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les genoux , Ie'careflè, & lui dit : » Mon petit ami,
» pourquoi n’avez-vous pas voulu dire a ? Cela n’eft
» pas bien difficile.» L ’enfant pleure & ne répond
rien. Elleinfifte; même filence. Elle le prefie tant,
qu’il lui répond d’un air chagrin : C’ejl que je riau-
rois pas plus tôt dit a qu’on me feroit dire b.
De moeurs. Pi. Paris, une de nos jolies femmes,
chaufiée pour lîTprermère fois par le cordonnier à la
mode, s’apperçut que dès le premier jour les fou^-
liers s’étoient déchirés ; elle fit venir le cordonnier,
& lui marqua fon mécontentement. L ’ouvrier prend
le foulier crevé, l'examine avec une attention férieu-
fo , & après avoir réfléchi fur la caufo de cet accident:
Je vois ce que c’e jl, dit-il enfin ; Madame aura
marché.
D e caractère. On raconte qu’à Naples lés pages
d’un bailli de Malte , homme d’une extrême avarice,
lui ayant représenté qu’ils manqupient de' linge &
que leurs dernières chemifés s’en alloient par lambeaux
, il fit appeler fon majordome, & , devant
eux , lui dit d’écrire à là commanderié , que
l ’on eût à femer du chanvre pour faire du linge à ces
meilleurs : for quoi iespàges s’étantmis à rire; Les
petits coquins , reprit, l e bailli y les voilà bien contents,
àpréfent qriils o’ht dès chemifes. '■
D ’originalité. Le fécond fils d’un négociant, de
Bordeaux , où les cadéts ne font pas-riches , à fon
retour d’un voyage aiix îles, fut afTaillid’une tempère
à l’embouchure delà Garonne ; mais le péril pa-ffé,
il arriva au port. Son père, fo mère , foii frère aîné
allèrent au devant de lu i , bien contents de le voir
fouvé. A h l leur dit-il, c’ ejl par un miracle; & je
l ’ attribue à un voeu que j - ai fa it. » Mon enfant , il
faut l’accomplir , lui difont fos parents : quel voeu
» avez vous fait? » T ai promis à D ieu , reprit-il,
que, s'il me faifoit la grâce d’échapper au naufrage
, mon frère aîné feferoit chartreux.
D e vanité. Dans un couvent de capucins , l’un
d’eux, qui n’éfoit pas auffi avantageufoment pourvu
de barbe que les autres, en étoit méprifé & tourné
en dérifion. Le gardien , homme, grave & févère ,
leur en fit une réprimande & leur dit , qu’il ne fal-
loit pas s’enorgueillir des dons du Ciel ni infolter à
ceux qu’il n’avoït pas favorites de même. •Ipfe fecit
nos , Cf non ipfi nos, ajouta-t-il ; & filepèrè Nicaife
ri a pas'une auffi belle barbe que nous devant les
hommes, peut-être en aura-t i l une plus belle devant
-Dieu.
De'naïveté. Une fille pourfoivoit un jeune-homme
pour caufo de féduétion ; mais fon avocat ne
trouvoit pas fos moyens foffifonts. Elle revint de chez
lui fort' trifte ; mais le lendemain elle y retourne
d’un air triomphant : Monfieur, nouveau moyen,.
dit-elle ! il tria féduite encore de matin.
D e bétife. Un négociant venoitde mourir de mort
fobite , & il av.oit laiflë for fon bureau une lettre
écrite à l’un de fos correfpondants, mais qui n’étoit
point cachetée. Son commis crut devoir faire partir
la lettre, & mit au bâsj, par apoftille- ; Depuis ma
'lettre écrite,-j e fuis mort.
C O N
Le cara&ère effenciel de ces petits Contes, c’efo
la fîmplicité & la précifîon. La femmedu monde qui
contoit le mieux-, Mad. J. avoit à dîner un jeune
homme de qualité, plein d’efprit, mais qui eut le
malheur défaire une hiftoire un peu longue, & de
tirer de la poche un petit couteau pour couper une
dinde. M. la Comte, lui dit-elle, il faut avoir à
table un grand couteau & de petites hifloires. M. le
comte profita de l ’une & de l’autre leçon.) (M. M ar-
MONTEL. )
* C O N T E , FABLE , ROMAN.- Synonymes.
