
( N . ) ASTRONOME, ASTROLOGUE jj Syn.
L'Ajlronome connoît le cours & le mouvement
des aftres. L’AJlrologue raifonne fur leur
influence. Le premier obforve l’état des cieux, marque
l’ordre des temps , les éclipfés 8c les révolutions
qui naiffent des loix établies par le premier
mobile de la nature, dans le nombre immenlè des
globes que contient l’univers ; il n’erre guère dans
lès calculs. Le fécond prédit les évènements, tire
des horoféopes, annonce la pluie, le froid, le chaud,
& toutes les variations des météores ; il fé trompe
fouvent dans fés prédirions. L ’un explique ce qu’il
la it, & mérite l’eflime des lavants. L ’autre débite
ce qu’il imagine, & cherche l’eftime du peuple.
Le défîr de lavoir fait qu’on s’applique à ŸAJlro-
riomie. L ’inquiétude de l’avenir fait donner dans
YAJlrologie,
La plupart des gens regardent YAJlronomie comme
une foîence inutile & de pure curiolîté ; parce qu’ap-
paremment ils ne font point réflexion qu’ayant pour
objet l’arrangement des féifons, la diftribution du
temps, la diverfîté & la route des mouvements cé-
leftes, elle aide à l’Agriculture , met de l’ordre dans
toutes les chofés de la vie civile & politique , & devient
un fondement néceflaîre à la Géographie 8c
à l’art de la Navigation. Mais f l, avec toutes ces
réflexions , ils n’ignorent pas encore que féns cette
foîence, l’Hiftoire & la Chronologie ne féroient que
confufîon, perpétuellement contraires à elles-mêmes
à caufé des différentes manières dont les nations
ont réglé leurs jours & leurs années ; alors ils. rendent
, à 1*Afironomie 8c à ceux qui la cultivent,
l’eftime due à leur mérite« L ' AJlrologie eft à pré-
fént moins à la mode qu’autrefbis ; (oit parce que
le commun des hommes eft plus déniaifo ; (oit parce
que l’amour du vrai eft plus du goût des habiles
gens, que l’envie d’éblouir & de duper le monde ;
(oit enfin parce que le brillant de la réputation ne
dépend pas aujourdhui du nombre des fots, mais
du diféernement des (âges. ( U abbé G ir a r d . )
. (N.J ASYNDÉTQN, f. m, Fig ure d’Élocution
par déftinion , laquelle confifte à retrancher les
confondions copulatives , de manière que les membres
(èmblables du difoours ne fént plus liés que
par leur rapprochement.
Hermione, furieufé de la mort de Pyrrhus quoiqu’elle
l’eût ordonnée, tant eft grande l’inconfé-
quence des paffions, s’emporte contre Orefte qui
lui avoit obéi; & après les reproches les plus outrageants
, elle lui dit : ( Andromaque , V. iij.)
Adieu. Tu peux partir : je demeure en Épire >
Je renonce à la Grèce, à Sparte , à fon empire , .
A toute ma famille ; & c’eft aflTez pour m oi,
Traître, qu’elle ait produit un monftre tel que toi,
Athalie raconte à Mathan le fonge qu’elle avoit
eu, les inquiétudes qu’il lui avoit caufées, le parti
qu’elle avoit pris de vouloir appaifér le Dieu des
juifs dans fon temple; (Athalie, II. v .)
J’entre , le peuple fuit, le facrifice celte ;
Le grand-prêtre vers moi s’avance avec fureur.
Maflillon , dans fon férmon du véritable culte
( Mercr. de la m . (èm. de Carême), accumule des
exemples de cette figure: RempliJfe\-vous tous vos
devoirs de père, d'époux, de maître, d'homme
public, de chrétien l N'ave^-vous rien à vous
reprocher fur Puf âge de vos biens , fur les fondions
de vos charges, Jur la nature de vos affaires, fur
le bon ordre de vos familles ? Portez-vous un coeur
libre de toute haine, de toute jaloufee, de toute
animojité envers vos frères ? Leur innocence, leur
réputation , leur fortune ne perd-elle jamais rien
par vos intrigues ou par vos difoours ? Préférez
vous Dieu à tout, à vos intérêts, à votre fortune,
à vos plaifirs, à vos penchants ?
Cette figure donne à l’Élocution de la vivacité,
de la rapidité, des ailes : mettez des conjondions
dans ces exemples ; vous y jeterez une pefénteur,
une langueur affommante ; ce ne fora plus le langage
de la paillon.
