
» inconnu parmi les élus de Dieu : temps perdit
» p o u r l ’é t e r n i t é ! L u i d i r e z -v o u s ? / ’^ conduit
» des négociations pénibles , j'ai conclu des traites
w importants, fa i ménagé les intérêts & la for-
» tune des princes , je Juis entre dans les Jectêts
» & dans les conflits des rois. H é l a s . vous avez
» conclu des traités & des alliances avec les hom-
» mes, & vous avez violé mille fois F alliance famte
» que Vous aviez faite avec Dieu ; vous avez mé-
» nagé les intérêts des princes, & vous n’avez pas
» fu ménager les intérêts de votre falut ; vous êtes
» entré dans le fècret des rois , & vous n avez pas
» connu les fecrets du royaume des cieux : t e m p s
as PLRDU POUR L’ÉTERMTE ! Lu i DIREZ - VOUS ?
» Toute ma vie n’a étéqu un travail & une o ccupait
t ion continuelle. H é l a s ! vous avez toujours tra-
» va illé, & vous n’avez rien fait pour fauver votre
» ame: t e m p s p e r d u p o u r l ’ é t e r n i t é ! Lui. d i -
33 r e z - v o u s l J’ai établi mes enfants, j ai eleve mes^
y> proches .fai été utile à mes amis , ja i augmente
» le patrimoine de mes pères. H é l a s ! vous avez
» lailfé de grands établilTements à vos enfants, & vous
» ne leur avez pas lailfé la crainte du Seigneur en
» les élevant & les établiffant dans la foi & dans la
^ piété ; vous avez augmenté le patrimoine de vos
pères, & vous avez diffipé les dons de la grâce
» & le patrimoine de J élus Chrift : t e m p s p e r d u
» p o u r l ’ é t e r n i t é ! Lu i d i r e z v o u s ? T ai fait
» des études profondes , fa i enrichi le Public d’ou-
y> v rages utiles & curieux, fai perfectionné les
as fciehces par de nouvelles découvertes, j ai fait
» v a l o i r mes grands talents & les ai rendus utiles
« aux hommes. H é l a s ! le grand talent qu’on vous
« avoit confié étoit celui de 1^ foi & de Ja grâce,
» dont vous n’avez fait aucun ufàge ; vous vous I
» êtes tendu habile dans les fciences des hommes,
» & vous avez toujours ignoré la fcience des fàints:
» t e m p s p e r d u p o u r l ' é t e r n i t é ! L u i d i r e z -
>) v ous enfin ? J'aipajfélavie a remplir les devoirs
»> & les bienféances de mon état , f ai fait des
» amis, fai fa plaire âmes maîtres. H é l a s ! vous
» avez eu des amis fur la terre, & vous ne -vous
3> en êtes point fait dans le ciel v vous avez tout
» mis en oeuvre pour plaire aux hommes, & vous
3) n’avez rien fait pour plaire à Dieu: t e m p s p e r d u
» p o u r l ’ é t e r n i t é ! »
On voit donc combien eft faufTe & peu fondée
la remarque de l’abbé Mallet fur la prétendue trivialité
de la Complexion. Il n’y a aucune figure,
dont un homme fans goût ne puilTe faire un emploi
abufif ou ridicule aucune, dont une main habile
ne puiffe tirer un grand parti: celle-ci de foi-même
eft éclatante, & ne doit en conféquence fe montrer
qu’avec difcrétion & à propos.
Au refie la Complexion exige en effet que 1 Ana-
phore & la Converfion s’y Iuçcèdent alternative-,
ment, comme on vient de le voir : ces deux figures
placées féparément à la fuite l’une de Fautre, fans
alternative de Fune à Fautre , ne font, pas la Complexion.
Ain f i , il n’y en a point dans cet exemple,
qui eft éncore-de Mafiîllon( Serm. fur la Pentecôte*
ce Sur toutes lés chofès qui nous environnent,
33 fur tous les évènements qui nous frapent, fur
»3 tous les objets qui nous intéreffent ; nous penfôns
» comme le monde, nous jugeons comme le monde,
» nous tentons comme le monde , nous agifïons
» comme le monde.. » {M. D e a u z é e , )
(N.) COMPLIQUE, IMPLIQUÉ. Synonymes*
Les affaires ou les faits font compliqués les uns
avec les autres , par leur mélange & par leur dépendance.
Les perfonnes font impliquées dans les
faits ou dans les affaires, lorfqu’elles y trempent
ou qu’elles y ont quelque part.
Les chofès extrêmement compliquées deviennent
obfcures , à ceux • qui n’on't ni allez d’etendue
niafïezde jufteffed’efprit pour les démêler. Quand on
eft fou vent à la compagnie des étourdis, on eft exp o te
à fe voir impliqué dans quelque fâcheufè aventure.