Ces trois mots défignent des récits qui ne font pas
vrais: avec cette différence , que Fable efl un récit
dont le but eft moral, & dont la faùfleté eft fou-
vent fonfible , comme lorfqu’on fait parler des animaux
ou les arbres’ que Conte efl: une hiftoire faufïè
& courte qui n’a rien d’impoffible, -ou une Fable.
fon s but moral ; & Roman, un long Conte. On
dit , les Fables de la Fontaine , les Contés du
même auteur, les Contes de madame d’Aunoi ,
le Roman de la P ri n celle'de Clèves.
Conte fo dit auffi des hifloires plaifonfes , vraies
ou faufïês, que l’on fait dans la converfotion : F a ble
^ d’un fait hiflorique donné pour v rai, & reconnu
pour feux : & Roman , d’une foi te d’aventures
fingulières , réellement arrivées à quelqu’un.
( M . d’A lembert. ) r
( f Un Conte eft une aventure feinte & narrée pair
un auteur connu. Une-Fable eft une aventure faufïè
divulguée dans le Public & dont on jig^ore l’origine,
Un Roman eft. un compofé & une foite de plu-
fieurs’ aventures foppofées. -
Le mot de Conte eft plus propre , lorfqu’il n’eft
queftion que d’une aventure de la vie privée ; ort
dit le Conte-de.la matrone d’Éphèfe. Le mot de
Fable convient mieux , lorfqu’il s’agit d’un évènement
qui regarde la vie publique ; on dit la Fable
de la papefîe Jeanne. Le mot de Roman eft à fo
place, lorfque la defoription d’une vie illuftre ou
extraordinaire fait le fojet de la fiétion ; on dit le
Roman de Cléopâtre.
Les Contes doivent être bien narrés ; les Fables,
bien inventées ; & les Romans, bien foivis.
Les bons Contes divertifîent les honnêtes gens ,
ils fo plaifont à les entendre. Les Fables amufont
le peuple , il en fait des articles de foi. Les Romans
gâtent le goût des jeunes perfonnes , elles en préfèrent
le merveilleux outré au naturel fimple de la vérité.
) ( L ’abbé G i r a r d .)
CONTENTEMENT , JOIE , SATISFACTION
, PLAISIR. Syn.
Le Contentement regarde proprement l’intérieur
du coeur; c’ eft un fontiment qui rend l’ame tranqui-
le. La Joie regarde particulièrement la démonftra-
.tion extérieure ; c’eft une expreflion du coeur qui
agite quelquefois l’eïprit. La Satisfaction regarde
-plus les pallions ; c’eft un retour fur le focces dans
lequel on s’applaudit, Le Rlaifir regarde principal
c o N.
IèftêBt-I-e gàtit; c’eft une fenfition |tàcieu(ë dont
les fuites peuvent quelquefois être defagreables.
: Il eft difficile qu’un homme inquiet & turbulent
ait jamais un vrai Contentement. Il n’y a que le petit
peuple & les gens d’un efprit borné qui fe livrent !
une Joie immodérée. La Satisfaction ne fe trouve
guère avec une ambition dèmefurée. Il eft rare de
goûter un Plaifir pur, qui ne fbit mêle d aucune,
amertume. ( L ’abbé G ir a r d . ) ■ -
* CON TENT , SA T IS FA IT ; CON TENTE MENT
, SATISFACTION. Synonymes. .
■ Ces mots défignent en général le plaifir de jouir de
ce qu’on fouhaite. Voici leurs différences : on dit, une
paflïon fa lis faite ; content de peu , content de quelqu’un
; on demande Satisfaction d’une injure ; Contentement
pafte riche (Te. Pour ètr e fa tisfa it, il faut
avoir déliré ; on efl fôuvent content fans avoir rien
déliré. ( M . d’A lewlreet. )
( f On eU fa tis fiit, quand on a obtenu cequ on
fouhaitoit. On eft content, loflqn’on ne fouhaite plus.
■: Il arrive Gravent qu'après s’être fa tis fa it, on
n’en eft pas plus content "
- L a pofleftion doit toujours nous rendre fa t is f in s \
mais il n’y a que le goût de ce que nous pofië-
dons, qui puiffe nous rendre contents. ) ( L abbe
■Gi r a r d .)
- CON TENTION, f. m. Gramm. & Métaph. .
