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niaiçEçs ,qui , r en- fai^nt^jrpr^t\^e Je.?.,dédiai fctys--
latines J( l'ont .[dire hqçc mufti $ m$uife-nt<;leurs -adi£t
ciples en erreur ; & que, pour rendre littéralement^
la. valeur de ces;^deux;,mots latins félon le génie
de la langue grèque, il faudroit traduire, hoec ntufa
*i f&i’<rx c eft a dure çette la ■_ nrufe.^
Les latins /ai&ient un, ufage fî; fréquent de. feur
adjectif. démonftrqtifc ille, y f ilp y illud- y g u’ii y a,
lieu de. croire , que .c’eft de ces mots que- viennent
notrq/e & notre la ; ille ego y'mulicr- ilia: Foe
homïnï illi per qium tradetur. ( Luc a. ,c. x x ij.
v. 1 1. ) Bonum ercit ei f i namsfton fuijfet honio
ille. (M.itt, c. x x v ) . v. 14. Hîc HLa par va Pétilla
Philocletoe. ,( Virg. Æn. lib. 111.,v. 401. ) G’eft-
là que la petite ville de Pétille fut bâtie par Philodète.
Aufonioe pars ilia precul quant pandit Apol-'
lo. ïb. v. 47p. Hoec ilia Çharybdls.. Ib. v. 558,
Pétrone, faifant parler un guerrier qui le plaignoit
de ce que Ion bras etoit devenu paralytique , lui
fait dire: Furie rata eft pars ilia corporis mei quâ
quondam Achilles eram ; il eft mort, ce bras, par
lequel j’étois autrefois un Achille. Ille Deûm
pater, Ovide. Quifquis fu i) ille Deorum. Ovide ,
jkfetam. lib. I. v. 32.
Il y a un grand nombre d’exemples de cet ufâge
que les latins faifoient de leur ille , ilia , illudy fur-
tout dans les comiques , dans Phèdre , & dans les
auteurs de la balle latinité-. C ’eft de la dernière
fyliabe de ce mot ille , quand il n’eft pas employé
comme pronom , & qu’il n’eft qu’un fîmple adjedif
indicatif, que vient notre Article l e : à l’égard de
notre la , il vient du féminin ilia. La première
fyliabe du mafeulin ille a donné lieu à notre pronom
i l r dont nous faifpns mage avec les verbes,
Ille affirmât, ( Phaed. lib'. III. fab. iij. v. 4.) il
affure. lllefecit, (Id. lib. 111. fab. v. vers. 8.) il a fait
ou il lit. Ingenio vires ille dat, ille rapit, (O v .
Her. ep. xv* v. 206./) A l’égard de elle, il vient de
ilia ; llla veretur, ( V irg. eclog. ïij. v. 4.) elle
craint.
. Dans prefque toutes les, langues vulgaires, les
peuples, (oit à l’exemple des'grecs., fbit plus tôt par
une pareille difpofition d’efprit, fè font fait de ces
prépofitifs qu’on appelle Articles. Nous nous arrêterons
principalement à ¥ Article fr an cois.
Tout prépofitif n’eft pas appellé Article. Ce y cet,
cette, certain, quelque, tu ty chaque , nul, aucun
mon y ma y m e s .&ç.; ne font que des adjeétifs méta-
phyfîques; ils précèdent ^toujours, .leurs',fùbftantifs ;
& puifqu’ils ne fervent qu’à leur donner,une qualification
métaphyfique je ne fai. pourquoi on les . met
dans la ciafîè dès pronoms. Quoi qu’il en (bit, on
ne donne pas le nom à1 Article à ces adjeétifs ; ce
font fpécialement ces trois mots , le , la , l e s que
nos grammairiens nomment Articles , peut-êtré'
parce que ces mots font, d’un ufâge plqs fréquent.
Avant q,ü‘e d’en-paüdèr plüst^n.détail, obfervons que,
i° . Nous noüs f fervônsb de iée . devant les noms,
mafeulins au: finguHer. f l é toly le jottn \%°.-, Nous
employons la devant:les, nbm.s féminins au fîngulier,
A R T
la 'reine y la nuit. '3°. La lettre j qui, félon l’ana-r
logie .dé la langue , marque le pluriel quand elle eft
ajoutée au fîngulier, a forméles du fîngulier le ;
les fèrt également pour les deux genres , les rois ,
les reines y les jours y les nuics. - f . L e , la , les ,
font les trois Articles fimples : mais ils entrent aufïi
en compofition avec , la prépofîtion à , & avec la
prépofitidn de , & alors ils forment les quatre A r d -
des compofés, au , aux y du y des.
