
quence chofe fenfible ; & j’inter prête rois ainfî les
mots pris pafîivement, en me rapprochant davantage
du radical qui eft à la tête :
Sramentum , chofe étendue par terre , mentum JIratum ;
Fragmentum, chofe brifee , rompue j - mentum jraftum ;
Ramentum , chofe raclée. mentum rafum.
_Je fïuvrois la" mênje analogie pour les mots pris
dans le fens aâif.
Armentum, agent qui laboure,
Jumentum, agent qui aide ,
Monümentum , chofe qui avertit,
Injlrumenium , chofe qui formé ,
Tormentum, chofe qui lance, qui darde
mentum arans ;
mentum juvans ;
mentum monens ,*
mentum injh uens ;
, mentum toi-que ns.
Les autres difficultés propofées par le Secrétaire
de 1 Académie, font encore plus foibles que celles
auxquelles je viens de répondre , & ne peuvent
nuire à l’opinion de ceux qui tirent, de l’ablatif
latin mente , la terminaifon adverbiale ment pour
le françois , ou mente pour l ’italien & l ’efpagnol.
Quoiqu’il en fait, tous nos Adverbes en ment
dérivent, comme je l’ai déjà dit , des adjeâifs
analogues : excepté incejfamment, diablement,
nuitamment , profafément , fciemment ; dont le
premier paroît compofe de la particule négative
in &■ du nom ceffe ou du participe ceffanz, & les
quatre autres font formés des noms diable, n uit,
profufion, fcience, Je crois que notamment vient
régulièrement de notant participe xlu verbe noter ;
& que les grammairiens qui ont mis cet Adverbe
au nombre de .ceux qui ne viennent pas des adjectifs
, Yè font mépris en ce point. L ’abbé Regnier
le trompe de même, quand il y compte Injlamment,
« qui n’a point , dit-il , d’adjeâif mafoulin qui
» toit en ufàge » : je ne fois fi de fon temps,
qui n’eft pas fort éloigné , on s’interdifoit l’ufoge
du mafoulin infiant, quoiqu’on dit au féminin inf-
tante ; mais aujourd’hui l’on dit également infiant &
infiantc»
L a formation régulière des Adverbes en ment
peut fo réduire à trois règles principales.
L Règle. Si l ’adjeâif mafoulin eft terminé par
«ne voyelle , il faut fimplement y ajouter ment*
Des adjectifs fa g e , utile , propre, honnête,
fimple, terminés par e muet, onforme les Adverbes
analogues fagement, utilement, proprement, honnêtement
, fimplement.
Des adjeâifs réglé , obfiinê, modère", aifè,
effronté, terminés par é fermé, on forme réglé-
ment, obfiinément, modérément, aifément, effrontément.
Des adjeâifs hardi, poli , infini , terminés par
a , on forme hardiment, poliment, infiniment.
Des adjeâifs éperdu , ambigu , réfolu , ingénu.,
congru, terminés par u , on forme , en y mettant
toutefois l’accent? circonflexe , éperdument, ambi-
gumene, réfolument, ingénûment,. congrument.
i*. Il faut excepter de cette règle l’adjeâif zttz-
/»wnr, dont Y Adverbe analogue eft impunément,
& non pas impunément»
i* Les adjeâifs beau, nouveau , fo u , mou, qui
ont une autre terminaifon plus ancienne & plus analogique
à la terminaifon féminine, b e l, nouvel,
/ é/, 7720/, font,par cette raifon, fournis à une autre
règle , qui eft la troifième.
II. Règle, Les adjeâifs terminés par ant ou ent
forment leurs Adverbes en changeant nt en mment.
Des adjeâifs méchant , obligeant, puiffant ,
confiant , j avant, terminés par ant , on forme
les adverbes analogues méchamment , obligeamment
, puijjamment, confiamment, favarnment.
Des adjeâifs récent, ardent, négligent, patient,
excellent, impertinent, fréquent, terminés par eur,
on forme récemment, ardemment, négligemment,
patiemment , excellemment , impertine mment ,
fréquemment.
Il faut excepter de cette règle les deux adjeâifs
&7zr & préfent, qui font lentement & préfemement,
en ajoutant ment à leur terminaifon féminine, comme
les adjeâifs compris dans la troifième règle.