'Application longue , forte., & pénible de 1 efprit a
quelque objet de méditation. La Contention foppole de
la difficulté & même de l’importance' de la part de
la matière , & de l’opiniâtreté & de la fatigue de la
part du phllofophe. Il y a des choies qu on ne foifit
que parla Contention. Contention Ce dit auffi. d’une
Forte & attentive application des organes : ainfî, ce ne
fora pas fons une Contention de 1 oreille, qu on af-
lurera que l’on ne fait pas dans la prononciation de
la première fyllabe trahir, un e muet entre le t &
IV. Il n’y a entre la Contention & l’application , de
différence que du plus au moins ; entre la Contention
& la méditation , que les idées d’opiniâtreté , de
durée , & de fatigue , que la Contention foppofe, &
que la méditation ne foppofe pas. La Contention eft
mite foite d’efforts réitérés. F o y e \ A p p l i c a t i o n ,
M é d i t a t io n , C o n t e n t io n . S y n . (M . D id e r o t .)
C O N T IG U , PROCHE , Synonymes. Ces mots
défignent en général le voifinage ;■ mais le premier i
s’applique principalement au voifinage d’objets1 con-
• fidérables, & -défîgne de plus un voifinage immédiat:
Ces deux terres font contiguës ; ces deux
arbres font proches l’un de Vautre% ( M. d’A lem-
b è r t . ) ■ ” •' ^
(N.) CON TINU , CON TINUE L . Synonymes.
Il peut y avoir de l’interruption dans ce qui eft
continuel ; mais ce qui eft continu n’en fouffre point.
De forte que le premier de ces mots marque pio-
prement la longueur de la durée, quoique par inter- *
c o N j 0 7 .
, yalies & a plufteurs reprifës ; & le fécond marque
fimplement f unité de la durée , indépendamment de
la'longueur & de la brièveté du temps que la choie
dure. Voilà pourquoi l’on d it, Un jeu continuel,
des pluies continuelles ; & une fièvre continue ,
une baffe continue., (L ’abbé G i r a r d . )
Continu fe-dit; de la nature de la.chgfê ; & Continuel
fè dit de fin rapport avec le temps ; 1 exemple
en eft évident dans Un mouvement continu, &
un mouvement continuels f M. D i d e r o t . )
Ces, deux termes’ défignent l'un St 1.autre une
tenue fume ; c’eft le fins général qui les rend
fynonymes: voici en quoi'ils diffèrent. .
Ce qui eft continu n’eft pas divile; ce qui eft
continuel n’eft pas Interrompu. Ainfi, la choie eft
continue par la tenue de fa conftitution ; elle eft ctm-
tinuelle par la tenue de fa durée. . ‘ . .
Le cliquet d’un moulin en mouvement, lait un
bruit continuel, parce qu’il eft le même fans interruption
tant que le moulin tourne : mais ce bruit
n’eft pas continu , parce qu’il.eft compofe de retours
périodiques fëparés par des intervalles de lilence,
il eft diviCés (M . Meauzéê. ) ^
(N .)CO NTIN UA TION , CONTINUITÉ.-?)«;
Continuation eft pour la. durée. Continuité eft.
pour l’étendue. : : - „
On dit , la Continuation d’un travail & dune
adion, la Continuité d’un eipace & d’une grandeur ,
la Continuation d’une même conduite , & la Continuité
d’un même édifice. { L ’ abbe G ir a r d . )
CON T IN U A T IO N , SUITE. Synonymes^
Termes qui défignent la liaifon & le.rap.port d une
choie avec ce qui la précède. '
On donne la Continuation de l’ouvrage d un
autre, & la Suite du fîen. On dit la Continuation
d’une vente, & Ja Suite d’un procès. On continue
ce qui n’eft,pas achevé ; on donne une,Suite a ce
qui l’eft. ( A/, d ’A l e m b e r t . ) ,■
(N.) CON TINUER, PERSÉVÉRER ,,FERSÎS-
TER. Synonymes. - ; . •;
Ces verbes indiquent tous trois un état de tenue
dans la manière d’agir : le premier, fans aucune autre
addition'; & les deux autres, avec des idees acceifoires
qui les diftinguent du premier & entre eux.
Continuer, c’eft fimplement faire comme on a
fait jufques là. Perfévérer, c’eft Continuer fans, vouloir
changer. Perfifter, c’eft PerfeX-érer avec confiance
ou opiniâtreté. Ainfi , Pérjijîer dit, p us que
Perfévérer; 8c Perfévérer, plus que Continuer.
On continue par habitude ; on perjévere par
réflexion ; on perfijle par attachement. .
L ’homme le plus eftimable n’eft pas celui qui,
après avoir contradé l’heureufe habitude, de ..la
vertu , continue de la pratiquer ; tant qu U n eit
foutenu que par l’habitude, il peut encore etre -ic-
duit par des raifonnements captieux , ébranlé par
I de mauvais exemples, détourné de la bonne voie
S s s î.