
•Cio D I F
'' Aii refte il' fomblë que la jurifàiÀion de cette !
•figure ne s'étende que fur l’z & fur Yü , que les poètes
latins font', à leur gré j ou voyelles ou confonnes.
Notre langue n’eft pas fi facile à l'égard de nos poètes
, elle n'a pas pour eux plus d’indulgence que
pour les profiteurs. Elle veut que nos poètes nous
charment, nous enlèvent par le choix & par la v ivacité
dès images & dés figures , par la hobfofTe &
l ’harmonie de l ’Élocution , en un mot par toutes les
rjcheljès de la Poéfîe ; mais elle ne leur permet pas
dé nous tranfporte’r dans un pays où nous trouverions
foûvent des mots inconnus ou déguisés. ( M. d u
JMa r s a i s . ) »
' (N;)DiÉrÈse. G’eftauffi un figne orthographique,
composé de deux points qui fe placent horifontale-
ment-fur une voyelle, pour marquer qu'elle doit fè
prononcer séparément d’une autre voyelle qui l’accompagne
, & avec laquelle elle feroit, fans cela,
eu une diphthpngue , ou le figne composé d’une
Voix fimple."
L ’ufàge général efl de placer la Diérèfe fur la
féconde des deux voyelles que l’on veut détacher, &
d’écrire 3îoïfe , laie , Saüly pour faire prononcer
Mb-ife , là-iÇ j Sa-ul, autrement que les mots Moine
, la id, Paul, Cependant on écrit aufli ïam bique,
'ionique, ïeufe. en plaçant la Diérèfe fur la première
voyelle, pour faire prononcer i-ambique ,
i-oniqüe, i-eufét
I l y a d a n s l ’em p lo i d e c e fig n e , b ie n d e s u fà g e s
abufîfs -& m ém o in c o n s é q u e n ts . P a r e x em p le , o n
é c r i t - aïeul ^ païen : m a is On v i e n t d e v o ir q u e la
Diérèfe d é ta c h e é g a lem e n t d e l a v o y e lle p r é c é d e n te
o ù d e l a fu iv a rite . c e l le q u ’e lle c o u r o n n e ; c e tte o r t
h o g r a p h e p e u t d o n c in d u ire " à l i r e â-b-eul ypa-i-en
é n tro is f ÿ l l a b è s , Ou ai-eul ^ pai-en e n d e u x a u tr e s
fy llab eS . ;q u e c e lle s q u i c o n v ie n n e n t , & q u i fo n t
à -ieul, pa-ien. On écrit aiguë & contiguë, c ’e ft
c o n tr a d ic tio n ; l e n om annuité & le p a r ti c ip e anuité
f g a l e m e n t fan s Diérèfe’é c ’e ft co n fu fîo n .
■ Je; eféis-que , quand il faüt détacher une voyelle
d’une diphthongue ou vraie ou Amplement oculaire ,
il faut .placer la Diérèfe fur la voye.lle fimple, pour
ne “pas'faire décômpofor celles qui' doivent demeurer
unies ; aieul, pàien , hbiau, j’ai ouï. Je crois
qu’il faut écrire anuité fans D i é r è f e & avec D ié rèfe,
les mots annuité, perpétuité, ingénuité, continuité
, ambiguïté, Sic. &- conséquemment aiguë,
ambiguë , contiguë, afin qu’on n’en prononce pas la
dernière fyjlabe comme dans digue ^ fatigue , intrigue.
Le voilà d it, mais qui le fera?
Les imprimeurs donnent l’épithète de Tre'ma à la
voyelle 'qui en efl couronnée. ,Voye\ T r ém a . ( M.
B e a u z ê e . )
rN.) DIFFAMATOIRE, DIFFAMANT , INFAMANT.
Synonymes.
Le premier de'Cès*'mots fort à marquer la nature
des difeours'ou dés écrits qui attaquent la réputation
d’autrui. Les deux autres marquent l’effet des
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aétions qui huilent à la réputation de ceux qui en
font les auteurs : avec cette différence, que ce qui
eft diffamant efl un obftacle à la gloire, fait perdre
l’eftime, & attire le mépris des honnêtes gens;
que ce qui eft infamant eft une tache honteufo dans
la v ie , fait perdre l’honneur, & attire l’averfîon des
gens de probité.
Plus on a d’éclat dans le Public , plus on eft exposé
aux difeours diffamatoires des jaloux & des
mécontents. Qui a eu la fottifo ou le malheur de
faire quelque aCtion diffamante, doit être très-attentif
à ne fe point donner des airs de vanité. Quand
on a fur fon compte quelque chofé infamant, il
faut fe cacher entièrement aux yeux du monde.