Le mot Afyndéton eft g re c , & lignifie littéralement
, fi je peux rilquer ce terme pour traduire
fidèlement, Inconjonction ((ans liaifon): RR. à
privatif, c-îiy (enfémble), & ê'éa (je lie).
Mais pourquoi employer ici le mot grec Afyndéton
, .puifque nos rhéteurs avoient mis à la place
celui de Disjonétio%, qui eft tout françois & qui
s’entendroit plus aifément ? C ’eft que ce dernier
nom eft rcférvé à une autre figure, véritablement
approchante de celle-ci, mais qui pourtant en
diffère effenciellement. p lo y e z D isjo nc tio n.
( M . B eauzèe.)
ATHROISME, f . m. Ce mot eft grec : àùpouruW
( congregatio ) ; de âdpôoç ( conférais) , dérivé de
«ôîîç ( arijia) ; en forte que ûépooç lignifie littéralement
Raffemblé, Entaffé comme les épis. Quelques
rhéteurs paroiflent avoir employé le terme
à!A throïfme dans le féns de Conglobation ( Voye\
ce mot) ; & pour mieux, lui en alsûrer le féns, ils
y ajoutent la particule <ruv & difént Synathroïfme.
Cependant à bien examiner la penfée de Quintilien
( Injlit. orat. VIII. jv. ) , le Synathroïfme même
n’eft pour lui qu’une figure approchante de la
Synonymie, & qui fé confond avec elle : il définit
cette figure Çongeries verborum ac fententiarum
idem fegnificamium. Voye\ S yn o n ym ie ou Mé-
TABOLE.
Au refte , on ne tient compte ici de ce mot, tout
à.fait inutile dans notre nomenclature, qu’en faveur
de ceux qui pourroient le rencontrer dans les rhéteurs
& ne pas l’entendre. ( AI, B eauzèe.)
(N.) A T T A CH É , A V AR E , INTÉRESSÉ. Syn.
Un "homme attaché aime l’épargne, 8c fuit la
dépenfé. Un homme avare aime la poffeffion, &
ne fait aucun ufége de ce qu’il a. Un homme
iméreffé aime le gain, 8c ne fait rien gratuitement*
L'Attache’ s’abftient de ce qui eft cher. L ’Avare
le prive de tout ce qui coûte. L IntéreJJe ne s arrête
guère à ce qui ne produit rien. u
On manque quelquefois fa fortune pour être trop
attaché, comme on fe ruine en faifént trop de de-
penfé. Les avares ne favenc ni donner ni dépenfér ;
iis fé laiffent féulement extorquer par la neceflité
ou par le befoin de ce qu’ils tirent de leur bourfé.
Il v a des perfonnes qui, pour etre intéreffees-, n en
font pas moins prodigues ; elles donnent libéralement
à leurs plaifirs ce que l’avidité du gain leur
fait acquérir. ( L'abbé G ir a rd .)
(N.) A T TACHEMENT, AMITIÉ. Syn. ^
Attachement eft un terme générique ; Aminé
eft un terme (pécifique : de forte que 1 Amitié eft
un Attachement, mais tout Attachement n’eft pas
pour cela Amitié.
Y a-t-il rien de comparable à Y Attachement du
chien pour la perfonne de fon maître ? On en a vu
mourir for le tombeau qui le renfermoit. Mais,
(ans vouloir citer les prodiges ni les héros d aucun
genre, quelle fidélité à accompagner, quelle confiance
à foivre , quelle attention a defendre fon
maître ! quel empreffement à rechercher fos ca-
reffes ! quelle docilité à lui obéir ! quelle patience
à fouffrir fé mauvaifé humeur 8c des châtiments
fouvent injuftes ! quelle douceur & quelle humilité
pour tâcher de rentrer en grâce ! que de mouvements
, que d’inquiétudes, que de chagrins s il eft
abfent ! que de joie lorfqu’il fe retrouve ! A tous
ces traits, dit-on, peut-on méconnoître l’Amitié ?
fe marque-t-elle même parmi «nous par des caractères
auflr énergiques?
