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naît d’un goût dépravé & d’une imagination deré-.
glée : ils lavent aufïi'que tout ce qu’on attribue a*
un Son malicieufèment jeté, n’eft que leftet, ou
d’une mauvaifè conftitution, ou d une application
phyfîque de certaines chofès capables de déranger
l’économie de la circulation du fang, & par conséquent
propres à nuire a la tante & a boülever-
fèr les fondions de l’ame. ( JJ a b b é G ir a r d . )
* CHASTETÉ , CONTINENCE. Synonymes.
(5 Deux termes également relatifs à l ’ufage des
plaifîrs de la chair ; mais avc-c des différences bien
marquées. # .
La Chafieté eft une vertu morale , qui prefcrit
des règles à l’ufage de ces plaifîrs : la Continence
eft une autre vertu , qui en interdit abfolument
l ’ufage. La Chafieté étend fes vues fur tout ce qui
peut être relatif à l’objet qu’elle fe propofe de
régler ,* penféës, difcours, ledüres, attitudes , gef-
tes, choix des aliments, des occupations , desSociétés,
du genre de vie par rapport au tempérament,
&c. La Continence n’envifàge que la privation
aduelle des plaifîrs de la chair.) {AL. ë e a u -
S É E . ) ------- _ ^ .
Te l eft chafie qui n’eft pas continent ; & réciproquement,
tel eft continent qui n’eft pas chafie.
L a Chafieté eft de tous les temps, de tous Tes
âges, & de tous les états : la Continence n’eft que
du célibat.
L ’âge rend les vieillards néceflàirement continents
; il eft rare qu’il les rende chafies• (AL
D id e r o t . )
(N. CHATIER , PUNIR. Synonymes.
On châtié celui qui a fait une faute, afin de
l ’empécher d’y retomber; on veut le rendre meilleur.
On punit celui qui a fait un crime, pour le
lui faire expier ; on veut qu’il fèrve d’exemple.
Les pères châtient leurs enfants. Les Juges font
punir les malfaiteurs.
Il faut châtier rarement, & punir fréquemment.
Le Châtiment dit une correction ; mais la Punition
ne dit précifément qu’une mortification faite à celui
que l’on punit.
Il eft effericiel, pour bien corriger, que le Châtiment
ne (bit ni ne paroifle être l’effet de la mau-
vaifè humeur. -La juftice demande que la Punition
(oit rigoureufè, lortque le crime eft énorme.
Dieu nous châtie en père pe> dant le cours de
cette vie mortelle , pour ne pas nous, punir en
juge pendant-une éternité.
Le mot de Châtier porte toujours avec lui une
idée de subordination , qui marque l’autorité ou la
lupériorité de celui qui châtie, fu1* celui qui eft
châtié. Mais le mot de Punir n’enferme point cette
idpe dans (a lignification. On n’eft pas toujours
puni par les lupérieurs ; on l’eft quelquefois p..r
{es égaux, par loi-même, par ■ lès inféri urs, par
le feul évènement des choies, par le ha lard,* ou
par les fuites mêmes de la faute qu’on a commife.
C H E
Le$ parents que la tendreffe empêche de châtier
leurs enfants, font fôuvent punis de leur folle amitié,
par l’ingratitude & le mauvais naturel de ces
mêmes enfants.
Il n’eft pas d’un bon maître de châtier fon élève
pour toutes les fautes qu’il fait; parce que les
Châtiments trop fréquents contribuent moins à corriger
du vice, qu’à dégoûter de la vertu. La cony
fèrvation de la lociété étant le motif de la P u nition
àts crimés, la juftice humaine ne doit punir
que ceux qui la dérangent ou qui tendent à fk
ruine.
Il eft du devoir des eccléfîafîiques de travailler
à l’extirpation du vice par la voie >de l’exhortation
& de l ’exemple ; mais ce n’eft point à eux
à châtier , encore' moins à punir le pécheur.
\L\ibl>é Girard, )
(N.) CHÉ TIF; MAUVAIS. Synonymes. \
Le premier de ces mots commence à vieillir
il n’eft plus d’un ufàg'e fort fréquent ; il n’eft pas
néanmoins tout, à fait fùranné , & il trouve encore
dès places où il figure ; nous pouvons donc
le cara'dérifèr, fans craindre de rien faire hors dé
propos. Quant au fécond mot : .il n’eft pas pris ici
dans foutes feV lignifications' ; il n’eft pris que dans
celle qui le rend fynonyme au premier; je veux
dire, pour marquer uniquement une forte d’inaptitude
à être avantageusement placé , ou mis en
ufàge.
