
4î8 C O N C O N ne peuvent réfifter au torrent. Si îa Conglobatîon j
ne fe propofè que de peindre , fans vouloir rien
perfùader ; fôn pinceau eft d’une v igu eu rq u i fèm-
i>le aggrandir les objets, les fortifier, les ànnoblir. |
Abner témoignant au grand prêtre Joad qu’il eft !
découragé, parce qu’il croit que Dieu a abandonné
fôn peuple, & qu’il ne fait plus de prodiges en fa
faveur ; Joad ( Athalie , 1. i . ) lui fait un,e réponfè
fùblime par une Conglobatîon des effets récents de
la toute-puiffànce divine :
Eh! quel semps fut jamais fi 'fertile en miracles ?
Quand Dieu , par plus d’effets, montra-t-il fon pouvoir-
Auras-tu donc toujours des yeux pour ne point voir ,
Peuple ingrat! Quoi ! toujours les plus grandes merveilles.
Sans ébranler ton coeur , frapperont tes oreilles ?
Faut-il, Abner, faut-il vous rappeler le cours
Des prodiges fameux accomplis en nos jours î
Des tyrans-d’-lfraëi les .célèbres difgrâces ,
Et Dieu trouvé fidèle en toutes fes menaces ; '
L ’impie Achab détruit, & dé fon fang trempé,
Le champ que par le meurtre il avoic ufurpé j
Près de ce champ fatal jJézabel immolée,
Sous les pieds des chevaux cette reine foulée ,
Dans fon fang inhumain les chiens défaltérés
Et de fon corps hideux les membres déchirés ;
Des prophètes menteurs la troupe confondue ,
Et la flamme du ciel fur l’autel defcendue ;
Élie aâx éléments parlant-en Souverain ,
Les cieux par lui fermés. & devenus d’airain,
Et la terre trois ans fans pluie & fans rofee;
Les morts fe ranimant à la voix d’ÉIifée :
Reconnoiflèz , Abner., à c es traits éclatants ,
Un Dieu , tel aujourdhui qu’il fut dans tous les temps ;
Il fait, quand il lui plaît, faire éclater fa gloire;
Er fon peuple eS toujours préfent à fa mémoire.
M. Fléchîer {Or. fu n . de M. de Turemre)
définit la valeur par une Conglobatîon de propriétés.
« N ’entendez pas par ce mot, Meilleurs ,
» une hardieffe vaine, indifcrète, emportée, qui
» cherche le danger pour le danger même , qui
» s’expofè fans fruit, & qui n’a pour but que la
» réputation & les vains applaudiflèments des
» hommes. Je parle d’une hardiefîè fige & réglée,
» qui s’anime à la vue des ennemis; qui, dans le
» péril m êm e, pourvoit à tout & prend tous fes
» avantages, mais qui fê mefure avec fes forces ;
» qui entreprend les chofès difficiles, & ne tente
y> pas les impoffibles ; qui n’abandonne rien au
» hafàrd de ce qui peut être conduit par la vertu;
» capable enfin de tout ofèr quand le confèil eft
» inutile, & prete à mourir dans la vidoire ou à
» fur vivre à fon malheur en accompliffant fes
» devoirs. »
Maffillon, dans fôn fèrmon Jur la J^érité d’un
avenir, (Lundi de la I. fèm. de Carême. Part. II.)
montre combien eft à plaindre l ’impie , par une
Conglobatîon de circonftances. « L ’impie eft à
» plaindre, s’il faut que l’É-vangïIe foit une fable ;
» la fqi de tous les fiècles , une crédulité ; le fèn-
» tinrent de tous les hommes, une erreur popu-
» laire ; les premiers principes de la nature & de»
» la raifôn, des préjugés de l’enfance ; le fàng de
» tant de martyrs, que i’efpérance d’un avenir fbu-
» teneit dans lés tourments, un jeu concerté pour
» tromper les hommes; la convejrfîon de l’univers,
» une entreprifè humaine ; l’accompliflèment des
» prophéties, un coup du hafàrd: en un mot, s’il.
