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J’ai dit que lieben éloit le modèle des verbes à
la voix aétive ; car les allemands n’ont point de verbes
paffifs en un fèul mot: tel eft auffi notre ufàge,
& celui de nos voifins : on Ce fèrt d’un verbe auxiliaire
auquel on joint le fûpin qui eft indéclinable ,
ou le participe qui fè décline.
Les allemands ont trois verbes auxiliaires, haben ,
avoir ;'feyn , être; werdcn , devenir. Ce dernier
fèrt à former le futur de tous les verbes aftifs , il
fèrt auffi à former tous les temps des verbes paffifs ,
conjointement avec le participe du verbe : fur quoi
il faut obfèrver qu’en allemand, ce participe ne
change jamais, ni pour la différence des genres,
ni pour celle des nombres; il garde toujours la
même terminaifon.
A l’égard de l’anglois , la manière de conjuguer
les verbes de cette langue n’eft point analogue
à celle des autres langues: je.ne fais fi elle
eft auffi facile qu’on le dît pour un étranger qui ne
fè contente 'pas d’une fimple routine, & qui veut
avoir une connoiflànce rationnée de cette manière
de conjuguer. Wallis, qui étoit anglois , dit que
comme les verbes anglois ne varient point leur
terminaifon, la Conjugaifon qui fait, d it-il, une
fi grande difficulté dans les autres langues , eft dans
la fîenne une affaire très ailée, qu’on en vient fort ai-
lément à bout, avec le lècours de quelques mots ou
verbes auxiliaires. Verborum flexio feu Conjugatio,
quæ in reliquis linguis maximam fortitur diffi-
cuhatem, apud anglos leviflimo negotioperagitur..
verborum aliquot auxiliarium adjumento fere to-
tum opus perficitur. Wallis gramm. ling. ang. cap.
v'ùj. de verbo. C’eft à ceux qui étudient cette langue
à décider cette queftion par eux-mêmes.
Chaque verbe anglois fèmble faire une clafîè à
part : la particule prépofîtive to , eft comme une
elpèce d’article deftiné à marquer l’infinitif; de forte
qu’un, nom fùbftantif devient verbe, s’il eft précédé
de cette particule : par exemple, mur de r y veut
dire meurtre, homicide ; mais to mur de r y lignifie
tuer; lift y effort; to lift ; enlever : love , amour,
amitié , affeétion ; to love, aimer , &c. Ces noms
lûbftantifs qui deviennent ainfî verbes, font la eau fi?
de la grande différence qui fè trouve dans la ter-
minaifon des infinitifs : on peut obfèrver prefquè
autant de terminaifons differentes à l’infinitif, qu’il
y a de de lettres à l’alphabet, a y by c, dyC
g y &c. to fleay écorcher; to rob , voler, dérober ;
tofindy trouver ; to love , aimer ; to quaffy boire à
longs traits; tojogy fècouer, pouuèr; to cath ,
prendre , fàifîr ; to thank, remercier ; to call, appeler
; /o fom , battre, frapper ; to run y courir;
to help y aider ; to wear, porter ; to tojf, agiter ;
to refly fè repofèr; to know , lavoir; to box y
battre à coups de poing ; . to marry, marier, fè
marier.
Ces infinitifs ne fè conjuguent pas par des changements
de terminaifon, comme les verbes des autres
langues : la terminaifon de ces infinitifs ne change
que très-rarement. Ils ont deux participes ; un particîpe
préfènt toujours terminé en ingy having. *
ayant, beingy étant ; & un participe paffé terminé
ordinairement en ed ouV, Lovedy aime : mais ces-
participes n’ont guère d’analogie avec les nôtres ;
ils font indéclinables, & font plus tôt des noms verbaux
qui fè prennent tantôt fùbftantivement & tantôt
adjedivement : ils énoncent .’faction dans un fèns
abftrait ; par exemple your marrying fignifte votre
marier y l’aétion de vous marier plus tôt que votre
mariant• Corning eft le participe de to corne , arriver
, & lignifie Caclion d’arriver , de venir y ce
que notre participe arrivant ne rend point. Les
anglois difènt his coming, fon arrivée, là venue ,
fon adion d’arriver ; & l’idée qu’ils ont alors dans
l’efprit , n’a pas la même force que celle de la
penfee que nous avons quand nous difons venant,
arrivant. C’eft de la différence du tour de l’imagination
, ou de la différente manière dont l’efprit eft
affedé , que l ’on doit tirer la différence des idiotif-
mes & du génie des langues.