Les affaires les plus compliquées deviennent
fîmples & faciles à entendre , dans la bouche ou
dans les écrits d’un habile avocat. Il eft dangereux
de fe trouver impliqu é, même innocemment, dans
les crimes des Grands : on en eft toujours la dupe ;
ils facrifient à leurs intérêts leurs meilleurs terviteurs.
Compliqué a un fùbftantif qui eft d’ufâge ; Impliqué
n’en a point, mais en revanche il a un verbe
que Fautre n’a pas : on dit complication & Impliquer ;
mais on ne dit pas Implication , ni compliquer.
Rien n’embarraffe plus les médecins que ^ la
Complication des maux dont le remède de l’un
eft contraire à la guérifon de Fautre. Il n’eft pas
gracieux d’avoir pour amis des perfonnes qui vous
impliquent toujours mal à propos dans les fautes
qu’elles commettent. {L 'a b b é ' Gir a r d ,)
(N.) COMPOSÉ, E. adj. Ce mot lignifie littéralement
, Pofé avec un autre ; & c’eft en ce fèns
qu’il eft ufîté dans le langage grammatical pour
differents objets.
i° . Il y a des fyllabes compofe'es : ce font celles
qui comprennent deux voix élémentaires^ prononcées
diftinélement & consécutivement, mais en une
faule émiffion ; telles font les premières fyllabes
des mots oi-fon, cloi-fon ^ hui-le, tui-le. On les
appelle communément Diphthongues ( Voye\
D iph t h o n g u e ) ; mais on les nomme ‘ compofées
par oppofîtion à celles qui ne font entendre qu’une
lèule voix en une émimon , & qui par là font Amples.
Voye\ S y l l a b e . z°. Il y a des mots compofés i ce font ceux qui
comprennent en un feul Tout plufieurs mots (impies^
qui ne font plus alors que les racines élémentaires
du mot total, & qui défîgnent les idées partielles
dont l’enfèmble eft fous un feul afpeél l’objet de la
lignification du mot compofé : tels font les mots
re-dire , contre-dire , fatis faire, garde-meuble ,
arc-en-ciel , chef-d'oeuvre , ‘loui-pùiffant , &c,
Voye\ F o rm a t io n .
Il eft bon d’obferver qu’un mot compofé. ne fup^
pofô
pote pis touJoufS que fès racines*élémentaires foient
ufitées1 comme móts fimples dans la meme langue.
De dahs redire n’eft qu’une particule |qui niarque
répétition , *&\ n’eft uri mot 'fimple, r i dans notre
• françois, ni dans le latin d’où nous'FavotiS emprunté.
Le premier radical de fatis faire eft leN mot latin
fatis (affez) qui ne s’emploie jamais en François
comme mót fimple’fous cette forme latine. « Pour-;
a» quoi Évitable n’eft-il pas en ufagë , dit M.- de ^
» Voltaire,- 'pMiCtya Inévitable eft reçu? C eft'une
» grande bizarrerie des langues , d'admettre le met j
»î 'corrùpofé 8t d’en rejeter le fimple. »
On diftingùe, dans la conjugaifon des verbes, •
des temps compofés ce- font ceux qui , pour expri-
: mer le point, de vue qui lès* çaraéférifè , comprennent
plufieurs mots, dont Fün eft un temps fimple
du verbe même, & le refte eft emprunte de quel- |
•que verbe auxiliaire'8c quelquefois de quelque autre
stourdé : tels font les tèmps du verbe -lire ; f u i lit,
fa a r o i s -eu l u , j e dôjs iir è , f a l lo i s lîr ê , j e viens j
-de d ire; en italien, debbo leggere , ho--ad leggcre, )
ho dq. leggereifoholper leggere."Voye\ A u x il ia ir e
& T emps.
4°. Un fûjet eft compofé, quand il comprend
plufieurs fùjets , déterminés par des^ idées differentes,
à chacun delqùels peut convenir fe parement
l ’attribut de la ïpropófifion. Tel eft le fùjet de la
propofition fùivarite :-Pie r r e , J a cques', & J ean
étaient apôtres.- . '
5°. Un attribut eft compofé, quand il exprime
plufieurs manières d’étre , dont chacune feparement
peut être attribuée au fujet. Tel eft l’attribut de
cette propofition : Dieu eft sage ,■ ju s t e , & t o u t -
îu i s s An t . ’
6°. Une propofition compofée eft celle dont le
fujet ou l’attribut , ou même dont le,fùjet & l’attribut
font compofés. Telles font les propofitions fùi-
vantes : L ’Éc r itu r e & la T r a d it io n font les
appuis de la faine Théologie ; propofition compofée
par le fùjet : La plupart des hommes font
a v eu g l e s & injustes ; propofition compofée par
l’attribut: L es sa v an t s & les ign orant s font
Su j e t s ' a se tr om p er , prom pt s 'a se d é c id e r ,
& lents 'a se r é t r a c t e r ; propofition compofée
■par le fujet & par l’attribut.