III. Règle. Tout autre adjeâif terminé par une
conforme au mafoulin , forme fon Adverbe, en ajou-
tant 77ze7zr à l’adjeâif féminin,
blanc ,
public ,
grand,
n a ïf,
long,
‘g o l,
f i l pour f o u ,
Oyëw/,
^ vzVi/ pour v ieu x ,
JL ancien ,
malin,
sR/®«'»
mïzix ,
frais y
fa u x ,
heureux ,
doux,
dévot y
firicly
blanche ,-
publique y
grande,
naïve y
longue y
égale y M l
g 5 feule y
n vieille, pi ’
c ancienne,
maligne,
^m a ife y
fraîche ,
fauffe y
hëureiïfe ,
douce y
dévote,
firicte y
blanchementy
publiquement^
grandement,
naïvement ,
longuement,
également,
follement,
e feulement,
S3 vieillement y
o5 anciennement y
3 malignement y
fièrement,
niaifement, |
fraîchement,
faujjement ,
heureufementy
doucement,
dévotement y
finalement.
Il faut excepter de cette règle le foui adjeâif gentil
, dont le féminin eft gentille , & dont l’Adverbe
eft toutefois gentiment, & non pas genttllement.
Exception générale, La fÿllable ment doit être
précédée d’un e muet dans tous les Adverbes îoxmhy
félon la première règle, des adjeâifs mafoulins
terminés en e muet ; ou , folon la troifième , des
adjeâifs féminins. Il y a toutefois quelques- Adverbes
de ces deux efpèces, où l’e muet eft changé
en e-fermé.
Ceux de la première efpèce font aveuglément,
commodément, conformément, énormément, incom-
modément y 8c opiniâtrement,. formés des adjeâifs
mafoulins aveugle , commode, confirme , énorme y
incommode r 8c opiniâtre.
Ceux de la fécondé, efpèce font communément ,
confufément, exprejfément , importunément, obfcu-
, précifiment , & profondément , formés
des adjeâifs féminins commune, confuje , expreÿe,
importune, obfcure ,p récif e , Stprofonde.
J ’obferverai i c i , pour les interets de 1 harmonie ,
qu’en général les Adverbes en ment font mfuppor-
tabletf dans la Poélîe, furtout ceux qui ont plus de
trois fy llab le s , comme a j f dûment, agréablement,
invai iablement, &c. L a Profo eft moins difficile .
toutefois l’orateur doit encore éviter d en reunir
deux de la même terminaifon ; & s i l eft oblige de
les employer, qu’ il trouve quelque moyen de les
féparer de manière qu’ils ne nuifont pas a 1 harmonie
par leur cofifonance. ( M . B e a u z è e , )
(N ) ADVERBE, PHRASE ADVERBIALE.
Jy/2. Quand on a établi, dans l ’article précédent,
que tout Adverbe eft l’équivalent d’une prepofîtion
avec fon complément \ on n’a,prétendu parler que
d’un équivalant analytique & purement grammatical.
Il ne faut pas croire en effet que l’ufàge, qu on accule
trop fouvent de manquer de -juftefte, deprécifîon,
ou même de lumières , ait laiffe , entre 1 adverbe
& la phrafe adverbiale , une égalité fi abfolue,
une fynonymie fi parfaite , que la différence des
deux locutions ne ibir que dans les fons, & que
le choix en foit totalement arbitraire quant au fens :
l ’éloignement qu’ont naturellement les langues pour
une fynonymie entière, qui n enrichiroit un idiome
que de fons inutiles à la juftefTe & a la clarté de
l’expreffion , donne lieu de préfumer^que Vadverbe
& la phrafe adverbiale doivent différer par quelques
idées acceffoires. ^
Par exemple , je lerois afîèi porte a croire que ,
quand il s’agit de mettre unaâe en oppofùion avec
l ’habitude, M adverbe eft plus propre à marquer
l ’habitude ; & la phrafe adverbiale , à indiquer
l ’aâe. Un homme qui fe conduit fagement, ne
peut pas fe promettre que toutes fe s actions feront
. faites avec fàgeffe. Un auteur qui n écrit pas
élégamment, peut toutefois rendre de temps en
temps quelques penfées avec élégance. Réfifie\ avec
cournge à cette tentation y & fuive\ toujours cou-
ragenfoment le chemin de la vertu, La finejfe ,
la malignité même, peuvent quelquefois s énoncer
avec naïveté ; mais i l ne f l donné qu’a la candeur
& à la (implicite de parler toujours naïvement.
