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es ans i c’ eft une médaille d’or de la Valeur de
400 liv.
La devilê de cette académie eff, Vetat mor'u
(N.) ACADÉMICIEN, ACADÉMISTE , f in .
Iis (ont, l ’un & l ’autre, membres d’une fociété
qùi porte le nom d’Academie, & qui a pour objet
des matières qui demandent de l’étude & de
l ’application. Mais.les foiences & le bel efprit font le
partage de l'académicien ; & les exercices du corps,
foit d’adreflè ou de talent, occupent l ’Ocadémijîe,
L ’un travaille & compofo des ouvrages pour l ’avancement
& la perfedion de la Littérature : l’autre
étudie & s’exerce pour acquérir des qualités purement
perfonnelles. ( U abbé G ir a r d , )
Ménage (O b f 1.149) a joint à ces deux mots, com-...
me troinème fynonyme, celui d’Académique, Mais"
les deux premiers font des noms ; & celui-ci eft un
adjeétif, qui fîgriifie propre à l ’académie. Il s’applique
aux deux efpèces ; un fojet académique, un discours
académique , des exercices académiques. (M,
Meauzê é. )
(N.) A C A T A L E C T E , ou ACATALECTIQUE,.
adj, pris quelquefois fobftantivement dans la Poétique
des anciens. Ce terme lignifie littéralement non mal
erminéou complet; car le mot commence par_l’<e privatif,
à la tête du mot Catalecle ou Cataleclique ,
qui lignifie mal terminé. ( Voye\ Catalecte|j
On appeloit donc acatalecte ou acataleclique, tout
vers complet, ayant tout ce qu’exigentles règles delà
verlîfication métrique depuis le commencement jufo
qu’à la fin. Le premier vers du Prologue de Perle ,
N~ëc f i n | te la | brn pro | lïTi\ cdb~al | U no ,
eft un vers foazon, ïambique trimètre acataleclique,
( M . B e a u z é e . )
A C C E N T , fi m. Ce mot vient àlaccentum, lupin
du verbe accinere qui vient de ad & canere : les
grecs l’appellent ■ sr^otraé'la , modulatio quoe Jyllabis
adhibetûr, venant de 23-pW , prépolîtion grèque qui
entre dans la compofîtion des mots & qui a divers
ufo'ges , & àéîi , cantus , chant. On l’appelle aufli
froios , ton (a).
Il faut ici difiinguer la choie, & le ligne de la chofo,
. (a) f Nous avons adopté les' deux mots d’Accent & de
Profodie, mais en des fens biens différents : la Profodie '
( voJe{ ce mot ) eft l’art d’adapter la modulation propre
d’une langue.aux différents Cens qu’on,y exprime; l’accent
eft du reffort de la Profodie, puifque c’eft une efpècç de chant
ajouté aux fons, -&c que la Profodie eft l’art de régler ce
chant ; car , comme dit Cicéron ( Orat. xviij. 47. ) ejl in
dzcgndo etiarn quidam cantus. Je conclürois de là que cantus
ad eft la conftruftion des racines du mot latin aceentus , 8c
qu’on doit l’expliquer par cantus ad voeem ( chant ajouté à
la parole ou à la tfoix ) : 8c qu’au contraire «po? «JV ( ad
cantum) eft la conftruétion des racines du mot compofé.
ppofpJ'l«. à çaufe du mot fous entendu ncuS-tiec ou &yayi ( injîi-
futio ) ; de forte que Profodie n’eft autre chofe que InJlitutio
ad cantum ( art de régler l’efpèce de chant dons la Yoix parlante
eft ftifceptible). ( M. B eAVZÉE.)
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La chofo , c’eft la yoix ; la parole, c’eft le mot ,
en tant que prononcé avec toutes les modifications
établies par l’ufage de la langue que l’on parle.
Chaque nation , chaque peuple , chaque province,
chaque ville même , diffère d’une autre dans le langage,
non foulement parce qu’on fo fort de mots différents
, mais encore par la manière d’articuler & de
prononcer les mots.
Cette manière différente, dans l’articulation des
mots , eft appelée accent. En ce fons les mots écrits
n’ont point à!accents ; car Vaccent , ou l ’articulation
modifiée , ne peut affe&er que l ’oreille ; or l ’écriture
n’eft apperçue que par les yeux.
C ’eft encore en ce fons que les poètes difont : Prêtez
l’oreille à mes trilles accents ; & que M. Péliflon
diloit aux réfugiés : Vous tâcherez de vous former
aux accents d’une langue étrangère.
Cette elpèce de modulation dans le difoours, particulière
à chaque pays, eft ce que -M. l ’abbé d’Oli-
vet, dans fon excellent Traité de la Profodie , appelle
accent national.