L ’inutilité ou le peu de valeur rendent une choie
chétive : les défauts & la perte de (on crédit là
-rendent mauvaifè. De là vient qu’on, dit dans le
ftyle myftique, que nous fommes de chétives créatures,
pour marquer que nous ne fommes rien à
l’égard de Dieu , ou qu’il n’a pas befoin de nos
fèrvices; & qu’on appelle mauvais chrétien , celui
qui manque de foi, ou qui a perdu par le péché
la grâce du baptême.
Un chétif, fujet eft celui qui, n’étant propre à
rien, rie peut rendre aucun Service datfs la république.
Un mauvais fiijet eft celui qui, fè laif-
fant aller à un penchant vicieux, ne veut pas travailler
au bien.
Qui eft chétif \ eft méprilable & devient le rebut de
tout le monde. Qui eft mauvais, éft condannable ,
& s’attire la haine des honnêtes gens.
En fait de chofès d’ufage, comme étoffes , linges
& fèmblables le terme de Chétif enchérit fur
celui de Mauvais. Ce qui eft ufé, mais qu’on
peut encore porter au be'bm, eft mauvais ; ce qui
ne peut plus fèrvir & ne fàuroit être mis hon-i
bêtement, eft chétif.
Un mauvais habit n’eft pas toujours la marque
du peu de bien. Il y a quelquefois fous un chétif haillon
plus d’orgueil que fous l’or & fous la pour-s
pre. ( L'abbé G ir a r d . )
(N.) CHEVILLE , C. f. Dans un ifèns figuré , on
appelle 'cheville, tout ce qui eft mis dans un vers fans
Béceffné pour le fens, & uniquement pour les be-
' foins de la. rime ou de la mefure. tT
Sabine , im s V Horace de P. Cojneille, ( 4 « . 11.
f c . vj. ) répond à Curiace :
N on , non , mon Frère, non, je ne. viens en ce lieu,
Que pour vous embraffer & pour vous dire Adieu. ■ *
3d Ces trois non , dit Voltaire, & en ce lieu
»> font un mauvais effet. On fent que le heu
ai eft pour la rime ; & les non redoublés , pour le
03 vers. Ces négligences, fî pardonnables dans un
« bel ouvrage , font.remarquées aujpurdhui. Mais
33 ces termes en ce lieu , en ces lieu x , ceffènt d etre
03 une expreftion oifèufè, une Cheville , quand ils
»? lignifient qu’on doit être en ce lieu plus tôt qu aii-
03 leurs, ce . %
Dans le Polyeucle du même poète ( A et. 111.
Ce. ij. )
Je ne puis y penfer fans frémir à l’inftant,
Et crains de faire un crime en vous le racontant.
03 On ne peut remarquer a,vec trop d’attention,
s? dit encore Voltaire, ces mots inutiles que la
03 rime arrache. . Sans frémir dit .tout ; ci
03 tant eft ce qu’on appelle Cheville.
L ’auteur de VEncyclopédie littéraire dit, comme
la plupart de ceux qui en ont .parlé, qu’une Chev
ille eft une épithète inutile, & qu On n emploie
que pour complettÊr la méfiare d’un vers ou pour la
rime, mais qui n’ajoûte rien à l’image & à la pensee.
L ’épithète inutile eft fans contredit ,une Cheville ;
mais toute Cheville n’eft pas une épithète.: peut-
on en effet « donner.le nom d’épithète à aucune , des
trois Chevilles qui viennent d etre cenfurées. par
Voltaire l
L ’Encyclopédifte littéraire veut donner un exemple
d’une Cheville-, employée uniquement pour la
-rime; & il cite ces vers de Defpréaux { A r t . poet.
