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nations ordinaires de Prépofitions & à'.Adverbes.
( voyex Mo t ,& S u p p l é t if . ) {M . JSeauzér. )
Ainn, tout mot qui peut être rendu par une prépofîtion
& un nom, eft un Adverbe ; par conféquent’
ce mot y , quand on dit il y e j l, ce mot*-, dis-je,
eft un Adverbe qui vient du latin ibi ; car i l y ejl
eft comme fi l’on difoit, i l ejl dans ce lieu-là,
dans la maifon , dans la chambre , &c.
Oit eft encore un Adverbe qui vient du latin ubi ,
que l’on prononçoit oubi : où ejl-ïl l c’eft à dire,
en qu.el lieu,
S i , quand il n’eft pas conjondion conditionnelle,
eft aufli Adverbe, comme quand on d it, elle ejl
f i f ig e , i l ejl f i ƒ avant y alors f i vient du latin f i e ,
c’eft à dire, à ce point, au point que, &c. C ’eft la valeur
ou lignification du mot, & non le nombre des
fyllabes , qui doit faire mettre un mot en telle clafîè
plus tôt qu’en telle autre : ainfi , à eft prépofîtion ,
quand il a le fens de la prépofîtion latine à ou celui
de ad\ au lieu que a eft mis au rang des verbesquand
il fignifie habet, & alors nos pères écrivoient ha.
Puifque 1*Adverbe emporte toujours avec lui la
Valeur d’une prépofîtion, & que chaque prépofîtion
marque une eîpèce de manière d’être, une forte
de modification dont le mot qui fuit la prépofîtion
fait une application particulière ; il eft évident que
l ’adverbe doit ajouter quelque modification ou quelque
circonftance à i’adion que le verbe fignifie; par
exemple, I l a été reçu avec politejfe ou poliment.
Il fuit encore de là que ¥ Adverbe n’a pas beloin lui-
tnême de complément 9 c’éft un mot qui fert à modifier
d’autres mots, & qui ne laiflë pas Fefprit
dans l’attente néceiïaire d’un autre mot, comme
font le verbe ad if & la prépofîtion. Car -fi je dis
du roi qu'il a donné y on me demandera quoi &
à qui : fi je dis de quelqu’un qu’il s’eft conduit
avec, ou p ar y ou fa n s , ces prépofitions font
attendre leur complément; au lieu que fi je dis,
i l s’efi conduit prudemment, &c. Fefprit n’a plus
de queftion nécefîàire à faire par rapport à prudemment
: je puis bien à la vérité demander en
quoi a confîfté cette prudence, mais ce n’eft plus
là le fèns nécefîàire & grammatical.
Pour bien entendre ce que je veux dire , il faut
obferver que toute propofîtion qui ferme un fèns
complet eft compolée de divers fèns ou concepts
particuliers, qui, par le rapport qu’ilsont entre eux,
forment l’enfèmble ou fens complet.
Ces divers fèns particuliers , qui font comme les
pierres du bâtiment, ont aufli leur enfemble. Quand
je dis Le fo le il ejl levé, voilà un fèns complet : mais
ce fèns complet eft compofe de deux concepts particuliers
, j’ai le concept de foleil & le concept de ;
ejl levé ; or remarquez, que ce dernier concept eft
compofe de deux mots efi & levé, & que ce dernier
lùppofe le premier. Pierre dort ; voilà deux concepts
énoncés par deux mots : mais fî je dis Pierre bat, ce
mot bat n’eft qu’une partie de mon concept, il faut
que j’énonce la perfenne ou la chofè que Pierre bat ;
Pierre bat Paul : alors Paul eft le çojnplêftj.ejK.de bat)
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bai Paul eft le concept entier, mais concept partiel
de la propofîtion Pierre bat Paul.
De meme fî je dis Pierre eft avec, f u r , ou dans ,
ces mots avec , fu r , ou dans ne font que des parties
de concept, & ontbefein chacun d’un complément :
or c'es mots joints à un complément font un concept,
qui, étant énoncé eh un fèul mot, forme F Adverbe,
qui, en tant que concept particulier & tout formé ,
n’a pas befein de complément pour être tel concept
particulier.
Selon cette notion de F Adverbe, il eft évident que
les mots qui ne-peuvent pas être réduits à une prépofîtion
fîiivie de fbn "complément, font ou des con-
jondions ou des particules qui ont des ufàges particuliers
9 mais ces mots ne doivent point être mis dans
la clafîè des Adverbes : ainfi , je ne mets pas non ni
oui parmi les Adverbes ; non, ne, font des particules
négatives.
A Fégard de oui , je crois que c’eft le participa»
paflïf du verbe ouïr , & que nous d fions oui par el*
lipfè, cela efi oui, cela ejl entendu : c’eft dans le
même fèns que les latins difoient, dicïumputo. Ter,
Andr. act, ï . fc , 1.