C’eft avec l’infinitif & avec les deux noms ver-*
baux ou participes dont nous venons de parler, que
l ’on . conjugue les verbes anglois, par le fècours de
certains mots & de quelques verbes auxiliaires. Ces
verbes font proprement les fèuls verbes. Ces auxiliaires
font to hâve y avoir; to be , être ; to do ,
faire, & quelques autres. Les perfonnes fè marquent
par les pronoms perfonnels z : je ; thoUy tMy
hey i l ; shey elle : & au pluriel w « , nous; ye-,
vous ; they, ils ou e lle s, fans que cette différence
des pronoms apporte quelque changement dans la
terminaifon du nom verbal que l’on regarde com-.
munément comme verbe.
Les Grammaires que Fort a faites jufqu’ici pour
apprendre l’anglois, du moins celles1 dont j’ai eu
connoiflànce, ne m’ont pas paru propres ppür nous
donner une idée jufte de la manière de conjuguer
des anglois. On rend l’anglois par un équivalent
francois, qui ne donne pas l’idée jufte du tour
littéral anglois ; ce qui eft pourtant le point que
cherchent ceux qui veulent apprendre une .langue
étrangère : par exemple , i do dine, on traduit je
dîne; thou dofl dine, ’ tu dînes ; he does dine , il
dîne: z, marque la première perfonne ; do, veut
dire faire ; & dîne, diner : il faudroit donc traduire
, je ou moi fais dîner, tu fais dîner, il
ou lui fait diner. Et de même there is , on traduit
au fingulier, il y a ; there, eft un adverbe
qui veut dire là, & is eft la troifième perfonne du
fingulier du préfènt du verbe irrégulier to be,
être, & are fèrt pour les trois perfonnes du pluriel ;
ainfî , il falïoit traduire there is , là eft , & there
are , là font, & obfèrver que nous difons en fran-
çois , il y a.
Le fèns paffif s’exprime en anglois , comme en
allemand & en françois, par le verbe fùbftantif,
avec le participe du verbe dont il s’a git, z arn
lovedy je fois aimé.
Pour fè familiarifèr avec la langue angloifè, on
doit lire fouyent les liftes des verbes irréguliers, qui
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jfe trouvent dans les Grammaires, & regarde* cf&-
ijue mot d’un verbe comme u n ,mot particulier,
qui â une.lignification propre : par 'exemple ; z
amy je fuis; thon art, tu e s; heis, il eft ; we
are, nous fommes; ye are, vous etes ; they are,
ils font, &c. Je regarde chacun de ces mots-là
avec la lignification particulière, & non comme venant
d’un même verbe. Am, lignifie fuis comme fun
Signifie foie il, ainli des; autres. _ 5
Les elpagnols ont trois Conjugaisons| , qu ils
diftirtguent par la terminaifon de l’infinitif. Les
verbes dont l’infinitif eft termine en %ar, font la
première Conjugaifon : ceux de la féconde fè ter-
pninent en er • enfin ceux de la troilicme, en ir»
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r lis dhl <f0âtfÔ auxiliaires, havtr, tenir, fer, Si
eflar. Les deux premiers fervent à conjuguer les
verbes actifs, les neutres , & les réciproques : fertx.
eflar font deftinés pour la Conjugaifon des verbes
^ La manière de conjuguer des efpagnols, ell plus
analogue que la nôtre à la manière des latins. Leurs
verbes ne font précédés des pronoms perlonnéh,
que dans les cas ou ces pronoms fèroient exprimes
en latin par là raifon de l’énergie ou de loppo-
fîtion. Cette fupprefifion des pronoms vient de ce
que les terminaifons efpagnoles font affez connoitre
les perfonnes.
I. CONJUGAISON.
Amar, .......... ....a im e r .
Indicatif présent.
