
stô À B S ABS
dans lts écrivains qui les ont précédés , que la çon-
noiffance des faits ; mais tout le refte eft àîeùx, ordre
, développement, choix des réflexions, ftuances
de ftyle*, &c,
Jullin a fait Y épi tome d e l’Hiftoire univerfèlle de
Trogue-Pomppp ; il eil- aconforvé \ avec les, faits,
l'ordre, la .li^ifjbn, les réflexions ,, & loiiÿent les
phçafes mêmes; - r
r^oias dgyops., p.. Elorus, quelque connoiflànce du
plan général de ^Tite-Live, .parce qu’il nous a tranf-
mis du moins les fommaires de i’Hiftoire romaine
de cet hiflorien célèbre. (M. Meauzée. )
. ^ABSOLU,, ub, (Çramml) adj. du. mot latin abfi*
Ijlfus Vdétach.é ^.féparé. eqtièreme/it, complet ,• entier, ;
indépendant ; cq mot renferme une idée dàffranchif-
lèment de toute gêne , d’indépendance , d’abfence de
toute liaifon , de. tout rapport avec d’autresêtres.
A b s o l u , en Logiquey efl l’oppofe de relatif;
il devient alors l ’épithète , fbit des idées , fbit des.
termes. Il y a des idéçs. abfolues & des idées relatives
, des ternjgs. adjoins & des termes relatifs*
L ’idéè abfolue efl celle qui , pour être entièrement,
comprife v;n’a pas beioin-d’une autre idée à. laquelle
03., h*._, rapporte;- &' qui n’en réveille néceflàirement
point d’autre par fà préfènce dans l ’efjïrit. L ’idée de)
pierre, de tête, ou de tel autre individu, de telle-
couleur , de telle figure , de telle fiibffance,. de tel
mode , de tel objet , quelque compofé;qu’il foit, tant
que je ne les ponfidère chacun que comme,un être-ifb-
Jé, déterminé en:lui-même, fans le rapporter à aucun
autre objét., efl une idée abfolue : en un mot , tout
ce qui exïfte , tout ce qui peut exifter:, ou être confî-'
dére comme,une feule chofè, efl un être pofitif, l’objet
d’une idée abfolue : car quoique les parties dont
ces. êtres font compofés, ou les idées Amples réunies
dans l ’idée totale d’un objet, foient relatives les unes
avec les autres ; le tout pris enfemble efl: confîdéré
comme une feule chofè pofîtive , dont l ’idée efl abfolue
, puisqu’elle n’en réveille néceflàirement point
d’autre par fa préfènce dans l ’efprit, & n’a pas befoin
d’une autre idée pour être entièrement comprime.
L ’idée relative , au contraire, fùppofe néceflàire-,
ment une autre idée, fans laquelle on ne la frifîroit
pas entièrement; & la préfènce de l’une réveille né-,
ceflàirement l’autre : ainfl, l’idée d’un triangle efl une
Idée abfolue : mais celle de l ’égalité de fès trois angles
à deux .angles droits , ne peut être fàifîe fans l’idée
des trois angles‘du triangle & l’idéelde deux angles
droits ; elle efl donc relative. T ité , confîdéré Amplement
comme individu , efl l’objet pofitif d’une
idée^ abjolue : mais fl je le confidcre conïme père ,
mari, frère, maître , do&eur, ro i, grand, petit,
prochain , éloigné , &c. je me forme autant d’idées
relatives qui'reveillent néceflàirement chez moi par
leur préfènce celles de fils , de femme, de frère ou
de fèeur, de domèftiqüe, de difciple , de fùjet, de.
quelque chofè.de plus petit oude plus grand que lui ,
d’objet dont il efl près ou loin,
Il y a) cette différence entre l’idée abfoluetkY\déc
Relative , outre la différence eflèntielle que. nous venons
de, décrire: ,. qu’il n’eft point d’idée qu’on ne
puifTe rendre relative à une autre, en les mettant en
' rapport:; au lieu qu’il efl des idées relatives que l’on
j ne, fàuroit. repdre .abfolues-, telles font-celles de grandeur
, dé quantité', de partie, de caufe y depère, ôcc.
. Les; fermes.-abfolus îfont ceux qui expriment des
idées abfolues ; tels, font ceux-ci : fubjlance , mode,
homme , cheval, noir, g a i, penfif, fincère, &e. Les
termes relatifs expriment des idées relatives , tels que
créateury pere y époux y fujet > partie y.grand, petit,
heureux, foible.
Un term eabfolu devient relatif en y ajoutant quelque
mot qui indique une comparaifon ; comme plus
noir y plus, gai, moins, fincère,. également penfif, &c.