Pour bien parler une langue vivante , il faudroit
avoir le même accent , la même inflexion de voix
qu’ont les honnêtes gens de la capitale ; ainfî, quand
on dit que , pour bien parler françois, il ne faut point
avoir àlaccent, on veut dire , qu’il ne faut avoir ni
Y accent italien , ni Y accent picard, ni autre accent
qui n’eft pas celui des honnêtes gens de la capitale.
Accent, ou modulation de la voix, dans le discours
, éft le .genre dont chaque accent national eft
une elpèce particulière ; c’eft ainfi qu’on dit, Y accent
gafcon, Y accent flamand, &c. Y*’accent gafoon élève
la voix ou , félon le bon ufage , on la baille ; il
abrège des lyllabes que le bon ufoge allonge : par
exemple , un gafoon dit par confquent, au lieu de
dire par conféquent ; il prononce sèchement toutes
les voyelles nazalés an , en, in , on, 'un, &c.
Selon le méchanilme des organes de la parole, il
y a plufîeurs fortes de modifications particulières à
obforver dans Y accent en général ; & toutes ces
modifications fo trôuvent aufli dans chaque accent
national, quoiqu’ellesfoientappliquées différemment:
car , li l’on veut bien y prendre garde , on trouve
partout uniformité & variété. Partout les hommes
ont'un vifoge, & pas un ne refiemble parfaitement à
u~n autre ; partout lés hommes parlent , & chaqu'e
pays a fo manière particulière de parler & de modifier
la voix. Voyons donc quelles font ces différentes
modifications de voix , qui font comprifos fous le
mot général Accent.
1. Il faut obforver que les lyllabes, en toute
langue , ne font pas-prononcées du même ton. Il y
a diverfos inflexions de voix , dont les unes élèvent
-le ton , les autres le baiffent, & d’autres enfin
lelèvent d’abord & le rabaiflent enfoitefiir la même
lyllabe. Le ton élevé, eft ce qu’on appelle aôcent aigu;
le ton bas ou baiffé , eft ce qu’on nomme accent grave
; ènfin le ton élevé & baiffé fiicceflivement, &
prelque en même temps, fur la même lyllabe, eft
Y accent circonflexe,
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« La BatoM 3e la voix eft admirable, dît Cicéron ;
»toute forte de chant eft agréablement -varié par le
» ton circonflexe, par l'aigu , & par le grave : or le
» difoours ordinaire , pourfuit-il, eft aufli une elpèce
» de citant ». M ir a e jl naïusa vocis ; cujus quidem,
è tribus omnino f in i s , inflscco, acuto , g ra v i, tanta
f i t & tam fu a v is varie tas p e r feS a in ca n tih u s .E f t
autem indicendo etiarn quidam cantus. Cic. Ordtor.
xvij. xviij. 57. Cette différente modification du ton ,
tantôt aigu , tantôt grave , & tantôt circonflexe , eft
encore fonfîble dans le cri des animaux & dans les
inftruments de mufique.
z. Outre cette variété dans le ton , qui eft ou grave,
ou aigu , ou circonflexe , il y a encore à obforver le
temps que l’on met à prononcer chaque lyllabe. Les
unes font prononcées en moins de temps queles autres ;
& l’on dit de celles-ci qu’elles font longues, & .de
celles-là qu’elles font brèves. Les brèves font prononcées
dans le moins de temps qu’il eft poflïble :
aufli dit-ôn qu’elles n’ont qu’un temps, c’eft à dire,
une mefore, un battement ; au lieu que les longues
.en ont deux : & voilà pourquoi les anciens doubloient
fbuvent dans l’écriture les voyelles longues 5 ce que
nos pères ont imité, en écrivant aagè, &c. ^
3. On obforve encore Yafpiration qui fo fait devant
les voyelles , en certains mots , & qui ne fo pratique
pas en d’autres, quoiqu’avec la même voyelle &
dans une fÿllabe pareille : c’eft ainfî que nous, prononçons
le héros avec afpiration, & que nous difons Yhé-
. Toïne, Vhéroifme, & les vertus héroïques , fons afpiration
(<2).
î 4. A ces trois différences que nous venons d’obfor-
ver dans la prononciation , il faut encore ajouter la
Ivariété du ton pathétique , comme dans l’interrogation
, l’admiration , l’ironie , la colère, & les autres
pâflions : c’eft ce que M. i’abbé d’Oiivet appelle
Y accent oratoire {b).
(a) t' L’ Afpiration eft-elle bien effectivement du reffort de
la Profodie.? eft ce une modulation particulière ajoutée à la
voix parlante, & qui doive être comptée parmi les accents ?
TVoyez l’article Prosodie , où je réponds négativement i.
cette queftion ; je ne dois pas répéter ici la même chofe.
{M .B e a v z é e .)
