
me dans ici proche : d’autres fois prépofîtion • Comme '
proche l’églife : mais plus ordinairement on le re-
connoît pour adjeâif; U hameau le plus proche , fa
dernière heure eji proche , mes proches parents. Il
cil toujours ad jeâif, & peut s’expliquer par tout
dans ce fèns : ici proche, c’eft à dire, en un lieu
proche d'ici , en forte qu’il y a ellipfè & inverfîon ;
proche Véglife, c’eft à dire, en un lieu proche de
Véglife. F o y e i P r é p o s it io n .
3°. On a imaginé faufTement nombre de prétendus
Adverbes de temps.
Hier , avant-hier, aujourdhui , demain , après-
demain , font de vrais noms , qui font fujets des
verbes , fûppôts des adjeâifs, compléments des pré-
çofîtions : hier fu t un beau jour pour vous , avant-
hier fu t pluvieux \ tout aujourd'hui, demainpaffé,
la journée d'après-demain , arrivé d'hiej ou d’avant
hier , de demain en huit jour s, i l m’a remis
À demain , c’efl pour aujourdhui , i l commencera
dès après-demain, i l en eji quitte depuis hier.
Quand ils paroiflent employés à la manière des A d verbes
, c’eft que la prépofîtion eft foufêntendue : i l
arriva hier , elle mourut avant-hier y la promenade
efi pajfable aujourdhui , j ’en parlerai demain y
nous irons après-demain à la campagne j c’efi à
dire, dans hier y dans avant-hier, dans ou pour
aujourdhui y dam ou pendant demain y-fans après-
demain.
Jadis eft un véritable adjectif, & j’en prends
à témoin les bonnes gens du temps jadis : l’ellipfè
feule lui donne quelquefois l’a ir , mais jamais la
nature de l’Adverbe y ainfi, on le croyoit ja d is ,
fignifie on le croy oit au temps jadis.
Jamais efi urt vrai nom : à jamais y pour jamais y
à tout jamais, au grand jamais.
Long-temps eft compofé d’un adjeâif & d’un
nom rapprochés fans caufè , qui montrent aflèz la
vraie nature de cette exprellion : que n’écrit-on
fans tiret, depuis long temps y pendant long temps,
pour longtemps y i l y a longtemps7. Si l ’on dit,
la chofe dura long temps , c’èft pour dura pendant
long temps.
Lors s’emploie comme un nom \dès lors y pour
lors. On auroit dû écrire pareillement à lors en
deux mots : mais on s eft avife, contre le voeu de
l ’analogie , d’écrire tout d’une pièce alors y & voilà
encore un prétendu Adverbe, qui n’eft au fonds
qu’une phrafé adverbiale. On a réuni de même &
avec aufîi peu de raifôn lors & que , & le tout a
été déclaré conjonction ; lors eft un*nom , antécédent
de que, & que fèul eft conjonâif : quand on
dit à lors qüe , on écrit alors que ; on fépare que
de fbn antécédent, quoiqu’on ne l ’en fepare pas
dans lorfque. Que d’inconfequence !
Tard. On trouve dans le Diâionnaire de 1*A cadémie
y I7 Ó1, Vous vous en <xvife\ fur le tard y &
une pareille conftruâion annonce un nom , & non
pas un Adverbe.
Tôt eft l’oppofe de tard, & doit être de même
efpcçey seft-on mépris également fur l ’un &
fur l’autre. Mais par le rapprochement s on i encore
fait avec tôt de prétendus Adverbes y auxquels
on fl’a pas donné d’analogues compofés de tard :
on a fait auffitôt, bientôt, plutôt y mais on a continué
d’écrire en deux mots aujfi tard y bien tard y
plus tard : on écrit de même, & avec raifôn, affe\
tôt y trop tôt y comme affe\ tard y trop tard , fort
tard. Inçonfequences 8c contradictions, qui pourtant
lailîènt appercevoir le vrai !
Toujours. On dit pour toujours comme pour
jamais y c’eft que Toujours & Jamais font de- la
meme efpèce.
4°. On a de même érigé en Adverbes de quantité
de] véritables noms : (avoir, beaucoup, p eu ,
gttères y affe\ , trop , tant y autant, moins, plus y
davantage ; qui lignifient belle quantité(bella copia ),
petite quantité y grande quantité y quantité excejfivey
f i grande quantité y aujfi grande quantité y moindre
quantité y plus grande quantité y quantitéfupérieure.
