
v ü j a v e r t i s s e m e n t .
l’Encyclopédie ; il en défiroit vivement une nouvelle édition,
& c’étoit pour 'cette nouvelle édition qu’il avoit compofé fes
Quefiims fur P Encyclopédie. On a donc cru devoir reprendre dans
cet Ouvrage-tous les morceaux qui appartiennent à la Littérature,
pour en enrichir le nouveau Dictionnaire.
Mais le travail de ces hommes célèbres n’a pas fuffi pour compléter
le plan du nouveau Dictionnaire, tel que nous 1 avons expofe*
Un très - grand nombre d’articles , qu’ils ont omis ou regardes
comme étrangers à leur objet, ont ete recueillis de 1 Encyclopédie
même , ou fuppléés par l’Editeur. Il a cru devoir -aufli joindre
quelquefois des additions & des obfervations aux articles compofés
par les auteurs principaux , lorfque les objets qui y font traités lui
ont paru fufceptibles d’être.un' peu plus développés , ou d’être
préfentés fous différents points de vue,
Toutes ces additions & corrections feront diflinguées par des.
marques particulières qui indiqueront, avec précifion , ce qui
appartient à chaque auteur.
Enfin on n’a rien négligé pour donner à cet Ouvrage toute
l’étendue, l’intérêt, & l’utilité dont il eft fufceptible.
A A
. A . a &' <1, £ m. Caraftère ou figure de lapVéfriîère
lettre de l'Alphabet, en latin , en françois , & en
prefque toutes les langues connues , n y ayant que
l ’éthiopique où elle eft la treizième.
On peut confidérer ce caraftère , ou comme let-
tre ,ou comme mot, •
I ; A, en tant que lettre , efl le.figne du ton a ,
qui de tousJes tons de la voix eft le plus facile à
prononcer. Il ne faut qu’ouvrir la bouche & pouflêr
l’air des poumons.
On dit que Va vient de Valeph des hébreux : mais
Va t en tant que fon, ne vient que de la Conformation
des organes de la parole ; 8t le caradère ou figure
dont nous nous (èrvons pour repréfénter ce ion ,
nous vient de Valpha des grecs. Les latins & les
autres peuples de l’Europe ont imité les. grecs dans
la forme qu’ils ont donnée à cette lettre. Selon les
Grammaires hébraïques, & la Grammaire générale
de P. R. p. iz . Valeph ne yèrr,(aujourd’hui) que pour
Vécriture, & n’a aucun jo n que celui de la voyelle
qui lui ejl jointe* Cela fait voir que la prononciation
aes lettres eft iujette à variation dans les langues
mortes , comme elle l ’eft dans les langues vivantes.
Car il eft confiant, ièlon M. Mafolef & le P. Houbi-
gant, que Valeph fé prononçoit autrefois comme
notre a ,* ce qu’ils prouvent iur tout par le palïàge
d’Eusèbe, Prép. JEv. liv. J5T, chap. 6. où ce P.
foutient que les grecs ont pris leurs lettres des hébreux
: ld ex grcecâ Jingulorum elementorum ap-
pellatiône quivis intelligit. Quid enim aleph ah
alpha magnopere differt ? Quid autem vel betha à
beth ? &c.
Quelques auteurs ( Covarruvias) difènt que, lorf
que les enfants viennent au monde , les mâles font
entendre le fon de Va , qui eft la première voyelle de
mas ; & les filles, le fon de Ve , première voyelle de
femina : mais c’eft une imagination (ans fondement.
Quand les enfants viennent au monde, & que pour
la première fois ils pouflènt l’air des poumons , fon
entend le fon de différentes voyelles, félon qu’ils
ouvrent plus ou moins la bouche.
<. On dit un grand A , un petit a : ainfî, a eft du
genre mafoulm, comme les autres voyelles de notre
alphabet.
