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portes fur des principes sûrs ; elles demandent de
la fineffe, mais fortaut de la juftefïè dans les .applications.
Les Penfées ,. étant deftinées à devenir la
matière des Confidérations , à faire valoir les
Obfervations, à nourrir les Réflexions, fùppofènt
dans l’efprit.les qualités néceflaires au fùccès des
unes & des autres;, félon Toccurrence.
Les Confidérations de M. Duclos fur les moeurs
de ce lîècie, obtiendront les fûffrages de la pofté-
rité , comme elles ont mérité ceux, de notre âge ;
par rîmportançe des Obfervations qui leur fervent
de bafè 5 par le goût de probité qui en caradérifè
les Réflexions, & qui en fait prefque autant de principes
précieux dans la Morale.; & par une foule de
Penfées neuves , fôlides, agréables , & qui fùp-
poîènt dans l’auteur une étendue de lumières peu
commune. Voye\ N o t e s , R em a r q u e s , .Ob s e r v
a t io n s , R é f le x io n s . Syn. ( M . P è a û z é e . )
CONSOLATION , f.‘ f. Khétor. eft' un diA
cours par lequel on fè propofè de modérer la douleur
ou la peine des autres.
Dans la . Confolation on doit avoir une attention
principale aux circonftanc.e.s 8c aux- rapports des
perfonnes intérèffees. Scaliger examine ceci fort
bien dans fôn Art poétique, « Le confôîateur , dit-il',
» eft 01L fupérieur , ou inférieur ., ou .•égal , par
» rapport à la qualité , l ’honneur , la rîçneflè, la
» fagefîè, ou l’âge: car Livie doit confôlpr Ovide
» d’une manière fort différente de celle dont Ovide
» confôie Livie. Ainfï, quant à l ’autorité , un père
» & un fils Cicéron & Pompée, doivent .confier
» dune manière.fort différente: de m ême par rap-
» -.port à la riq^eiie’, G un „client vouloît çonfôier
» Crafliis ; par rapport à la fàgefïè ,■ comme lorfque
» Sénèque confôle'Polybe & fa mère. Quant à l’âge,
» on n’a pas -beîôin d’exemples. »
Un fùpérieur .peut int,çrpqfêr fôn autorité , &
même réprimander, Un homme fage peut, difpu ter,
alléguer des fèntences*. U n .inférieur doit montrer
du refpeéfc,&. de'l’affèifllon, 8c avouer que ce qu’il
ivance J l le tient de perfonnes, (âges & jfavantes.
Pour les égaux, il les faut rappeler à l’àriutiç réciproque.
(Chambers,.) ■
Malherbe a adrefle à' fôn ami' Duperrier une
très-belle Ode pour le cpnfôlér de la mprt de fâ
fille , & qui commence àinfï :
Ta douleur, Duperrier, fera done éternelle:, &c.
C Ô Nr
ficè* Ün fentîment aflèz. fînguliet', S qui n^eit pdd
hors de la nature , c’eft-celui d’un amant qui s’af-
Higeoit de ce qu’il fè . confôleroit un jour de la perte
de celle qu’il aimoit. {Anonyme.)
(N.) CONSOMMER , CONSUMER. S y n o n *
Plusieurs de nos écrivains ont confondu ces deux!
termes., quoiqu’ils ayent des fignifications très-diffén
rentes. » Ce qui a donné lieu à cette erreur, G je ne
» me trompe , dit M. de Vaugelas ( Remarq. 157-)
» eft que l’un & l’autre emporte avec fôî le fêns & la
» lignification $ Achever ; & ainfî, ils ont cru que cèf
» n’étoit qu’une même chofè. Il y a pourtant une
» étrange différence entre ces deux fortes d'Achever *
» car Çonfwner achève en détruifànt & anéantifîànt
« le fujet ; & Çonfommer achève en le mettant dans
» fa dernière perfeâion & fôn accompliffement en*
> ^ tie r(û )» .
Ùn homme confommé dans les fciences n’a. cew
tainement pas confumé tout fôn temps dans 1 inaction
ou dans les frivolités.
Quand on commence par confumer fôn patrie
moine dans la débauche, on ne doit pas efperer de
çonfommer jamais un établifiement honorable.