III. 163. j ,,
Là pour, bous enchanter tout eft mis en ufegç ;
Tout prend uni corps , une ame, un efprit,. un vijage*
L e choix de r,exèmpl.ë me parôît doublement malheureux.
i ° . U n vifeigé n’eft pas une épithète , puif
que ce n’eft ni un adjeétif ni l’équivalent d’un ad-
jed if : ainfî, ce choix dépofè contre la jufteffe de
la définition. z°. Wn v i f âge n’eft point du tout inutile
à la penfée de l’auteur : f i s âge fe prend pour
Pair du v i f tige; & P h y sjoNQM.i T.fe prendplus ordinairement
pou rV a ïr , les traits du v if â g e félon le
Diéit; dé l’Acad. ( 1761 ) : or qrie phyfîoriomie dé-
. cidée n’eft pas ,une , chofe ihutilç a'obfèryer dpris
l ’homme , parcé que fà pliyfîônomiè eft allez communément
un ligne caraéjtériftiquè de fon intérieur ;
St il èn eft de mênjie dans un, poème épique : tout
doit être.. .caraftérifé d’une manière àfîortie au but
& au plan de fufage. ( M . P eauzèe. )
(N.) CHIFFRE,!. nf..l| fè dit de certains caraftçres
inconnus, déguifes on variés^ donf on fç fert pour
écrire des chofès fècrètes, & qui ne peuvent etre en^
tendus que par céux qui en, ont la clef. On en a t a
un art particulier , qu’on Appelle Cryptographiep
Polygraphie, osi Stéganographie^ qui paroit n avoir
été que peu connu des anciens. ^ v
Il y. a apparence que la dénomination de Chiffre
& le verbe Déchiffrer qui y répond en ce fens , viennent
de ce que ceux qui ont cherché les. premiers, u
moins parmi nous , à écrire en Chiffres , fe font
fervis de ceux de l’Arithmétique ; & de ce qu mfonl
ordinairement employés pourcela, etantd uîicot es
caractères très-connu s , & de l’autre, étant très- 1 -
férents des caradères ordinaires de l’Alpliabet. V au-,
leurs tous Les étymologiftes s’accordent allez a tirer 1
nom Chiffre de l’hébreu “jDD ( Sapher ou 6aphr )
qui lignifie également nombre y annonce , récit , ^
livre, Lettre. ■ _ .
Le Sieur Guilîet de la Guilletière , dans un livre
intitulé Lacédémone ancienne & nouvelle^, prétend
que (es anciens lacédémoniens ont été les inventeurs
de l’art d’écrire en Chiffres. Leurs Scytales furent ,
félon lu i, comme l’ébauche de cet art m\fteneux :
c’ctoient deux rouleaux de bois , d’une longueur &
d’une épaiffeur égale ; les éphores en gardoient un,
& l’autre étoit pour le Général d’armee qui mar-
choitcontre l’ennemi. Lorfque ces magiftrats lui vou-
loient envoyer des ordres fècrëts , ils prenoient une
bande de parchemin étroite & longue , qu ils rou-
loient exactement autour de la Scytale qu’ils s etoient
réfervée ; ils écrivoienf alors defTus leurs intentions ;
& ce qu’ils avoient écrit formoit un fens^ parfait &
fuivi , tarit que la bande de parchemin étoit appliquée,
fur le rouleau: mais dès qu’on la dèvelopoit,
l’écriture étoit tronquée & les mots fans liaifon ; &
il n’y avoit.que leur Général qui pût en trouver la
fuite & le fèns , en ajûftànt la bande fur la Scytaie
ou rouleau fèmblable qu’il avoit.
Ce n’étoit point là l’art d’écrire en Chiffres, puil-
que les lacédémoniens ne cachoient leur fecret qu’en
décHiqùetâiït, pour ainfî dire , leur écriiiire fur différentes.
parties du rouleau : cette manière appartient
néanmoins à la Cryptographie ou Stéganographie ,
qui eft l’art d’écrire en cachant fon fècret, pour ne le
laifjèr deviner qu’à celui à qui on en confie la clef,
Polybé raconte qu’Enée le taCUtien f it , il y a environ
deux-mille ans, une colleChon. de vingt manières
differentes , qu’il avoit inventées ou dont on
s’étoit fervi jufqu’alors, pour écrire, de façon qu’il
n’y eût que celui qui en avoit le fecret qui pût y
comprendre quelque chofè. v
Mais perfbnné n’avoit donné des règles de cet art
ayant Jean Trithème, abbé de Spanheim, qui mourut
au commencement du XVI. fîècle. Il avoit compose
fur ce fujet fîx livres de la P oly graphie (Voye1
ce mot) , & un grand ouvrage de la Stégaiiogra-
phiè(jffQye-{ ce mot), dont lès termes techniques &
myftérieux firent penfèr à un nomme Boville, que
cet çuvrage ne renfermoit que des myfteres diaboliques,;
& c’eft fur ce principe queplufieurs auteurs,
at eift're Autres Poffevin , ont écrit que la Stéga--
Ç c c J,