Il efl. des mots qui paroiflènt abfolus , & qui ne le
font pas:, parce qu’ils,fuppofent tacitement une relation
; tels font voleur y concubine, imparf a it, vieux;
le voleur n’eft pas tel fans une chofè volée ; la concubine
y fans un homme avec qui elle vit ; un être
imparfait, relativement à une fin ; un être vieux ,
relativement à un,plus jeune». {A nohymle ).
ABSOLUMENT, adv. Un mot efl dit abfolumenty
lorqu’il n’a aucun rapport grammatical avec les autres
mots, de la propofîtion dont il eft un incifè. Voy.
A b l a t if , ( M . n u M ars a ïs . )
ABSORBER, EN G LO Ü T IR , fynonymes.
Qui connoît la différence qu’il y a entre la totalité
& l’intégralité (a ) , doit fèntir celle qui fè trouve ici.
Abforber exprime à la vérité une aétion générale ,
mais fùcceflive , qui, en ne commençant que par une
partie du fujet, continue enfuite & s’étend fur le tout.
Engloutir marque une aétion dont la généralité efl
rapide & intégrale, fàifîflànt le tout à la fois, fans le
détailler par parties-.
Le premier a un rapport particulier à la confommaction
8t à la deftruâion. Le fécond dit proprement
quelque chofè'qui enveloppe, emporte, & fait difpa-
roître tout d’un coup. Ainfî, le feu abforbe, & l’eau
engloutit.
G’eft félon cette même analogie qu’on d it, dans
un fèns figuré, Etre àbforbéen Dieu ’ ou dans la
contemplation de quelque fujet, lorfqu’on y livre la
totalité de fès penfëes , fans fè permettre la moindre
diftraftion. Je ne crois pas qu'engloutir fbit d’ufâge
au figuré. ( U abbé G ir a r d . )
(N.) ABSTRACTIF, VE, adj. quifèrt à exprimer
les idées abftraites. Les adje&ifs, les verbes, les pré-
■ (a) Intégralité eft un mot He la façon de l’auteur, gui
pourroit bien , pour cela même, n’être pas entendu , fans
empêcher.qu’on ne fenrîcla différence qu’il explique enfuite.
L’abbé.Girard,; qui diftinguoit fes idées avec une précifion
rajre Sç peu commune, trou voit fouvent la langue en défauç.
Quand le néologifme efl éclairé par la philofophie ,; loin de
gâter une langue, il l’enrichit êe l'embellit. ( M. BzAv-
ZÉE >
ABS
pofîtions , & les adverbes , . font tous des fferfnê'fc abf- f
tractifs : mais on diftingue principalement les^ noms ;
en deux efpèces générales ; les noms fubftantifs , &
les noms abflractifs : les noms fubftantifs fervent à
exprimer les fubftances, c’efl à dire, les êtres reels ,
qui ont ou qui peuvent avoir une exiftence propre
& indépendante de tout fujet , royaume y province y ;
ville y maifony fo r ê t , arbre ^ chêne, tê te , p ied -y
homme, f o ld a t , magiflrat y roi y armée., ange y démon
y p a ra d is , enfer, p è r e , mère y f i l s -, f i lle , loup ;,
brebis y &c ; les noms abflraclifs fervent à exprimer
les êtres abftraits, c’eft à dire, ceux qui n’exiftent
que comme qualités qu modes .de quelque fubftance,
royauté y étendue y fûrete , fo lid it e , agrément, verdure
y dureté y capacité y puanteur, humanité y courage
, ju flice y p u iffan c t, difcipline , p u r e té , malice
y bonheur, malheur y amour, tendreffe, refpec l,
attachement , v o r a c it é d o u c e u r , &c. ^ . . .
C ’eft à l’abbé Girard que l’on doit l’introdudioh
de ce terme dans le langage grammatical , au lieu du
terme d'Abflrait qu’on employoit en ce fèns : il jugeoit
fans doute , & il avoit raifbn, que le terme d'Abjlrait
convient plus tôt aux idées qu’aux noms qui les re-
préfèntent ; & que ces noms: doivent être nommés
abflraclifs y parce qu’ils fervent à exprimer, des idées
abftraites ; ce que marque très-bien la terminaifbn if
ou ive y & en latin iv u s , iva, ivum, qui fèmble
venir du verbe juvo. ( M. JSeauzée.)
* ABSTRACTION y f f i Ce mot vient du latin
abflrahere , arracher, tirer de , détacher.
