
<?3S D O S
à ce tranfport. Ainfi, la valeur des deux derniers
mots a plus de rapport à la partie préliminaire du
don y & celle du premier en a davantage à ce qui
rend cet aétè pleinement exécuté : c’eft pourquoi
l ’on peut fort bien dire qu’on préfente en donnant,
& qu’on offre pour donner y mais on ne peut changer
l’ordre de ce fons.
Les biens , le coeur , l’eftime fo donnent. Les
refpeds, le pain bénit, les cayers des États ou des
délibérations fe préfentent. Les forvices perfonnels
s’offrent.
Ce n’eft pas toujours la libéralité qui fait donner y
l ’intérêt y a quelquefois beaucoup de part; La manière
de prefemer peut être plus agréable, que le
don même de la choie. On offre plus fouvent par
pure politeffe, que par affèérion de coeur, (U'abbé
G i r a r d . )
D O R IQ U E , adj. Terme de Gram. L e dialede
dorique eft un des quatre dialedès ou manières de
parler qui avoient lieu parmi les grecs. Foye\
D ialecte.
Les lacédémoniens , & particulièrement _ ceux
d’Argos j furent les premiers qui s’en forvirent ;
de là il paffa dans l’Epire, la Libye, la Sicile , l’ile
dè Rhodes , & celle de Crète. C’eft dans ce dialede
qu’ont écrit Archimèdè, Théocrite , & Pindare.
Cependant on peut dire que le dialede dorique
étolt la. manière de parler particulière auxdoriens,
après qu’ils fo furent retirés vers le mont Parnafle ,
& qu’il devint enfûite commun aux lacédémoniens,
qui le portèrent à d’autres peuples.
Quelques auteurs ont diftingué le dialede lacédé-
mo'nien du dialede dorique; mais ces deux dialedes
ne (ont en effet que le même, fi l’on en excepte
quelques expreffions "particulières aux laeédémo-
niens, comme l’a montré Rùlandus dans fon excellent
traité De linguâ græcâ ejufque dïalectis ,
lib. F.
Outre les auteurs dont nous avons déjà parlé, &
qui ont écrit dans le dialede dorique , on peut
compter Archytas de Tarente , Dion , Callinus ,
Simonides , Bacehylides, Aicman, &c. J
On trouve le dialede dorique dans les infcrlptîons
de plûfîeurs médailles des villes de la grande Grèce
& de la Sicile, comme AMBPAKII2TAN. AIIOAAO-
NIATAN. AXEPONTAN. AXTPITÀN. HPAXAEI2N-
T-AN. TPAKINmN. ©EPMI'ÉAN. K.ATAONIATAN.
K.OI1IATAN. TAYPOMENITAN ; ce qui prouve que
ce dialede étoit en ufage dans toutes ces villes.
Voici les règles que la Grammaire de Port-Royal
donne pour discerner le dialede dorique : -
D'ïre, d’« grand, d’t , d’o , & d’«, IV, fait le Dsreÿ
D’h fait »r« ; d’* , » ; 6c d’» , *v fait encore 5
Ote i de l’infini j 6c pour le fingulier
Se fert au féminin du nombre pluricr.
Foye\ le Dictionnaire de Trévoux & Chambers.
( Vabbé M a l l e t . )
D O U
D O U L EU R , CHAGRIN , TR IST ESSE ,
A F F L IC T IO N , D É SO LA T IO N . Synonymes.
Ces mots défignent en général la fîtuation d une
ame qui fouffre. Douleur le dit également des fon-
fations défàgréables du corps , & des peines de
l’elprit ou du coeur : les quatre autres ne fo difont
que de ces dernières. De plus Trijleffe diffère de
Chagrin , en ce que le Chagrin peut être inte-
rieur, & que la Trijleffe fè laifTe voir au dehors.
La TriJleJJe d’ailleurs peut être dans le caradere
ou dans la difpofition habituelle , fans aucun fujet;
& le Chagrin a toujours un fùjet particulier.
L’idée à' AfiÜcïion ajoute à celle de Trijleffe y celle
de Douleur, à celle Affliction ; & celle de Dejo-
lation, à celle de Douleur.
Chagrin, Trijleffe, & Affliction, n e fe d ifo n t g u è r e
e n p a r la n t d e l a Douleur d ’u n p e u p l e e n t i e r , f ù r to u t
l e p r e m i e r d e c e s m o ts . Affliction & Défolation n e
-le d if è n t g u è r e e n P o é f i e , q u o iq u e AffligéStDefolé
s ’y d if è n t tr è s - b ie n . Chagrin, en P o é fie , f ù r to u t l o r s q
u ’il e f t a u p l u r i e l , fîg n ifîe p lu s t ô t Inquiétude &
Souci , q u e Trijleffe a p p a r e n t e o u c a c h é e . F . C h a -j
grin , T r is t e s s e , Mé l an ch o l ie , fynonymes.
