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la quotité 'précifè, un volume , deux laquais
rroij e/?eey ; les autres déterminent par l’idée précité
d’une dépendance relative à l ’une des trois
perfbnnes , mon volume , tes Laquais , nos épées ; •
les derniers déterminent par une indication précité,
ce volume - c i , laquais - / à , épées, &c.
J ^ o y e \ A r t i c l e .
II. Les Temps des verbes expriment des rapports
cl’exiflence à quelque époque de comparaifôn ; &
cette époque peut être ênvifàgéetous un point de
vue général & indéterminé , où tous un point dé
vûe fpécial & déterminé. Si l’époque de comparaiton
eft indéterminée , les Temps font indéfinis ;. fi elle eft
déterminée, les Temps font définis. V o y e% T e m p s .
III. Un Nom appellatif employé foui n’indique
par lui-méme aucun individu ; ce n’eft , dans nos langues
modernes de l’Europe, qu’au moyen des articles
que les individus font défignes : Un habit de reine ,
Un habit de la reine ou de cette reine , font des
expreffions très-différentes ; il ne s’agit dans la première
d’aucun individu reine , l’article le ou cette
dans la féconde défigne déterminément un individu
reine. Les fiiédois, dépourvus de l’article /e, la ,
les ^ font pourtant parvenus à la même précifîon
qu’il met dans notre langue, au moyen de deux
formes différentes que leur utâge a données aux
Noms appellatifs. Yngling (jeunehomme )', dygd
( vertu ) , bock (livre ) , quinna ( femme ) -, broed
( pain ) ; voilà des noms appellatifs indéfinis , faisant
abftradion des individus : ynglingen ( le jeune
homme ) , dygden (la vertu) , bocken ( le livre ) ,
quinnan ( la femme ) , broedet ( le pain ) ; voilà
les mêmes noms devenus définis , par l’application
aux individus.
C e troifîème utâge du mot Défini eft propre à
la Grammaire foédoifo , les deux premiers font
plus généraux ; mais je crois que dans l’un &
dans l’autre cas, les grammairiens ont employé ce
j»ot abufivement.
i °. Ils ont fait de le , la , les un Article défini ,
par oppofîtion à de fimples prépofîtions , qii’ils
ont prifos pour des Articles indéfinis : ils ont
trouvé , par exemple, qu’il y avoit un Article défini
dans cette phrafo , Un château d u roi, & un Article
indéfini dans celle-ci, Un château d e roi.
D u roi veut dire de le ro i, & il n’y a d’Article
que le ; de eft une fimple prépofition : quand on
dit donc Un château d e roi, c’eft Amplement la
même prépofition de, & le nom roi tans Article.
z°. Les Temps définis , dont j’ai donné ici la
notion , peuvent être ou des préfonts y ou des
prétérits, ou des futurs : les grammairiens n’ont
Vu cette diftindion qu’au prétérit. « En latin , dit
» M. du Mariais, un verbe n’a qu’un prétérit
» parfait, fe c i ; mais en françois, ce prétérit eft
» rendu par f ai fa it ou par j e fi s . L ’un eft ap-
» pelé prétérit défini ou abfolu ; 8c l’autre, inclé*
» fini ou relatif : for quoi les grammairiens »ne
» font pas bien d’accord , les uns appelant défini
j» ce que les autres pomment indéfinie » Cette ini
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certitude des grammairiens ne vient que de l’abue
du terme Défini, employé tans une raifon fùffifânte
dans le cas dont ils’agit j’oté croire que j’en ai fait
un utâge plus julle & plus utile- ( JM. B eauzée. )
(N.) DÉFINITION, £ f. Ce terme peut s’entendre
ou d’une Définition logique ou d’une D é finition
oratoire.
I. Quoique la Définition logique fomble n’être
pas du retlbrt de la Grammaire , comme il eft
pourtant effenciel que les grammairiens definijfent
exadement les objets de leurs tpi eu la tiens , je ferai
ici quelques remarques, que je crois importantes
en Grammaire.
