
paru fuffifànte pour les rapporter à un même genre , j
fans toutefois les confondre en une même ciaffe &
fans nier que l’explofion £bit gutturale.
Les linguales fiftlantes fe changent aufïi Tune
pour l’autre. Le changement de i en s eft une règle
générale dans la formation du prélent poftérieur ou
futur de l’indicatif des verbes grec en £0 de la quatrième
conjugaifôn des barytons , de <ppuÇa> , (poéto-a.
Le verbe allemand ifchen ( fijfier ) reffemble au
grec e-lÇtif, qui a le même fens ; li ce n’eft que l ’allemand
commence par un ^ au lieu du <r grec, &
qu’il a enfuite fch ( qui eft notre ch françois ) au lieu
du £ grec : je ne dirai pas toutefois que l’allemand
fbit tiré du grec , ni le grec de l’allemand* ; ce n’eft
probablement dans les deux langues qu’une Onomatopée
, une imitation du fifïlement même.
Les liquides / & r fe changent aulïi : le titre de la
dénomination qui leur eft commune eft aufli celui de
leur CommutabïLité. Ainfî varias vient de fiuXibs >
©ù l’on voit tout à la fois le /3 'changé en v , & le a
en r : de même milites a d’abord été fubftitué à me-
Ut es, de mérités par le changement de r en l y &
• ce dernier mot venoit de mereri , félon Vofïias
( De litt. permit. }_
4°* L’analogie des articulations ne dépend pas
feulement de l’ homogénéité ; la fimple reffemblance
des effets phyfiques , produits par des méehanifmes
différents ,. fuffit pour établir une forte d’affinité &
pour autorifêr la Commutation.
Ainfî , m & 72 font commuables, quoique l’une de
ces articulations fbit labiale & l’autre linguale , parce
qu’elles font toutes deux nafàles. Signe vient de fig-
num, & celui-ci de çjyfM j nappe, de mappa fnatte,
de matta y en changeant m Sc n : au contraire en
changeant n en m, amphora vient de «vcttp'spa -, ample
81 amp lu s, àe àvct7FAios ; fommeil, d efomnus.
Ces deux articulations m 8c n , & les deux liquides,
l & r , font aufïi commuables entre elles , parce
que ce font les quatre feules articulations organiques
confiantes ; c’eft à dire que l’explofîon s’en fait toujours
avec le même degré de force , & qu’elles ne
reçoivent à cet égard aucune altération , avec quelque
"autre confônne qu’on les afïôcie : peut-être même
efl-ce cette reffemblance qui a porté les anciens
à les regarder toutes quatre comme liquides.
De là vient que le cum latin , dans la compofîtion
devient con devant les dentales, conducere , contraire
y devant les gutturales , congruere , concordia,
conqueri, & devant les fîfflantes de toutes les claffes,
convenere, confiteri, conjicio, confors : col devant
l , collatum , collegiùm , colligo, colloco , col-
luflro y & cor devant r , corrddo , correptio, cor-
rigo , corfodo, corrupi.
In, dans la compofîtion , fùbit de pareils changements
: n fe change en m devant les labiales muettes,
Immineo, imbellis , impello y en l devant / , illabi,
illectum, illicio , illotus, illumino y en r devant r ,
irrationabilis, irrepjî, irrideo , irroro, irruo•
• C’efl par une femblable métamorphofè que nous
difôns poumon ( autreftis poulmon ÿ d’où il nous
refie encore pulmonaire , pulmonie, 8c pulmoni-
que ) , de l’attique, wxwp&v , fubftitué par CommitH
tation au commun
Les fîfflantes , foit labiales fbit linguales, font
commuables entre elles à ce titre même ; & l’afpi—-
ration étant une forte de fiffienïem , quoiqu’elle ait
une caufe très-différente, devient par là analogue à
toutes les autres. ;
Les efpagnols ont fait pafler ainfî dans leur langue
quantité de mots latins , en changeant ƒ en h y par
exemple , hablar, (parler ) de fabulari , ha\er ,
(fa ire) defacere, herir ( bleffer ) de ferire, h ado
( deftin ) de fatum , ht go ( figue ) de ficus , hogar
( foyer ) de ficus , &c.
Les latins ont dit autrefois fixeum pour hircum y
fofiem pour hofiem , en employant/’pour h y & au
contraire heminas pour feminas , en employant h
pour fi. Ils emploient v pour h dans veneti, de Inroi ;
y eft a, de e'W* ; vefiis, de t&yç ; ver, de Ils
tirent fuper de t>7r\p , feptem de Itt?« , fex de | | ,
Jemis de Hpic-us, fe de g, en changeant h en s : & PriP
cien a remarqué ( lib. I .) que les béotiens chan-
geoient s en h, & difoient, par exemple , muha
pour mufa ,propter çognationem Utterce S cum H ,
C’eft l’affinité naturelle de s avec le ch françois
(que les anglois rèpréfentent par fh & les allemands,
par feh ) , qui fait que nos graffayeuiès difent de
méfiants faux pour de méchants choux , desfeveux
pour des cheveux, fevaller pour chevalier ,• & qu’au
contraire les picards difènt chelui, chelle , çheux ,
au lieu de celui, ct?//é , ceux•
5 °. L’extenfîon d’affinité , dont on vient de voir
lé fondement & les preuves , donne lieu encore à
une Commutation plus„éloignée & plus étendue.