Il y a donc autant de fortes à’Adverbes qu’il y a
d’efpèces de manières d’être qui peuvent être énoncées
par une prépofîtion & fen complément : on peqj:
les réduire à certaines clafîès.
Adverbes de temps. Il y a deux queft-ions de temps,
qui fè font par des Adverbes, & auxquelles on répond
ou par des Adverbes ou par des prépofitions
avec un complément.-
1. Quando? quand viendrez-vous ? demain,dan»
trois jours.
1. Quandiu, combien de temps ? tancllUy fî long
temps , autant de temps.
JD. Combien de temps Jefùs-Chrift a-t-il vécu I
R. Trente trois ans : on feu (entend pendant.
Voici encore quelques Adverbes de temps: quoti-
die y tous les jours 9 on foufentend la prépofîtion pendant,
per : mine, maintenant, préfèntement ,alor s ,
c’eft à dire, à l’heure.
Auparavant : ce mot étant Adverbe ne doit point
avoir de complément9 ainfi, c’eft une faute de dire
auparavant cela, il faut dire avant cela • autrefois,
dernièrement.
Hodie y aujourd’hui, c eft à dire au jour de hui ,
au jour préfènt ; on difeit autrefois Amplement h ui,
je ri irai hui. Nicod. Hui eft encore en üfàge dans
nos provinces méridionales. Heri, hier; aras, demain
; olim , quondam, alias, autrefois, un jour ,
pour le paffé & pour l’avenir.
Aliquandoy quelquefois ^pridie, le jour de devant;
pojlridie, quajipojlerâ die, le jour d’après y perindie,
après demain y mane , le matin y vefpere & vefperi, le
feir yfe ro, tard y nudius ter d u s, avant-hier , c’eft à
dire y~nunc efi dies tertius , quartus y quintus, &c. il
y a trois , quatre , cinq jours, &c. ünquam, quelque
jou r, avec affirmation ; nunquam , jamais, avec
négation ; jam , déjà j nuper, ü n’y' a pas long
temps.
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D iu , long temps ,• resens «t recenser, depuis peu ;
jam duium\ il y a long temps ,- quando, q u a n d an-
tehac , c i-d e v a n tpojthac , ci-apres dchinc, dan-
ceps y à l’avenir y amea , priùs , auparavant," ante-
quam, priufquam, avant que y quoadfionec , jufqu à
ce que ; dum, tandis que ; mox, bientôt\fiatim, d’abord
, tout à l’heure 9 tum, tune , alors ; etiam nunc
ou etiam num , encore maintenant ; jam tum , dès
lors 9 propediem, dans peu de temps 9 tandem , de-
mum y denique, enfin ; plerumque, crebro , fréquenter
y ordinairement, d ordinaire.^
Adverbes delieu. Il y a quatre manières d’envifager
le lieu : on peut le regarder comme étant le lieu
où l’on eft , où l’on demeure ; iVcomme étant le lieu
où l’on va 9 comme étant le lieu par où l’on paffe ;
4°, comme étant le lieu d’où l’on vient. C ’eft ce que
les grammairiens appellent inloco, adlocum , per
locumy de lo co y ou autrement, ubi , quo , qua,
unde. m
1. In loco y ou ubi , où eft-il ? il eft là ; où & la ,
fent Adverbes y car on peut dire en quel lieu? R. en ce
lieuy hîc , ici où je fuis; iftic, là où vous êtes ; illic
& ib i, là où il eft.
x .A d locumy ou qüo ; ce mot, pris aujourd’hui adverbialement
, eft un ancien accufàtif neutre, comme
duo & ambo y il s’eft confèrvé en quocirca, c’eft
pourquoi, c’eft pour cette raifen : quo vadis, où allez
vous ? R. Hue y ici ; ijhic, là où vous êtes ; illu c ,
là où il eft ; eo , là.
3. Qua ? qua ibo ? par où irai-je ? R. kac, par ici ;
ifiac, par là où vous êtes , illac , par là où il eft.
4. Unde. Unde venis \ D’où venez-vous ? [hinc ,
d’ici ; ifiinc, de là ; illinc , de là y Inde, de là.
Voici encore quelques Adverbes de lieu ou de
fîtuation y y , il y eft ; ailleurs , devant, derrière,
dejfus y dejfous, dedans, dehors, partout, autour.
D e quantité : quantum , combien y multum ,
beaucoup, qui vient de bella copia, ou félon un beau
coup yparum, peu ; minimum, fort peu ; p lu s , ou ad
p lu s , davantage y plurimum , très-fort y aliquantu-
lum y un peu ; modicè, médiocrement ; largè, amplement;
affatim , abundamer , abundè , copiosè ,
uberdm , en abondance , à foifen , largement.