On ne doit y fixer une Définition, qu’après
avoir vu l’objet dans tous les cas & fous toutes les
faces poflibles, après l ’avoir envifogé fous toutes
les formes & dans toutes les combinaifons dont il
eft fiifoeptible : il n’y a qu’une tuite nombreufo d’ob-
forvations & de comparaifons, qui puifïè nous faire
connoître avec certitude ce qui eft propre à un
objet & ce qu’il a de commun avec d’autres- C ’eft
qu’une Définition exade n’eft rien autre chofo-,
que i’expofîtion abrégée & précité du fyftême de
nos connoitrances relatives à l’objet défini ; 8c ce
tyftême abrégé, comme tout autre tyftême,- doit
être le résultat raifonné des dépofitions combinées
de l’expérience.
O r en Grammaire , les différents ufoges des langues
font, en quelque manière, les phénomènes
grammaticaux , de l’obforvation defquels il faut
s’élever à la généralifotion des idées & aux Définitions
dogmatiques. Il faut foivre les mots dans
toutes les métamorphofos dont ils font fiifoeptibles ,
en quelque idiome que ce foit : parce qu’elles ne
font toutes que la même nature, fous diverfos formes
& avec diverfos relations ; & que , plus un
objet montre de faces différentes , plus il eft accefo
fible à nos lumières--
Une Définition conftruite d’après ces précautions
fora un tableau racourci, mais plein de vérité ,
qui donnera de l’objet défini une notionjaufli exade
que précite : elle ne fera pas mention] de ces var
ié té s d’inflexion, adoptées dans une langue & rejetées
dans une autre ; mais elle ne renfermera
rien qui les exclue , elle montrera même le fondement
qui les rend poflibles & le germe des principes
qui les expliquent : elle ne détaillera pas
toutes les divifions dé l’objet defini, toutes les dîfo
tindions qui peuvent le montrer fous divers afpeds ,
parce que la Logique le défend avec raifom ; mais
elle énoncera tout ce qui pourra caradérifor une
nature tùfoeptible de tous ces points de vûe.
II. Quant à la Définition oratoire, c’eft une
etpèce de Defoription, qui , dans la vûe d’établir
comme principe la nature d’un objet , la deve-
lope d’une manière étendue & ornée. G’eft une
véritable Defoription ( Voyez ce mot) , & elle doit
en foivre les règles; la foule qu’il faille y ajouter ,
eft que les traits qui doivent y entrer foient choir
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fis relativement à la vûe qu’on Ce propofo, àux
conféquences que l’on veut en tirer : c’eft pour cela
qu’elle peut puifor dans toutes les fources, les
caufos , les effets g les circonftances , les parties ;
qu’elle peut employer tous les moyens, la négation
comme l’affirmation , la métaphore, la fimiii-
tudé , la conglobation , &c. v• .
Maflillon , voulant établir le mérite des deux
iiiftituteurs du Dauphin, fils de Louis X IV , par
la difficulté'de leur emploi, en donne cette magnifique
Définition : ( Oraif. fun. de M. le Dauphin.
Part. I. ) « Quel foin, que celui d’être charge de
» former la jeunefle des Souverains ; de jeter , dans
» ces âmes deftinées au trône, les premières fe-
» mences du bonheur des peuples & des Empires ;
» de régler de bonne heure des paflions, qui doi-
» vent etre , pour ainfî dire , les vices 8c les ver-
» tus publiques ; de leur montrer la fource de leur
» grandeur dans l ’humanité; de les accoutumer a
» îaiffer, auprès d’eux , à la vérité , l’accès que
» l’adulation uforpe toujours for elle ; de leur faire
» fontir qu’ils font grands, & de leur apprendre à
» l’oublier ; de leur élever les fentiments , en leur
» adouciffant le coeur ; de les porter à la gloire par
» la modération ; de tourner à la piété , des pen-
» chants auxquels tout va préparer le poifon du vice ;
» en un mot, d’en former des maîtres & des pères,
» de grands rois & des rois chrétiens ! Quel ouvra-
» ge f mais quels hommes la fâgefle du roi neehoi-
» fît-elle pas pour le conduire ! » Voyez la fuite au
mot Parallèle.