» faut que tout ce qu’il y a de mieux établi dans
» l’univers fe trouve faux, afin qu’il ne foit pas
» éternellement malheureux. Quelle fureur , de
» de^ pouvoir fè ménager une forte de tranquilité au
» milieu .de tant do fûppqfîtions infènfees ! »
Il y a , dans l’Avertiffement du Clergé de France
en 1 7 7 6 , un bel exemple, où la certitude de la
révélation eft établie vidorieufèment par une Covr-
globationâe preuves. c< Il femble que la certitude
» de la révélation fè( mahîfefte à tous les fèns de
» l’homme & à toutes les facultés de fon ame. Faits
» extraordinaires & miraculeux , prédidions jufti-
» fiees par l’évènement, promeffès de l ’ancienne
» alliance accomplies, çàradère divin du Meffie,
» ébranlement de la nature au moment de fa mort,
» témoignages non équivoques de fa réfurredion,
» choix des apôtres, converfion éclatante de l’uni-
» vers , incrédulité, perfevérante des. juifs.,. con£
» tance inébranlable des martyrs , enchaînement
» iublime de la dodrine , excellence des préceptes ,
» perpétuité de l’enfèignement ; il n’eft point de
» 'genre de preuves que la Religion ne réunifie en
» là faveur , point de genre d’efprit auquel quel-
» » qu’une de ces preuves 'ne puiffe être fenfible ;
» toutes font vidorieufès par elles-mêmes, toutes
» fê prêtent un mutuel appui ; & telle eft leur force,
» .qu’on ne peut s’y refufer, fans introduire le pyr-
» rhonifme & détruire tout principe de certitude :
1 » & lorfque ce fait uniqüe eft conftaté , l'orfque
» l’homme eft sur que Dieu a parlé, que peut-il
» lui refter encore à défîrer ? »
Il me fèmbie que l’impudence de Catilina eft
mifè dans un beau jour , au commencement de
la I. Catilinaire, par une Conglobatîon énergique
des-motifs auxquels elle réfifte.
Quem ..ad finem fefe
effroendia jactabit au-
dacia ? Nihilne te noc-
turnum prcefidium Pa-
latii, nihil urbis vigi-
liæ, nihil timor populiy
nihil concurfusbonorum
omnium, nihil kic muni-
tiffimus habendi fena-
tus locus ' nihil horum
ora vultufque inove-
runt ? Patère tua confi-
lid non fentis ? conftric-
tam jam omnium horum
Jufqu’à quel point nous
bravera ton audace effrénée
l Quoi l ni la garda
placée de nuit fur le mont
Palatin, ni les patrouilles
répandues dans la ville ,
ni les alarmés du peuple ,
ni le concours de tous les
gens de bien , ni cette
convocation du fénat dans-
un pofte fortifié , ni les
regards &. le maintien de
ceux qui font ici n’ont fait
fur toi aucune imprdîian£
Tu ne t’apperéois pas-que 1
tes deffeins font découverts
l tu ne vois pas que
ta conjuration eft æh ch aînée
par la connoiffance que
nous en avons ? ce que tu
as fait la nuit dernière, ce
que tu fis la nuit précé-.
dente, où tu as été j ceux
que tu as convoqués ,
quelles mefures tu as prifès, qui de nous penfès-tu
qui l ’ignore l (M. B e a u z é e .)
CONJONCTIF, IVE , adj. terme de Gramm..
Il fê dit premièrement de certaines particules qui
lient enfèmble un mot à un autre mot, ou un fèns à
un autre fêns ; la conjondion & eft une conjonctive ,
on l’appelle auffi copulative.
La disjon&ive eft oppofee à la copulative. Voyer^
C onjonction;
En fécond lieu, le mot Conjonctif ':a été fûbftitué
par quelques grammairiens à celui de Subjonctifs qui
eft le nom d’un mode des verbes, parce que fou vent
les temps du Subjonâif font précédés d’une conjonction
; mais ce n’eft nullement en vertu de la con-
jondion que le verbe eft mis au Subjondif, c’eft uniquement
parce qu’il eft fubordonné à une affirmation
direde, exprimée ou fbusentendue. L’Indicatif eft
fou vent précédé de conjondion, fans cefler pour cela
d’être appelle Indicatif.
On doit donc eonfèrver la dénomination du Subjonctif,
Tlndicatif affirme diredement & ne fùppofe
rien , au lieu que les terminaifbns du Subjondîf font
toujours flibor don nées à un Indicatif exprimé ou .
fousentendu. Le Subjondif eft ainfî appelé , dit
Prifcien, parce qu’il eft toujours dépendant de quelque
autre verbe qui le précède , quod alteri verbo
omnimodo fubjungitur^ Périzonius, dans les notes fur
la Minerve de Sandius , obfêrve que l’Indicatif eft
fouvent précédé de conjondions, & que le Subjondif
eft tou jours précédé & dépendant d’un verbe de quelque
membre de période. Etiam Indicativus con-
junçtiones dum , quum , quando , quanquam , fi,
fkc.fbi proemijfas habet, & vel maxime fibi fib-
jungit alterum verbum. At Subjunctivi proprium m omnimodo 6* femper ,. fubjungi verbo alterius com-
matis. Perijonius in Sancïii Minervâ. Liv. I, chap.
xiij, n. t . Ainfî, confèrvons le terme de Subjonctif \ St
regardons-le comme mode adjoint & dépendant, no-n
d’une conjondion, mais d’un fêns énoncé par un-Indicatif
( Mi d u M a r s a i s . )
;(N0 C oujonctxf , VE. adj. Qui fêrt à lier,
à joindre une chofè avec une autre. Nom conjonctif.