Je ne puis nfempécher, à cette occafion , de
rapporter ici un beau paflage du quatrième livre
des Tufoulanes, dont l’objet eft à peu près le même
que celui de cet article , & dont j’ai déjà dit un mot
dans X article D ic t io n n a ir e , à l’occafion des fÿno-
nymes de la langue latine.
Ægritudo , dit Cicéroq , ( chap. 7) y eft opinio
recens mali præfentis, in quo demitti contrahique
animo rectum effe videatur. .. Ægritudini Jubji-
ciuntur. . . angor, moeroryluctus, ærumna, dolorv
lamentatio, foHiciatdo, molejlia, affliclatio, défi
peratio , & fi qua June fub généré eodem . . . . . .
Angor eft ægritudo premens y lu d u s, ægritudo ex
ejus qui carus fuerit intérim acerbo y mæror ,
ægritudo flebilis y ærumna , ægritudo laboriofa ;
dolor p ægritudo crucians y lamentatio, ægritudo
cum ejulatu y fbllicitudo , ægritudo cum cogita*,
ûone y moleftia, ægritudo permanens y afflidatio ,
ægritudo cum vexations cprporis y defperatio ,
ægritudo fine ullâ rerum exfpectadone meliorum.
Nous invitons leledeur à lire tout cet endroit, ce
qui le fuit, & ce qui le précède ; il y verra avec quel
foin Se. quelle précifion les anciens ont fii définir ,
quand ils en ont voulu prendre la peine. Il Ce convaincra
de plus que, fi les anciens ayoient pris foin
de définir ainfi tous les mots, nous verrions entre
ces mots une infinité de nuances qui nous échapent
dans une langue morte, & qui doivent nous faire
fontir conjbien le premier des humaniftes modernes,
morts ou vivants, eft éloigné de (avoir le.latîn.
Foye\ C ollège , S y n o n ym e , D ic t io n n a ir e ,
&c. {M* d'Alem.besér,)
(N.) D O UL EUR -, MAL. Synonymes.
Dans quelque fons qu’on prenne ces mots, le
plaifîr eft toujours l ’oppofé de la Douleur, & le
l- bien l’eft du Mal. Mais ils ne font proprement
D R A
fynonymes, que dansle fens où ils marquent une
'forte de Tentation difgracièufe qui fait foutfrir: &
alors la Douleur dit quelque chofe de plus vif ,
qui s’adreiïe précifément à la fenfibilité ; le M a t
dit quelque chofe de plus générique, qui s’adreffe
également à la fenfibilité & à la famé.
La Douleur eft fouvent regardee comme 1 effet
du Mal, jamais comme la caufe. On dit de celle-
là , qu’elle eft aigue; de l’autre, qu’il eft violent.
On dit auftï, par fentence philofophique , que la
mort n’eft pas un Mal, mais que la Douleur en eft
u n . {JJabbé Ciraku J
* DO UT EU X , INCERTAIN, IRRÉSOLU.
Synonymes.
g Ces trois termes marquent egalement 1 état de
fùfpenfîonou d’équilibre, dans lequel fe trouve l’ame
à l’égard des"objets qui fixent fon attention.
Le Doute vient de l’infoffi fonce des preuves, ou
de l’égalité de vraifosnblance entre les preuves pour
& contre\\Tncertitudeydu défaut des lumières nécessaires
pour fe décider ; & VIrréfolution, du defaut des
captifs d’intérêt, ou de l’égalité des motifs oppofés.
Le Doute produit l’Incertitude y & tous deux con- -
cernent l’efprit, qui a befoin d’être éclairé : 1 Tiré-
folution concerne le coeur, qui a befoin d’être touché.)
(M . H e a v z é e .) Douteux ne fo dit que des chofos ; Incertain fe
dit des chofos & des perfonnes ; Irrefolu ne fo dit
que des perfonnes, il marque de plus une difpofi-
iion habituelle, & tient au cara&ère.
Le foge doit être incertain à l’égard des opinions
douteufes, & ne doit jamais être irréfolu dans fo
conduite. On dit d’un fait légèrement avancé, qu’il
eft douteux y & d’un bonheur légèrement efpêré ,
qu’il eft incertain : ainfi, Incertain fo rapporte à
l’avenir ; & Douteux, au paffé ou au préfont. Foye\
In c ert itu d e , D o ute , Ir r é so lu t io n , Jyn.