Les libelles diffamatoires font plus propres à déshonorer
ceux qui les compofont, que ceux contre
qui ils font faits. Rien n’eft plus diffamant pour un
homme , que les baffeflès de coeur ; & rien ne l ’eft
plus pour les femmes, qut les foiblefTes de galanterie
poufleesà l’excès. Il n’eft, pour toutes fortes de per-
fonnes, rien de fi infamant que les châtiments ordonnés
parla Juftice publique. ( L ’abbé G i r a r d . )
- (N.) DIFFÉRENCE , DIVERSITÉ , VARIÉ-
T É , BIGARRURE. Synonymes.
La Différence fiippofo une comparaifon que l’ef-
prit fait des choies pour en avoir des idées- précités
qui; empêchent la confufîon. La DivérfitéLuppofe un
changement que le goût cherche dans les chofès ,
pour trouver une nouveauté qui le flatte & le réveille.
La Variété fùppofo une pluralité de chofès
non reffemblantes que l’imagination faifît, pour fè
faire des images riantes qui difïipent l’ennui d’une
trop grande uniformité. La Bigarrure fuppofe un af-
fomblage mal aflorti que le caprice forme pour fè
réjouir , ou que le mauvais; goût adopte.
La Différence des mots doit fèrvir à marquer celle
des idées. Un peu de Diverfité dans les mets ne nuit
pas à l’économie de la nutrition du corps humain.
La nature a mis une Variété infinie dans les plus
petits objets; fi nous ne l’appercevons pas , c’efl: la
faute de nos yeux; La Bigarrure des couleurs ,& des
ornements fait des habits ridicules ou de théâtre.
[TJabbéGirard.'J •
DIFFÉRENCE, INÉGALITÉ , DISPARITÉ.
Synonymes.
Termes relatifs à ce qui nous fait diftinguer delà
| fupériorité ou de l’infériorité entredes êtres que nous,
comparons.
Le terme Différence s’étend à tout ce qui les
diftingue ; c’eft un genre',.dont Y Inégalité Si la Dif~
parité font des efpeces. Ÿl Inégalité Çemb\e marquer
la Différence en quantité; & la D i f pa r ité ^ la D ifférence
en qualité. ( M. D id e r o t . )
(N). DIFFÉREND , DÉMÊLÉ. Synonymes.
Le fujet du Différend eft une chofè précifo & déterminée
fur laquelle on fè contrarié , l’un difàrvt.cmi.
& l’autre non.Le fùjet du Démélé tü une chbfo moins
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éclaircie , dont on n’eft pas d’accprd, & furhquelle
on cherche à s’expliquer pourfavoir à quoi s en tenir.
La concurrence caufè des Différends entre les
particuliers. L ’ambition eft la fource.de bien des
Démêlés entre les puiflances. { L ’abbé G ir a r d . )
(N.) DIFFÉREND, DISPUTE, QUERELLE. ;
La concurrence des intérêts caufe les Différends, J
La contrariété des opinions; produit les. Difputes.
L ’aigreur des efprits eft la.fource des Querelles. j
On vide le Différend. On terminela D i f pute. ,
On appaifè la Querelle. ■
L ’envie & l’avidité, font qu on a quelquefois de
gros Différends pour des bagatelles. L ’entêtement,
joint au défaut d’attention à la jufte valéur des fermes
, eft. ce qui prolonge ordinairement, les D ifp u -
iès. Il y a dans la plupart des Querelles plus d'humeur
que de haine. Voye\ D is p u t e ^ , A l t er ca t
io n , Sic. & encote D i s p u t e , D émélé. Syn.
{ L 'a b b é G ir a r d .)
(N.) DIFFICULTÉ , OBSTACLE , EMPÊCHEMENT.
synonymes. ’ ’
La DifficultéèriibarrafTè ; elle fe trouve furtout
dans lès affaires & en fùfpendla decifion. L Objl'acle
arrête ; il fè rencontre proprement fur nos pas, & barre
nos démarches. L ’Empêchement refîfte; il.fèmble mis
exprès pour s’oppofèr à l’execution de nos volontés.
On dit, lever'la Difficulté' ; furmonter YObJla-
cle ; ôter Ou vaincre Y Empêchement.
Le mot de Difficulté nie paroit exprimer quelque
chofè qui naît de la nature & des propres circonf-
tances de ce .dont .il s’agit. Celui,d’O^Æ^e..femble
dire quelque' chofè' qui vient d’une caufè étrangère..
Celui à!Empêchement fait entendre quelque chofè
qui dépend d’un'e loi'ou d’une force fùpérieure.
La difpofîtion des efprits fait fouvent naître dans
les traités plus de Difficultés, que la matière même
■ fur laquelle il eft queftion de ftatuer. L Éloquence
deDemofthènefut le plus grand Ohfacle quePhilippe
de' .Macédoine trouva dans fes routes politiques , •
qu’il ne pirt jamais formonter que par la force des
armes. La proche parenté eft un Empêchement âu
mariage, que les lois ont mis & que les lois peuvent
ôter. ( L ’a b b éG ir a r d . )
(N.) DIFFORMITÉ , LAIDEUR. Synonymes.