Le fon de Va, auffi bien que celui de Ve, eft long
en certains mots , & bref en d’autres : a eft long dans
grâce, & bref dans place : il eft long dans tâche, quand
ce mot lignifie un ouvrage qu’on donne à foire ; & il
eft bref dans tache , ( macula , fouillure ) : il eft long
dans matin, gros chien ; & bref dans matin, première
partie du jour. Foye^ l’excellent Traité de la Pro-
fodie de M. l’abbé d’Olivet.
Les Romains, pour marquer Va long , l’ écrivirent
dabord double, Aala pour A la ; c’eft ainfî qufon
trouve dans nos anciens auteurs françois aage, &c.
Çnfîiite ils inférèrent un h entre les deux a >Ahala.
Cramm. e t L it té ra t. Tome I.
Énfîii ils îfiettoieîlt quelquefois le ligne de la lÿllabe
longue, ala.
On met aujourd’hui un accent circonflexe fur Va
long , au lieu de V f qu’on écrivoit autrefois apres
cet a : ainfî , au lieu d’écrire majlin, blafme * ajne ,
&c. on écrit mâtin , blâme, âne. Mais il ne faut pas
croire avec la plupart des Grammairiens , que no»
pères n’écrivoient cette f après Va , ou après toute
autre voyelle, que pour marquer que cette voyelle
étoit longue : ils écrivoient cette f , parce qu’ils la
prononçoient ; fie cette prononciation eft encore en
ufàge dans nos provinces méridionales , où l’on
prononce majlin , tejlo , bejli , &c.
On ne met point d’accent fur Va bref ou com-*
mun. *
IVa chez les romains étoit appelé lettre falutaire,
littera falutaris. Cic. Attic. j x . y. parce que, lorsqu'il
s’agilïoit d’abfoudre ou de condamner un accufe,
les juges avoient deux tablettes, fur l ’une defquelles
ils écrivoient Va, qui eft la première lettre d’abfolvo;
& fur l’autre ils écrivoient le c , première lettre de
condemno : & l ’accufé étoit abfous ou condamné ,
félon que le nombre de-l’une de ces lettres l’emportoit
fur le nombre de l’autre.
On a fait quelques ufâges de cette lettre qu’il eft
utile dfobférver. •
i . IVa chez les grecs étoit une lettre numérale
qui marquoit un.
z. Parmi nous , les villes où l’on bat monnoïe ont
chacune pour marque une lettre de l’alphabet : cette
lettre fé voit au revers de la pièce de monnoie au
deflous des armes du roi. A eft la.marque de la monnoie
de Paris.
3. On dit de quelqu’un qui n’a rien fait, rien écrit,
qu’il n’a pas fait une panfé d’a. Pdnfe , qui veut dire
ventre , fîgnifie ici la partie de la lettre qui avance ;
i l n’a pas fa it la moitié d’une lettre.
II. A y m o t , eft i i la troifîème perfonne du préfént
de l’indicatif du verbe avoir. lia de l ’argent y i l a peur,
U a honte y i l a envie ; & avec le fîipin des verbes ,
elle a aiméy elle a v u y à l ’imitation des latins, habeo
perfuafum. Foye-[ S u pin. N os pères écrivoient cet a
avec un h ; 'ûha> àlhabet. On ne met aucun accent
fur a verbe.
Dans cette façon de parler i l y a , a eft verbe.
Cette façon de parler eft une de ces expreflions figu-*
rées, qui fé font introduites par imitation , par abus,
ou catachrèfé. On a dit au propre, Pierre a de l’argent
, i l a de l’efprit ; & par imitation on a dit, i l y a
de l ’argent dans la bourfe, i l y a de l’efprit dans ces
vers. I l , eft alors un terme abftrait & général comme
ce , on. Ce font des termes méthaphyfîques formés à
l’imitation des mots qui marquent des objets réels. IVy
vient de Vibi des latins, & a la même lignification.
I l y y y c’eft-à-dire, là , ici ; dans le point dont il s’agit*
Il y z des hommes qui , &C. //, c’eft-à-dire, l’être