A it eft compofe de la prépofition à , & de l’Arti-
tiele le y enforte que au eft autant que à le. Nos
pères difoient a l , al tems Innocent III. c’eft à dire ,
au temps d’innocent III. L ’apojîoile manda ai
ptodome, &c. le pape envoya au prud’homme r
V ille-Hardouin, lib. I. pag. 1. mainte lerme i f it
plorée de pitié' al départir, id. ib. page 16. Vige-
nère traduit maintes larmes furent plorées à leur
parlement r & au prendre congé. C ’eft le fon obfcur
de Ve muet de VArticle fîmple. l e , & le changement
allez commun en notre langue de l en u ,
comme m al,. maux , cheval, chevaux ; altus ,
haut, alnus, aulne (arbre) alna , aune (mefùre)
alter, autre , qui ont fait dire au au lieu de à le 9
ou de al. Ce n’eft que quand les, noms mafeulins
commencent par une confonne oii une voyelle afpi-
rée, que l ’on fê fèrt de au au lieu de à le ; car ft
le nom mafeulin commencé par une voyelle , alors
on ne fait point de contraction, la prépofîtion à &
l’Article le demeurent chacun dans leur entier :
ainfî quoiqu’on dtfê le coeur , au coeur, lé 1ère y
au père ; & on dit Vefprit , à Cefprit.y Venfant ,
à Venfant ; on dit le plomb , au plomb ; & on
dit l ’o r , à l'or y V argent, à l'argent ; car quand
le fùbftantif commence par une voyelle, Ve muet
de le s’élide avec cette voyelle ; ainfî, la raifdn
qui a donné lieu à la contra dion au , ne fubfîfte
plus; & d’ailleurs, il fè feroit un bâillement défa-
greable fî l’on difôit au efprit, au argent, au
; enfant y & c. Si le nom eft féminin, n’y ayant point
d'e muet dans VArticle LAy on ne peut plus en faire
au; ainfî, l ’on confêrve alors la prépofîtion & l'A r ticle
y la raifort, à la raifon, la vertu , à la venu.
z°. A u x fèrt au pluriel pour les deux genres ; c’eft
une contradion pour à les : aux hommes , aux
femmes , aux rois, aux reines y pour, à les hommes ,
à le) femmes , & c. 30. D u eft encore une contraction
pour de le ; c’eft le fon obfcur des deux e muets
de fuite , de le y qui a amené la contradion du:
autrefois on difôit del ; la fins del confeil f i fit
tels y Sic l ’arrété du confeil fut, &c. Ville-Har*
douin , lib. F l l .p . io j . Gervaife del Chaflel, id.
ib. Gervais du Caftel. Vigenère. On dit donc dit
bien .& du mal y pou r de le bien, de le mal, & ainfî
de tous les noms masculins qui commencent par une
confonne; car fî le nom commence par u?e voyelle ,
ou qu’il (bit du genre féminin, alors on revient à la
fimplicité de la prépofîtion, & à celle de l'Article
qui convient aü genre du nom : air.fî, on dit de Vef-
prity d e là venu y'.de la peine; parla on évite le
bâillement ; ç’eft la tnenic raifbn que l’on a marquée
A R T
fit- au, 4'0. Enfin des fèrt pour les d-.ux genres au
.pluriel, & fe dit pour de les , tûs r o is , des reines: ,
Nos enfants qui commencent à' parler , s’énoncent
•d’abord fans, contradion ; ils diiènt de Le pain , de le
vin. Te l eft encoreTufage dans prefque toutes nos
provinces limitrophes , furtout parmi le peuple ï
c ’eft peut-être ce qui a donné lieu aux premières
cbfervations que nos grammairiens ont faites de ces
eontradionsV
Les italiens ont un plus grand nombre de prépo-
iîtions qui fe contradent'avec leurs Articles.'' -
Mais les anglais , qui ont comme nous des prépo-
fîtions & des A r tic le s , ne font pas c'es contradions;
.ainfî, ils difent o fih e , de le , où nous difons du ; the
k in g r le roi ; o fth e k in g , de le roi, & err français .du
roi-; ô fth e queén., de la reine; to the k in g , à le roi,
au roi ; to the queeh, à la reine. Cette remarque n’eft
p's de fîmple euriofîté ; il eft important, pour fendre
raifon de la conftru.dion , de lepatef la prépofî-
lion de V A r tic le , quand ils font l’un & l’autre en
compofition î par exemple , fî je veux rendre raifbn
•de cette façon de parler, du pain f u f f i t , je com-
jmence’ par dire de le pain ; alors la prépofîtion de ,
qui eft ici une prépofîdon extradive, & qui cotnme
toutes les autres prépomions doit être entre deux
terrhes , cette prépofîtion , dis-je , me fait connoitre
qu’il y a ici une ellipfe.
Phèdre, dans la fable de la vipère & de la lime ,
pour dire que cette vipere cherchoit de quoi nnn-
g e r , dit : Hoec quum tentaret f i qua tes effet c ib i ,
i . I F . f û t . 'vif. ‘ v. 4. ou >voiis voyez ’que^aliqua res
cibi h it connoitre'par analogie que du p a in y c’eû
aliqua res pan is ; paululum partis, quelque chofè ,'
une partie-, une portion du pain: c’eft ainfî que les
.anglais, pour dire donnef-moi du pain ; difènt give
me fôme brèad, donnez-moi quelque pain ; & pour
dire j 'a i vu .des hommes y ils dirent I hâve feehfom e
m m ; mot à mot, j 'a i vu quelques Hommes ; à des
médecins, to fome phyfjcïàns ; à quelques médecins.