, Il eft néceflaire pour çonfommer le fàcrifice de
la Méfié, que le prêtre conjume les efpèces confà-
c'rées. ( M. Beauzée. )
CONSONNANCE, C f. terme de Grammaire
ou plus tôt de Rhétorique. On entend par Conjbn-
nonce , la refTemblance des fôns des mots dans la
même phrafè ou période. Les Confonnances ont
de la grâce en .latin, pourvu qu’on n’en faflè pas
un ufige trop fréquent dans le même difcpurs, &
qu’elles fè trouvent dans, une pofïtion convenable
en l’un 8c en. l’autre des membres relatifs. Par exemp
le , Si non præfidio inter périclita , ’tamenfolatio
inter adverfa. Apud Quintil. •/. IV. c. iij.^ La Corn-
fomianc-e entre folatio 3c proefidio, efl: egalement
au milieu de l’une & Je l’autre incifç : elle y efî
placée comme un hémifliche ; autrement, elle ne
fèroit pas fènfible. Voici un exemple de^Çqnfon^
nonce à la fin des incites : Sine vivifia cidp'd
pleclatur , & fine culpâ invidia ponâiur. Id. ibid*
En voici encore un autre exemple tire du meme
chapitre de Quintilien : Nemo potefi alteri daré
matrimonium., nifi quem penes fit patrimonium-.
Cette figure a de la grâce, dit Quintilien, Accedic
C’eft là qu’on trouve ces fiances fi nobles , où
le poète, perfônnifianf la Mort ^ la repréfènte comme
lin tyran qui n’épargne pérfôn ne& 'des Coups duquel
on doit d’autant plus fè confôler , qu’ils font
inévitables daiis toutes lés conditions :
La. Mort a des rigueurs à nulle autre pareilles, &c. f
On pourroit dire à tous ceux qui s’affligent de
quelque perte : Le temps, fera prefque nécejfaire-
ment ce que la raifon & la religion riauront pas
fait, & vous aure\ perdu tout le mérite du fùcri-
(a) Th. Corneille, dans fa note fur cette remarque, die
re Consommation cft d’ufage dans les différentes hgnifica-
jns de Çonfommer & de Confumer ; ôc la même chofe elt
pétce dans VEncycl. IV. 109. Cela .n’cft vrai, comme»
>bfervc le Dictionnaire de l’Académie (1762), qae pour
ligner le grand ufage qui fe fait de certaines choies, de
rtaines denrées ; comme de bois , de bleds , de vins ,
: fels, de fourages : hors de là le verbe Confumer pro-
tic Confomption-, pour fignifier Dejîraction. Ainfî, l’ori
tjL a Confommation du facrifiee , pour l'entier accomplif-
uent ; & La. Confomption de l’hoftie, pour la dcgluU'î
in. (M , B eA v z è E')
$ ex ilia figura gratia. Id. ibid. fûrtoul^ quand
la Copfonnance fe fait fèntir en des pofîtions égales,
in quibus initia fententiarum & fines confentiunu
Paribus codant , & eodem definant modo. Id.
ibid. S
Les rhéteurs donnent divers noms à cette figure,
félon la différente forte de Confonnance, & félon
la variété de là pofition des mots : ils appellent,
Paranomafie, la Confonnance, qui réfulte du jeu des
mots par la différence de quelques l e t t r e s ; par
exemple , încèptio eft amentium haïuï, amantiunu
Térenc. Andr. ad. I. fc. jv. v. 13 . c’eft un projet
d’infènfés, & non de perfonnes qui s’aiment & qui
ont le fens commun. Quum leclum petis, de letho
cogita. En ces o c c a f i o n s la Confonnance eft appelé
e P aranomafie de , près., proche., & de
%yofAA, nom , c’eft à dire , jeu entre les. mots à
caufè de l’approximation de fôns. Il y a encore
Similiter definens. , Similiter cadens. Il fuffit de
comprendre ces différentes manières fous le nom
général de Confonnance. L’ufâge de cette figure '
demande du goût & de la fineffe. La refTemblance
des fôns ou des mots trop proches, & dont il y en
a plus de deux qui fe reffemblent , produit plus
iô t une cacophonie qu’une Confonnance.
O fo r tu n a tam n a tam me c o n fu le R o n ïam .
Cette figure'mifè en oeuvre à propos a de la grâce
en latin, félon Quintilien ; mais pourquoi n'a-t-èllé
jpas lè même avantage en françois ? Je crois que
c ’eft par la même raifôn que Quintilien dit que les
liémiftiches des vers latins font déplacés dans la
jjprofè. Quand les latins lifôient la profè, ils étoient
furpris d'y trouver des moitiés de vers entiers, qui
y paroifîôient comme fuite du difeours & non
comme citation. Non erat locus his. Pitium efl
apud nos fi quis poetica vulgaribus mifeeat.