U Abflraclion eft une opération de l’efprit, par
laquelle , à l’occafion des imprefïiony fenfibles des
objets extérieurs , ou à l’occafion de quelque affèélion
intérieure, nous nous formons par reflexion un concept
fîngulier,. que nous détachons de tout ce qui peut
nous avoir donné lieu de le former ; nous le regardons
à part comme s’il y avoit quelque objet reel qui
répondit à ce concept indépendamment de notre manière
de penfèr : & parce que nous ne pouvons faire
tonnoître aux autres hommes nos penfees autrement
que par la p a ro le ce tte néceffité & l’ufàge ou nous
fbmmes de donner des noms aux objets reels, nous
ont portés à en donner aufli aux concepts metaphyfî-
ques dont nous parlons ; & ces noms n’ont pas peu
contribué à nous faire diftinguer ces concepts : par
exemple :
Le fèntiment uniforme que tous les objets blancs
excitent en nous , nous a frit donner le même nom
qualificatif à chacun de ces objets ; nous difbns de
chacun d’eux en particulier qu’il eft blanc .\£nfuite ,
pour marquer le point félon lequel tous ces objets fè
reflemblent, nous avons inventé le mot blancheur.
Or il y a en effèt des objets réels que nous appelons
blancs ,* mais il n’y a point hors de nous un ctre qui
fbit la blancheur. Ainfî, blancheur n’eft qu un terme
abft-ait : c’eft le produit de notre réflexion à l’oçcafion
de l’uniformité des impreflions particulières que divers
objets blancs ont frites en nous ; c’eft le point
auquel nous rapportons toutes ees impreflions, difféÂ
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fêntés par letits çaufès particulières^ uniformes par
leur efpèce. ^ 1 .
Il y a des objets dont l’afpeâ: nous affe&e de manière
que nous^les appelons beaux ; enfuite, confide-
rant à part cette manière d’affeder, féparée de tout
objet, de toute autre manière, nous l’appelons la
beauté. , ..
Il y a des corps particuliers ; ils font étendus ils
font figurés, il font divifibles , & ont encore bien d’autres
propriétés. Il eft arrivé que notre efprit les a confî-
dérés, tantôt feulement en tant qü’étendus , tantôt
comme figurés, ou bien comme divifibles j ne s arrêtant
à chaque fois qu’à une feule de ces confîdé-
rations ; ce qui eft faire abflraclion de toutes les
autres propriétés. Enfuite nous avons obferve que tous
les corps conviennent entre eux en tant quils font
étendus, ou en tant qu’ils font figures, ou bien en
tant que divifibles. Or pour marquer ces divers
points de convenance ou de réunion , nous nous forcîmes
formé le concept dl étendue , ou celui défiguré,
où celui de divijibilité : mais il n’y a point d etre
phyfîque qui fbit Y étendue , ou la figure , ou la dir*
vijibilitéy & qui ne fbit que cela.
• Vous pouvez difpofer à votre gré de chaque corps
particulier qui eft en votre puiliànce : mais etes-
vous ainfî le maître, de Y étendue y d elà figure y
ou de la divifibilité f L ’animal en général eft-il de
quelque pays, & peut-il fè tranfporter d’un lieu à un
autre? . .v
Chaque abflraétion particulière exclut la con fi de-
ration de toute autre propriété. Si vous confiderez le
corps en tant que figuré, il eft évident que vous ne
le regardez.pasxomme lumineux, ni comme vivante
vous ne lui ôtez rien '; ainfî il feroit ridicule de conclure
de votre abflraélion, que ce corps, que votre
efprit ne regarde que comme fig ur é , ne puiflè pas
être en même temps en lui-même étendu, lumineux,
vivant, &c.
Les concepts abftraits font donc comme le point
auquel nous rapportons les differentesyrhpreflions ou
réflexjo ns' particu lières qui font de meme efpece, &
duquel nous écartons tout ce qui n’eft pas cela precî-
fement.
Tel eft l’homme : il eft un être vivant, capable de
fèntir , de penfèr, de juger, de raifonner, de vouloir,
de diftinguer chaque acte fîngulier de chacune de ces
facultés, & de faire ainfî des abftractions.
Nous dirons, en parlant de I’A rticle , tjue, n y
ayant en ce monde que des êtres réels,, il n’a pas été
- poflible que chacun de ces êtres eût un nom propre.
On à donné un nom commun à tous les individus
qui Ce reflèmblent : ce nom commun eft appelé .notre
d'efpèce y parce qu’il convient à chaque individu
d’une efpèce ; Pierre eft homme, Paul eft homme y
Alexandre & Céfàr étoient hommes\ En ce fens 1®
nom d’elpèce n’eft qu’un nom adjeétif, comme bon ,
beau, vrai ; & c’eft pour cela qu’il n’a point d’article.
Mais fi l’on regarde Yhomme fans en faire aucune
application particulière , alors Yhomme eft pris dans
unTens ablirait, & devient un individu fpçcifique ;
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