L ’ufàge dé fbùs-entendre ainfî quelque nom o-érié-
riqiie devant d e , du , des , qui commencent une
phrafe, n’étoit paS inconnu' aux latins : Lentuluà
écrit à Cicéron de s’iniéreflèr à'fà gloire , dé faire
valoir dans le fenat & ailleurs tout'ce qui pourroit
lui faire honneur : de noflrâ dïgnitate velim tibi ut
femper curoe f it. Cicéron , év. liyre X I I . ép. x jv .
Il eft évident que d en o flr i dïgnitate ne peut être
le nominatif de curoe f i t ; cependant ce verbe f i t
étant à un mode fini, doit avoir un nominatif: ainfî ,
1 entulus avoit dans l’efprit ratio ou fermo.de iio'fhâ
d ïgnitate, l’intérêt de ma gloire; & quand même
on ne trouveroit pas en ces occafîons de mot convenable
à fnppléer , l’efprit n’en feroit pas moins1
occupé d’une idée que les mots énoncés dans la
iphrafè réveillent , mais qu’ils n’expriment point:
telle eft l’analogie, tel eft l’ordre de l’anal y fè de
l ’énonciation. Ainfî, nos grammairiens manquent
d’exaétitude , quand ils difent que la prépofition
dont nous parlons fe r 1 à marque r le nominatif,
lor fq u o n ne veut que défigner une partie de la
A R T 23 t
chofe y Gràmm;" de Régnier, page 170 ; Reftaut,
pag- 7 y. & 4T 8. lis ne prennent pas- garde que les
prépofîtinTîs ne fauroient entrer dans le difcôurs ,
fàris marquer- un r.lppdrt ou relation entre deux
termes , entre un nîot & un mot : par exemple , la
prépofition pour marque-un motif, une fin , une
r.iiforb: mais en fuite-il faut énoncer l’objet qui eft
le terme de ce motif, & c’eft ce qu’on appelle le
câmplément de tdr prépofition. 'Par -'exemple y il
travaille pour la patrie , la patrie eft le .complément
'de pour, c’eft le mot qui détermine pour;
ces deux motsfour La patrie font un fèns particulier
qui a rapport à travaille , & ce dernier au fîuet
de la prépofition, .le roi travaille pour la patrie.
Il en eft de même des prépofitions cii & à. l,e livre
de Pierre eft beau ; Pierre eft’le complément de de y
& cês 'deux, mots d r Pierre fè rap!pohenCà;i-//v><?,
qifil.s. déterminent, ceft à' dire qu’ils ."donnent à
cë rnbt le fèns pàrtîcniiér qu’il a dans l efprit, &
qui dms l’énonciation le rend furet de l ’attribut qui
le fait : c’eft de ce livre que je dis qu’z-/ eft beau,
A eftauftï une prépofîtion qui,entre,autres-ufag.es,
marque un rapport d’attrioution : donner jàn coeur
à Dieu y parler à quelqu'un y dire f a penfèe à
foré ctrric. : '
Cependant côrhmuoément nos grammairiens ne
regardent ces deux móts que comme des particules
qui fervent, difent-ils , à décliner nos noms ; l ’une
eft , dit-on , la marque du génitif; & l’autre, celle
du datif. Mais n’eft-il pas plus fîmple & plus analogue
au procédé d:s langues, dont le s ’noms ne chan-
genr point leur dernière fyliabe , de n’y admettre
ni cas ni déclinaifbn, & d’obferver'feulement comment
ces lànguès'ënoncent lès mêmes'vues de l ’ef-
prit, que. les latins font connoitre par la différence'
des terminaifbns ? Tout cela fe fait , ou par la place
du'mot, bu par le fècours des prépofîtions.
Les latins n’ont que fîx cas, cependant il y a
biéivpl'iis de rapports à marquer ; ce plus , iis l ’énon-
cent .,par le fècours de leurs prépofîtions. Hé bien ,
quand 'la place du mot ne peut pas'nous- fèrvir à
faire cônnôitre le ragpbrt que nous avons à marquer,
hôu(s Taifôns alorS ce que les latins faifoient
au défaut d’une défînèrice ou terminaifbn particulière
: tomme nous n’avons point de terminaifbn
deftinée à marquer le génitif, no\is avons recours
à une prépofîtion ; il èn eft de même du rapport
d’âttri Utibn, nous lé marquons par l'a prépofition
à y du ^pâr' îa 'prépblition fiùür rhêhie par quelques
autres:, & les.là'tins mar!q,upierit ce rapport par
une terminàifcn particulièrfe qfîi làifoit dire que le
mot étoit alors au datif.
Nos grammairiens ne nous donnent que f î x cas ,
fans doute parce que les latins n’en ont que fix. Notre
aCtufatif, dit-on, eft toujours femblable au nominatif:
hé, y à t-il autre chofè qui les diftingue ,
fiuon la place ? I/ùn fè met devant, & l’autre après
le verbe ;,'dan% l’une Sr. dâns l ’àutre oecafîon le nom
n’eft qu’une fîmple dénomination Le génitif, félon
nos Grammaires, eft auflî toujours femblable à Ta