Toutes les linguales , par exemple , font commua-
blés entre e lle s , indépendamment de l’affinité plus
marquée par les différentes claffes. dans lefquelles
elles font divifées.
C e p e n d a n t W a c h te r ( Gloff. gerni. P r o l e g . Secl.
I I I . §. 4 . in R . ) r e g a r d e c om m e in c ro y a b le l a Com-
mutabilite d e s d e u x le ttr e s R & S , d o n t o n n e p e u t ,
d i t - i l , a f fig n e r a u c u n e a u t r e c a u fe q u e l’a m o u r d e s
c h a n g em e n ts , fu ite n a tu r e l le d e l ’in f ta b ilité d e l a
m u ltitu d e . M a is i l e f t a ifé d e f a ir e voir q u e c e t
a u t e u r s’e ft tro m p é , m êm e e n fu p p ô f à n t q u ’i l n ’a
e o n f îd é r é .le s c h o fe s q u e d ’a p r è s le fy ftêm e v o c a l d e
fa l a n g u e . I l c o n v ie n t lu i-m êm e q u e l a la n g u e e f t
n é c e fla ir e à l a p ro d u c tio n d e S y Halitus finis à
T-U MO R E LINGUÆ palaiO ollifuS ( Sect‘ I I . )
O r i l r e g a r d e a ille u r s ( lb. §, 21.) c om m e a r tic u la tio
n s l in g u a l e s , to u te s c e lle s quoemotu linguoefigu-
rantur ; & i l a jo u te q u e l ’e x p é r i e n c e d ém o n tr e q u e
l a la n g u e o p è r e e n c in q m a n iè r e s d if f é r e n te s , q u i l
a p p e l le Tahus , Pulfus, Flexus , Tremor & T timor.
V o ilà d o n c , p a r le s a v e u x m êm e s d e c e t é c r iv
a in , l a l e t t r e S a tta c h é e à la c la fle d e s lin g u a le s
& c a r a d é r i f e e paT Turnor , c om m e la l e t t r e R y e ft
a tta c h é e & c a r a d é r i f e e p a r Tremor : i l a v o it d o n c ,
p o f e , fa n s y p r e n d r e g a r d e , le s p rin c ip e s n é c e flà ir e s
p o u r e x p l iq u e r l a Commutation d e s le ttr e s R & S y
quî , Su lieu de lui jSaroître incroyable, deVoit lui
paroître d’autant plus naturelle, que les exemples
en font partout multipliés.
De là viennent en effet tant de noms latins terminés
en er ou is, comme l’a remarqué l’auteur de la
Méthode latine de P. R. ( Traité des Lettres. Ch.
Kj ) : v orner & vomis, ciner 8t cinis , pulver 8c pul-
vis ; des adjedifs , comme faluber & falubris,
volucer & volucris ; d’autres noms en or & en os,
comme arbor & arbos , labor & labos , honor &
honos. Le fàvant Voffius a aufïi remarqué ( De arte
grammat• I. 15*) des effets de cette affinité des lettres
S & R : Atticï, dit-il, pro aiunt, ftxprus :
& ve^eres latini dixere Valefîi , Fufîi, Papifîi ,
Aufêlii ^ quàepofierioresper R maluerunt.VaXeTiî,
Furii, Papirii, Aurelii.
Nous voyons auffi s changé en c dur dans corme ;
de forba ; s changé en g dur dans tergo, du grec
éolien Ttptra ; & g en s dans le fupin terjum ,
venu de tergo : s en d dans médius, de ficros ; d en
s dan s rafer , de radere , dont le fupin même eft
rafum y s en t dans tous les génitifs latins en tis
venus avec crément de noms terminés par s , comme
militis de miles, partis de pars, litis de lis , 81c.
Ce changement étoit fi commun en grec, que Lucien
en a fait la matière d’un de fès dialogues, ou le a-
Ce plaint que le r le chaffe de la plupart des mots. ^
6°’ Il y a même des erreurs qui donnent lieu a
dès Commutations. Conventus ( aftèmblée ) a produit
d’abord en françois Convent, dont la'-première
fyllabé , étant nafale, à pu être prononcée par ne-
gligencè à peu près comme dans Covent , puis
Couvent , ainfî que nous le difôns & l’écrivons ;
peut-être même les deux lettres n & u , ayant affez
de reffemblance dans l’écriture coulée, ont-elles ete
prifes l’une pour l ’autre. C’eft de la meme fburce
que nous viennent époux ( autrefois efpoux ) de
(ponfus , moutier ( anciennement mouftier pour
monjtier ) de monafierium'. c’eft dans tous ces mots
une « changée en uy par une erreur de prononciation
ou d’écriture.