• Cés deux, mot.s font fÿnonymes en ce qu’ils font
également •oppofés^^ l’idée; de la beauté , quand on
les applique à la figure humaine.
La Difformité eft un défaut remarquable dans
les propprtionsi ; - & la Laideury urr [défaut dans les
couleurs:ou dans la foperficie, du.yifàge. : . K:;J.
: » Il n’eft p^s indifférent à l’ame, dit Cicéron, d’efçe
» dans un corps difpolè & organifé de telle ou telle
», façon.« Sur quoi Montagne s’expr.ime.ainfî « Cet-
» tuy-cy -parle d’une LaideurAcÇnzto.rée& Diffornji-
» if'de membres :: mais nfou^^ppefons;£â/ÿé«C aufii,
» .une méfoyenance au premier regard,quifog.e prin,-
» Cipallementàu.yi(a.ge;,:^cnous defgqifie parJe teint,
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» une tache, une rude, contenance,, par quelque
» caufè fouvent inexplicable , dés membres pour-
» tant bien ordonnés, Si entiers,.. . . Çetfe Laideur
» fùperficieile, qui eft toutésfois la plus impérieufè,
» eft de moindre préjudice à l’eftat de l’efprit ; & a
» peu de certitude en l’opinion des Hommes. L ’autre,
». qui d’ un plus propre nom s’appelle Difformité ,
» 'plus fubftaçtielle , porte plu? volontiers coup juf-
», que s ;au. dedans. Non pas tout foulier de cuir bien
» lifté , mais/tout foulier‘bien formé , njphtre l’intè-
» rieurs forme du piedcomme, Socrate difoit de fâ
» Laideurl qu’elle en accufoit jùftëment autant en
>♦ fon ame , s’il ne l’euft .corrigée par inftitution. »
( Effais. Liv. I li/C h . tçij. ) ' ‘ _ \
J'ajouterai que Difformité Le dit de tout defaut
dans les ' proportions cpnyënablës/a , chaque chqfé ;
aux bâtiments, aux formes dès placés, des jardins ,
1 aux tableaux, au ftyle / &(c. mais Laideur,ne fe dit
guère que des hommes oii de|, meubles.
Dans le moral on dit l’un & l’autre, mais avec
quelque égard aux différences du fens phyfique.
' Ainfi, l’on dit, la Difformité, & non^la Laideur
du vice ; parce, que les habitudes vicieuics detruifènt
la proportion qui doit être entre nos inclinations &
les principes moraux : mais pn dit la Laideur,^ pfos
tôt que la Difformité du -péché; parce' que les péchés
ne font que des taches dans notre ame, qu’elles ne
i fuppôfent pas une dépravation'aufti fubfianciëlle que
les vices, & qu’elles peuvent s’effacer par la péni-
tence, (TVf. B eauzêe.)
(N.) DIFFUS , adj. B e lle s f Lettres. Ce mot
exprime un défaut du ftyle, & le defaut contraire à
\ la précifîon. Prolixe eft le contraire de Preffé,
| Lâche eft le contraire àeFerme^Diffus eft le contraire
; de Plein & de Précis, & non pas de Concis , qui eft
■ le contraire de Périodique. Le ftyle de Cicéron eft
: périodique, &. n’eft, pas diffus. Celui de Démofthène
a les- mêmes dè.velopements, quand la penfée le
demande. Mais dans les moments où l’énergie , la
chaleur , la Foule des idées qui fè fùccèdent rapidement
fans, fe lier, exigent le ftyle concis, f orateur;
latin foi.t le prendre aufii bien que l ’orateur grec ;
fouvent même il rompt à dell'ein la chaîne du
difeours,' afin d’en varier la marche^: car une longue
fuite de périodes, nous dit-il lui-même , auroit trop
d’uniformité, comme une accumulation de petites
phrafès coupées feroit un ftyle foc & hache , fèm-
blable , fi j'ofo.le dire , au langage d’un afthmatique.
Ainfi, le ftyle périodique & le ftyle forment
•enfo.mblé un heureux mélange.' Mais le ftyle diffus
èft partout un défaut.
Le ftyle périodique eft diffus , lôrïqué pour remplir
le cercle de la période, ou pour en égalifer les
membres , on y fait entrer des circonlocutions, des;
épithètes , des incidentes foperflues. Mais lorfque
chaque membre de la période eft une partie efien-
çieile de la penfée, rendue avec precïfîon, & que
les- mo|s n j . occupent que le moins d’efpàce qu il
| èft pbfiible j/çe ftyle , quoique, developé, comme