
5 6 S D E C
ibitude & l ’intérêt des comédiens peTpétuoîent UH
abus fi barbare ; & il fobfifteroit peut-ctre encore,
£ M. le comte de Lauragais, par une libéralité
-dont les Arts & les Lettres doivent conlerver la mémoire
, n’avoit déterminé les comédiens à renoncer
au bénéfice de ce forcroit de lpeâateurs.
L e théâtre une fois libre , avec un peu de foin,
de dépenfè, & de goût dans les nouvelles Décora-
étions, il fut aifé de rendre la fcène plus décente.
Mais le changement des habits étoit un article
Important : il .exigeoit des frais confîdé râbles, on
Ji’ofoit pas même y penfèr ; lorfque la célèbre Clairon,
qui avoit le droit de donner l’exemple , fit la première
le lacrifice de fes riches vêtements de théâtre,
6 dans ldatné , dans Roxane , dans Didon, dans
Eleétre , enfin dans tous fes rôles , prit le coftume
du pays & du temps* Ce changement fut applaudi
comme il devoit l’être ; & dès lors tous les acteurs
furent forcés de fê) vêtir fur ce modèle : plus
de paniers pour les. dames grèques & romaines ; plus
de chapeaux à grands panaches pour Mitridate &
pour Augufte ; plus de tonnelets aux cuiraflès ; plus
de manchettes, plus de gants à franche, plus de
perruques volumineufès pour les héros de l’antiquité.
Chacun parut en habit convenable; & mademoifèlle
Clairon eut la gloire d’avoir mis la première, fur la
fcène tragique françoifê, de la décence & de la vérité.
Mais un autre exemple qu’elle donna & qui ns
fut pas imité de même, ce fut de réformer la déclamation,
en même temps que fès habits. Jufques
l à , elle avoit eu trop de déférence pour un ancien
fÿftème de déclamation emphatique , où l’on prê-
noit l’enflure pour de la dignité. En fè voyant
réellement vêtue comme Idamé , comme Roxane,
comme Didon, Éleftre, Aménaïde , elle parut fê
demander à elle-même de quel ton elles avoient
parlé ; & fans déroger à la noblefïê de fès rôles ,
elle fut rendre la déclamation tragique à la fois ma*
jeftueufè & naturelle , évitant d’un côté l ’emphafè,
de l’autre la familiarité ; aufïi éloignée du ton bour*-
geois que du ton ampoulé ; fans aucune affèâation
& fans aucune négligence ; fans rièn outrer & fans
rien affoiblir ; d’un accord parfait dans l’aâion de
fon gefle & de fon vifâge, d’une juftefïè inaltérable
, d’une sûreté infaillible à fàifir toutes les nuances
de l ’exprefïion dans des variétés infinies &
des degrés inappréciables ; fi accomplie enfin, que
tout ce que l’envie a pu lui reprocher, à été de
n’avoir laiffé dans l’art aucune des incorreéUons qui
appartiennent à la nature: reproche qu’on ne s’étoit
pas encore avifé de faire aux fculpteurs qui nous
pnt donné l’Antinoüs & l ’Apollon. Jroye\ Déclamation
T héatrale. ) ( M. M a r m o n t e l . )
* D É C O U V E R T E , IN V EN T IO N . S y n .
On peut nommer ainfi en général tout ce qui fè
trouve de nouveau dans les arts & dans les fciences.
Cependant on n’applique guéres le nom de Découverte;
& on ne doit même l ’appliquer qu’à ce qui eft, non
feulement nouveau, mais en même temps curieux,
D E C
utile, ou difficile à trouver, & qui par Coftfequent
a un certain degré d’importance. On appelle feulement
Invention , ce que l ’on trouve de nouveau ,
& qui n’a pas l’un de ces trois caractères d’impom
tance. (AI. d ’ A l e m b e r t . )~
( 5 II me fèmble aufïi que l’idée de la Découverte
tient plus de la fcience, & que celle de L’Invention
tient plus de l’art. Une Découverte étend la
fphère de nos connoiflances ; une Invention ajoute
au fècours dont nous avons befoin. Comme les principes
des fciences portent nécefTàirement fur des
faits, qui les établiffent & qui n’en font que des
cas-particuliers , une Découverte peut être due au
ha fard ; mais une Invention ne peut être que le
réfùltat d’une recherche exprefïè. V o y e \ Inveni
t e r , T rouver. (AI. ëeauzêe.)
* D É CO U VR IR , TROUVER. Synonymes.