Il en eft de cette Amitié comme de celle d une
femme pour fon ferin , d'un enfant pour fon
jouet, &c ,* toutes deux font aufli peu réfléchies,
toutes deux ne font qu’un fentiment aveugle: celui
de l’animal eft foulement plus naturel, puifqu’il
eft fondé for le befoin ; tandis que l’autre n’a pour
objet qu’un infipide amufomentauquel l'âme n’a
point de part. Ces habitudes puériles ne durent que
par le défoeuvrement, & n’ont de force que par •
le vide de la tête : & le goût pour les magots ,
8c le culte des idoles, l'Attachement en un mot
aux chofés inanimées , n’eft - il pas le dernier
degré de ftupidité ? Cependant que de créateurs
d’idoles & de magots dans ce monde ! que de
gens adorent l’argile qu’ils ont pétrie ! combien
d’autres font amoureux de la glèbe1 qu’ils ont
remuée !
Il s’en faut donc bien que tous les Attachements
viennent de l’ame , & cjue la faculté de pouvoir
s'attacher foppofo néceffûrement la puiffance de
penfer & de réfléchir : puifque c’eft îorfqu’on penfe
& qu’on réfléchit le ipoins, que naiffent la plupart
de nos Attachements ; que c’eft encore faute de
penfer & de réfléchir, qu’ils fe confirment 8c fe
tournent en habitude; qu’il fuffit que quelque chofe
flatte nos féns, pour que nous l’aimions; & qu’enfin
vil ne faut que s’occuper fouvent & long temps d’un,
ôbjet, pour s’en faire une idole.
Mais l'Amitié foppofé cette puiffance de réfléchir
; c’eft de tous les Attachements le plus digne
de l’homme , & le foui qui ne ie dégrade point*
L'Amitié n’émane que de la raifon, l ’impreffiorf
des fens n’y fait rien. C ’eft l’ame de fon ami qu’on
aime : & pour aimer une ame, il faut en avoir
une ; il faut en avoir fait ufége, l ’avoir connue,
l’avoir comparée & trouvée de niveau à^ce que^
l ’on peut connoître de (celle d’un autre. L Amitié
foppofé donc, non féulement le principe de la con-
noiffance, mais l’exercice aéhiel 8c réfléchi de ce
principe.
Ainfi , Y Amitié n’appartient qu’à l’homme , &
Y Attachement peut appartenir aux animaux. Le
féntiment féul fuffit pour qu’ils s'attachent aux
gens qu’ils voient fouvent, à ceux qui les foignent,
qui les nourriffent, &c ; le foui fentiment fuffit
encore pour qu’ils Rattachent aux objets dont ils
font forcés de s’occuper : Y Attachement des meres
pour leurs petits ne vient que de ce qu elles ont ete
fort occupées à les porter , à les produire, à les
débarraffer de leurs envelopes, & qu’elles le font
encore à les allaiter : & fi , dans le* ofièaux, les
pères fomblent avoir quelque Attachement pour
leurs petits, & paroiflent en prendre foin comme
les mères; c’eft qu’ils fé font occupes comme elles
de la conftruftion du nid, c’eft qu’ils 1 ont habite,
c’eft qu’ils y ont eu du plaifir avec leurs femelles ,
dont la chaleur dure encore long temps après qu’elles
ont été fécondées ; au lieu que, dans les autres
efoèçes d’animaux , où\ la féifon des amours eft fort
courte , oit paffé cette féifon rien n'attache plus tes
njâles à leurs femelles, ou il n’y a point de nid,
point d’ouvrage à faire en commun, ies pères ne
font pères que comme on l’étoit à Sparte 8c n’ont
aucun fouci de leurpoftérité. (M . d e B uffoif .)
* ATTACHEMENT , A T TA CH E , DÉVOUEMENT.
Syn.
Quoique le mot $ Attachement puiflë quelquefois
s’appliquer en mauvaifo part, il eft pourtant mieux
placé que les deux, autres à l ’égard d’une paillon
honnête & modérée : on a <le Y Attachement à fon
devoir; on en a pour un ami, pour fé famille , pour
une femme d’honneur qu’on eftime. Celui d'Attache
convient mieux lorfqu’il eft queftion d’une paffion
moins approuvée ou pouffee a lexces : on a
Y Attache au jeu ; on en a pour une maitreffe,
quelquefois même pour un petit animal. Le mot
de Dévouement eft d’ufége pour marquer une parfaite
difpofiüon à obéir en tout ; on eft dévoué à
.(on prince, à fon maître, à fon bienfaiteur, à une
dame qui a acquis for nous un empire abfolu. Les
deux premiers expriment de la fénfibilité & de la
tendreffe ; ils entrent fouvent dans le langage du
coeur : ie dernier marque de la docilité^ & du ref-
peét ; il appartient au langage du courtifén.
On dit de Y Attachement, qu’il eft üncère; de