Ces fix applications differentes de l’adjeâif Compofé
font légitimes ; mais dans le langage des fciences
en abufè quelquefois des mots aufïi bien que dans lé
langage commun, & l’emploi que les grammairiens
ont fait de celuivci en eft la preuve.
- i®. Je n’aime point qu’on appelle verbes comp
o fé s les verbes connotatifs ou concrets: les verbes
contredire, dédire., interdire , maudire , médire,
préd ir e, redire font compofés, parce qu’ils comprennent
chacun deux racines élémentaires ; mais
d ir e , qui fous cet afpeét eft fimple, fèroit compofé
dans le fens fpécifique , parce qu’il fignifie être
âifam : ce qui ne peut qu’amener la confufion dans
le langage didaâique. r
z°. Qn ne doit pas , comme prefque tous - les
Gram ai. et L jttérat, Tome I. Part. II.
grammairiens , regarder comme une prép^lum1*
compofée, une phrafè de plufieurs mots qui exig
un complément; par. exemple , vis à vis de , â
l’égard ‘ de^ à la réfervér de , &c. La prépofitioi*
eft une efpèce particulière de mot , & non une
phrafè ; & ~ chacun des mots qui entrent dans la
ftruélure dés phrafès que l’on prend pour des pré-
pofîfions ; doit être rapporté à la claflè qui lui eft
propret C’èft confondre les idées les plus claires &
les plu s^fondàmenf aies v que de prendre des phrafes
pour des fortes de mots. .
f°. Ün :tiev' dôit j>as plus regarder comme une
conjortélîon cômpoféé, fine phraie de plufieurs
mots y & pour lés mêmes raifôns. Ainfi, fi cen'ejl^
,c'eji à dire, pourvu que , parce que , à. condition
que , 'ÖUk. furplus , c e fl pourquoi , par confé-
quént&c. ne font point -ües*‘.Cônjonâions' 'côpipo-
flées ; & eèliés de "ces plirâïès , qui fervent' à lier
■les pröpófitiohs partielles d’un1 même difcours , font
tout’iàu-plus des phrafès'cofijoniftives. .Chacjue mót
appartient à urie'dàfîè, VS? 'Une phrafè n’eft pôiùt
un mot. ( M. D e a u z é e . )'
(N.) COMPRÉHENSION, f. £. La Compre-
henfion d’une idée , ; eft 1« totalité des idées partielles
qui la conftitüeùt, &• qu?elle comprend fans
fà nature. Par1 exemple l’idée totale de la nature
humaine comprend les idéés-* partielles de corps
vivant & à'orne raifonndbk'é celfés-ci en renfer-
rtient d’autres qui leur font fùbordcnnées ;* ainfi ,
lUdée d'àme rdifonnable fùppofè les idées de fub-
flance , d9unité, d'intelligence , de volonté , &c.
La totalité de ces idées partielles , parallèles ou
fùbordonnées 1« unes aiix autres’ , èft la Compré-
henfion de l’idée de la nature humaine.
Il eft important de remarquer-dans'lés noms la
Compréhenfion de il’idée totale qu’ils' expriment.
Ployez N o m .
Quelques rhéteurs ont donné le nom de Compré-
henflon, au trope défigné communément par le
nom de Métonymie. Voye-{ M é t o n ym ie . Ce dernier
nom eft le plus reçu ; & le- premier, fi on le
lui fubftituoit , apporterait de Féquivôqùe dans le
I langage grammatical | où il eft ^déja ufité dans
le fèns qu’on vient dé vbir & qui eft néceffaire,
i { ’M. D e a u z é e . )
(N .) CONCATÉNATION , C f. J’entends^
par ce terme , une efpèce de Répétition antiparallèle
, où l’on reprend quelque chofè du membre
précédent pour commencer le fùivant, & où l’on
continue d’enchainer ainfi tous les membres jusqu’au
dernier : c’eft une enchainure cTAnadiplofès
( Voye\ A n ad ifIOSÈ) , lorfqùe la Concaténation
eft direéte ; c’eft: une enchainure d’Épanadiplofes
( Voye\ É pan’a d ip lc se ) , lorfque la Concaténation
eft inverfe. Maflilloa nous fournira un exemple de
; chaque efpèce. .
1 -, Concaténation directe : {Éloge de M. de Villeroi^
arck. de, Lyon. Part. I. )Â Qu’eft-ce que la jéuneffe
U 11