Singulier•
Amo y . • . . . . . . . .j’aime
A m a s ,. . . . . . tu aimes.
Ama,.. .............il aime.
Pluriel.
Amamos , nous aimons.
A mais ,<, . . .vous aimez.
Aman, . , .. .. .ils aiment.
II. CONJUGAISON.
Corner t . . . . . . . manger.
Indicatif présent.
Singulier.
Como.................. je mange
Cornes ............tu manges.
Corne ...........il mange.
Pluriel. 1
Comemos, nous mangeons.
Comeis , . . vous mangez.
Comen, . . . . _ ils mangent.
III. CONJUGAISON.
Subir............. .^..monter.
Indicatif présent.
Singulier•
Subo, ................. je monte.
Subes , ...............tu montes.
Sube, . . . . . . . . . il monte,
Pluriel.
Subimos, . nous montons.
>Subis , . . . . .vous montez.
Suben , . . . . . . ils montent.
Ce n’eft pas ici le lieu de foivre toute la Conjugaifon
, ce détail ne convient qu’aux Grammaires
particulières ; je n’ai voulu que donner ici une idee
du génie de chacune des langues dont je parle par
rapport à la Conjugaifon.
Les italiens , dont tous les mots , fi l’on en excepte
quelques prépofitions ou monosyllabes , fi-
niffent par une voyelle , n’ont que trois Conjugai-
fons, comme les elpagnols. La première eft en
are , la féconde en ère long ou en ^re bref, &
troifième en ire.
On doit avoir des liftes particulières de toutes les
terminaifons de chaque Conjugaifon régulière, rangées
par modes , temps , nombres , & perfbnnes ; en
forte qu’en mettant les lettres radicales devant les
terminaifons, on conjugue facilement tout verbe
régulier. On a enfuite des liftes pour les irréguliers
, fur quoi l’on peut confulter la Méthode ita-i
lienne de Vénéroni, in-4®. 1688
A l’égard du français, il faut d’abord obfèrver
que tous nos verbes font terminés à l’infinitif ou
en er y ou en /V, ou en oir, ou en re ; ainfî , ce
féul mot technique er-ir-oir-re, énonce par chacune
de ces fyllabes chacune de nos quatre Çonjugai-
fons générales. . * ’
Ces quatre Conjugaifons générales font enfuite
fubdivifées en d’autres à caufé des voyelles , ou
des diphtongues, ou des eonfonnes qui précèdent
la terminaifon générale: par exemple, er eft une
terminaifon générale ; niais fi er eft précédé du fou
mouillé foible, comme dans enyo-ycr, ennu-yer,<x
fon apporte quelques différences dans la Conjugaifon,
il en efl de même dans re, ces deux lettres font
quelquefois précédées, de eonfonnes, comme dans
vaincre, rendre, battre, &c. ta . t
Je crois que, plus tôt que de fatiguer 1 efprtt « la
mémoire de règles, il yaut mieux donner un paradigme
de chacune de ces quatre -Conjugaifons
générales, & mettre enfuite au deffous une lifte alphabétique
des verbes que l’Ufâge a exceptes de la
tegJ e ’crois auffi que Ton .peut s’épargner la peins
de le fatiguer après les obfèrvations que les grammairiens
ont faites fur les formations des temps ; la
feule infpeéHon du paradigme donne Leu a Chacun
de faire fès remarques, fur ce point.^
D ’ailleurs les grammairiens ne s’accordent point
fur ces formations. Les uns commencent par 1 infinitif:
il y en a qui tirent les formations de la
première perfimne du prcfènt'de l’indicatif; d autres,
de la fécondé, &c. l’effenciel efl de bien connoitre la
lignification, l’ufàge, & le fervice d’un mot. Am u -
lèz-vous enfuite tant qu’il vous plaira a‘ oblerver les
rapports de filiation ou de paternité que ce mot
peutavoir avec d’autres. Nous croyons pouvoir nous
difpenfer ici de ce détail, que l’on trouvera dans
les Grammaires françoifês. thj Mars-lis. )
CO N N EX IO N , CO NN EX IT É, Synonymes.
Termes qwi énoncent également la Jiaifon da
N a n t