[ \p) f Ce que M. l'abbé d’OliYCt & , après lu i, M. Duclos
y. Enfin il y a à obforver les intervalles que l’on
met dans la prononciation depuis la fin d’une période
jufqu’au commencement de la période qui fuit,
entre une prôpofîtion & une autre proposition ; entre
un incifo , une pàrenthèfo, une propofîtion incidente
, & les mots de la propofîtion principale dans
lefquels cet incifo, cette pàrenthèfo , ou cette propofîtion
incidente font enfermés (c).
Toutes ces modifications de la voix, qui font très-
fonfîbles dans l’élocution, font ou peuvent être
appellent accent oratoire , j’amerois mieux l’appeler accent
pathétique. 1 °. La dénomination d’ oratoire lemble déterminer
l’efpèce d’inflexion dont il s’agit, à des difcours
foucenus & de grand appareil ; quoiqu’on ne puiffe nier
qu’elle influe fouvent fur les conversations , même les
plus ordinaires & les moins apprêtées : au lieu que la dénomination
de pathétique , qui vient du grec n«.ûoç { paflîon t
émotion), défîgne* ce "me fenrble, d’une manière plus
précife, une forte d’inflexion qui fe fait fentir plus ou
moins dans tout difcours qui n’eft pas prononcé par un
automate, z9. Je peux oppofer autorité à autorité. M. du
Marfais lui-même appelle ici ton pathétique, ce que M.
l’abbé d’Oiivet appelle accent oratoire. M. J. J. Rouffeata
paroît avoir fenti l’énergie & la propriété du mot pathétique
, puifque dans fon Dictionnaire de Mufique, il le
joint fouvent à celui d’oratoire, qui ne vient même.qu’a-
près ; il va quelquefois jufqu’à fupprimer ce dernier , & ne
parle que de l’accent pathétique. M. SuJzer, quia publié »en
allemand une Théorie générale des Peaux Arts , regarde
l’accent pathétique comme une efpèce particulière de l’accent*
oratoire'-, je n’approuve ni ne rejette cette idée, mais elle
fert encore à autorifer la dénomination d’accent pathétique
( M. B eA vzée. ) *
(c) ‘i C’eft ce que j’appellerois volontiers accent rationel.
C’eft encore du Dictionnaire de Mufique de M. J. j]
Rouffeau que j’emprunte cette dénomination : &: je l’adopté
d’autant plus volontiers , qu’elle fert à encadrer dans le
fyftême des accents celui de la Ponctuation , qui doit effectivement
y entrer; & qu’elle caraftèrife très-bien l’efpèce
de fervice que cette branche des accents eft chargée de
rendre à l'intelligence. En effet , l’accent rationel règle la
proportion des intervalles entre les différents fens partiels
d’une propofition, & entre.les diverfes propofitions donc
l’enfemble conftitue le difcours; il détermine aufli les nuances
des tons que doivent caraftérifer fur tout le commencement
& la fin de chacune de ces parties, tant par rapport à leurs
relations mutuelles que par rapport à leurs différents fens.
Qu’il me foit permis de mettre ici fous les yeux le fyftême
figuré des accents, tel que'je le conçois & que je l’ai fait
entrevoir dans cette note & les précédentes ;
£g
f Logique
u s
<! ( Pathéziqi
C Métrique.
T Profodique < C Mufcal.
■% 1 Tonique 1f Aigu.
Rationel. (. Difcurjif <. Grave.
lue• 1L Circonfle
Ma première divifion de l’accent eft en deux efpèces
générales , l’accent logique St l’accent pathétique.-'
1. L’Accent logique, que je nomme ainfi , parce qu’il
influe fur la parole confidérce comme l’infliument de la
manifeftation des penfees &ç de la raifon humaine , peut
fe fouijivifer ,en deux efpèces fubalternes auxquelles
je donnerois les noms d accent profodique & d'accent
rationel.
■ lé Accent profodique a pour objet immédiat les voix
élémentaires de la parole. S’il en détermine la durée plus ou
moins longue , c’eft Y accent métrique : s’il en détermine
l«s tons plus ou.moins élevés , c’eft Yçccent toniquet lequel
eft mujical ou difcurjif ; mufical, lorfque dans la voix de
chant il baiffé ou élève le ton par des intervalles certains 8c
appréciables ; difcurjif, lorfque dans la voix de parole il
n’admet que des variations inappréciables, en y devenant
fi m pl e m ent aigu, grave, ou circonflexe.
2. L’Accent rationel dépend de la connexion des différents
fens partiels d’une propofition , du fens 8c de la
connexion des diverfes propofitions dont l’enfemble conftitue
le difcours. L’arc de noter l'accent rationel eft l’arc de
ponttuer 5 Sc c’eft à l’article Ponctuation que les règles en
feront expofées Sc juftifiées.
II. L’Accent pathétique, comme on le conçoit affez, tie»