Ces mots fîgnifient en général, Acquérir par fois
même la connoifïànce d’une chofè qui eft cachée aux
autres (M . d ’A l e m b e r t . )
( fC ’eff une tradition qu’on ne fâuroit plus révoquer
en doute , que Pafcal découvrit ou trouva, à l ’âge de
douze ans, les propriétés du cercle & des triangles,
& les premiers éléments de la Géométrie , qui d’ailleurs
n’étoient cachés à perfonne* Je crois en effet
qu’il foffit, pour afsûrer le mérite d’une Découverte,
que la chofè ait été cachée auparavant à celui qui
l’a trouvée ; l’état des autres à cet égard n’y peut
rien faire. ( M . ë e a u z ê e . )
Voici les nuances qui diftinguent ces mots. En
cherchant à découvrir , en matière de fciences ,
ce qu’on cherche ; on trouve fôuvent ce qu’on ne
cherchoit pas. Nous découvrons ce qui eft hors de
nous ; nous trouvons ce qui n’eft proprement que
dans notre entendement, & qui dépend uniquement
de lui : ainfi, on découvre un phénomène de
Phyfique , on trouve la folution d’une difficulté.
Trouver fè dit aufïi de ce que plufieurs per-<
fônnes cherchent; & Découvrir, de celles qui ne font
cherchées que par un fèul. C ’eft pour cela qu’on
dit, Trouver la pierre philofophale, les longitudes,
le mouvement perpétuel, & non pas, les découvrir z
on ne peut pas dire en ce fèns, que Newton a trouve
le fyftême du monde , & qu’il a découvert la gravitation
univerfèlle ; parce que le fyftême du monde
a été cherché par tous les philofophes, & que la
gravitation eft le moyen particulier dont Newton s’eft
fervi pour y parvenir.
Découvrir fè dit aufïi lorfque ce que l’on cherche
a beaucoup d’importance ; & Trouver, lorfque
l’importance eft moindre. Ainfi , en Mathématiques
& dans les autres fciences , on doit fè fervir du mot
de Découvrir, lorfqu’il eftqueftionde propofitions
& de méthodes générales ; &du mot Trouver, lor£»
qu’il eft queftion de propofitions St de méthodes par»
ticulières, dont l ’ufage eft moins étendu.
On dit aufïi : Tel navigateur a découvert un
tel pays, & il y a trouvé des habitants. (M»
d ’A l e m b e r t . )
DÉCRIER,
D E F
(N ) DÉCRIER, DÉCRÉDITER. Synonymes.
Tous deux bleffent la confidération dont jouifioit
l’objet fur qui tombe cette attaque. ( M. ë e a u z ê e . )
Le premier va diredement à l’honneur; le fécond,
au crédit. . r
On décrie une femme , en difitnt d elle des choies
qui la font pafièr pour une perforine peu régulière. ;
On décrédite un homme d’affaires, en publiant qu il.
eft ruiné.
On décrédite un ambaffadeur , en- dilant qu il
n’a pas des pouvoirs abfolus : on le décrié , en
difant que c’eft un homme fans foi & fans parole.
Le commun du monde 'fè donne la liberté de
décrier la conduite ds ceux qui gouvernent. Si
ce qu’on dit de nous eft -faux ; aufïi tôt que nous
nous en piquerons , nous le ferons croire véritable ;
le mépris de tels difoours les décrédite. ( Ëounou'Rs,
Remarq. nouv. Tome I I .)
La jaloufie & l’efprit de parti ont fouvent décrié
les perfonnes, pour venir plus aifé ment à bout de
décréditer leurs opinion«. (M, ë e a u z é e , )
^DÉFAITE , DÉROUTE. Synonymes.
* Ces mots défîgnent la perte d’une bataille , faite
par une armée; avec cette différence , que Déroute
ajoûte à Défaite, & défîgne une armée qui fuit
en défordre & qui eft totalement diflipée. ( AI.
d’A l e m b e r t . )
DÉFECTIF ou DÉ FECTUEUX , adj. Terme
de Grammaire, qui fe dit d’un nom qui manque
ou de quelque nombre , ou de quelque cas. On
le dit aufïi des verbes qui' n’ont pas tous les modes
ou tous les temps qui font en ufage dans les
verbes réguliers, C as , C onjugaison ,
Déclinaison , V e r b e . ( M . b u M a r s a i s . )
DÉFENDRE , SOUTENIR , PROTÉGER.
Synonymes.
Ces trois mots lignifient en général l’adion de
mettre quelqu’un ou quelque chofè à couvert du
mal qu’on lui fait ou qui peut lui arriver.