Quint. 1. VIII. c. iij. c’eft confondre les différents
genres d’écrire ; c’eft tomber, d it-il, dans le défaut
dont parle Horace au commencement de fà Poétique
: Humano capiti , &c. Perfum in oraùone
fieri multo foedijfimum efi. Id, 1. IX. c. jv. Comme
la rime ou Confonnance n’entroit point dans la
ftru&ure des vers latins, cette Confonnance loin
de les blefîèr flattoit l’oreille, pourvu qu’il n’y
eût point d’affe&ation & que l ufage n’en fut pas
trop fréquent ; reproche qu’on fait à S. Auguftin.
Mais en françois, comme la rime entre dans le
snéchanifme de nos ve r s, nous ne voulons'la voir
que là ; & nous fômmes blefles, comme les latins
î ’étoient, lorfque deux mots de même fôn fè trouvent
l’un auprès de l’autre : par exemple , les
beaux efprits pour prix, 8ic.fi Cicéron, & c. mais
irtême , & c. que quand, &c. jufquà quand, &c.
U n de nos bons auteurs parlant de la Bibliothèque
d’Athènes d it , que dans la fuite Sylla la pilla,
ce qui pouvoit être facilement évité en s’exprimant
\par la voie pafllve. Vaugelas & le P. Rouhours
( Doutes, pag. 273 ) difènt que nous devons éviter
en profe non feulement les rimes} mais encore les
Confonnances, telles que celle qui fè i f olive entre;
foleil & immortel.
Je conviens que ce font là des . minuties, aux-«'
quelles les leéteurs’judicieux ne prennent pas garde.*
Cependant il faut conveniî que , G un écrivain évi—
toit ces négligences, l’ouvrage ne perdroit rien de
fâ valeur intrinsèque.
J’ajoûterai que les Confonnances font fort auto-*
rifées parmi nous dans les. proverbes : qui, langue
a, à Rome va : à bon, chat, bon rat: quand il
fait, beau , prends ton manteau quanj il pleut,
prends-le fi tu. veux : il' flatte en préfence , il
trahit en abfence : belles paroles & mauvais jeu ,
trompent les jeunes & les vieux : qui terre a
guerre a ; amour & feigneurie ne veulent point
de compàgnie. ( M* d u JHarsaï§.)
CONSONNE, f. f , Grammaire. On divifèïes
lettres en voyelles & en Confondes. Les voyelles
font àinfï appelées du mot voix, parce qu’elles
fè font entendre par elles-mêmes : elles forment fautes
fèules un fôn , une voix. Les Conformes, au
contraire, ne font entendues qu’avec l’air qui fait
la voix ou voyelle: & c’eft de là que vient le nom
de Confonne , Corifohnans f c’eft à dire , qui fonne
avec une. autre. , , . . ..
Il n’y a aucun être particulier qui ibit voyelle ,
ni aucun qui fôit [Confonne y mais on a obfèrvé
des différences dans les modifications que Ton-donne
à l’air qui fort des poumons , lorfqu’on en fait ufàge
pour former les fôns deftines à être les lignes, des
penfées. Ce font ces différentes confîdérations ou
précifîons de notre efprit, à Toccafion des modifications
de la voix ; ce font, dis-je , ces préci-
fions qui nous ont donné lieu de former ies mots
de Voyelles, de Confonnes, d'Articulation, & autres:
ce qui diftingue les différents points de vue .de
notre efprit fur le méchanifme de la parole , &
nous donne lieu d’en difeourir avec plus de jufteflè.
poye\ A b s t r a c t io n .
Mais avant que d’entrer dans le détail des Confonnes
, & avant que d’examiner ce qui les diftin-
gue des voyelles, qu’il me fôit permis de m’amu-
fer un moment avec les réflexions füivantes.
La nature nous £iit agir fans fè mettre en peine
de nous inftruire; je veux dire que nous venons
au monde f a n s lavoir comment : nous prenons, la
nourriture qu’on nous préfènte fans la connoître ,
& f a n s avoir aucune lumière fur ce qu’elle doit
opérer en nous , ni même fans nous en mettre en
peine ; nous marchons , nous agiflbns , nous nous
tranfportons d’un lieu à un autre , nous voyons, nous
regardons, nous entendons , nous parions, fans avoir
aucune connoiflance des caufès phyfîques ni des parties
internes de nous-mêmes cpie nous mettons en oeuvre
pour ces ' différentes operations : de plus , les organes
des fèns font les portes & Toccafion de toutes
, ces connoiflances, au point que nous n’en avons
aucune qui rie fùppofè quelque impreflion fenfî-
ble antérieure, qui nous ait donné lieu de l’acquérir