Dans VÉloge de M. de Fénelon, couronné par
l’Académie françoifo en 1771 , M. de la Harpe,
avec une intention pareille pour fon héros , donne
du même emploi une autre Définition , que je
crois utile de rapprocher de celle-ci. « Ceflèr d’etre
» à foi, & n’être plus qu’à fon élève ; ne plus fe
» permettre une parole qui ne foit une leçon , une
» démarche qui ne foit un exemple ; concilier le
» refped dû à l’enfant qui fora ro i, avec le joug
» qu’il doit porter pour apprendre à l’être ; l’aver-
« tir de fâ grandeur , pour lui en tracer les devoirs
» & pour en détruire l’orgueil ; combattre des pen-
» chants que la flatterie encourage , des vices que
% la fé du dion fortifie ; en impofor, par la fermeté
>> & par les moeurs , au fontiment de l’indépen-
» dance fi naturel dans un prince ; diriger fa fon-
» fibilité , & l’éloigner de la foibleffe ; le blâmer
M fouvent fans perdre fà confiance ; le punir quel-
» quefois fans perdre fon amitié; ajouter fans cefîè
» à l'idée de ce qu’il doit, & reftreindre l’idée de
» ce qu’il peut ; enfin ne tromper jamais , ni fon
« difoiple , ni l’É tat, ni fâ confluence : tels font
d les devoirs que s’impofo un homme à qui le mo-
« narque a dit, Je vous donne mon f ils , & à qui
w les peuples difont, Donnez-nous un père. »
Dans V Oraif on funèbre de M . de Turenne , dont
M. Fléchier fo propofo de relever les talents,
>î Qu’eft-ce qu’une armée, dit-il f C ’eft: un corps
» animé d’une infinité de paflions différentes, qu’un
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J » homme habile fait mouvoir- pefur la defenfo de fâ
» patrie : c’eft: une troupe d'hommes armés, qui
« fitivent aveuglément les ordres d’un Général dont
» ils ne connoment pas les intentions : c’eft une
» multitude drames , pour la plupart viles & mer-
» cenaires, qui, fans fonger à leur propre reputa-
» tion, travaillent à celle des rois & des conque-«
» rants : c’eft un aflèmblage confus de libertins ,
» qu’il faut aflujétir à l’obéiflànce ; de lâches, qu â
» faut mener au combat ; de téméraires, qu’il faut
» retenir ; d’impatients, qu’il faut accoutumer à
# la ‘confiance. » ^
Les deux premières Définitions font faites pal
Énumération : la dernière eft une Conglobation de
Définitions , où une armée eft envifâgée fous différents
afpeds. J’ajôûterai la Définition que Cicéron
donne du Confiilat dans fà harangue contre
Pifoh ( x . 13 .) elle eft par négation & par affirmation
:
Quid? tu in lictori- Quoi ? penfoz-vous que
bus , in togâ praetex- ce foit dans 1 appareil des
tâ , ejfe Confulatum lideurs , de la robe pré-
putas? ...A n im o Con- texte, que gît le Confii-
fulem ejfe oportet, eon- lat ?... C eft par le courage
filio , fide , gravitate , qu’il faut etre Conful , pat
vigilantiâ, curâ.^ toto la fàgeflè , par la fidé-
denique munere Confit- lité , par la gravité , pat.
latûs omni officio tuen- la vigilance 5 par la folli-
dûy maximèquejd quod citude , enfin^ par 1 exaâi-
vis nominis preeferibit, tu de a remplir de toute fa
reipublicce confulendo. puiflànce tous les devoirs
du Confiilat, & fur tout,
comme le nom même 1®
preforit, à veiller au bien de là république.
Voici quatre vers , qui, fous pretexte de ne vou-4
loir pas définir ce qu’eft Dieu , en donnent peut-
j être la Définition la plus jufte & la plus fublime
tout à la fois.
Loin de rien décider fur céc être fuprême,
Gardons , en l’adorant, un fîlence profond :
Sa nature eft immenfe , & l’efprit s’y confond ;
pour fàvoir ce qu’ il eft , il faut être lui-même, j
[M. B eaüzèe.)
D é f in i t io n . ( Rhétorique. ) Céft un liêu commun
; & par Définition, les rhéteurs entendent une
explication courte 8c claire de quelque chofe.
Les Définitions de l’orateur diffèrent beaucoup
dans la méthode de celles du dialeétteien & du phi-
lofophe. Ces derniers expliquent firiâement & sèchement
chaque chofe par fon genre & fa différence :
ainfi , ils définirait l’homme un animal raisonnable.
L ’orateur fe donne plus de liberté , & définit d’une
manière plus étendue & plus ornee. IWira , par
exemple : Vhomme eft un des plus beaux ouvrages
du Créateur, qui l’ a forme'à fon image, lui a donné
la raifon, & l’a defliné à l’immortalité : mais cètt»
Définition, à parler exaétement, tient plus tôt de
Ç c ç e a