I rré so lu , I ndécis , Jyn. & I rré so lu t io n ,
Incert itu d e , P e r p l e x i t é .. ( M . d ' A l e m b e r t . )
DRAMATIQUE , adj. Poéfie.. Épithète que
l’on donne aux pièces écrites pour le Théâtre ^ &
aux Poèmes dont le fùjet eft mis en aftion , pour les
diftinguer du Poème épique, quiconfîfte partie en
aérions & partie en récit. Foye\ T h é â t r e , D ram e,
Poème.
Pour les lois. & le ftyle du Poème dramatique ,
F o y e \ U n i t é , A c t io n , C a r a c t è r e , F a b l e ,
St y l e , C o m é d ie , T r a g éd ie , &c. (L'abbé
M a l l e t . )
* DRAME, fubft. m.. ( Belles-Lettres..) Pièce
ou Poème compofé pour le Théâtre. Ce mot eft tire
du grec jQrama, que les latins'ont rendu par Aclusy
qui chez eux ne convient qu’à une partie de la
pièce ; au lieu que le Drama des grecs convient à
toute une pièce de Théâtre, parce que littéralement
il fignifie Action , & que les pièces de Théâtre font
des. aérions ou des imitations d’aérion*.
D R A
Un Drame ,. ou comme on dit communément,
une pièce de Théâtre, eft un ouvrage en profo ou
en vers , qui ne coiififte pas dans un fimple récit
comme le Poème épique, mais dans la repréfencation
d’une "aérion. Nous difons Ouvrage , & non
pas Poème \ car il y a d’excellentes comédies en
profo, q u i, fi on les confidère relativement à l’ordonnance
de la fable , aux caraélères y à l’unité des
temps,. de lieu , & d’aétion, font exactement conformes
aux règles , auxquelles cependant on n’a pas-
donné. le nom de Poème , parce qu’elles ne font pas
écrites en vers.
Les anciens comprenoient fous le nom de Drame ,
la Tragédie , la Comédie , & la Satyre , efpèce de
fpeétacle moitié forieux moitié bouffon. Foye\
C om éd ie , S a t y r e , T r a g é d ie .
Parmi nous les différentes efpèces de Drame font
la Tragédie, la Comédie, la Paftorale , les Opéra ,
foit tragédie (bit ballet, Scia Farce. On nomme-
roit peut-être plus exactement ces deux dernières
efpèces Spectacles, car les véritables règles^ dut-
Drame y font pour l’ordinaire ou violées ou négligées
. Foye^ T r a g é d ie ,. C om ed ie , F arce y
O p é r a , &c.
Quelques Critiques ont voulu reftreindre le nom
de Drame* la Tragédie foule: mais- on a démontré
contre eux , que ce titre ne convenoit pas moins
à la Comédie, qui eft aufli bien que la première la
repréfontation d’une action ; toute la différence naît
du choix des fùjets, du but que fe propofont l’une
.• & l’autre, & de la diction, qui doit être plus noble
dans la Tragédie ; du refte, ordonnance , unité >
intrigue, épifode, dénouement, tout leur eft commun »
Le Cantique des Cantiques & le livre de Jol>
ont été regardés par quelques auteurs comme des
Drames y mais outre qu’il n’eft rien moins que-
certain que les hébreux ayént connu cette efpèce de
| Poème , ces ouvrages tiennent moins a l la nature
du Dramey que de celle de fimple dialogue. (L'abbé
M a l l e t .) ]
( g On donne aujourdhui plus particulièrement
le nom de Drame à une efpèce de Tragédie populaire,
ou l’on repréfonte les évènements les plus
funeftes & les fituations-les plus miforables de la vie
commune..
Tous les genres font bons, hors lé genre ennuyeux ,
a dit M. de Voltaire ; & celui-ci peut avoir for»
intérêt , fon utilité , fon agrément , fa beauté
même. Pour l’intérêt, il eft aife d’y en mettre. L ’en>*
fance , la vieilleffè , l’infirmité dans l’indigence ¥
la ruine d’une, famille honnête , la faim, le défofo
: poir, font des fituations très-touchantes ; une grêle *
une inondation, un incendie, une femme avec fes
enfants prêts à périr ou dans les eaux ou dans le s
' flammes , font des tableaux très-pathétiques ; les
hôpitaux, les prifons , & la greve-, font des théâtres:
de terreur & de compaffion fi éloquents eux-meines*
qu’ils difpenfent l’auteur qui les met fous nos yeux;
d’employer une autre éloquence* Les. tnalnetif^