De qualité' : dociè , fâvamment; piè y pieufè-
ment ; ardenier , ardemment ; fapienter, fàgement 9
alacritér, gaiement; benè, bien ; male, mal; féliciter
y heureufèment ; & grand nombre d’autres fermés.
des adjeétifs, qui qualifient leurs fubftantifs.
De manière : celeriter, promptement 9 fubito ,
tout d’un coup ; leruè , lentement \ fejlinanter, pro-
perè, properanter , à la hâte ; fenjim, peu à peu ;
promifcue y confufément ; protervè , infelemment;
mulufariam , de diverfès manières ; bifariam , en
deux manières ; racine , bis & viam , ou fa -
ciem y &c.
Utinamçeut être regardé comme une interjeéUon,
ou comme un Adverbe de défîr, qui vient de ut, uti,
& de la particule explétive nam : nous rendons ce
mot par une périphrafe, plut 4 P izu
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Il y a des A d v e rb e s qui fervent à marquer le rapport
ou la relation de reffemblance : i ta u t , ainfi
que; q u a f i yCeu , parun CyUty u t i , v e lu t , v e lu t i y f i e y
j i c u t y comme , de la même manière que ; ta n q u am ,
de même que.
D’autres au contraire marquent diverfîté ; a l i t e r ,
■ autrement j a l io q u in , cæ te ro qu in , d’ailleurs , autrement.
D’autres A d v e rb e s fervent à compter combien de
fois :fem e ly une fois; b i s , deux fois ; t e r , crois fois ;
& c . en François, nous feufentendons ici quelques pré-
pofîiions, p e n d a n t , p o u r , p a r trois fois ; q u o tie s ,
combien de fois ; a liq u o d e s , quelquefois ; q u in q u ie s ,
cinq fois ; c em i e s , cent fois ; m illie s , mille fois ; ite -
r um , d énué , encore ; j'cepe , crebro , fouvent ; raro ,
rarement.
D' autres font A d v e r b e s de nombre ordinal : p r im o „
premièrement ; fe cu n d o , fecondement , en fécond
lieu ; ainfi des autres.
D * in te r ro g a t ion : q uare , c’eft à dire, q u â d e
Te y & par abbréviation , c u r , quamobrem, ob quant
rem , q u a p ro p te ry pourquoi, pour quel fujer; q uom o-
d o , comment. Il y a aufli des particules qui fervent à
l ’interrogation , a n , am ie , n um , n u n q u id , nonne r
n e , joint à un mot; v id e s -n e ? voyez-vous ? ec joins
à certains mots, e c q u a n d o , quand ? e c q u i s , qui ? e c -
q u a mulier ( Cie. ) , quelle femme ?
D'affirmation : etiam, ita , ainfi 9 certè, certaine-*
ment 9 fa n é , vraiment, oui , fans doute ; les anciens
difoient aufii Hercle, c’eft à dire, par Hercule
9 Poly ÆdepoLy par Pollux.; Ntzcafior, o»
Mecafior y par Caftor , &c.
D e n ég a tio n ; n u lla ten u s , en aucune manière -
n e q u a q u am , ha ud qu aqu am , n e u d q u am , minimè,
nullement, point du tout; nu fq u am , nulle part *
en aucun endroit.
D é d im in ution : f e rm é , f e r è , p e n è , p r o p è , presque
9 tantum n o n , peu s’en faut.
D e d ou te : f b r s , f o r t è , f o r fa n ,fo r f ita n ,/brtaJTe,
peut-être.
11 y a aufli des A d ve rb e s qui fervent dans le raifon-
nement, comme q u i a , que nous rendons par une
prépofîtion & un pronom, fùividu relatif q u e , p a r c e
q ue , p r o p t e r illu d q u o d e j l j a tq u e i t a , ainfi ; a tq u i
or; ergo y par conféquent.
Il y a aufii des Adverbes qui marquent affemblage ;
unà y f im u ly enfemble ; conjun&im , conjointement-
pariterjuxta, pareillement: d’autres, divifîon \feor-
fim , feorfum , privadm, à part, en particulier
fcparément 9 figillatim, en détail, l ’un après l’autre.
D 7e x c ep tio n : tantum , ta n tum m o d o , f o lu m , f o «
lummodo , d u n ta x a t , feulement.
Il y a aufli des mots qui fervent dans les comparai-
fens pour augmenter la lignification des adjeâifs : pa*;
exemple , on dit au pofîtifyfizzr, pieux; m a g is p iu s
plus pieux ; m a x im e p i u s , très-pieux , ou fort pieux.
Ces mots p l u s , m a g is , t r è s , f b n y font aufli confîdé-
rés comme des adverbes : f o r t , c’eft à dire , f o r t e ment
, extrêmement y t r è s , vient de ter , trois fois*-
p lu sx c’eft à dirç , a jp lu s , félon We pl«5 grandi