Particule conjonctive. Phrafe conjonctive.
Il y a des noms & des adjedifs conjonctifs-r dont
il eft effénciel de remarquer les propriétés dans la
conftrudion analytique.. ( P r o n om ,R e l a t if ,
In t e r r o g a t if , I ncidente.) ■ <1
Les mots me, te , fe , &c. ne font point des
pronoms- conjonctifs, comme le difenf prefque tou g
nos grammairiens; ce font fimplement des cas deg
pronoms perfonnels. ( Voye% Pronom. )
Quelques grammairiens ont fûbftitué le nom de
Cpnjonétif à celui de Subjonctifs pour défîgner le
mode des verbes plus connu fous ce dernier nom»
La propofition dont le verbe eft au Subjondif eft
néceflàirement fûbordonnée à une autre , dans laquelle
elle eft incidente , fous laquelle elle eft
comprifê, & à laquelle elle eft jointe en fous-ordre
( fubjungitur) par un mot conjonctif. Les grammairiens
qui ont jugé à propos de donnera ce mode
le nom de Conjonctif, n’ont abandonné l’ufàge le
plus général , que pour n’avoir pas bien compris
la force^du mot ou la nature de la chofè t Conjun-
gere ne peut fê dire que des chofès fêmblables &
comme parallèles ; Subjungere regarde les chofès
dépendantes & fùbordonnées à d’autres.
Remarquons, enfin qu’on doit nommer Phrafes
conjonctives, Ex. non pas fimplement Conjonctions ,
les phrafes fuivantes, & leurs pareilles, regardées
par M. du Mariais (jEoye^ l’art, fuiv. ) & par
d’autres- comme des. Conjondions:: bien que, tant
que 4 'dès que , tandis que, afin, que, parce que ,
attendu que, vu que , dlautant. que , pourvu que y
à moins que, en tant que, de forte que, ainfi que ,
de façon que, fi bien que, &c. Il n’y a de conjonctif,
dans toutes ces phrafes, que la Conjondion que ;
les autres mots qu’elle accompagne & modifie, doivent
fimplement être rapportés à la partie d’Oraifon
à laquelle ils appartiennent.
On trouvera encore dans l’article fuivant, & dans
nos grammairiens , d’autres phrafes comptées parmi
les Conjondions , qui ne.font pas même des phrafes
\conjonctives, parce qu’elles ne renferment aucun
mot qui fèrve à lier : déplus, d’ailleurs, non plus ,
par confisquenty en confiequence^o. (.M\ B eauzé e.}
CONJONCTION, fi f . terme de Grammaire.
Les Conjonctions font de petits mots:,qui( marquent
que l’efprit, outre la perception qu’il a de deux objets
, apperçoit entre ces objets un,rapport ou d’ac-
compagnement , ou d’oppofition , ou de quelque
autre efpèce : l’efprit rapproche alors en lùi-méme
ces objets, & les confidère l’un par rapport à l’autre
félon cette vue particulière. Or le mot qui n’a d’autre
office que de marquer cette confidération relative de
l’efprit, eft appelé Conjonction.
Par exemple , fi je dis que Cicéron & Quinùlien
font Les auteurs les plus judicieux de V Antiquité, *
je porte de Quinùlien le même jugement que j’énonce
de Cicéron : v o ili le motif qui fait que je
raffemble Cicéron avec Quinùlien ; le mot & qui
marque cette liaifoneft la Conjonction.
Il en eft de même fi l’on veut marquer quelque
rapport d’oppofiùon ou de difconvenanee.: par exemple
, fi je dis qu’i/ y a un avantage réel à être infi-
truit, & que j’ajoute enfûite fans aucune liai fon qu’;/
ne faut pas que la fcience infpire de Vorgueil,
j’énonçe deux fèns fégarés ; mais fi je veux rapprcn
JVL m c i %
jConfcientiâ teneri con-
jùrationem tuam non
vides ? quid proximâ ,
quid juperiore . nocte
egeiis, ubi fiieris, quos
convocaveris, quid con-
Jilii ceperis, quem nof-
tru.m igtiorare arbi-
traris f