ufitées en mufique, foie d’invention
moderne , foit d’un ufage ancien , mats
négligées par Rondeau & fes contemporains.
Nous ne croyons pas cependant avoir
mérité, le reproche qu’il fart très-injujle-
ment i Broflard , lequel » donnant, dit-il,
».un Dictionnaire français , en fait le vo-
» cabulaire tout italien , & l’enfle de mots
» tout-à-fait étrangers à l’art qu’il traite ».
Cette accufation prouve feulement que
Rouflèau n'avoit examiné que très-légé-
rement le Diâionnaire de Broflard , &
fur-tout qu’il n’en avoit pas lu le titre ;
car il y auroit vu que le but de ce Chanoine
n’étoit pas de traiter l’art mujical ,
dont il ne parle que par occafion , ni de
•faire un Dictionnaire françois , mais de
donner un vocabulaire de mots italiens,
latins & grecs employés dans la mufique.
.Voyez principalement le mot cavatine ,
où Roudeau répète ce reproche avec un
acharnement difficile à comprendre , & où
Broflard fe trouve complettement juflifiés
Rondeau n’a .point patlé des indrumens.
Nous n’avons pas non. plus traité en détail
cettejiartie : non, comme il le dit, qu’elie
foit alfez vade pour remplir feule un
Didionnaire , car, quel que foit leur nombre
, il n’y en a guère qu’une douzaine
des principaux , & qu’on peut regarder
comme les types de tous les autres. , qui
enflent exigé des détails un peu étendus;,
mais parce que cet objet a déjà été exécuté
dans cette même Encyclopédie méthodique,
tome IV , première partie des
arts & métiers. Dans ce volume , en
traitant des inftiumens comme objets de
ƒ N A 1 R E.
lutherie, on a donné fouvent des idées
fuffifantes fur leur accord , fur leur effet,
fur la manière d’en jouer , & c’ed tout
ce qui eût été de notre compétence. Nous
avons donc cru devoir éviter des répétitions
inutiles ; mais nous avons parlé
néanmoins dé quelques-uns de ceux qui
font le plus en ufage & fur lefquels nous
avions à ajouter ou quelques détails h if-
toriques , ou quelques obfervations inle—
redantes , ou à reâifier quelques erreurs
échappées à l’Auteur du volume qui vient
d’être cité. Nous avons obtenu fur ce
point les fecours d’artiftes ou d’amateurs
dont l’autorité ne fauroit être reeufée, &
dont le nom feul garantit le mérite de
leur travail. Tels font les articles clavecin ,
forte-piano , que nous devons à la com-
plaifance de M . Hüllmandel, qui joint au
mérite d’une exécution furprenante fur
ces deux indrumens , des connoidances
rares, dans un anifle. L ’article violon , qui
nous a été donné par M . de Chabanon,
de l’acadcmie françoife , cet élégant &
favant écrivain, qui, même comme pro-
fefleur de mufique , auroit pu fe faire
encore un grand renom. L ’article cor ,
fur lequel on trouve quelques inexadrtudes
dans le volume des arts & métiers , &
que j’ai tâché de reâifier , aidé, par les
.lumières de M . le Brun , cor de TOpéra ,
dont les talens très-connus repofent fur
lune connoilfance approfondie de fon ihf-
trument. L’article harmonica , fe trouve
traité ici avec une très-grande étendue,'
parce qu’il ne l’a jamais été ailleurs , &
que Franklin lui-même , le premier qui
ait écrit fur cet infiniment, n’a pu en
donner que des détails fort bornés , gujfe