Aufli tous ces mots fe conftruifènt-ils comme des
noms : j ’en ai beaucoup yprene^-enpeu; vous nave\
guères de crédit y i l a trop de richeffes y ils ont tant
de bien qu’ils le prodiguent y tant de fie l entre-t-il
en Vante des dévots ? nous aurons autant de loifir
que nous voudrons y moins de gloire & plus de
profit y vous ave% des rejfources , j ’en ai encore
davantage.
j°o Voici encore des Adverbes fabriqués par le
(impie rapprochement, qui toutefois n’a pas fait dif-
paroître la nature des mots élémentaires ; autrefois ,
parfois, quelquefois y toutefois y enfin, enfuite, partout
y furtout y &c.; Séparez les éléments de ces
«lots , & , fi le cas l’exige , recourez à l ’eUipfè ;
l’Adverbe difparoît, fans aucune altération du fèns.
III. Une troifîème méprife des grammairiens, c’eft
qu’ils ont méconnu quelques véritables Adverbes,
qu’ils ont placés , ou dans la claflè des pronoms,
ou dans celle des prépofîtion?, ou dans celle des conjonctions.
i° . Il n’y a pas un grammairien qui ne regarde en
& y comme des pronoms, & les dictionnaires prononcent
la même chofl. Cependant en fignifie de
avec le complément indiqué par les circonftances &
nommé auparavant;y fignifie à , où dans, ou en y
avec un pareil «complément : or tout mot qui vaut
une prépofîtion avec fôn complément, eft un véritable
Adverbe. Dites nous des nouvelles de VAmérique
, puifque vous en arrive\ y c’eft à dire, vous
arrive\ de CAmérique ou de ce pays : foye\ tranquille
fu r votre affaire, je men occupe y c’eft a
dire , je m’occupe de votre affaire : vous en aurez
des preuves ; c’eft à dire 'despreuves de cela : j ’ai
péché.y & je m’en repens y c’en à dire, je me repens
• d!avoir péché : f i vous ailez en province , ny refiez
pas y c’eft à dire, ne reflé\ pas en province : i l faut
mourir y penfe\-y bien y c’eft à dire , penfez bien à
cette vérité : appliquez-vous aux fciences, vous y
réuffire\ y c’eft à dire , vous réuffire\ dans les
fciences,
' t". On
î ®. On regarde comme des prépofîtions les mots
Auprès y Autour y Hors y Jufque. Je prouve a i lleurs
que ce font des Adverbes. Fo'ye\ Pr é po s
it io n .
( 3°. Enfin l’on a rejeté, dans la clafje des conjonctions
, d’autres mots qui, bien appréciés , font de
véritables Adverbes y comme Cependant, Neanmoins
y Pourtant y Afin , Ainfi , Aujfi y Encore,
Tantôt quand il fè répète.
Cependant, NÉAtJMOlUSy P ourtant font des
Adverbes. Lorfque Cependant eft relatif au temps ,
c’eft un Adverbe qui veut dire pendant ce tempj-là
( en latin interea) : quand il eft fÿnonyme de Néanmoins
, Pourtant, il fignifie , comme les deux autres.,
avec cela y nonobfianç cela ; Sc ils font tous
trois Adverbes fynonymes, avec les différences qu’on
peut, voir à l’article P o u r t an t , Cepen d an t ,
N é anm o in s , T o u t e fo is .
A f in . On a coutume d’écrire afin en un fèul mot,
8c en confequence on a décidé que c’étoit une conjonction
; car il falloit bien placer ce prétendu mot dans
la clafTe de quelqu’une des parties d’oraifon.
On difoit anciennement à celle fin y qui fûbfifte
encore dans les patois de pîufîeurs provinces, & qui
eft la vraie interprétation à’afin ( in hunefinem ) :
quoiqu’on écrive donc afin en un fèul mot, encore
n’eft-ce autre chofè que la prépofîtion à réùnie avec
le nom^z/z, & confèquemment un véritable Adverbe.
Mais , puifque le fèns des deux radicaux eft exactement
confèrvé, pourquoi les écrire en une pièce
comme fi ce n’étoit qu’un mot ? c< Il y a des phrafès,
>y dit le Dictionnaire d’Orthographey où à fin fè doit
» écrire en deux mots avec un à grave ; mais cela
« ne fè doit jamais faire quand afin fè peut con-
» vertir en latin par la particule ut ». C ’eft i°. donner
aux trois quarts de la nation une règle inintelligible
, parce qu’ils ne fa vent pas la langue latine : z°.
c’eft donner aux autres Une règle illufoire, parce que
la particule ut répond toujours 8c néceffairement au
mot françoîs que ; & jamais on ne traduit ut par afin
que y qu’à raifôn des mots in hunefinem foufèntendus
8c fentis avant ut : 3 °. c’eft convenir yfiàfin , exprimé
en deux mots, a le même fèns qu’afin en un
fèul mot ; puifque, pour diftinguer l’un de l’autre ,
on afïigne un moyen méchanique qui en effet ne ea-
raCtérife ni l’un ni l’autre , au lieu d’afligner la différence
des fèns qui n’exifte pas.