Bien des grammairiens ont pris pour une confônne
l’zprépofîtifdes diphthongues c’eft une erreur née
<de'l’illufîon des fens , parce qu’on n’a^ pas obfërvé
affez fôigneufèment les véritables procédés des organes.
Cependant cette erreur a donné lieu au changement
de l’I voyelle en J confônne & même en G.
Ainfî , de Diluvium, on a fait déluvie , puis déla ie,
puis déluje , & enfin déluge y de vindemia , v en-
demie , puis venden- ie , venden-je , vendenge , que
nous écrivons aujourdhui vendange y de falvia ,
faulie , puis fiuTie, fau-ie, fau-je , & enfin fauje :
c ’eft par la même voie que nous avons tiré goujon
de gobio , Dijon de Divio , alléger à'alleviare,
abréger d’abbreviare ; finge de fimia , &c.
( M . JS e a u z é e . )
(N ) . COMPARAISON, f. f. Figure de ftyleou de
penfée par combinaifon , qui rapproche l’un de l’autre
de ux objets différents, mais analogues à quelques
égards, pour fonder fur cette analogie utle conclu-
fîon de l ’un à l’autre , en appliquant comme confé-.
quence au fécond objet, ce qui eft un fait par rapport
au premier.
Cette conclufîon ne doit porter, comme on le fent
bien, que fur ce qui eft commun aux deux -objets
comparés, & elle peut être de trois fortes, du plus
au moins, du moins au plus , & de parité.
I . On conclu t du plus au moins, brique la choie
mife en Comparaifon eft fùpérieure à celle avec laquelle
on la compare & que l’on veut rendre plus
clairte, & qu’il eft bien plus néceffaire de recopnoitre
dans l’inférieure ce qu’on avoue dans la fuperieure.
J. C. fait une Comparaifon du plus au moins, lorf-
qu’il dit : ( Joan. xiij. 13 , M » )
y-os vocatis me Ma- Vousm appelez Maître
gifler <5* Domine y 6' & Seigneur y & vous dites
bene dicitis, fum ete- bien, car je le fuis : fi donc
nim : fi ergo lavi pedes je vous ai lave les pieds ,
veflros , Dominus & étant votre Maître & votre
Magifter ; & vos debe- Seigneur ; vous devez parer
alter alterius lavare reiïîement vous les layer
pedes," les uns aux autres.
« Si l’homme de génie s’égare, quelle confiance
>, l’homme fimple & greffier pourra-t-il avoir en fies
» propres lumières 1 w ( Averti[f* du Clergd de
.France, en 177.0. ) * : . • • • -f-v .*v : ■: i
« On a vu des làints lôlitaires , apres une vie
» entière de pénitence , . . . entrer , au lit de 1*
» mort, dans des terreurs çju’on ne pouyoït prelque
» calmer , faire trembler d’effroi leur couche pau-
« vre 8c auflère , demander fans celle d’une voix
» mourante à leurs frères, Croyez-vous que le Sei*-
» gneur me fatfe mife'ricorde ? & etre prevue fur
» le point de tomber dans le défefpoir ; fi votre pre-
fènee , ô mon Dieu ! n’eût a 1 infiant appatlo
l’orage , 8t commandé encore une fois aux vents
& à la mer de fe calmer : & aujourdhui, aptes
une vie commune, mondaine, fènfùelle .profane,
chacun meurt tranquile ; & le miniftre de Jelus-
Chrjff, appelé, eft obligé de nourrir la taulle
paix du mourant, de ne lui parler que des trefors
Infinis des miféricordes divines , 8c de 1 aider ,
pour ainfî dire, à fe féduire lui même. ».(_ Mafî-
illon. fur le petit nombre des élus : Lundi de U
II. fèm. de Carême. ) ,
II. On conclut du moins au plus , lorfque la
■hofè mife en Comparaifon eft inférieure à celle avec
aquelle on la compare & que l’on veut rendre plus
:laire, & qu’il eft bien plus néceffaire de recon-
ioître dans la fupérieure ce qu’on ayoue dans l’in-
Crjéfus-Chrift , pour ïnfpirer la confiance en Dieu &
en fà providence pleine de fageffe & de bonté ( Matt.
vj. 2 6 -3 0 ), accumule deux Comparatfons du moins
au plus:
r. r'nrsfîflé.rez. aue les oi