On défend ce qui eft attaqué ; on foutient ce
qui peut l’êtrè ; on protège ce qui a befoin d’être
encouragé.
Un roi fàge & puiffant doit protéger le commerce
dans fes États, lefoutenir contre les étrangers,
& le défendre contre fes ennemis. On dit, Défendre
une caufè , Soutenir une entreprifè , Protéger les
fciences & les arts. On eft protégé par fès fopé-
rieurs ; on peut être défendu St foutenu par fès
égaux. On eft protégé par les autres ; on peut fè
défendre & fè foutenir par foi-même.
Protéger fuppofè de la puifîance , & ne. demande
point d’aftion ; Défendre Sx. Soutenir en demandent,
mais le premier fuppofè une adion plus marquée.
Un petit État, en temps de guerre , eft ou défendu
ouvertement; ou fecrètêment foutenu par un
plus grand , qui fe contènte de le protéger en temps
de paix.: „( A/. d ’A l e m b e r t . ) I . -,
Giuwai. et L ittérat, Tome I. Partie II.
D E F $69
DÉ FENDU, PROHIBÉ. Synonymes.
Ces deux mots défîgnent en général une chofè
Jtdiï n’eft pas permis de faire, en confequence d’un
ordre ou d’une loi pofitive. Ils diffèrent .en ce que
Prohibé ne fè dit guère que des chofes qui font défendues
par une loi humaine & de police.
La fornication eft d é fen d u e ; & la contrebande,
p ro h ib é e . ( AI. d ’ A l e m b e r t .')
DÉFINI, E. ,adj. Terme de Grammaire, qui fè dit,
de l’article Le, La , les , .foit qu’il foit fimple ou qu il.-
foit compofe de la prépofîtion de. Ainfi, du, auy
des, aux , font des articles définis:; car du eft
pour de le , au pour à Le , des pour dè le s , & aux
pour à Les. On les appelle définis y parce que ce
font des prénoms ou prépofidfs qui ne fè^ mettent
que devant un nom pris dans un fèns précis, cir-
conforit, déterminé , & individuel. Ce , cet, cette ,
eft aufïi un prépofitif défini ; maïs de plus il eft
démonftratif.
Les zuttes prépofitifs, tels que tout, nul, aucun,
chaque, quelque, un, dans le fèns de quidam,
ont chacun leur fèrvice particulier. ^
Quand un nom eft pris dans un fèns indéfini, ott
ne met point l’article l e , l a l e s , ' on fe contente
de mettre la prépofîtion .de ou la prepofîtioxt a , .
que les grammairiens appellent alors mal a propos
Articles indéfinis : ainfi , le palais du roi pour de
le roi , c’eft le fèns défini ou individuel ; un palais
de roi, c’eft un fèns indéfini, indéterminé, ou d ef*
pèce , parce qu’il n’eft dit d’aucun roi en particulier*
y . Article. ' v i: , V. .
Défini & Indéfini fè difent auffi du prétérit des
verbes François. En latin un verbe n a qù un prétérit
parfait ,_feci ; mais en fr an cois , ce prétérit eft
rendu par fa i . f a i t , ou par je f is . L un eft appelé.
Prétérit défini ou abfolw, & l’autre, indéfini ow relat
if ; for quoi les grammairiens ne font pas bien d accord
, les uns appelant défini ce que les^autres nomment
indéfini. Pour m oi, je crois que j ’ai fa it eft le
défini & l’abfolu, & que je fis eft indéfini & relatif; je-
fis alors,. je fis Vannéepajfée. Mais apres-tout l’ef-,
fèncièleft de bien entendre la valeur de. ces-prétérits
8t la différence qu’il y a de 1 un a 1 autre , fans s arrêter
à des minuties. ■ ( Æf. HTARSAïs.ÿ
(N.) Défini , e. adj. Déterminé. Il y a en Gram-
moire des Articles définis, des Temps définis ,
& des Noms appellatifs definis.
I. Les Articles partitifs ^ définis font ceux qui
défîgnent une partie des .individus compris dans la
latitude de l’étendue du nom appellatif, en la déterminant
d’une manière précife par quelque point
de vûe particulier compris dans la fîgnification
même de ces articles. Il y en a de trois fortes ,
à raifon de trois points de vûe generaux qui fervent
à les caradérifèr : les uns font numériques ,
un , deux , trois, &c ; les autres font poffeffifs >
mon , ton , fo n , &c; & les derniers font démonstratifs
,'V e , cet j &c ; les premiers déterminent
C c c c
if i