Cette réunion des deux mots en un, faite à contre-
fèns, eft l’uniqùefourcedela méprifè où l’on eft tombé
fur la nature de cette exprefïion. Eh écrivons en toute
occurrence à f in , comme nous écrivons à caufe, à
raifôn y &c. L ’analogie & l’intérêt de l’analyfè grammaticale
le demandent également : on verra aifément
pourquoi l’on met quelquefois de & quelquefois que
' après à fm ; dans le premier cas, de eft prépofîtion
déterminative du nom appellation ; & dans le fécond,
que eft déterminatif du même nom appellatif/zn, qui
eft antécédent.
A insi eft généralement reconnu pour un Adverbe
y qui fignifie de la même manière y de cette manié rey
.C ramai, e t L jttérat. Tome I.
ou en ce tte m an ière. L e s mêmes grammairiens néanmoins
qui en font un A d v e r b e 9 en font encore une.
conjonâion, & quelques-uns même deux fortes
de conjonâions. C ’efl: , dit-on , une conjonction
comparative , quand elle exprime parité entre deux
propofîtions; & l’on cite ce vers :
Ainfi que la vertu, le crime a Tes degrés
C ’eft une conjonâion illative ou conclufîve , quand
elle fèrt pour tirer une induâion ou une confequence
d’une propofîtion précédente : i l r ïy a p o in t de v éritable
bonheur f a n s la v e n u , ainfi i l n’y a p o in t de
p é ch eu r q u i' f a i t v é r ita b lem en t h eu r eu x j c’eft l’exemple
de M. Reftaut.
Le dirai-je fans détour ? Ces décifîons ont échapé
à un premier grammairien fur quelque lueur de
vraifèmblance ; les autres les ont répétées aveuglément
& fans examen ultérieur : mais la faine raifôn &
les vues de l’inftitution du langage exigent qu ’A i n f i ,
une fois reconnu pour A d v e r b e y demeure invariablement
dans cette claflè x à laquelle il eft toujours aifé
de le ramener.
Ainfi que la v e r tu , le cr ime a f e s d e g r é s , c’eft à
dire 9 de la même manière q ue l a v e r tu , le crime
a f e s d eg rés . Il n’y a de conjonâif, dans cette analyfe
& dans la phrafo qu’elle dèvelope, que le mot q u e ,
dont l’antécédent eft le nom m a n iè r e , compris comme
terme conféquent dans la lignification de X A d v e r be
A in s i .
Ce mot n’eft pas plus une conjonâion conclufîve
dans le dernier exemple , Ainfi i l n ’y a p o in t d e p é ch
eur q u i f o i t vé r ita b lem en t h eu r eu x ', il y a une el-
lipfe fufïifamment indiquée par A i n f i y c’eft comme
fî l’on difoit, c e la é ta n t ainfi , ou p u ifq u e la ch ofe
e fi ainfi, c’eft à dire, de ce tte manière ou en ce tte
manière. Quoique le mot P u ifq u e ne fott pas ex-
preffément énoncé ; le fèns total le rappelle , en ;
rend l’effet fènfîble , & donne lieu d’en attribuer fauf-
fèment l’énergie au mot A i n f i , qui eft feul exprimé :
telle éft vraifèmblablement l’origine de la méprifè
des grammairiens fur la nature de ce mot en pareille
occurrence, f
Le mot A i n f i n’a donc dans ce cas aucun rapport
aux mots de la propofîtion à la tête de laquelle
il fè trouve : ne fèroit-il pas raifônnable, en confequence
, de l’en féparer par une virgule afin
d’indiquer qu’il appartient à une autre propofîtion T
Voici donc comment je ponâuerois l’exemple de
M. Reftaut : I l n’y a p o in t de v é r ita b le bonheur f a n s
la v e n u y a in f i , i l n y a p o in t de p é ch eu r q u i f o i t
vér itablem ent h eu r eu x .
A u s s i . Les Diâionnaires & les Grammaires font
de ce mot une conjonâion, & l’interprètent par
D e m êm e , P a r e illem e n t. Cependant D e même eft
une phrafè adverbiale , équivalente à un A d v e r b e ;
& P a re illem en t eft un véritable A d v e r b e . Eft-il pof-
fîble qu A u f f i foit conjonâion , & que les fynonymes
par iefquels on l’explique foient des A d v e r b e s ou
des phrafès adverbiales? Or il eft certain i° . que
P a r e illem e n t eft un A d v e r b e \ i ° . qft’il eft fyn®nyrae