Ceci n’eft qu’une conjeâure générale , allez bien
vérifiée par les exemples ; & peut-être feroit-il aifé
d’en raffembler beaucoup d’autres : mais il n’eft pas
impoffible que, dans le détail des cas particuliers,
on rencontre d’autres différences entre l’adverbe &
la phrafe adverbiale; ces différences peuvent très-
bien dépendre de celles des prépofîtions qui entrent
dans la phrafe adverbiale, Voye\ , dans cet ouvrage
même,, l’article a v eu g lém en t , a l’a v eu g le ;
& l’article e f f e c t i v e m e n t , e n e f f e t .
(M, Beauzèe.) '
(N.) ADV ER BIA L , E, adj. Qui eft de la nature
de l ’adverbe , qui eft équivalent à un adverbe , qui
earaâérifo l’adverbe. Phrafe adverbiale, fens adverbial.
Les cas adverbiaux. Forme adverbiale.
Terminaif on adverbiale. Exprejfion adverbiale.
En parlant de l’adverbe & de la phràfo adyerbiale
( au mot A d v e r b e ) , l’auteur du Diélionnaire de
l’Elocution françoife , s’exprime ainfî : « De très-
» fàvants hommes les regardent comme fynonymss,
» & M. du Mariais entre autres prétend que l’ad-
» verbe n’eft que l’équivalent du rapport rendu
» par la prépofition & le nom qui la fuit...........
>3 telle eft même la définition qu’il donne de l ’ad-
» verbe. Il y a pourtant une exception effencielle
» que je fuis fiirpris qu’il ait omifo & que
» voici : c’eft que tout rapport exprimé par une
» prépofition & un fùbftantif ne peut pas être
» rendu par un adverbe, comme fa définition le
» donne à entendre, comme le penfo d’après lui
» M. Fromant , & comme M. Duclos le dit ex-
» preffément ; dans ces phrafes , il étudie le latin
» dans Cicéron y il s ’entretient avec Platon y 8c
» mille autres femblables, on trouve des rapports
» exprimés par des prépofîtions & des noms, qui
» ne peuvent être rendus par des adverbes.........
» Il me paroît donc évident que lès rapports qui font
» exprimés par une prépofition & un nom, ne peu-
» vent pas toujours l ’être par un adverbe. Si M. du
» Mariais a manqué la vraie définition de l ’ad-
» verbe, qui pourra l’avoir découverte ? » .
Je réponds que, f i AT. du Marfais a manqué la
vraie définition de Vadverbe , ce n’eft pas le raifbn-
nement que je viens d’expofor qui en eft la preuve.
i° . Quand il ne foroit pas pofîïble de rendre ,
par un adverbe, tout rapport exprimé par une prépofition
avec fon complément ; cela prouveroit feulement
un défaut de réciprocité, qui n’eft une preuve
de faufîèté que dans le cas où la réciprocité foroit
néceffaire au principe qu’on voudroit établir. Or
ni M. du Marfais ni M. Duclos n’ont dit ni prétendu
dire , que toute prépofition avec fon complément
pût être rendue par un adverbe ; & ils ne
l’ont pas dit, parce que cette affertîon ne faifoit
rien à leur façon de penfor fur la nature de l ’adverbe
: feulement ont-ils fait entendre , ce qui eft
hors de doute , que la prépofition & le complément
qui réiultent de l’analyfe de l’adverbe font l’équivalent
de l ’adverbe, & que par une réciprocité
néceffaire , l’adverbe en eft l’équivalent.
2,°. Eft-il donc aufli sûr qu’on veut le faire entendre
, que tout rapport exprimé par une prépofition
& un nom ne puiffe pas être rendu par un adverbe ?
Je parle de cetre pôfiïbilïté générale , qui fùffit
pour conftater l ’effence des chofos ; & non de la
‘fimple pofiïbilité pratique, qui dépend dans chaque
langue de l’autorité de l’ufage, 8c qui en chaque
occurrence n’eft qu’un fait particulier & jamais
un principe général. Par exemple , il ne foroit
pas poiïible en françois de fùbftituer un adverbe
avoué par l’ ufage , à la phrafe adverbiale que nous
énonçons par les deux mo tS'de loih\ mais Y adverbe
latin eminüs eft la preuve que eette impoffibilité eft